Le rythme dans la peau

2016-12-01 08:15CuiXiaoqin
中国与非洲(法文版) 2016年11期

Le rythme dans la peau

Une troupe de danse promeut les danses africaines en Chine par Cui Xiaoqin

Dans une cour de beijing, une dizaine d’enfants chinois apprennent des danses africaines en suivant les pas du Camerounais Simon Romuald Abbe. Près de lui, sa femme Jiang Keyu, une danseuse chinoise, lit des contes africains aux enfants pour éveiller leur imagination et leur permettre de créer leurs propres mouvements de danse. C’est une des activités organisées par l’Abbe Dance Company, une troupe de danse créée par Abbe et son épouse.

« Maintenant, de plus en plus de Chinois s’intéressent à l’Afrique, surtout dans les grandes villes comme Beijing et Guangzhou. Nous espérons promouvoir la culture et les danses africaines à travers des plates-formes de communication telles que l’Abbe Dance Company », explique Jiang à CHINAFRIQUE.

La danse est comme une langue. Malgré les grandes différences entre la culture chinoise et africaine, leurs danses partagent beaucoup de points communs. On peut trouver des mouvements similaires dans les danses africaines et dans les danses traditionnelles chinoises, comme par exemple les danses du Tibet.

Simon Romuald Abbe, fondateur de l’Abbe Dance Company

Une troupe de danse camerounaise

En 2005, le ministère de la Culture camerounais cherche à faire venir des danseurs chinois pour former les danseurs du pays et établir une troupe de danse nationale. Le ministère chinois de la Culture envoie alors au Cameroun deux jeunes danseuses chinoises : Jiang Keyu et Nares. « Avant d’arriver au Cameroun, je ne connaissais rien sur le pays, si ce n’est le football », raconte Jiang.

Au début, les deux jeunes femmes pensent qu’elles devront simplement améliorer le niveau des danseurs camerounais, mais à leur arrivée sur le continent, elles se rendent compte que tout reste à faire : elles doivent recruter des élèves qui ne connaissent rien à la danse, et les former. Il faudra trois mois aux danseuses chinoises pour finaliser le recrutement et débuter la formation. Malgré les difficultés et les risques de maladies, telles que le paludisme, Jiang commence à apprécier ce pays si différent de la Chine.

Les jeunes danseuses mettent en place des cours, cherchent des aides gouvernementales, et travaillent au développement de la troupe. Un an plus tard, la Troupe de danse nationale du Cameroun est créée. Accompagnant le Président camerounais lors de ses visites d’État à l’étranger, la troupe s’est produit en France, en Algérie, au Japon et au Gabon. Après cette réussite, le ministère de la Culture camerounais décide de poursuivre sa coopération avec la Chine. Dans cet objectif, Jiang reste au Cameroun et continue à enseigner la danse moderne.

C’est justement grâce à la troupe que Jiang rencontre Simon Romuald Abbe. Responsable de la troupe de danse Black Star, Abbe remporte de nombreux concours de danse avant d’intégrer la troupe de Jiang. Ses compétences en hip-hop sont, selon la Chinoise, un réel atout pour le développement durablede la troupe. Le Cameroun est aujourd’hui un pays très spécial pour Jiang, elle y a passé presque 4 ans et y a rencontré son mari.

Abbe et son épouse Jiang se produisent souvent ensemble.

Le couple de danseurs organise de nombreuses activités à Beijing.

Promouvoir les danses africaines

En 2008, Abbe lance sa propre troupe de danse au Cameroun, l’Abbe Dance Company. Quatre ans plus tard, il établit une succursale à Beijing pour faire découvrir aux Chinois les danses africaines. Des éléments issus de la culture chinoise, tels que le tai chi ou le bagua, sont également présents dans les exercices proposés par la troupe. Le couple considère en effet qu’il existe des points communs entre ces arts martiaux chinois et les danses africaines. L’esprit du tai chi est, par exemple, le même que celui des danses africaines : on se calme, on se concentre, pour entrer en contact avec le sol et obtenir son énergie.

« La danse est comme une langue. Malgré les grandes différences entre la culture chinoise et africaine, leurs danses partagent beaucoup de points communs. On peut trouver des mouvements similaires dans les danses africaines et dans les danses traditionnelles chinoises, comme par exemple les danses du Tibet », expliquait Abbe à CHINAFRIQUE.

Selon Jiang, l’Abbe Dance Company est unique en son genre : « La danse est seulement un moyen de partager sa culture. Je veux renforcer la santé de la population et former le sens du rythme des personnes ordinaires. » La plupart du temps, Jiang ne dit pas directement à ses élèves comment danser, mais préfère leur lire des contes et les laisser créer leurs propres danses.

Échanges entre les peuples

Jiang et Abbe ont créé un compte WeChat pour promouvoir les danses africaines : « Body Boulevard ». Ils souhaitent ainsi offrir une plate-forme au public chinois pour découvrir les danses et la culture africaine. « Les Chinois s’intéressent de plus en plus au continent africain, mais les échanges entre populations sont très limités. » Jiang ne cache pas son inquiétude à ce sujet. « Les échanges institutionnels sont efficaces, c’est ainsi que j’ai par exemple été envoyée au Cameroun par le ministère chinois de la Culture. Mais pour développer les échanges entre les peuples, il reste encore beaucoup à faire. »

L’Abbe Dance Company est une troupe qui vise à développer les échanges culturels entre les peuples. Le couple fait des efforts pour trouver des opportunités et se produire le plus possible, mais ils ont besoin de plus de soutien, du gouvernement ou d’autres organisations publiques. Certains des danseurs camerounais de la troupe créée par Jiang font désormais leurs études en Chine. Ils organisent souvent des activités pour faire la promotion de la culture africaine. Jiang est confiante, elle pense que ces efforts émanant de la société civile peuvent avoir un impact sur les échanges culturels sino-africains. CA

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