Des synergies Chine-UE sont toujours possibles

Par GEORGE N. TZOGOPOULOS

La Chine et l’UE ont fait des pas importants dans l’esprit de coopération de l’aprèsguerre froide. Cependant, l’environnement international n’est pas statique.Des développements inattendus perturbent la continuité et nécessitent des réponses rapides,parfois inédites. L’apparition de la pandémie de COVID-19 a gravement affecté les relations sino-européennes. Les échanges interpersonnels, pilier central de ces relations, ont dû cesser, suscitant souvent des malentendus dans le discours public. La plupart des réunions entre les dirigeants chinois et européens, y compris le récent 23eSommet bilatéral, se déroulent par vidéoconférence. Les participants ne peuvent plus rendre visite à l’autre partie, tandis que les partenariats scolaires ne perdurent que dans la sphère numérique.

De plus, le conflit en cours en Ukraine remet en question nos valeurs et soulève des questions quant au soutien que la Chine et l’UE fourniront.La stabilité et la paix ne sont plus tenues pour acquises. Bien que la Chine et l’UE regardent le conflit à travers un prisme différent, toutes deux partagent un intérêt commun à voir cesser les hostilités. Bien sûr, leur rôle dans l’élaboration d’un cessez-le-feu ou leur influence sur celui-ci aura ses limites, puisque ni l’une ni l’autre ne sont parties belligérantes. Nonobstant les limites existantes, une bonne coordination devrait faciliter les efforts difficiles visant à résoudre le problème crucial des réfugiés et de l’aide humanitaire. Cette coordination a également le potentiel de réduire le risque d’une crise économique mondiale.

Malgré ces temps agités, la collaboration économique entre la Chine et l’UE progresse harmonieusement. Selon Eurostat (l’office statistique de l’UE), la Chine était le troisième partenaire des exportations de biens de l’UE et le premier partenaire des importations de biens de l’UE l’année dernière. Plus précisément, les exportations de l’UE vers la Chine ont atteint 223,3 milliards d’euros en 2021, contre 202,8 milliards d’euros en 2020 et 198,5 milliards d’euros en 2019. Les importations de l’UE en provenance de Chine se sont élevées à 472,2 milliards d’euros en 2021,contre 385,1 milliards d’euros en 2020 et 363,5 milliards d’euros en 2019.

L’Allemagne, première économie européenne,a connu un approfondissement de ses interactions commerciales avec la Chine ces dernières années. Les statistiques allemandes montrent que les exportations allemandes vers la Chine étaient de 95,98 milliards d’euros en 2019, contre 95,84 milliards d’euros en 2020 et 103,64 milliards d’euros en 2021. Les importations s’élevaient à 110 milliards d’euros en 2019, contre 117,3 milliards d’euros en 2020 et 141,73 milliards d’euros en 2021. Une tendance similaire a été constatée dans d’autres grands pays de l’UE. En France, par exemple, les exportations vers la Chine ont atteint 24,4 milliards d’euros en 2021, soit une hausse de 5 % par rapport à 2020. Et les importations ont augmenté à 63,8 milliards d’euros en 2021, soit une augmentation de 10,7 % par rapport à 2020.En Italie, les exportations vers la Chine ont atteint 15,6 milliards d’euros en 2021, soit 22,1 % de plus que l’année précédente. Parallèlement, les importations se sont élevées à 38,5 milliards d’euros,soit 19,4 % de plus qu’en 2020.

Les chiffres du commerce témoignent de la résilience de la mondialisation dans un monde qui change constamment, mais qui n’abandonne pas sa nature interconnectée. C’est certainement encourageant pour l’avenir des relations sinoeuropéennes, qui ont été affectées non seulement par la pandémie de COVID-19 et le conflit en Ukraine, mais aussi par des désaccords politiques et idéologiques. Le gel de l’Accord global sur les investissementsen est l’exemple emblématique.

La Chine et l’UE n’envisagent pas un monde où leurs différences cesseraient d’exister. Ce qu’elles s’efforcent de concrétiser, c’est un cadre de compréhension commune qui permettra des synergies vers une prospérité commune. Le commerce en est le moteur, soutenu par les investissements.L’opportunité de plus d’actions communes ne s’arrête pas là et s’étend au-delà des continents asiatique et européen. La coopération pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies, surtout en Afrique, devrait être une responsabilité morale pour les deux parties. Une planète moins sûre nuira à leurs intérêts à long terme, mais une planète plus prospère et pacifique servira ces intérêts.

Malgré ces temps agités,la collaboration économique entre la Chine et l’UE progresse harmonieusement.