ZHANG XIAO, membre de la rédaction
Fête de la musique de la jeunesse du village de Beigang
Le maillon clé qui raccorde la victoire finale contre la pauvreté et la promotion globale du redressement rural, c’est la jeunesse. En effet, les jeunes sont toujours plus nombreux à dynamiser le redressement rural, en avançant des idées prometteuses et en recourant à des technologies avancées.
« Bienvenue à tous ! Venez découvrir notre riz local », lance face à la caméra Wang Lüfeng, premier secrétaire de la Cellule du Parti pour Minzhong, village pilote dans la stratégie de redressement rural au bourg de Luojing, qui se trouve dans l’arrondissement de Baoshan de la municipalité de Shanghai. C’est la première fois qu’il présente, en direct à la télévision, l’une des spécialités de son village, à savoir le riz produit en zones d’élevage d’écrevisses. Il s’agit d’une véritable « manne » permettant de favoriser l’emploi des agriculteurs et d’augmenter leurs revenus.
Malgré son jeune âge (il a la trentaine), voilà près de dix ans que Wang Lüfeng travaille sur le terrain en milieu rural. Grâce à lui, Minzhong s’est métamorphosé comme par magie, passant d’un village économiquement faible à un village prospère affichant un développement agricole diversifié.
Auparavant, pour accroître le rendement économique, les paysans ne voyaient qu’une solution : accroître la production céréalière. Un statu quo malaisé que Wang Lüfeng voulait bousculer. Pour ce faire, il a conduit les villageois à se lancer en pionniers dans l’élevage d’écrevisses de Louisiane(Procambarus clarkii) dans les rizières de Baoshan, afin d’établir un « système riz-écrevisse ». D’ailleurs, chaque année, une fête de la pêche aux écrevisses est organisée. Suite à ces initiatives,les gains économiques ont explosé. Le village de Minzhong a également mis à l’essai un modèle d’élevage écologique « riz-écrevisse » moderne, qui maximise les profits en ciblant le haut de gamme. Les écrevisses et le riz de qualité qui sont produits sont ensuite vendus sous la marque Minchen, dont la notoriété est telle qu’elle peine à répondre à la demande.
Fort de son succès, le village de Minzhong a vigoureusement promu ce modèle haut de gamme et encouragé les agriculteurs des villages environnants à y participer. Sous la houlette de Minzhong, nombre de villages des environs ont initié le projet « Production combinée de riz et d’écrevisses »,en faveur de l’emploi et de la hausse des salaires d’une foule d’agriculteurs.
Parallèlement, Wang Lüfeng a insisté pour que les fruits du développement soient partagés entre les villageois, de façon à rehausser leur niveau de vie. À titre d’exemple, la pension versée aux résidents atteints de maladie grave est progressivement passée de 1 000 yuans à 2 000 yuans dans le village. Entretemps, il a aussi créé des supports(notamment un quotidien destiné aux villageois et une rubrique leur donnant la parole) incitant les citoyens à s’intéresser aux affaires du village et il a déployé des cadres dans les comités de quartier, dans une volonté de resserrer les liens entre les cadres du village et les habitants, et a fortiori, d’améliorer à coup sûr la qualité et l’efficacité des services rendus au peuple.
Dans le cadre de la promotion globale du redressement rural, les jeunes sont devenus l’épine dorsale de la construction rurale. Certains sont devenus enseignants et transmettent leurs connaissances aux citoyens ;d’autres sont devenus des professionnels de la santé s’occupant des patients dans les cliniques rurales ; d’autres encore sont devenus des « partenaires des industries rurales ». Et n’oublions pas dans la liste ces nombreux jeunes qui s’impliquent dans la gestion des affaires au niveau du village, se plaçant ainsi à l’avant-garde de la réforme du modèle de gouvernance rurale.
Ces dernières années, l’élevage des concombres de mer (ou holothuries)en Chine n’a cessé de s’étendre en superficie, en raison des bons débouchés.Cependant, en 2013, le monde a connu des températures exceptionnellement élevées qui ont porté un coup dévastateur à cette filière et causé des pertes économiques se chiffrant à des dizaines de milliards de yuans.
Li Bin effectue un contrôle dans une ferme d’élevage de concombres de mer.
Li Bin n’oubliera jamais ce désastre écologique… Ce chercheur à l’Institut de recherche sur la pêche dans la mer Jaune (relevant de l’Académie des sciences halieutiques de Chine) est également membre de l’équipe d’innovation dédiée au génie génétique des échinodermes et pour la prévention et le contrôle des maladies s’attaquant à ces espèces. Ayant appris la triste nouvelle, il avait immédiatement mené l’enquête dans les provinces du Shandong, du Liaoning et du Hebei. Li Bin compatissait alors au désarroi des éleveurs : « Le cycle de reproduction des concombres de mer dure entre deux et trois ans, ce qui signifie qu’ils allaient perdre tout l’argent qu’ils avaient investi au cours des années précédentes. »
Suite à cet épisode, Li Bin a pris conscience qu’il fallait, de toute urgence, sélectionner de nouvelles espèces résistantes aux hautes températures,et poursuivre la recherche pour prévenir et maîtriser de telles catastrophes résultant des fortes chaleurs.
À vrai dire, l’équipe dont fait partie Li Bin a commencé dès 2006 à sélectionner, pour le marché chinois, des concombres de mer assez résistants aux maladies et au stress. Li Bin a mené des recherches techniques poussées pendant de longues années dans les zones de production, sans ménager ses efforts et avec une détermination sans faille.
Douze années plus tard, Li Bin et son équipe ont dévoilé une nouvelle espèce de concombre de mer approuvée au niveau national, « Shenyou n° 1 », apte à résister aux maladies et aux températures élevées. Couvrant plus de 30 %des principales zones de production de concombres de mer du pays, elle est devenue la principale espèce commercialisée sur le marché. En outre, cette découverte a créé plus de 1 500 emplois et permis à plus de 3 000 pêcheurs de s’enrichir.
En parallèle, Li Bin participe activement à la stratégie de redressement rural et concourt au développement rural. Au-delà de ses initiatives pour généraliser les technologies (conseils sur place, services techniques,conférences, formations,rédaction d’ouvrages de vulgarisation scientifique,etc.), il a contribué à la mise en place de plateformes de recherche-développement innovante, telles que l’Alliance stratégique nationale d’innovation technologique pour l’industrie du concombre de mer et le Centre d’ingénierie technologique de l’industrie du concombre de mer de Qingdao. Il a également apporté un soutien technique à de nombreuses écloseries nationales de concombres de mer ainsi qu’à des bassins pilotes d’élevage et de pêche modernes d’échelon national. Et grâce à lui, plus de 100 responsables techniques et plus de 2 000 ouvriers techniques ont suivi des formations.
En récompense pour ces efforts, Li Bin a reçu le titre de « jeune citoyen exemplaire contribuant à l’enrichissement des campagnes chinoises ». Il est considéré comme « un jeune talent qui parvient à surmonter les obstacles techniques et un expert tout-puissant par les pêcheurs ».
Au village de Beigang, dans le district de Pingtan (province du Fujian),vous pourrez non seulement vous délecter du cadre verdoyant avec vue sur la mer, mais aussi déguster un dessert local, baptiséshifengsu, qui ressemble à une petite pierre noire : il s’agit d’un mets audacieusement inspiré des maisons en pierre d’antan de Beigang et du traditionnel gâteau à l’ananas de Taiwan. Cette friandise est à présent l’un des emblèmes de la cité artistique« Pierre chanteuse », fondée par le jeune taiwanais Lin Zhiyuan.
Un shifengsu
Les créations à l’image de ce dessertshifengsune manquent pas dans la cité artistique : vous y trouverez, par exemple, des cartes postales faites de patate douce (aliment de base de Pingtan) sur lesquelles on peut lire « Je te donne mon cœur tendre », des aimants de frigo faits main représentant la mer bleue scintillante de Pingtan (sous l’effet des alguesNoctiluca scintillans), des chaussures traditionnelles brodées et teintes à la main… Toutes ces créations culturelles, caractéristiques du village de Beigang, se fondent harmonieusement dans le décor. Et on les doit à Lin Zhiyuan et ces jeunes entrepreneurs arrivant de tous horizons (notamment de Taiwan, de Hong Kong et de Macao), qui ont choisi de s’installer à la campagne en vue d’y construire une belle culture rurale.
La première fois que Lin Zhiyuan est venu à Beigang, c’était en 2016. « Les villageois m’ont paru honnêtes, simples et chaleureux », se souvient-il. Dans le même temps, face à ces bâtisses en pierre uniques et au splendide panorama qu’offre le village, l’idée lui est venue de développer le tourisme à Beigang, en combinant les caractéristiques rurales locales et en y instillant sa propre culture taiwanaise.
Ainsi, sous la direction de Lin Zhiyuan, un groupe de jeunes mus par la même ambition s’est lancé dans une aventure entrepreneuriale. Ces jeunes ont commencé par ouvrir un premier café culturel dans le village ; aujourd’hui,Beigang compte plusieurs chambres d’hôtes, restaurants, places de concert et autres établissements. Et cette cité artistique « Pierre chanteuse »n’est qu’une « version miniature » du développement touristique culturel qui s’est propagé dans tout le village de Beigang. Sous l’impulsion de Lin Zhiyuan, qui a fait valoir le potentiel de ce lieu et a apporté sa vitalité, ce petit village de pêcheurs s’est transformé en une véritable destination touristique.
À l’avenir, Lin Zhiyuan s’efforcera de promouvoir encore l’interaction et la coopération entre les jeunes des deux côtés du détroit de Taiwan, pour que leurs avantages respectifs favorisent pleinement le redressement rural.« Des liens permanents unissent les deux rives du détroit. Nous formons une seule et même famille », affirme Lin Zhiyuan. Avant d’ajouter : « Il convient d’allier la créativité de la jeunesse taiwanaise et le pragmatisme de la jeunesse de la partie continentale.Peut-être qu’à l’avenir, nos échanges seront plus fréquents dans le cadre du redressement rural. Nous continuerons d’explorer de nouvelles pistes pour le développement des campagnes.J’espère que davantage de jeunes rejoindront nos rangs, et que la vie dans les zones rurales s’améliorera d’année en année. »