WEI YAO*
stars chinoises des JO
Les nouvelles
WEI YAO*
Le 21 août 2016, la 31eédition des Jeux olympiques s’est clôturée à Rio de Janeiro au Brésil. La veille, les joueuses chinoises de volley-ball ont remporté la dernière et plus précieuse médaille d’or de leur délégation. Avec 70 médailles, dont 26 d’or, la Chine a terminé son parcours des JO 2016.
Bien que le nombre de médailles d’or de la Chine ait été cette fois plus faible que lors des JO de Beijing et de Londres, les médias du monde entier ont découvert que les Chinois ont changé d’attitude envers les JO. Plus qu’aux résultats, les Chinois accordent aujourd’hui leur attention à la personnalité des athlètes.
Personne ne pensait que dans la délégation chinoise, une nageuse d’à peine 20 ans deviendrait la plus grande vedette. Fu Yuanhui a remporté la troisième place lors des demi-finales du 100 m dos féminin le 8 août, réalisant sa meilleure performance personnelle de 58’’95, et se qualifiant ainsi pour la finale. Lorsqu’elle a été interviewée par la CCTV (Télévision centrale de Chine), elle a exhalé son charme unique et son naturel. Avec ses expressions faciales hilarantes et son sens de l’humour, elle a montré aux spectateurs chinois qu’elle était en fait « une humoriste forte en natation ».
Quand la journaliste lui a demandé quelles étaient ses attentes pour la finale, elle a répondu : « Je n’ai aucune attente, je suis déjà satisfaite. » Cette réponse a stupéfait la journaliste, mais elle a fait rire le public chinois. Elle a ajouté : « J’ai déjà usé de ma force cosmologique (Honghuang zhili) ». Cette expression était apparue l’an dernier dans une série télévisée populaire sur une légende chinoise. Lorsque la nageuse l’a reprise à son compte, les jeunes internautes l’ont immédiatement adorée. Réseaux sociaux comme médias traditionnels évoquent depuis la force cosmologique, qui est devenue l’expression la plus populaire en août sur Internet en Chine.
Lang Ping, l’entraîneuse de volley-ball chinoise, embrasse des joueuses pour célébrer leur victoire. Le 20 août 2016, les joueuses chinoises sont devenues championnes olympiques à Rio en battant en finale l’équipe de Serbie (3-1).
Les internautes chinois, toujours en quête de divertissement, sont immédiatement tombés sous le charme de Fu Yuanhui. Sur son compte Sina Weibo, le nombre de fans a augmenté de dix mille personnes par minute, et la vidéo de son interview a circulé rapidement sur Internet. Ses expressions faciales sont devenues des émoticônes populaires.
Le phénomène Fu Yuanhui a suscité l’attention des médias internationaux, qui apprécient beaucoup la jeune Chinoise très drôle, et qui ont tenté tant bien que mal de traduire l’expression Honghuang zhili.
Les internautes ont aussi retrouvé une interview de Fu Yuanhui datant des Championnats du monde de Kazan en 2015. On la voit ajuster son maillot de bain en répondant aux questions, et faire une expression de douleur à cause du claquement de son maillot. Cette vidéo a aussi fait le tour d’Internet dans le monde.
Après la compétition, Fu Yuanhui a été invitée sur les plateaux de télévision et a révélé qu’elle était célibataire, une bonne nouvelle pour ses nombreux fans qui apprécient son humour, sa franchise et sa confiance en elle.
Lors de la dernière conférence de presse de la délégation chinoise à Rio le 20 août,le chef de la délégation Liu Peng a aussi salué Fu Yuanhui en disant qu’elle représentait « la confiance, l’esprit positif et la mentalité détendue des athlètes chinois ».
À la différence des JO précédents, les Chinois ont cette fois moins prêté attention au nombre de médailles. On a traité les JO comme un plaisir, surtout dans les épreuves où la Chine est traditionnellement forte. L’équipe de ping-pong est un bon exemple : aucun suspense sur les résultats,les Chinois se sont plus intéressés aux nouvelles divertissantes sur les athlètes.
Le 12 août 2016, les Chinoises Gong Jinjie et Zhong Tianshi ont décroché l’or en course cycliste sur piste-vitesse en équipes dames avec 32”107. C’est la première médaille d’or dans l’histoire du cyclisme sur piste de Chine.
Le 14 août 2016, He Zi a décroché la médaille d’argent au plongeon de 3 m à Rio. Après la cérémonie de remise de prix, elle a reçu la demande en mariage de son fiancé Qin Kai, plongeur chinois.
Zhang Jike et Ma Long sont très populaires sur Internet et ont énormément de fans féminins. On les surnomme « les grands démons », une expression souvent utilisée dans les BD pour les personnages puissants. Zhang Jike est surnommé « Poker Face » en raison de son visage impassible. Il a perdu la première partie en quarts de finale parce qu’il était mal réveillé. L’entraîneur Liu Guoliang lui a crié : « Réveille-toi ! Ne sois pas bête, les JO, c’est parti ! » Ce détail a fait rire les internautes et la vidéo s’est répandue rapidement parce qu’elle montrait le « grand démon » sous un autre angle.
L’engouement n’est pas seulement réservé aux athlètes chinois. Les spectateurs ont aussi une affection particulière pour l’athlète japonaise Fukuhara Ai. Elle est peut-être la Japonaise la plus populaire en Chine. Durant les JO, les anciens matchs entre Fukuhara Ai et Zhang Yining ont été à nouveau discutés. Zhang Yining est une légende du ping-pong qui a déjà pris sa retraite. Fukuhara Ai est une jolie Japonaise qui s’est entraînée en Chine et qui parle couramment le chinois avec un fort accent du Nord-Est. Elle est amie avec de nombreux athlètes chinois, mais on l’a vue pleurer à plusieurs reprises lorsqu’elle a été battue par ses concurrentes chinoises.
Les internautes chinois considèrent désormais le ping-pong comme un pur plaisir. Le succès ou l’échec n’est plus important et on ne ressent plus de sentiment anti-japonais. Dans ce contexte, les athlètes ressentent moins de pression et ont remporté de bons résultats.
L’équipe de plongeon de Chine est surnommée la « dream team ». Les Chinois ont vu ces sportifs remporter plusieurs médailles d’or olympiques. À Rio de Janeiro, l’équipe a remporté sept médailles d’or, deux d’argent et une de bronze. Parmi les plongeurs les plus célèbres se trouvent Wu Minxia, qui a participé à quatre JO et a remporté cinq médailles d’or, et Ren Qian, une jeune athlète née dans les années 2000.
Néanmoins, une des scènes inoubliables de ces JO pour les Chinois restera celle où Qin Kai a demandé la main de He Zi au bord de la piscine.
Juste après la remise des prix du tremplin à 3 m, He Zi, qui venait de recevoir une médaille d’argent, a vu son compagnon s’agenouiller en lui tendant une bague. Sous les yeux des autres athlètes et des spectateurs, elle a dit « oui », visiblement très émue. Des athlètes de différents pays ont ensuite entouré He Zi pour admirer sa bague. Cette scène émouvante a rappelé aux internautes qu’il y a quatre ans aux JO à Londres, Qin Kai a raté la médaille d’or et a pleuré sur l’épaule de He Zi. Les vœux de bonheur ont circulé sur toute la Toile.
De même, sur le terrain de badminton,Chen Long a remporté sa première médaille d’or. La caméra de transmission en direct de CCTV a montré à maintes reprises Wang Shixian sur la tribune, une athlète qui ne s’est pas qualifiée pour les JO de Londres, ni ceux de Rio. Mais en tant que petite amie de Chen Long, elle a quand même attiré beaucoup d’attention. Après sa victoire, Chen Long lui a soufflé un baiser vers les tribunes.
Le taekwondo nous a donné un autre couple olympique : Zhao Shuai et Zheng Shuyin. Ils ont tous deux remporté une médaille d’or à Rio. Un poème a circulé sur Internet sur leur histoire d’amour : « Le plus romantique, c’est d’avoir la même passion que toi ; la meilleure chose,c’est d’aller plus haut avec toi ; tu me donnes ta médaille d’or pour m’épouser et j’apporte ma médaille d’or en guise de dot. » Durant leur cérémonie de mariage,on leur dira peut-être : « Vous pouvez maintenant échanger vos médailles d’or ! »
Pour les jeunes de la nouvelle génération chinoise, les JO de Rio ont été fort intéressants. Il semble que la médaille d’or ne soit pas l’objet le plus important. Le Financial Times a observé que par rapport aux JO de Beijing en 2008, les Chinois ont montré à Rio une nouvelle compréhension de l’esprit olympique. La Chine n’a plus besoin de remporter suffisamment de médailles d’or pour prouver sa place sur la scène internationale. Les personnalités des athlètes sont aujourd’hui plus intéressantes que les médailles.
*WEI YAO est journaliste pour Beijing Review.