Férial Filali
Résumé : « La Grande Guerre » a été le basculement de l’Humanité toute entière d’une dimension vers une autre, jusque-là inconnue.Des armes d’extermination massive apparurent et s’enclencha la marche des peuples vers la mort.Ainsi débuta le siècle des grandes découvertes.Les historiens ont relaté les faits, les écrivains aussi, les rescapés et les invalides ont raconté leurs supplices à ceux qui ont consenti à les écouter.Cependant les passions demeurent aussi inébranlables que fut grand le désastre d’une « Guerre » déclenchée « Pour venger la mort d’un archiduc et d’une duchesse assassinés des mains d’un étudiant fou….».C’est ainsi que Lakhdar, Belaïd, Amadou, Saidou…, indigènes des colonies des puissances, moururent pour de mauvaises humeurs royales.Les auteurs de ce siècle en parlent toujours avec le même ressentiment que celui suscité chez leurs prédécesseurs, dépeignant des personnages aussi variés que furent diverses leurs origines et leurs douleurs, livrant une guerre à des peuples qu’ils n’ont jamais connus pour les haïr.
Qui sont ces apatrides ? Pour quelle cause ont-ils mené cette guerre ? Auraient-ils été en quête d’une Patrie ou d’un honneur abusé ? Cette quête a-t-elle abouti ? N’aurait-elle pas été léguée à leur postérité ? Quelle a été leur influence dans cette « Grande Guerre », sur l’autre et quelle a été la sienne sur eux ? Sont-ils quelque part héros ? Ont-ils plutôt servi de cobayes dans des laboratoires à ciel ouvert, dans un siècle de grandes expérimentations scientifiques ?
Nous tenterons de répondre à ces interrogations à travers Le Mensonge de dieu de Mohamed Benchicou.
Mots clés : Première guerre mondiale ; indigènes colonisés ; Algérie ; Mohamed Benchicou
Abstract: “The Great War” marked an unprecedented catastrophe for the whole humanity.Weapons of mass destruction appeared and the peoples were marched towards death.Thus began the “Age of the Great Discoveries”.Historians and writers related facts, survivors and invalids recounted their ordeals to those who willing listeners.However, passions remained unquenchable, as much as the war triggered “to avenge the death of an archduke and a duchess murdered by a mad student”.Thus Lakhdar, Belaid, Amadou Saidou and other colonized natives of perished thanks to the bad mood of the royal family.Writers of this century, animated by the same pathos of their forebears, have come to portray a diverse range of characters of different origins with different hardships, fighting people they never knew to hate.
Key words: World War I; colonized natives; Algeria ; Mohamed Benchicou
Dès 1830, la France a commencé à recruter des soldats dans ses colonies, en l’occurrence des Algériens①De la tribu kabyle des Zwava, elle a créé le corps des zouaves..Ces troupes ont participé aux guerres du Second Empire et se sont illustrées à Bazeilles②Le 1er septembre est la date anniversaire de la bataille de Bazeilles de 1870, au cours de laquelle s’illustra la Division bleue (troupes de la Marine), elle est célébrée chaque année.En 1873 le peintre Alphonse de Neuville immortalisa cette bataille par un tableau très célèbre illustrant le tir de « La dernière cartouche » par les Français contre les Bavarois.On peut le voir aujourd’hui au musée de la maison de la dernière cartouche, sur les lieux même de l’action., pendant la guerre franco-prussienne de 1870.Le recrutement de troupes coloniales s’est étendu plus tard aux Africains du golfe de Guinée③Un premier bataillon de tirailleurs a été constitué le 21 juillet 1857, sous le Second Empire, sur une suggestion du général Louis Faidherbe.Ses hommes étaient d’anciens piroguiers du Sénégal ou des esclaves affranchis..Les tirailleurs dits « sénégalais »④L’appellation tirailleur sénégalais désigne des soldats originaires de toutes les régions de l’AOF (Afrique Occidentale Française).ont été ultérieurement recrutés dans toutes les colonies d’Afrique noire, sur la base du volontariat ou de la force.
Instruit par son expérience coloniale, le général Charles Mangin, qui a participé à l’expédition de Fachoda⑤À Fachoda, sur les bords du Nil blanc, le 18 septembre 1898, se croisent une troupe française et une armée anglo-égyptienne.En cette année, les puissances européennes se disputent les derniers territoires disponibles en Afrique.Depuis qu’elle a occupé l’Égypte, en 1882, l’Angleterre rêve d’un axe Le Caire-Le Cap et la France celui de l’Atlantique (Dakar)-la mer Rouge (Djibouti).L’objectif principal de la France étant de reprendre aux Allemands l’Alsace-Lorraine perdue en 1871 ; pour cela elle a besoin de l’alliance anglaise, elle se retire donc, au profit de l’Angleterre.Les Français et les Anglais signeront le 8 avril 1904, l’Entente cordiale.Ils entreront côte à côte dans la Grande Guerre,10 ans plus tard, contre les Allemands., publie en 1910 La Force noire.Dans ce livre, il présente l’Empire comme une réserve inépuisable de chair à canon, susceptible de compenser la faiblesse de la population métropolitaine en cas de conflit avec l’Allemagne.La volonté politique de puiser des combattants dans l’Empire suit ; Adolphe Messimy député de la Seine déclare : « L’Afrique nous a coûté des monceaux d’or, des milliers de soldats et des flots de sang ; l’or, nous ne songeons pas à le lui réclamer.Mais les hommes et le sang, elle doit nous le rendre avec usure »⑥Déclaration parue dans la presse, Le Matin, 3 septembre 1910..
Avec la mission Marchand et la conquête du Soudan français, les noirs d’Afrique avaient prouvé leur valeur militaire et leur loyauté : « Musulmans ou animistes, buveurs ou sobres mais ni chrétiens, ni intellectuels : de bonnes brutes solides, voilà l’idéal tirailleur », disait Marchand en parlant des troupes noires.Mais pour obtenir l’enrôlement enthousiaste, le député du Sénégal Blaise Diagne⑦Premier africain à siéger au Palais-Bourbon en 1914., promet que tous les Africains accèderont à la citoyenneté pleine et entière à l’issue du conflit, en récompense de leur participation à la « guerre du droit ».Une promesse qui sera lourde de conséquences quand la paix sera revenue.À la fin de la guerre, le Président du Conseil Georges Clemenceau, les affecte en grand nombre dans l’armée qui va occuper l’Allemagne, à dessein d’humilier celle-ci.Mission réussie : leur présence réactive le nationalisme et la haine de la France.On évoque la « Honte Noire » !⑧L’extrême-droite allemande avait déclenché une campagne de calomnies contre la présence des Noirs en Rhénanie à coup de pamphlets, de tracts, caricatures, médailles injurieuses, voire obscènes, qui chargeait les Noirs de tous les vices et de toutes les violences possibles et dénonçait le danger de la contamination de la « race allemande » par leurs maladies en accusant la France de cette « Honte noire »..
Ce recrutement massif des Africains rencontre de la résistance aussi bien chez les autochtones que chez certains administrateurs (même si leurs motivations sont différentes), Van Vollenhoven, gouverneur général de l’AOF (Afrique Occidentale Française), fait un rapport au ministre des Colonies : « Cet empire africain qui est pauvre en hommes, est riche en produits ; laissez-lui sa misérable population pour le ravitaillement pendant la guerre et après la guerre ! Pour tirer encore de ce pays quelques milliers d’hommes, on le mettra à feu et à sang et on le ruinera.»⑨Van Vollenhoven, lettre citée par Marc Michel dans Les Africains et la Grande Guerre, karthala, 2013.p.62.
Ainsi, le ministère de la Guerre doit se tourner vers d’autres colonies de l’Asie et de l’Océanie.Des « Hindous »,⑩Ils rejoindront les Hindous du corps d’armée britannique comprenant 90 000 hommes, dont 20 000 seront tués.des Kanaks, des Tahitiens sont incorporés.Par ailleurs, les stéréotypes guident en partie l’emploi de ces troupes indigènes.Si les Indochinois⑪Moins connu que le général Mangin, le général Théophile Pennequin, commandant supérieur des troupes en Indochine, est l’audacieux promoteur de la « force jaune ».Contrairement à la « force noire » de Mangin destinée à intervenir en Europe, cette « force jaune » a vocation à protéger la péninsule indochinoise contre d’éventuels agresseurs extérieurs.sont affectés en grande partie dans les usines d’armement et d’aviation (ils sont réputés être de bons ouvriers), les Malgaches sont nombreux dans les services de santé et dans l’artillerie.Les noirs⑫« Notre armée noire, qui depuis tant d’années, et à peu près chaque jour, fut la première à la peine, partout, dans cette Afrique où l’on continue de se battre, fut, cette fois, la première à l’honneur.(… ) On acclama [les tirailleurs] à la revue, au défilé.Et de mille façons la sympathie populaire se manifesta à ces beaux soldats bronzés, presque tous décorés de la médaille militaire ou coloniale, et qui ne cessaient d’intéresser la foule parisienne par leurs silhouettes pittoresques et leurs attitudes martiales.» Voici comment L’Illustration (n° 3673, 19 juillet 1913, p.50) décrit l’accueil réservé à Longchamp le 14 juillet 1913 au 1er régiment de tirailleurs sénégalais dont le drapeau est décoré de la Légion d’honneur.et les arabes furent donc les combattants par excellence.
Le Mensonge de dieu⑬Titre oxymore (association contradictoire de deux termes) où, il s’agit moins d’un blasphème que d’allégations de faire mentir Dieu, à qui l’on fait dire bien des mensonges, ou de mentir sur Dieu, inhérentes à l’homme.de Mohamed Benchicou (647 pages), est une fresque romanesque, une épopée où se mêlent passions et fatalités humaines.L’auteur raconte une Iliade, celle de l’Algérie, qui s’étale sur plus de 137 ans (de 1870 à 2007).Elle est marquée par de grands événements ayant bouleversé le cours de l’Histoire de l’Humanité, pas moins de douze guerres⑭1870 (Alsace-Lorraine), 1914-1918 (Grande Guerre), 1925 (guerre du Rif), 1936-1939 (guerre civile en Espagne), 1939- 1945 (Seconde Guerre mondiale), 1948 (Palestine), 1946-1954 (Indochine), 1954-1962 (guerre d’Indépendance), 1963-1964 (guerre des frontières avec le Maroc), 1963-1965 (maquis du FFS), 1973 (guerre israélo-arabe).La dernière qui commence en Algérie au début des années 1990, aux implications religieuses évidentes masquant aussi toutes sortes de violences de l’Etat et de la société.– dont deux mondiales – qui constituent l’arrière-plan du récit.La parole est donnée à un narrateur, lui-même repris par d’autres personnages du roman, ses descendants.Ce qui est frappant dans l’œuvre de Benchicou, c’est sa vision globaliste et universaliste, tout en gardant le cap sur l’Histoire de l’Algérie.En effet, les événements internationaux, qui recoupent la période qu’il a choisie de raconter et leurs acteurs, sont abordés et introduits dans la trame narrative et l’auteur transmute ces derniers en personnages du roman et leur octroie la légitimité de reproduire et de dire le monde réel.
Le roman est composé de parties, chaque partie porte le nom d’un des personnages principaux, elle-même composée de chapitres, dont les titres sont les noms des lieux témoins des grands bouleversements que le monde a connus.Dans le cadre de ce travail, ce qui nous intéresse, ce sont les chapitres qui racontent la Grande Guerre.Le narrateur Youssef Imeslayène, au nom symbolique « les paroles » en berbère, y perd sa mère Magdalina, une grande partie de son père Gabril, qui lui a été restitué après être dépouillé de son œil droit, de ses dents, de ses cheveux et un peu de son âme, ainsi que son grand-père Belaïd, qui s’était engagé dans l’armée prussienne en 1870 et qui va entraîner toute sa descendance dans les tourmentes guerrières du XXèmesiècle.Le roman s’achève avec l’attentat suicidaire du narrateur Yousef, qui met fin à ses jours en « kamikaze opportuniste ».Ce vieillard de « quatre-vingt-dix ans environ » qui saute, en 2007, le siège du Conseil constitutionnel en laissant derrière lui un « sachet de sucre d’orge de Vichy », ce récurrent marqueur, jalonnant les guerres de Yousef.
Ainsi, le sort des Atrides⑮Famille dézinguée d’Antigone poursuivie par la malédiction des Dieux pendant des générations.paraît presque enviable devant celui des Imeslayènes, dont le crédo et la digue morale est : « Si tu as un enfant, apprend-lui à vivre pour l’amour et à mourir pour la liberté.»⑯Mohamed Benchicou.Le Mensonge de dieu.Paris: Michalon, 2011, p.78, 108.Trois thèmes principaux sur lesquels est construite la trame narrative : l’Amour, la Liberté et son corollaire, la Guerre.
Si nous nous penchons sur l’identité des anciens combattants indigènes durant la Grande Guerre, dans Le Mensonge de dieu, nous allons constater que Benchicou ne dresse pas un large éventail des origines et des nationalités de ces derniers, contrairement à ce qu’il fait lorsqu’il aborde la Seconde Guerre mondiale.Il se limite aux combattants indigènes d’origine algérienne.Les seuls évoqués sont : Belaïd,Gabril et Lakhdar.Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’au sein des colonies cette notion du nationalisme, en tant que prise de conscience par une communauté de former une nation sur la base de liens ethniques, socio-culturaux et historiques, qui unissent ses membres et qui revendiquent le droit de former une nation autonome, n’avait pas encore mûri.
Rappelons, qu’au fur et à mesure que la France s’engageait dans la guerre, le nombre des Algériens mobilisés, sous différents statuts (réservistes, engagés et appelés), atteindra au bout du compte, 172 749 soldats algériens ayant effectivement combattu du côté de la France coloniale et de ses alliés, de 1914 à 1918⑰82 751 appelés, 87 519 engagés et 2 479 réservistes.25 711 n’ont plus revu leurs foyers.Au nombre de morts et de disparus s’ajoute celui des blessés qui s’est élevé à 72 035 dont 8 779 mutilés à vie.Charles Robert Ageron.L’histoire de l’Algérie contemporaine.De l’insurrection de 1871 au déclenchement de la guerre de libération 1954.Tome 2.Paris : PUF 1969..Le service militaire obligatoire a été institué par décrets des 31 janvier et 3 février 1912⑱Augustin Bernard.Histoire des colonies françaises.t.2 : Algérie, livre IV, chap.2..Les jeunes conscrits n’allaient pas passer leur service militaire de trois ans, mais étaient « détournés » pour aller se battre, contre leur gré, sur le front en Europe.
Lakhdar, le plus jeune des combattants dans Le Mensonge de dieu, est arraché un matin à son amour Hadda et à son ksar par une feuille bleue, ordre de recrutement obligatoire des indigènes d’Algérie dans l’armée française.Enlevé à ses dunes de sables pour les neiges de l’Alsace, il survécut grâce aux souvenirs de Hadda et à l’espoir de retrouver les siens, sa nature et le rêve de fonder un foyer heureux et plein d’autres projets.Cependant, il mourut sous le froid de Hartmannswilleerkopf (Vieil-Armand après la guerre).Belaïd Imeslayène aimait bien ce jeune homme, qu’il avait pris sous son aile.Il l’interpelle pendant les combats : « Lakhdar, bouge la tortue⑲Surnom du lance-mines par les poilus.à gauche, bon sang, t’es pas sous ton palmier à Bou-Saada⑳Située à 250 km au sud d’Alger, elle est une des premières oasis du pays., ici !...Tu veux pas aussi une danseuse d’Ouled- Naïl㉑Le terme Ouled Naïl est une contraction du mot aw lad Sidi Naïl, qu’on peut traduire par les enfants du saint éponyme Sidi Naïl.Il désigne la tribu des awlad Sidi Naïl dont les territoires s’étendent sur les Hauts Plateaux du Sud algérien dont les montagnes portent le nom, les monts des Awlad Naïl.pendant qu’on y est ? »㉒Mohamed Benchicou.op.cit.p.194.
A travers la lecture de Benchicou, nous constatons que l’auteur ne laisse rien au hasard, le choix des noms des lieux et de toutes les composantes de sa production romanesque n’est jamais fortuit.Ainsi, si nous nous arrêtons à ce passage, nous pouvons remarquer que le prénom Lakhdar, fertile, jeune, pourrait être une allusion à la fécondité de la terre d’Algérie et de ses hommes, que la France coloniale utilise sans restriction comme chair à canon dans ses guerres.Ce prénom nous rappelle aussi le personnage principal, mais au féminin, Khadra du roman Khadra, danseuse Ouled Naïl㉓EtienneDinet - Sliman Ben Ibrahim.Khadra, danseuse Ouled Nail.H.Piazza, 1926, ornements typographiques de Mohammed Racim.de Sliman Ben Ibrahim et Etienne Dinet㉔Il a vécu plus de quarante ans à Bou-Saâda où un musée lui a été consacré jusqu’à son incendie criminel en 1995..Puis l’auteur dresse, simultanément, deux situations opposées, l’une réelle, le champ de bataille, et la seconde utopique et chimérique, sous un palmier à Bou-Saada.Belaïd secoue Lakhdar « Lakhdar, bouge la tortue à gauche, bon sang, t’es pas sous ton palmier à Bou-Saada, ici ! ...» Bou-Saada, symbole d’une économie touristique spécifique, mise en place par le système colonial pendant la deuxième moitié du 19èmesiècle㉕Voir Emile Dermenghem.Prostitution chez les Oulad Naïl, 8X202, AOM.1950..Ensuite, introduction de la deuxième partie du passage « Tu veux pas aussi une danseuse d’Ouled- Naïl pendant qu’on y est ? ».La danseuse Ouled-Naïl étant la représentation orientaliste, littéraire et iconographique, de la sexualité vénale, un statut au demeurant problématique, à la fois réel et fantasmé, faisant partie dudit marché touristique, en tenant compte particulièrement, de son espace, de ses danses, de son costume, de sa coiffure et de ses ornements qui lui étaient propres.A ce titre, les peintures d’Etienne sont très représentatives.
Ce passage confirme la réputation de Belaïd, comme le soldat le plus caustique de la Grande Guerre.Il avait le don de « railler la guerre et ironiser l’enfer… Entre deux bombardements, Belaïd avait toujours une boutade pour chaque futur martyr...A l’heure de la mort, chacun se surprenait alors à rire de lui-même… agréablement surpris de se savoir, pendant quelques minutes, étranger à sa propre tragédie ».Son « génie de l’autodérision », excellent apport moral aux troupes, lui vaut une récompense d’un général de brigade, qui gratifia chaque soldat de la compagnie d’une dizaine de paquets de tabac de qualité supérieure et d’une bouteille de vin d’Alsace.
Toutefois, cet enrôlement obligatoire a engendré deux types d’exodes et des foyers de résistances.Le premier intérieur, il est la conséquence de l’expropriation㉖Dès les premières années de la conquête, les autorités coloniales ont engagé un processus de dépossession des Algériens de leurs terres par trois principaux moyens : « le changement du statut juridique des propriétés jadis collectives et qui sont démembrées en parcelles individuelles vulnérables (voir à ce sujet les effets du senatus consulte de 1863 et de la loi Warnier de 1873), l’achat des terres ainsi parcellisées, à bas prix, par des colons, auprès de propriétaires autochtones le plus souvent croulant sous les dettes.Selon l’historien C.R.Ageron, 870 000 hectares sont livrés aux colons entre 1871 et 1919 ».des douars qui s’étaient révoltés contre l’envoi des jeunes au front㉗Les Jeunes-Algériens, en revanche, acceptent volontiers la conscription, mais demanderont qu’en contrepartie de l’égalité des devoirs soit accordée l’égalité des conditions : suppression du code de l’indigénat et des tribunaux d’exception, répartition équitable des impôts, accroissement des droits politiques., d’où l’apparition d’un « lumpen prolétariat » dans les centres urbains.Ces marginaux de la société coloniale étaient en proie aux formes les plus abjectes de la misère et constituaient, par conséquent, des proies faciles pour leur enrôlement au sein de l’armée coloniale.S’engager était, pour eux, synonyme de garantie d’un gagne-pain, aussi minime soit-il.C’est donc la misère et l’exclusion, qui ont poussé nombre de jeunes Algériens à être « des volontaires involontaire » dans l’armée française.Charles Robert Ageron précise qu’« en 1918, plus du tiers de la population musulmane indigène masculine de 20 à 40 ans se trouvait en France, soit à titre militaire, soit comme travailleurs volontaires ou requis.Cette expatriation massive de jeunes hommes㉘C’est ainsi que 225 000 hommes ont été arrachés à leur milieu traditionnel.eut non seulement les conséquences démographiques que l’on devine, mais des effets économiques, sociaux et psychologiques considérables »㉙Charles Robert Ageron.L’Histoire de l’Algérie contemporaine.De l’insurrection de 1871 au déclenchement de la guerre de libération 1954.Tome 2.Paris : PUF 1969..
Le deuxième type d’exode est externe, illustré chez Benchicou, par la Hidjra㉚Exode en arabe.des notables de Tlemcen de 1911 pour la Syrie㉛Après la loi scélérate de 1910, qui décrète la mobilisation militaire pour les jeunes indigènes, en infraction au traité de reddition de l’Emir Abdel Kader signé avec le général Bugeaud, qui stipulait la non-incorporation des musulmans dans l’armée française.A Tlemcen comme au niveau des Aurès, ainsi qu’à travers toute l’Algérie, la population refuse et c’est ainsi que le pays a connu une forte émigration de toutes les régions en 1911, principalement de Tlemcen qui s’était distinguée, à l’époque, du reste des autres émigrations par le nombre.A la tête du flux d’émigrants, Cheikh Benyellès, chef de la Confrérie « Derqaouia » et le muphti Chalabi de la grande mosquée qui avaient entrepris une série de prêches incendiaires et déclaré « la tenue militaire française apostasie »..
Pour ce qui est des foyers de résistances㉜Soulignons que ce refus de servir sous le drapeau français, pendant la première guerre mondiale, n’était pas nouveau.Les Algériens ont dénié participer à la guerre italo-turque de 1911-1912, comme ils ne voulaient pas contribuer à la colonisation d’un autre pays frère, le Maroc, en 1912., en effet entre 1914 et 1917, la résistance des Algériens insoumis ou déserteurs a été soutenue par de nombreuses tribus.Mais eu égard à la disproportion du rapport de force entre résistants et armée coloniale, la résistance était limitée dans le temps.De plus, elle manquait cruellement d’armes modernes de défense.De son côté, l’autorité coloniale faisait toujours appel à la troupe surarmée pour procéder, le plus souvent, à des massacres à grande échelle.La résistance avait touché surtout les douars les plus pauvres.Elle était spontanée et « sans direction et fut donc facilement écrasée ».Benchicou évoque cette résistance à travers le personnage fictif de Salah Mécili, « le fils » de Lalla Zineb, maitresse de la zaouïa d’El-Hamel (toujours dans la région de Bou-Saada, probablement pour insister sur les qualités révolutionnaires de ses habitants malgré le dessein colonial de la transformer en lieu de luxure).Ce dernier a organisé la résistance à « l’impôt du sang » et a exhorté à la désobéissance civile les plus démunis, qui ne pouvaient payer pour échapper à l’incorporation : « N’écoutez pas nos politiciens bourgeois : leur fils n’iront pas à la guerre ! Seuls vos enfants iront mourir au front… »㉝Mohamed Benchicou.op.cit.p.196..
Reste la minorité des « volontaires volontaires », qui a choisi de combattre sous le drapeau français pour des raisons spécifiques.C’est le cas de Belaïd et de Gabril, qui ont décidé de rejoindre les contingents français, suite à l’exécution de Magdalina, premier amour de Gabril.Cette allemande socialiste, active aux côtés de Clara Zetkin㉞Figure historique du féminisme., est arrêtée dans une manifestation qu’elle menait en riposte au Manifeste des 93 : « Appel des intellectuels allemands aux nations civilisées », par lequel des artistes, des philosophes, des médecins, et même des prix Nobel, apportaient leur caution à l’empereur Guillaume II au nom de la défense de la civilisation allemande et de l’héritage de Goethe, de Beethoven et de Kant… ! Elle est envoyée au front des Flandres comme aide-infirmière et fut fusillée pour trahison le 11 décembre 1914, après avoir accouché de son fils Youssef le narrateur, sous prétexte qu’elle avait refusé de soigner des soldats allemands.Belaïd lance alors en berbère : « Maintenant, cette guerre nous concerne ! »㉟Mohamed Benchicou.op.cit.p.175.À soixante-cinq ans, il va livrer sa quatrième guerre (celle qui aura raison de lui) au nom de son petit-fils qu’il n’aura pas connu.Une année après, dans les Vosges, Belaïd meurt, comme il l’avait toujours redouté, sur une terre étrangère, en sauvant son fils Gabril.Il fut enterré à Hartmannswillerkopf (Vieil-Armand après la première Guerre Mondiale) dans une tombe reconnaissable parmi toutes pour sa stèle sculptée selon la tradition musulmane mais surtout : « pour son épitaphe – que dis-je pour sa cocasse épigramme qui m’a toujours arraché un sourire « Belaïd Imeslayène, 1849-1915, un soldat sans patrie qui aurait juste aimé naître ou mourir un 08 mars ».㊱Ibid.p.209.
Les raisons du choix de cette date restent ambiguës, il ne s’agit surement pas de la journée internationale de la femme car Belaïd étant mort en 1915, bien avant le 8 mars 1921㊲Tout commence en août 1910, à Copenhague, lors d’une conférence internationale des femmes socialistes, durant laquelle est évoquée pour la première fois l’idée d’une manifestation annuelle, dédiée à la lutte pour l’égalité des sexes en général et pour le droit de vote en particulier.À l’origine de cette idée, il y a Clara Zetkin, enseignante spartakiste et future élue communiste.D’année en année, des manifestations s’organisent un peu partout et se fixent progressivement sur le 8 mars.Le 8 mars 1917 notamment (23 février selon le calendrier grégorien), avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, que la tradition se met en place, C’est le début de la révolution russe.Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier.La Journée internationale des femmes est reconnue officiellement par les Nations Unies en 1977, puis en France en 1982., lorsque Lénine décrète ce jour Journée Internationale des femmes.
L’instabilité affirmée ou latente de certaines colonies suscite l’inquiétude des autorités au moment où l’essentiel des efforts militaires doit porter sur la métropole.Dans la partie de l’Empire où vit une importante population musulmane, la question de sa fidélité à la France se pose d’autant que les liens unissant l’Allemagne à la Turquie laissent présager des actions de propagande à son égard㊳En effet, en 1898, Guillaume II, roi de Prusse et empereur d’Allemagne, s’était rendu en Palestine sous domination ottomane.Au cours de sa visite, il s’était recueilli sur la tombe de Salah Eddine El Ayoubi et s’était déclaré l’ami de 300 millions de musulmans.De plus, il avait opposé une fin de non-recevoir à la demande du leader sioniste Theodore Herzl de créer un foyer national juif en Palestine.Cette visite eut un retentissement très favorable auprès des populations musulmanes, notamment celles des pays colonisés comme l’Algérie.Donc, ce n’est pas par hasard si les Algériens, notamment ceux des Aurès, chantaient et louaient les vertus de « El Hadj Guilloum »..
Toutefois, les qualités de combat des indigènes sur le front sont reconnues : « … Lakhdar, un jeune appelé de Bou-Saâda, il avait appris très vite à manipuler le lance-mines d’un quintal qui envoyait ses obus à des kilomètres.– On va faire cracher le crapouillot, disait-il en bombardant avec assiduité le sommet de la montagne (…) – Hein, Lakhdar, ils en ont dégusté, de ma tortue, aujourd’hui, les Boches.Et je leur en ai laissé pour demain… »㊴Mohamed Benchicou.op.cit.p.194.
Malheureusement, cette reconnaissance du sacrifice algérien n’est pas une vertu que l’on retrouve auprès de l’ensemble de la classe politique française de l’époque.En effet, certains, comme le gouverneur général d’Algérie de l’époque (1911-1918), Charles Lutaud㊵Il écrit : «(…) Dès les premiers jours des hostilités, l’indigène s’est donné à nous franchement et sans réserve… D’un mouvement rapide, dont le caractère-primesautier avait quelque chose de touchant.Il s’est resserré contre nous.On dissertera sur le point de savoir si ce don si spontané a été instinctif ou réfléchi.Les deux hypothèses, remarquons-le, seraient également favorables à la souveraineté française, qui contient par elle-même une si haute puissance d’attraction et exerce un prestige si particulier sur les peuples ou s’éveille un désir d’ascension et de civilisation.Pour nous, la réponse n’est point douteuse.Cette adhésion à notre cause a été voulue par les indigènes.» Georges Boussenot.La France d’Outre-Mer participe à la guerre.Librairie Félix Alcan Paris, 1916., considère le sacrifice de l’« indigène » pour la France comme une sorte d’obligation morale et une recherche « d’ascension et de civilisation » que seule la « mère patrie » peut lui procurer.Donc si « l’indigène » se fait tuer pour la France coloniale, c’est parce qu’il y trouve son compte en « ascension » et en « civilisation » ! La propagande coloniale de l’époque ne se contentait pas de minimiser la capacité de discernement de l’indigène colonisé, mais souligne que s’il lui arrive accidentellement de réfléchir, cela ne pouvait être qu’en référence à l’« œuvre civilisatrice » de la France.
Néanmoins, cette représentation n’était pas méconnue de ceux qui ne meurent jamais en héros dans les guerres des autres et que ces mêmes autres considèrent très souvent comme simplets : « je ne sais pas si je resterai indigène aux yeux du monde libéré.Sans doute.Mais j’irai jusqu’au bout de cette guerre devenue la mienne puisqu’elle conduira à la délivrance des hommes.Ma délivrance (…) Je ne sais pas si le monde libéré se rappellera ses indigènes mais, depuis Verdun, je souhaite surtout qu’il se rappelle d’où il vient : d’une victoire sur l’apocalypse ! »㊶Mohamed Benchicou.op.cit.p 214, 216.
La technologie durant la Première Guerre mondiale reflète l’application de l’industrialisation et de la production de masse au domaine de l’armement et à la technologie militaire en général.Cette tendance commence cinquante ans plus tôt lors de la Guerre de Sécession et se poursuit avec la Première Guerre mondiale, où l’on voit l’introduction de la mitrailleuse, le premier fusil portable automatique, le lance-flamme, le gaz, les bombes au phosgène㊷Un gaz mortel en quelques secondes., etc.
L’auteur fait un inventaire des armes nouvelles ou développées employées pendant la Grande Guerre, parmi lesquelles le lance-mines sous ses différents noms et surnoms : mortier léger㊸Il pèse 100 kg., le crapouillot㊹Surnom donné par les poilus., la tortue, le Krupp㊺Selon les Allemands., utilisé pendant la guerre de 1870, ancêtre du Minenwerfer㊻Selon les Boches (homme à la tête de bois, l’Alboche, l’Allemand à la tête de bois, qui, abrégé, redevient boche, surnom péjoratif donné aux Allemands)., en mettant l’accent sur le gaz.
Il décrit aussi la vie au fond des tranchées㊼En effet, depuis la bataille de la Marne, la guerre de mouvement s’est transformée en guerre de positions, les belligérants s’enterrent dans des tranchées au milieu des rats et des cadavres qu’il n’est pas toujours possible d’évacuer.qu’il qualifie d’enfer et l’apocalypse de Verdun㊽La bataille de Verdun prend fin le 15 décembre 1916.Elle aura duré dix mois dans une ville tombeau où furent immolés 306 000 hommes.Cela fait de la bataille de Verdun la plus meurtrière des batailles de la Grande Guerre de 1914-1918..Verdun, «cœur de la France» aux yeux de Guillaume de Prusse ; Verdun, « boulevard moral de la France » aux dires du maréchal Pétain« On les aura ! » écrit le 10 avril le général Pétain qui obtient, à défaut de renforts, que ses troupes soient régulièrement renouvelées.C’est ainsi que, par rotations successives, toute l’armée française va connaître l’enfer de Verdun !, mais également Verdun la fosse commune aussi bien des morts que des survivants, tels les Belaïd, les Gabril, les Youssef … : « Père (Belaïd) j’ai (Gabril) continué ton voyage et j’ai rencontré l’enfer.Tu n’as pas vu Verdun et j’ai remercié Dieu qui t’en a exempté (…) Combien d’aurores froides ai-je (Yousef) passées à le (Gabril) chercher partout, pour le retrouver éperdu sur les aqueducs de Murcie, en train d’implorer : - Lave-moi de Verdun, déesse SeguraC’est un fleuve espagnol méditerranéen, le plus important de la région de Murcie et de la province d’Alicante., délivre-moi du vacarme des agonies.Ecoute les prières d’un indigène égaré… Santa Segura, délivre-moi de Verdun.Je t’implore par tous les saints de Murcie ! S’il faut que tu m’emportes avec mes cauchemars, je me jetterai un soir dans ton lit et tu me transporteras vers la délivrance.»Mohamed Benchicou.op.cit.p 216.
Ainsi la Grande Guerre fut-elle un véritable cataclysme, où le narrateur Youssef perd sa mère, son grand père et récupère ce qui est resté de son père : « Elle (la guerre) m’avait pris mon grand-père et me restituait un cadavre vivant : mon père… Il ne restait du fringant Gabril au regard alerte qu’un corps sans panache, amaigri et recroquevillé.Il n’avait plus qu’un seul œil et presque plus de dents ; ses joues s’étaient creusées ; sur son crâne subsistaient quelques touffes de cheveux blancs de son ancienne tignasse.»Ibid.p.231.
La première fois qu’il voit Gabril, Yousef est terrifié.« Dès que je le vis, je me réfugiai dans les bras de Joséphine, hurlant de terreur, blottissant ma tête au plus profond de sa poitrine, résolu à ne plus jamais rouvrir les yeux sur ce monde tant qu’y vivait ce terrifiant personnage.»Ibid.
Quand Joséphine lui apprend que c’est son père, il a senti pour la première fois de sa jeune existence que la vie était inique : « Je tressaillis d’effroi comme si toute l’injustice du monde venait de s’abattre sur moi.»Ibid.p.232.
Certes, il n’avait pas une idée de ce qu’un papa, n’ayant jamais éprouvé auprès de Joséphine le besoin d’en avoir un.Toutefois, il s’en est fait une idée lorsqu’il voyait des enfants appeler papa, des messieurs qui les tenaient par la main « je m’imaginais un papa en un monsieur bienveillant, détaché auprès d’un foyer par une autorité supérieure, Dieu ou le bourgmestre de la ville… » Il n’était pas question pour Youssef d’accepter cette sentence divine ou administrative...
L’armistice signé le 11 novembre 1918Comme récompense à la mobilisation des indigènes, la promulgation de la loi du 4 février 1919 et les décrets contemporains : pas de naturalisation sans abandon du statut local ; le code de l’indigénat assoupli mais maintenu, ainsi que les juridictions exceptionnelles et la séparation des deux collèges ; la représentation des indigènes d’Algérie dans les assemblées locales demeurait insuffisante; aucun organisme institutionnel n’était prévu où l’arbitrage de la métropole aurait pu s’exercer., huit ans après, en 1926, est né le premier parti nationaliste algérien, l’Etoile nord-africaine qui revendiquera clairement et pour la première fois, l’indépendance du pays.
Suite aux commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, il est légitime que nous réfléchissions, nous Algériens, au sens à donner à cet événement.Faut-il l’ignorer ou doit-on considérer que le peuple algérien est aussi concerné que les autres peuples, pour avoir payé le prix du sang, quand bien même il l’avait fait contre son gré et pour une cause qui n’était pas la sienne ? Ceux parmi nos aïeux qui sont morts au front, comme ceux qui ont été touchés par la répression féroce de l’armée coloniale dans leurs villages, suite à leur opposition à la guerre, constituent non pas des victimes de la grande guerre, mais de la politique coloniale dans son ensemble.Pour cela, ils méritent notre considération et notre respect.Ils ne se sont pas battus pour leur pays occupé certes, mais ils ne se sont pas battus contre lui, non plus.Leur mémoire doit être respectée et honorée en tant que telle.
La Première Guerre mondiale a mobilisé plus de 60 millions d’hommes, dont près de 9 millions sont morts, et près de 20 millions ont été blessés, dont beaucoup furent estropiés à vie.En outre, ses séquelles ne se sont pas limitées à ses contemporains, elles sont toujours vivantes et tenaces tant que nous ne nous sommes pas réconciliés avec notre mémoireEn 1928, le sculpteur Paul Landowski, l’auteur du célèbre Christ de Rio de Janeiro, a réalisé une œuvre qui rend hommage au sacrifice des soldats algériens.Deux soldats, dont l’un en uniforme de tirailleur, portent une dépouille.Des civils sont représentés à l’arrière de la statue.Cette sculpture, au-dessus de la place de la Grande Poste d’Alger, a été recouverte en 1978 par un coffrage de béton surmonté de poings qui se libèrent de chaînes.Au musée de Constantine, c’est un tableau qui est caché derrière un rideau, une peinture d’Etienne Dinet représentant un groupe de soldats algériens derrière un drapeau français..En effet, ni les hommagesLe ministre français délégué aux Anciens Combattants, Kader Arif, a remis au président malien Ibrahim Boubacar Keïta, une citation élogieuse pour son grand-père, mort à Verdun et enterré à Douaumont, signée par Raymond Poincaré et un casque de poilu.occasionnellement rendus, ni les monuments érigésDans les années 1920, en hommage au sacrifice des troupes coloniales, notamment d’Afrique du Nord, le gouvernement français décide d’ériger une grande mosquée au cœur de Paris, dans le Quartier latin.en souvenir de ceux qui ont sacrifié leur vie, ne peuvent leur rendre justice :« Pas de reconnaissance plus forte que celle de la connaissance . »Discours du président Hollande à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre.
A cet effet, le devoir de mémoire conduit à une reconnaissance académique de ces indigènes, qui ont constitué la Babel guerrière de l’Empire français pendant la Grande Guerre.Il serait intéressant de raconter l’histoire de ces hommes et non pas juste la mentionner.