un mécanisme trilatéral

2016-12-01 07:54BobWekesa
中国与非洲(法文版) 2016年11期

un mécanisme trilatéral

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Les relations Afrique-Chine avec les Nations unies sont tournées vers l’avenir par Bob Wekesa

en 1971, les pays africains se sont servis de leur force numérique à l’Organisation des Nations unies pour faire pencher la balance en faveur de la Chine. Avec le soutien ferme de l’Afrique, la Chine a pu rassembler la majorité des

2/3 pour retrouver son siège de droit il y a 45 ans. C’est un acte souvent rappelé avec nostalgie, quand l’Afrique portait la Chine sur ses épaules.

Depuis, l’Afrique et la Chine ont été de grands alliés à l’ONU. Lors d’une allocution en 1974 à l’Assemblée générale de l’ONU, le dirigeant chinois Deng Xiaoping a énoncé la vision chinoise du monde dans le cadre de la « théorie des trois mondes ». Il appelait à la solidarité entre les pays en développement. Une telle vision a été bien accueillie non seulement par les pays africains à l’époque, et elle est aussi restée un point de convergence entre l’Afrique et la Chine. Ceci a par exemple été clairement mentionné dans les déclarations et les plans d’action du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA).

De façon relativement symbolique, les dirigeants chinois et africains ont eu depuis 2009 des discussions de haut niveau en marge de l’Assemblée générale à New York. La confirmation de la coopération Afrique-Chine à l’ONU peut se voir dans les modalités de vote pour les questions cruciales dans les sessions spécialisées et à l’Assemblée générale. Devant la censure, la condamnation, les embargos et les sanctions des pays occidentaux dans les agences onusiennes, comme la Commission des droits de l’homme des Nations unies (rebaptisée Conseil des droits de l’homme des Nations unies), les pays africains ont voté pour soutenir les positions de la Chine et inversement. C’est une relation symbiotique par laquelle les pays africains se servent de la supériorité numérique pour soutenir la Chine, et la Chine se sert de son droit de véto pour soutenir les intérêts des pays africains.

La phase actuelle des relations afrique-Chine à l’oNu se caractérise par l’alignement de trois grands projets : l’agenda 2063 de l’ua, le plan d’action 2015–2018 du FsCa et les objectifs de développement durable des Nations unies.

Soutien à l’Afrique

Si les appels pour une intégration poussée de la représentation africaine à l’ONU restent inachevés, la Chine a trouvé différents moyens d’assister l’Afrique au travers des agences spécialisées des Nations unies. Un tournant majeur dans l’implication de la Chine s’est produit au début des années 1980, quand le pays a commencé à contribuer à des agences comme le Programme des Nations unies pour le développement, le Fonds d’équipement des Nations unies, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations unies pour la population, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel et le Programme alimentaire mondial, parmi d’autres.

La Chine a récupéré son siège à l'ONU lors de la 26eAssemblée générale, en 1971.

Un exemple remarquable du soutien de la Chine aux pays africains se situe dans la sphère de la paix et de la sécurité, dans laquelle la Chine a été non seulement saluée par les dirigeants africains, mais aussi par l’ONU dans sa totalité. L’implication active de la Chine dans les efforts de paix et de sécurité sous l’égide des Nations unies remonte à 1989, avec le déploiement d’observateurs militaires en Namibie lors d’une transition dans ce pays d’Afrique australe. Dans les années 1990 et 2000, les forces de maintien de la paix chinoises ont été déployées au Sahara occidental, au Mozambique, au Liberia, au Sierra Leone, en Éthiopie, en Erythrée, au Burundi et en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la Chine compte le plus de personnel militaire sur le terrain engagé dans des opérations de maintien de la paix en Afrique parmi les membres du Conseil de sécurité. Par exemple, quand les Nations unies avaient voté pour soutenir les efforts de maintien de la paix au Liberia en 2003, la Chine a répondu à l’appel, déployé des forces pour assurer la paix, mais aussi aider à la reconstruction de secteurs qui avaient été ravagés lors de la guerre civile comme l’énergie, les infrastructures, l’agriculture et l’industrie.

Ce modèle qui combine maintien de la paix traditionnel et reconstruction est visible dans tous les pays africains où la Chine est impliquée. En 2006, le pays a soutenu les efforts de l’ONU au Tchad pour le déploiement des forces de maintien de la paix après que le pays s’est trouvé inondé par les réfugiés du Darfour voisin. En ce qui concerne le Darfour, la Chine a non seulement déployé des forces de maintien de la paix, mais a aussi pesé de son poids diplomatique vis-à-vis de Khartoum pour garantir l’acceptation d’une mission conjointe entre l’Union africaine et les Nations unies. De fait, les opérations de maintien de la paix sont au centre des relations de la Chine avec l’Afrique aux Nations unies, comme stipulé dans de nombreux documents politiques et rqppelé par les plans d’action du FCSA.

Des relations trilatérales

Alors que la Chine soutenait directement les pays africains dans différents secteurs économiques dans le cadre de l’établissement des relations diplomatiques à partir des années 1960, ce soutien a été mis en place au niveau trilatéral au cours de la dernière décennie dans le cadre des mécanismes de l’ONU. Début 2006, la Chine a créé des centres de démonstration agricole dans différents pays africains sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, afin de renforcer la sécurité alimentaire. La Chine a dépêché des experts agricoles pour former des fermiers africains dans les récoltes, le bétail et la pisciculture en appliquant les techniques agricoles chinoises, ayant assuré l’autosuffisance du pays.

Une équipe médicale chinoise forme des médecins camerounais dans la lutte contre Ebola.

En travaillant avec l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Chine a joué un rôle important en endiguant l’épidémie d’Ebola qui menaçait le Liberia, le Sierra Leone, le Nigeria et la Guinée.

Il est de notoriété publique que les prouesses de la Chine aux Nations unies se font au bénéfice des pays africains. À la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, où la Chine a une forte influence en raison de sa participation significative et de son droit de vote, le pays a voté pour soutenir l’intégration de l’Afrique dans de nombreux projets. Certains projets qui parsèment le continent aujourd’hui ont été mis en œuvre de manière trilatérale par la Banque mondiale, la Chine et les pays africains. Depuis 2010, la Société financière internationale, le bras financier de la Banque mondiale pour le secteur privé, octroie des prêts aux sociétés chinoises qui ont des projets d’infrastructures sociales en Afrique. Cette coopération trilatérale devrait continuer car la Chine et la Banque mondiale ont signé un accord en septembre dernier pour la coopération dans le secteur des infrastructures en Afrique.

La phase actuelle des relations Afrique-Chine à l’ONU se caractérise par l’alignement de trois grands projets : l’Agenda 2063 de l’UA, le Plan d’action 2015–2018 du FSCA et les Objectifs de développement durable des Nations unies. Une série de projets et de programmes sont en cours, sous l’impulsion notamment du bureau chinois du Programme de développement des Nations unies, qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement chinois, l’Union africaine et les pays africains à titre individuel. Ca

(L’auteur est postdoctorant à l’Université de

Witwatersrand, Johannesburg.)