Les arts martiaux chinois font de nouveaux émules par Gitonga Njeru
Le wushu se propage en Afrique de l’Est
Les arts martiaux chinois font de nouveaux émules par Gitonga Njeru
KAMAU Mutunga, étudiant en 3eannée de droità l’Université de Nairobi, s’est lancé à corps perdu dans le wushu – les arts martiaux chinois plus connus sous le nom de kungfu – depuis qu’il s’est fait agresser violemment. « J’ai été attaqué il y a peu par des voyous qui m’ont volé mon argent, mon téléphone, mes chaussures et même mon pantalon. J’ai été blessé et j’ai passé une nuit à l’hôpital pour récupérer après cette épreuve. Je veux pouvoir être capable de me défendre, confie ce jeune kényan de 21 ans à CHINAFRIQUE. Je veux aussi être un entraîneur un jour. J’admirais Bruce Lee quand j’étais enfant. »
Comme beaucoup de ses compatriotes, la construction de la plus grande académie de wushu d’Afrique de l’Est l’a réjoui. Elle devrait ouvrir mi-2017 aux pratiquants et organiser des événements nationaux et internationaux.
Début 2016, il n’y avait que 16 pratiquants de wushu licenciés dans le pays. Un an plus tard, on en comptait 350, répartis dans 12 associations de wushu, d’après le ministère des Sports du Kenya. « La première Fête du wushu organisée au Kenya en novembre dernier a vu la création de 12 associations et un programme d’échange a été mis en place en Chine les mois suivants, explique Jonah Ngoiri, un entraîneur de wushu et porte-parole de l’Association de Kungfu Wushu (AKW), à CHINAFRQIUE. Même si le wushu n’est pas aussi populaire que le karaté, le judo ou le taekwondo au Kenya, il surpassera ces disciplines avec la construction de la plus grande académie de kungfu d’Afrique de l’Est qui est en cours. »
D’après M. Ngoiri, l’AKW compte 87 membres et ses financements proviennent des cotisations (65 dollars par an) ainsi que de la billetterie pour les événements sportifs. « Nous recevons aussi des émoluments pour nos formations. Nous ne percevons pas de fonds extérieurs, mais nous avons de nombreuses demandes d’inscription. Je peux dire avec fierté que 99 % des adhérents sont des Africains, le 1 % restant étant des Chinois. »
L’AKW discute actuellement avec des agences gouvernementales, comme les forces de défenses kényanes et des départements de la police, pour intégrer le wushu dans leur entraînement. « Nous espérons pouvoir améliorer leurs techniques de défense », souligne M. Ngoiri, ajoutant qu’une fois que les installations seront prêtes, les entraînements pourront commencer.
La majorité des financements pour la construction de l’académie, d’une superficie de 8 000 mètres carrés et située dans une zone privilégiée, proviennent du ministère des Sports. Des associations de wushu prennent aussi part au projet. D’après M. Ngoiri, il en coûterait 6 millions de dollars pour construire ces installations modernes, avec une salle de musculation, une piscine aux normes internationales et un accès WlFl. Le bâtiment de 6 étages construit avec des matériaux importés d’Israël et de Chine, abritera les bureaux de l’AKW ainsi qu’un restaurant chinois, et pourra fournir des cours à 600 étudiants par an.
La Fête du wushu organisée à Nairobi l’an passé par la chaîne payante chinoise StarTimes – qui propose souvent des programmes de wushu populaires en Afrique –a aussi permis de promouvoir et d’attirer l’attention sur ce sport. Venus de Chine, dix maîtres de wushu étaient présents pour faire une démonstration. « En gros, c’est une fête pour célébrer le genre de contenus que nous proposons sur cette chaîne, parce que c’est une chaîne orientée vers les programmes d’action, et quand nous avons effectué des recherches, nous avons réalisé que le kungfu est très populaire au Kenya, auprès des adultes comme auprès des enfants », dit Alex Mwaura, directeur de la communication de StarTimes Kenya à China Global Television News.
« Nous sommes enthousiastes car la dynamique du wushu est enclenchée », précise M. Ngoiri. L’académie va permettre au Kenya de rivaliser avec les autres pays où le wushu est pratiqué. C’est ce que confirme le secrétaire de cabinet du Ministère des Sports Hassan Wario. « Nous avons discuté avec les différents départements sportifs et décidé de construire cette académie. Ce sera la plus grande académie d’Afrique de l’Est une fois construite. Elleattirera les étudiants du monde entier », fait-il savoir à CHINAFRIQUE.
De plus en plus de jeunes Africains viennent en Chine pour apprendre le wushu.
Pour M. Wairo, même si le wushu ne va pas être aussi populaire que l’athlétisme ou le football au Kenya – un grand pays pour la course d’endurance – il pourrait se retrouver en troisième place si la tendance continue. Le gouvernement souhaite aussi faire de la réhabilitation pour les enfants des rues et lutter contre la pauvreté en partenariat avec les associations de wushu. « C’est une initiative bien accueillie et nous saluons le gouvernement. Beaucoup de talents sont gâchés et il est bon de leur donner une vitrine. Selon le gouvernement, il y a près de 6,2 millions d’enfants sans domicile fixe. Notre travail avec le wushu permettra véritablement d’aider ces enfants à sortir de la rue », dit Mutava Kaloki, secrétaire général de l’Association de Yuan Kungfu. CA