Retour à la vie

2016-12-01 08:10FranciscoLittle
中国与非洲(法文版) 2016年11期

Retour à la vie

Un projet de réaménagement de la zone humide de Baicheng a permis de restaurer un écosystème fragile et de reconstituer sa population d’oiseaux par Francisco Little

Un musicien mongol joue pour les grands échassiers des zoneshumides.

La lumière peine à transpercer la brume du petit matin, qui flotte au-dessus des eaux tranquilles. Il y a là cinquante nuances de gris et la simple respiration semble troubler le silence. Dans cet environnement désert, un petit groupe d’arbres brisent la surface de l’eau de leurs branches filiformes et tristes. C’est un paysage tranquille dépeint dans des milliers d’esquisses à l’encre de Chine. Il s’agit de la zone humide de la ville de Baicheng dans le nord-ouest de la province du Jilin, à la frontière avec la région autonome de la Mongolie intérieure. De grandes mesures ont été prises ici pour promouvoir la protection environnementale et restaurer l’une des sept principales zones humides du pays.

Un projet de restauration massif

Selon Li Dawei, le chef de section du Bureau d’information du gouvernement municipal de Baicheng, la restauration remonte à juin 2013, lorsque le gouvernement provincial a lancé un projet de gestion de l’eau à 830 millions de dollars, afin de relier les rivières, les lacs et l’ensemble des systèmes majeurs de conservation de l’eau dans un réseau de canaux. L’excédent d’eau se déverse depuis dans la zone humide, qui s’était asséchée après des années de sécheresse. Le projet couvre dix villes et districts.

Des grues à couronne rouge reviennent dans les zones humides de Xianghai.

Les derniers efforts environnementaux de Baicheng ont permis aux vastes zones humides de la Réserve naturelle nationale de Momoge (144 000 ha) et de la Réserve naturelle internationale de Xianghai (106 700 ha) de retrouver leursplendeur d’antan, après avoir perdu jusqu’à 90 % de leur surface du fait de plusieurs années de sécheresse, explique Li Dawei à CHINAFRIQUE. À ce jour, Baicheng a canalisé 900 millions de mètres cubes d’eau dans ces zones humides.

Les zones humides jouent un rôle vital dans l’écologie, l’environnement et le climat locaux. À ce titre, elles ont été surnommées les « reins de l’ouest du Jilin ». La sécheresse accablante avait décimé la population d’oiseaux. Les deux réserves sont désormais des zones importantes pour leur reproduction et ont permis le retour d’un grand nombre de cygnes, d’oies sauvages, de cigognes blanches et de la sauvagine. À elle seule, Xianghai compte 286 espèces d’oiseaux, précise Li Dawei. Désormais, la région s’emploie également à l’élevage d’oies sauvages. De façon remarquable, la mascotte officieuse de Baicheng – la majestueuse grue à couronne rouge – est revenue dans son habitat naturel. L’intégrité des zones humides repose sur la population de la faune ailée, dont les interactions maintiennent ce fragile écosystème. La restauration de ce biotope fournit également les conditions nécessaires pour la protection des oiseaux migrateurs et de la biodiversité.

Aujourd’hui, la réserve sauvage de Xianghai – caractérisée par ses prairies, ses zones humides et ses lacs est un lieu populaire pour les touristes, qui peuvent ainsi approcher des grues à couronne rouge, faisant partie d’un programme de reproduction en captivité.

Il est difficile de savoir qui – des visiteurs ou des grues – sont les plus curieux, car ces grands oiseaux ne sont pas farouches et interagissent sans crainte avec les visiteurs. Li Dawei souligne cependant que, même si la zone humide constitue une ressource touristique unique à Baicheng, attirant des touristes locaux et internationaux, seule la périphérie de la zone humide accueille les visiteurs, tandis que le cœur de la zone protégée est interdit au public. De nombreuses initiatives de sensibilisation aux zones humides, concernant les étudiants et les communautés locales, poussent la population à s’investir dans cette précieuse ressource à leur portée, ajoutet-il, ce qui est essentiel pour le futur de la zone humide.

Connexion mongole

À deux heures de route de Baicheng, à la périphérie du district de Qianguo, se trouve le plus grand lac intérieur de la province du Jilin et le septième plus grand lac d’eau douce de Chine. Le lac Chagan fait partie d’un projet de promotion des zones humides protégées et ses marais sont riches en roseaux et en oiseaux. Site prisé des touristes, le lac a engendré le développement d’une série de restaurants et de lieux de divertissement sur ses bords. Ces attractions se situent au pied de l'imposant temple bouddhiste Miaoyin, qui bourdonne d’activités de pèlerinage et duquel émergent de larges nuages parfumés des bâtons d’encens géants.

Les bâtisses autour du lac sont toutes construites dans le style unique des yourtes mongoles, ce qui n’est pas surprenant, étant donné la proximité de la région autonome de la Mongolie intérieure. Le district abrite une population mongole, petite mais influente. Selon un responsable du gouvernement provincial du Jilin, ayant lui-même un héritage mongol, les zones humides forment la base de la culture mongole. Celui-ci explique qu’avec la restauration des zones humides, des efforts ont été faits pour promouvoir la culture à travers des programmes de danse traditionnelle mongole et des groupes folkloriques impressionnants de chant diphonique mongol. CA

Pour vos commentaires : niyanshuo@chinafrica.cn

Les danses mongoles font partie intégrante de la culture du district de Qianguo.