Booster le commerce Chine-Afrique

2017-05-09 02:13CuiXiaoqin
中国与非洲(法文版) 2017年1期

Booster le commerce Chine-Afrique

Une nouvelle plate-forme de e-commerce pourrait changer le commerce entre la Chine et l’Afrique par Cui Xiaoqin

EN octobre dernier, l’homme d’affaires kényan Bernard Kilonzo avait besoin d’acheter des machines fabriquées en Chine en prix de gros. Auparavant, faire ces achats lui aurait pris des semaines, voire des mois. Il aurait dû choisir un vendeur chinois, négocier le prix et même voyager en Chine pour essayer la machine sur place. Toutefois, grâce à une nouvelle plate-forme de e-commerce Kilonzo a pu acheter les machines en quelques jours. Il a pu rapidement trouver en ligne un produit qui correspondait à ses besoins, et même essayer la machine dans une salle d’exposition au Kenya. Kilonzo a donc placé une commande et payé, tout cela sans quitter son bureau. Cette innovante plate-forme de e-commerce s’appelle Amanbo, et c’est une des nombreuses entreprises de commerce électronique intensif i ant ses efforts pour transformer le modèle du commerce traditionnel entre la Chine et l’Afrique.

Émergence du e-commerce

« Dans le passé, les acheteurs mettaient en moyenne deux mois au moins pour sélectionner les produits, négocier le prix et attendre de recevoir des échantillons gratuits par la poste. C’était un processus extrêmement long. La plate-forme de e-commerce Amanbo améliore considérablement les transactions interpersonnelles », explique Liao Xuhui, PDG d’Amanbo, ajoutant qu’il espère que la plate-forme deviendra un moteur du commerce sino-africain. Ce commerce est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à 220 milliards de dollars en 2014, et a chuté à 179 milliards de dollars en 2015, selon les données des douanes chinoises. En 2015, la Chine a exporté 100 milliards de dollars de marchandises vers le continent africain, les biens de consommation représentant environ 18 %.

Liao s’implique dans le commerce avec les pays africains en 2000. Étant donné le développement rapide du commerce électronique en Chine, il décide de créer une plate-forme en ligne spécialement conçue pour le commerce sino-africain. En 2009, il fonde Shenzhen Right Net Tech Co. Ltd, et fait des enquêtes sur les marchés des pays africains pour établir une plate-forme de e-commerce transfrontalière. Après avoir fait une enquête approfondie dans plus de 30 pays africains, Liao conclut que le modèle de e-commerce chinois pourrait dif fi cilement être mis en place dans les pays africains, en raison des contraintes d’infrastructure du réseau internet, des besoins variables en matière de marchandises et des fl uctuations de prix.

« Une fois, alors que j’essayais d’envoyer des fi chiers électroniques à nos enquêteurs du marché local, la vitesse de transmission était de seulement 5 kilo bytes par seconde », se souvient Liao. « C’était la vitesse normale d’internet haut débit à l’époque dans de nombreux pays africains. » Liao est confronté à de nombreuses dif fi cultés, mais il n’abandonne pas. Après des années d’exploration, il lance le site Amanbo en mai 2015. En novembre 2016, Amanbo comptait plus de 80 000 utilisateurs enregistrés, un nombre qui augmente de plus de 200 par jour.

Modèle innovant : OSO

L’une des raisons majeures derrière le succès d’Amanbo est son modèle commercial unique et innovant : OSO (online + social + off l ine). L’entreprise a créé une série de centres d’exposition de produits au Cameroun, au Kenya, en Égypte, au Niger, au Togo, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire. Avant de décider d’un achat sur Amanbo, les clients peuvent l’essayer dans la salle d’exposition. « En raison de leurs habitudes de consommation, il est diff i cile pour les consommateurs africains d’acheter des biens via une plate-forme de commerce électronique sans voir les vrais produits », explique Liao.

« Dans nos salles d’exposition, nous avons placé des échantillons de tous les produits qui peuvent être trouvés en ligne. Ainsi, nous avons gagné la conf i ance des clients africains, car la crédibilité était une question clé dans le commerce sino-africain traditionnel », aff i rme-t-il. Dans le centre-ville de Nairobi, Amanbo a établi une salle d’exposition hors ligne couvrant une superf i cie de 500 m2. Parmi les plus de 5 000 produits chinois exposés, les articles les plus vendus sont des pièces métalliques, des carreaux de céramique et des téléphones mobiles. Chaque produit a son propre code QR. Lorsqu’il est scanné, le code ouvre la page du produit correspondant sur laplate-forme Amanbo, où les clients peuvent accéder au prix et à des informations supplémentaires.

« Ce que nous devons faire, c’est créer de nouvelles habitudes de consommation en Afrique, et changer les pratiques commerciales traditionnelles », assure Fu Ruiqiang, directeur du département d’outre-mer d’Amanbo. Il ajoute que leur plate-forme transfrontalière de commerce électronique, connue par le public, joue un rôle majeur pour changer le modèle commercial sino-africain traditionnel. « La plate-forme facilite l’achat des produits à un prix plus bas », conf i e Abdirahman Hussein, un f i dèle client d’Amanbo, qui a acheté des régulateurs et des onduleurs chinois, avant de les revendre au Kenya.

Un panneau publicitaire pour Amanbo, au Cameroun.

Salle d’exposition d’Amanbo au Kenya.

Accent sur la qualité

Le 24 novembre 2015, Amanbo, en collaboration avec la Chambre nationale de commerce et d’industrie du Kenya (CNCIK), la plus grande organisation commerciale du pays, a lancé la plate-forme de commerce électronique d’importation et d’exportation Kenya-Chine à Nairobi. Amanbo a signé un accord de coopération stratégique avec la CNCIK, visant à assurer un contrôle strict de la qualité des produits d’importation et d’exportation pour les deux parties.

Le Camerounais Kennas Kiamba, utilisateur fréquent d’Amanbo, achète des perruques et des vêtements sur la plate-forme pour les revendre à travers le continent. Il ne s’inquiète nullement de la qualité des produits qu’il achète, parce qu’il peut se procurer des échantillons au préalable dans la salle d’exposition. « Amanbo est une plate-forme de commerce électronique principalement conçue pour les grossistes sur les marchés africains, car beaucoup de pays africains manquent toujours d’un système logistique eff i cace et il est maintenant trop diff i cile de suivre le modèle d’affaires B2C (business to consumer) », explique à CHINAFRIQUE Chen Fan, directeur du département d’investissement d’Amanbo.

Amanbo permet aux commerçants chinois et africains de prof i ter de la commodité du commerce électronique international. « J’espère que notre plate-forme de commerce électronique transfrontière offrira plus de possibilités au commerce sino-africain, tout en jouant un rôle plus important dans la promotion de la transformation et la modernisation du commerce traditionnel », conclut Liao. CA

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