Les ailes de l’opportunité

2016-12-01 08:04
中国与非洲(法文版) 2016年11期

Les ailes de l’opportunité

La passion et le courage sont essentiels pour le succès entrepreneurial en Afrique, explique la pionnière du transport aérien, Sibongile Rejoyce Sambo

Après avoir été refusée par les compagnies aériennes en tant qu’hôtesse de l’air parce qu’elle n’était pas suffisamment grande, sibongile Rejoyce sambo s’est faite un nom en lançant en 2004 sa propre compagnie de charters aériens, SRS Aviation. Novice et ne parvenant pas à obtenir de prêts bancaires, elle parvient tout de même à obtenir de l’argent grâce aux fonds de pension de sa mère et de sa tante. L’histoire de cette entrepreneuse sud-africaine de 42 ans est devenue une success story, notamment car elle a réussi à percer dans ce qui était essentiellement un bastion masculin. Pour CHINAFRIQUE, elle raconte à sudeshna sarkar et Liu Jian sa recette pour le succès et ses plans pour l'avenir.

CHINAFRIQUE : Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans le charter aérien ?

sibongile Rejoyce sambo : J’aime les avions depuis que je suis toute petite. J’ai grandi à Bushbuckridge, un village où l’aviation ne faisait pas partie de notre vocabulaire. Je n’avais pas de jouets sophistiqués et je jouais dans la rue. Dès qu’un avion passait au-dessus de nos têtes, nous arrêtions tout pour lui faire coucou ! Plus tard, j’ai vu une opportunité. De nombreux hommes d’affaires voyageaient pour des opportunités d’affaires – notamment dans le secteur minier – vers les pays francophones, mais ceux-ci devaient d’abord prendre un avion de l’Afrique du Sud vers la France, avant de pouvoir se rendre par exemple au Gabon. [Je me suis dit que] lorsque je lancerai mon entreprise de charters aériens, ceux-ci constitueraient ma clientèle cible. Il s’agit de mon marché de niche. Voilà les personnes que je voulais mettre dans un appareil et emmener directement au Gabon, pour ne pas qu’ils aient à se rendre dans un autre pays [en dehors de l’Afrique], afin de pouvoir se déplacer au sein du même continent.

Quels défis avez-vous rencontrés pour faire votre percée dans l’industrie du transport aérien ?

Après avoir été rejetée par diverses compagnies aériennes, j’étais très déçue. [Mais aujourd’hui,] je pense que ce fut une opportunité pour lancer SRS Aviation. Même si j’ai fait beaucoup de recherches minutieuses, il y a de nombreuses choses que je ne savais pas. Des informations critiques qui, si je les avais sues au préalable, m’auraient dissuadée de lancer mon entreprise de charters aériens. Ce n’est pas un secteur dans lequel il est facile d’entrer, et c’est aussi une communauté très fermée. Tous les aviateurs se connaissent autour du monde. Même si vous êtes Américain, vous savez qui opère une compagnie aérienne ou une compagnie de charters aériens en Afrique du Sud, en Chine, en Turquie, partout.

Quel est le secret de votre succès ?

Je suis audacieuse et je ne crains rien. Je n’ai rien à perdre et je n’ai pas peur d’essayer et de travailler pour des opportunités. De plus, je suis passionnée par ce que je fais. Mon succès, je le dois également au fait que je ne travaille pas seule. J’ai une équipe, qui travaille avec moi. Lorsque vous donnez aux gens une opportunité d’étendre leurs ailes, ils trouvent de nouvelles idées. Et lorsqu’il y a une opportunité, nous ne perdons pas de temps, nous fonçons.

Quelle sera votre prochaine entreprise ?

Nous avons un accord d’agence avec Weihai Guangtai Airport Equipment, une entreprise chinoise qui produit des équipements de manutention au sol. Nous vendons leurs produits en Afrique. Cependant, notre intérêt principal dans les équipements de manutention au sol est [désormais] de véritablement les produire ou de les assembler et de les entretenir en Afrique. Il y a une grande opportunité à faire cela en Afrique du Sud pour le continent africain tout entier, car pour l’instant, personne ne fait cela sur le continent. Tous les aéroports importent leurs équipements de différents pays, comme l’Allemagne, la Suisse, les États-Unis et la Chine. Notre gouvernement a un budget et encourage les entrepreneurs à devenir des industriels. D’où mon intérêt à produire et à entretenir cet équipement en Afrique du Sud. Le projet devrait démarrer dans les douze prochains mois.

Vous avez commencé sRs Aviation avec environ 1,5 million de rands (105 800 dollars), levés grâce aux fonds de pension de votre mère et de votre tante. Quel est le budget cette fois-ci ?

(Rires) Il est très élevé, [nous sommes] dans une toute autre catégorie. Il s’agit de pas moins de dix millions de dollars. Cela nous permettrait de mettre en place les infrastructures, et d’acheter la technologie, les composants et les éléments, dont nous avons besoin pour construire les équipements. Mon entreprise de production ne fournira pas seulement des compétences, mais elle donnera également l’opportunité de former les personnes, de créer des emplois, d’atténuer la pauvreté, de participer à l’économie dans son ensemble et de contribuer au PIB. Voilà les choses qui font que je souhaite réaliser ce projet.

Où sera basée votre nouvelle entreprise ?

De préférence en Afrique du Sud, car c’est là que je suis basée et je serai ainsi capable d’assumer pleinement mes responsabilités. Par ailleurs, l’Afrique du Sud est diverse et nous sommes en avance sur la plupart des pays africains en ce qui concerne les banques. Nous avons de nombreuses infrastructures, ainsi qu’un accord commercial bilatéral avec la Chine. Ainsi, les investissements des investisseurs seront protégés.

Cherchez-vous également des investissements chinois ?

Nous recherchons des partenariats chinois dans plusieurs secteurs de l’aviation. Nous voulons une entreprise, qui produit des drones. Les drones sont la nouvelle technologie d’aujourd’hui. Nous pouvons les utiliser pour faire de la surveillance, de la photographie, pour la construction ou dans le secteur minier. Il y a tellement d’opportunités pour les drones en Afrique.

Vous avez débuté sRs Aviation en louant un avion de Russie. prévoyez-vous d’acheter votre propre appareil ?

Nous cherchons à acheter deux hélicoptères, car nous voulons également lancer un projet touristique. Nous prévoyons de le lancer avant le mois de décembre, mais nous verrons comment cela se passe. Nous allons avoir des héliports à Soweto, l’une de nos municipalités les plus grandes et les plus connues, d’où viennent notre ancien Président, Nelson Mandela, et l’archevêque Desmond Tutu. Les rues où ils ont grandi constituent la principale zone touristique. Nous essayons de positionner un héliport à proximité. Les hélicoptères emmèneront les touristes dans les zones principales d’Afrique du Sud, comme le complexe Sun City. Ce sera la première fois que nous aurons un héliport.

Comment gérez-vous le fait d’être mère célibataire ?

J’ai un fils de 14 ans et un fils de 3 ans et j’ai décidé de ne pas me marier. Là d’où je viens, il y a de nombreuses mères célibataires. Nous vivons comme tout le monde, nous ne sommes pas marginalisées. Il est plus facile d’avoir de l’indépendance, en étant mère célibataire. Cela permet de faire des affaires où vous voulez, quand vous voulez. Moi-même, c’est ma mère, seule, qui m’a élevée. CA

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