JIAO FENG, membre de la rédaction
Au Xinjiang,la lavande va de l’avant
JIAO FENG, membre de la rédaction
L a vallée de la rivière Ili, dans le Xinjiang, est le principal centre de production de lavande en Chine, et cela depuis les années 1960 au cours desquelles ces plants ont été introduits là pour la première fois. Au niveau mondial, la production locale prend la seconde place devant celle de l’île d’Hokkaido au Japon. Cette culture alimente d’autre part toute une industrie de spécialités locales liées à la lavande qui fait la fortune de la préfecture autonome kazakhe d’Ili.
La vallée de la rivière Ili, le plus grand centre de production de lavande en Chine.
Une entreprise locale spécialisée dans la production et le traitement de la lavande s’est développée à partir d’un petit atelier pour devenir, en seulement neuf ans, une grande entreprise moderne. Ses activités comprennent la culture de la lavande et la recherche-développement de produits nouveaux, la production de produits finis et leur vente, sans compter des activités de création culturelle et de visites guidées. « En cette période de capacités de production excédentaires et d’économie de marché, c’est l’innovation et l’esprit d’entreprise qui nous tirent d’affaire »,explique la fondatrice et présidente d’Ili Zisuliren Biotechnology Co., Ltd, Mme Yang Jianxin.
La zone d’activités de l’entreprise a reçu l’approbation des autorités comme centre d’intérêt de catégorie AAA en novembre 2015. L’écran de façade qui orne son entrée soutient le plus grand plant de lavande murale du monde constitué d’un seul pied, dont on voit les pousses frémir dans la brise. Au cœur de l’été, c’est par là que l’on accède à la mer de fleurs qui émet des fragrances enivrantes. « Chaque transition est le résultat d’une souffrance et la voie du succès est pavée d’échecs, ce n’est pas toujours la transformation miraculeuse qu’imaginent les gens », affirme Mme Yang, dont la tenue élégante mais pratique et la coiffure à la mode soulignent bien le rôle d’entrepreneuse dynamique.
Au début, Mme Yang travaillait dans une tannerie d’État de la région. C’est là qu’elle a acquis son expérience de gestion, de vente et de marketing. En 2000, alors que le pays conduisait sa première réforme des entreprises d’État, de nombreuses entreprises mal gérées ont fait faillite et leurs employés au chômage ont dû trouver de nouveaux moyens de gagner leur vie. L’entreprise où travaillait Mme Yang en faisait partie. Licenciée avec seulement 27 000 yuans d’indemnités, elle a décidé de lancer une affaire avec ses anciens collègues.
Pendant les quatre années qui ont suivi, elle a ouvert une série de magasins pour vendre toutes sortes de marchandises, depuis des pains à la vapeur jusqu’à des manteaux de fourrure. Disposant d’un capital de départ nécessaire et de ressources humaines, elle dut encore chercher longtemps le produit qui allait lui permettre de faire fortune.
Puis, en août 2004, Mme Yang a entendu dire que la région d’Ili avait été désignée pour y développer l’exploitation de la lavande. Après une rapide étude de marché, elle s’est retrouvée émerveillée par le potentiel de développement immense que pourrait connaître ce secteur, étant donné les conditions idéales que présentait la vallée de l’Ili. Ni elle, ni ses collègues ne savaient quoi que ce soit de la culture de la lavande, et se lancer dans cette nouvelle entreprise représentait une manœuvre risquée. Mais après mûre réflexion, elle a décidé de risquer le tout pour le tout et de plonger la tête la première dans l’industrie lavandière.
Grâce à ses premières expériences de gestion et de marketing, Mme Yang a réussi sa transition et mis au point des plans sur le long terme. Après deux ans de recherches, elle a fondé la société actuelle, Zisuliren Biotechnology Co., Ltd, dans la petite ville de Yining. Son objet social est la recherche scientifique et technique pour le développement et l’exploitation de la lavande.
On peut voir une bonne centaine de produits dans les vitrines de la salle d’expositions de l’entreprise où les clients peuvent demander et obtenir des consultations sur leurs besoins spécifiques.
Chef d’entreprise, Mme Yang n’employait au début que deux personnes dans des locaux de moins de 100 mètres carrés. À trois, ils se chargeaient de tout à la main, depuis l’exécution de toutes les formalités nécessaires à l’achat des matières premières jusqu’aux opérations d’emballage et de marquage. Grâce à des standards de qualité élevés et à un contrôle strict des matières premières, les produits de Mme Yang ont progressivement assis leur bonne réputation. Les années ont passé, et malgré un volume de production qui restait modeste, ils sont parvenus à trouver leur niche sur le marché de la lavande d’Ili.
La question qui restait d’actualité était de savoir comment gagner en compétitivité et comment créer des produits exclusifs. Mme Yang en est parfaitement consciente depuis le début, l’innovation scientifique et technique est la clé du développement des entreprises.
En 2009, l’entreprise a lancé une coopération avec l’Université agricole de Chine (CAU) pour des recherches sur les applications possibles de l’extraction des arômes de lavande par cryogénisation au CO2liquéfié et des études techniques sur l’emploi plus efficace des épices et sur le contrôle de qualité.
C’est ainsi que Mme Yang découvrit que la méthode à l’eau distillée employée pour l’extraction des huiles essentielles par les entreprises locales de production d’épices ne permet pas un haut niveau de qualité et conduit à un gaspillage de ressources, puisqu’elle ne restitue pas l’arôme de la lavande dans toute sa richesse. Le nouveau procédé mis au point avec la CAU représente au contraire la méthode d’extraction la plus avancée au monde et une nouvelle première pour la Chine.
En 2010, l’entreprise a lancé une coopération avec l’Institut technique de physique et de chimie du Xinjiang qui dépend de l’Académie des sciences de Chine. Une collaboration qui a permis de finaliser le savoir-faire et la mise sur le marché de cette méthode d’extraction supercritique au CO2, mais aussi de lancer la ligne de production des produits correspondants.
La transformation de cette technologie exclusive et l’élévation du professionnalisme des personnels et des matériels ont permis d’obtenir une amélioration constante du niveau de qualité des produits. Elles ont également permis d’élargir la gamme des produits proposés, qui comprend désormais plus de 150 huiles essentielles et soins pour la peau. L’entreprise de Mme Yang est la seule PME à disposer des qualifications nécessaires à ce type de production.
On peut voir une bonne centaine de produits dans les vitrines de la salle d’exposition de l’entreprise où les clients peuvent demander et obtenir des consultations sur leurs besoins spécifiques. Le dernier produit lancé en date est une crème de massage aux huiles essentielles.
En 2014, l’entreprise a investi 100 millions de yuans pour construire une zone d’activités créatives qui couvre 1,7 ha de terrain, avec une surface construite de 13 000 m². Ce parc d’activités renfermetoute une chaîne industrielle qui comprend la construction de locaux, la production, la recherche-développement, le marketing et le tourisme culturel. En se développant à partir d’un simple atelier de transformation pour devenir le plus grand centre du Xinjiang selon les standards Good Manufacturing Practice, cette entreprise est un fier prototype d’entreprise moderne. Mme Yang a d’autre part été sélectionnée par le Programme national de soutien aux personnels de haut niveau et reçu le Prix du progrès scientifique et technique du gouvernement de la préfecture autonome kazakhe d’Ili.
Zisuliren Biotechnology Co., Ltd propose plus de 150 huiles essentielles et soins pour la peau.
Aujourd’hui, son entreprise possède deux centres de recherche pour la transformation de la lavande et la recherche sur les plantes aromatiques et 32 brevets nationaux.
Aujourd’hui, son entreprise possède deux centres de recherche pour la transformation de la lavande et la recherche sur les plantes aromatiques et 32 brevets nationaux. Elle ne cesse jamais de développer et de mettre à jour ses savoir-faire, car sa vocation est de développer des produits de haute technologie, affirme Mme Yang.
« Nous avons créé le premier centre entrepreneurial du Xinjiang dans le domaine de la lavande, qui se spécialise dans le développement des ressources liées à la lavande et sa culture, la recherche de produits, les biotechnologies, les programmes d’innovation favorisant la créativité culturelle et le marketing Internet », explique Mme Yang.
Ces dernières années, elle a pris exemple sur des programmes mis en place dans d’autres entreprises avancées pour accélérer la transformation et l’optimisation de sa société. Après seulement six mois de pratique, l’enthousiasme des employés s’est fortement accru et l’efficacité a doublé.
En ce qui concerne son futur développement, Mme Yang ne veut pas que ses produits se cantonnent sur le marché du souvenir pour touristes. Son ambition est de parvenir à un statut de produit d’usage quotidien dans une multitude de foyers. « Je crois que l’industrie de la lavande va poursuivre son développement jusqu’à devenir un produit distinctif qui rendra Ili célèbre dans le monde entier », affirme-t-elle.