La Chine met en place une approche créative pour renforcer ses liens culturels avec l’Afrique par Yu Peng
L’art des échanges culturels
La Chine met en place une approche créative pour renforcer ses liens culturels avec l’Afrique par Yu Peng
DE toutes les méthodes visant à approfondirla compréhension mutuelle entre les personnes de différentes nationalités, les échanges culturels demeurent un maillon essentiel de la chaîne de l’engagement mondial. Dans les relations sinoafricaines, les échanges culturels et l’apprentissage des expériences de l’autre sont un pilier essentiel supportant la confiance mutuelle entre les deux parties ainsi que les bénéfices économiques et l’égalité politique.
L’importance de la culture dans les différents composants de l’effort transnational a été soulignée lors du Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu en Afrique du Sud fin 2015. Le Président chinois Xi Jinping et sa contrepartie africaine ont assisté à la signature du Plan d’action 2016-2018 du FCSA de Johannesburg.
Adoptés tous les trois ans suite au Sommet de Beijing du FCSA en 2000, ces plans d’action témoignent de l’engagement pour les échanges culturels et l’apprentissage mutuel, qui a été largement encouragé par le ministère de la Culture chinois (MCC) et ses contreparties africaines. Un des programmes phare de cette catégorie est le Programme sinoafricain d’échanges de visites de personnalités culturelles.
Ce programme d’échange est une idée du Service d’Afrique au sein du Bureau des relations culturelles extérieures du MCC. Le Service est chargé de décider puis de superviser l’implémentation des accords culturels entre la Chine et les pays africains.
Cependant, le programme était dans un premier temps unilatéral, sous le nom de Programme de visite des personnalités culturelles africaines à la suite du Sommet de Beijing du FCSA en 2006. Par la suite, il a évolué en un programme d’échange bilatéral, pour encourager les officiels ministériels chinois et africains responsables du secteur culturel à se rendre visite mutuellement. Ceci a représenté un grand pas vers l’avant par rapport aux visites bilatérales ayant eu lieu précédemment entre la Chine et l’Afrique, consistant principalement en la présence de ministres de la culture, de performances scéniques et d’expositions de peintures.
Les cinq membres des « pinceaux qui marchent » à l’Université du Malawi dans le cadre d’un échange.
Depuis, le programme a pris de l’ampleur jusqu’à devenir une « table ronde » pour les responsables culturels traitant principalement de la présentation, de la discussion et de l’apprentissage des politiques culturelles de la Chine et de l’Afrique. Par exemple, tous les ans, des responsables culturels de 10 à 15 pays africains sont invités en Chine à ce sujet, soit désormais plus de 40 pays en trois ans. Les discours et documents de ces responsables ont plus tard été répertoriés en interne afin que les responsables culturels chinois, tant débutants qu’experts, puissent apprendre des expériences africaines.
Peinture de Chen Cheng de deux femmes de Maurice, représentant sa grande diversité culturelle.
Le programme s’est par la suite focalisé sur les artistes, organisant des échanges d’artistes dans le cadre du programme d’échange qui se déroule en marge des tables-rondes des responsables. En 2011, par exemple, cinq peintres africains, venant du Botswana, du Ghana, des Seychelles et du Rwanda, sponsorisés par le MCC, se sont rendus à Nanjing, dans la province du Jiangsu dans l’est de la Chine, où ils ont passé deux mois à travailler et vivre avec leurs collaborateurs chinois.
Ces artistes africains ont produits de nouveaux arts sur des thèmes chinois, et chacun a donné deux ou trois de ces travaux pour la collection du MCC avant de rentrer dans leur pays. Au fildes ans, la collection s’est transformée en exposition appelée : « Ce que les autres voient de nous : la Chine dans les yeux de peintres africains » exposée en Chine et en Afrique.
La popularité du programme a pu être constatée en novembre 2011, lorsque le vice-premier ministre chinois Liu Yandong a inauguré l’exposition au Botswana, où Shaw Kgathi, alors ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Botswana, lui a confié que cela avait inspiré les artistes du Botswana et la communauté artistique. Kgathi a déclaré qu’il s’agissait de la preuve d’une bonne relation culturelle bilatérale.
Au fildes ans, de nombreux peintres et photographes chinois ont été sponsorisés pour aller en Afrique en quête d’inspiration. Le dernier groupe à en avoir bénéficié est le groupe Walking Paintbrushes, création du Centre chinois des échanges culturels internationaux (CCECI). Le CCECI est un fournisseur de contenu majeur commissionné par le MCC pour fournir des programmes aux centres culturels chinois d’outremer. Le CCECI a co-organisé un certain nombre d’événements depuis 2014, soit avec les Centres culturels chinois d’outre-mer ou les institutions étrangères du monde entier.
En janvier, le CCECl a perçu des financements de la part du MCC pour le programme d’échange, rendant possible le début de son tour artistique en Afrique en tant que « Walking paintbrushes ». Cinq jeunes peintres chinois travaillant avec de l’encre, de l’huile et de la peinture à l’eau entre autres ont parcouru le Malawi, la Tanzanie et Maurice. Ces pays ont été sélectionnés avec soin puisqu’en 2017, la Chine et le Malawi célébreront le 10eanniversaire de leurs relations diplomatiques et la Chine et la République de Maurice fêteront le 45eanniversaire de leurs relations diplomatiques.
De plus, des centres culturels chinois se trouvent en Tanzanie et sur l’île Maurice. Ces facteurs, entre autres, rendront les résultats du tour plus durables, puisqu’une exposition et une critique de leurs peintures pourrait finalement avoir lieu dans ces pays.
Cependant, avant que cela n’arrive, ces artistes partageront sans aucun doute leurs expériences dans ces pays en Chine. « The Walking Paintbrushes : trois pays africains dans les yeux de cinq peintres chinois » devrait être exposé par le CCECI et ses partenaires dans la province du Sichuan dans le sud-ouest de la Chine le 15 avril, suivi par une exposition mobile à travers le pays.
Les travaux de ces cinq artistes ne sont pas focalisés sur la beauté des paysages africains, mais sur la vie des personnes rencontrées sur place. Les peintures de l’artiste Chen Cheng représentent le mieux l’étude de la culture, du style de vie et de l’histoire. Elle a peint quatre œuvres représentant une Mauricienne d’origine indienne, un père et sa fille d’origine européenne, une Chinoise et une Africaine ainsi que des travailleurs locaux dans un champ de canne à sucre. Ses travaux montrent clairement l’harmonie dans la diversité de la vie à Maurice. CA
(L’auteur est le directeur général du Centre chinois des échanges culturels internationaux.)