JIA XIUDONG*
La rencontre Xi Jinping-Barack Obama pour renforcer la relation sino-américaine
JIA XIUDONG*
La coopération, la divergence et la concurrence sont les trois aspects indispensables pour évaluer correctement la situation et la tendance de la relation sino-américaine. Si l’on se concentre sur un seul de ces trois aspects, on tira une conclusion unilatérale.
Durant le Sommet du G20 à Hangzhou, la rencontre entre le président chinois Xi Jinping et le président des États-Unis Barack Obama a représenté un temps fort du Sommet. Il s’agit de la 9erencontre en quatre ans entre les deux chefs d’État, la 8eentrevue officielle, le 4eentretien en profondeur ainsi que le dernier rendezvous entre les deux hommes avant la fin du second mandat présidentiel de Barack Obama.
Depuis la rencontre à l’Annenberg Estate en Californie en 2013 jusqu’au rendez-vous au bord du Lac de l’Ouest à Hangzhou, en passant par l’entretien nocturne au palais de Yingtai à Beijing en 2014 et l’entretien à la Maison Blanche en automne 2015, chaque rencontre entre les deux présidents a abouti à une liste fructueuse de résultats. Ces accomplissements montrent amplement l’importance stratégique de la relation sino-américaine et son influence dans le monde entier tout en démontrant que les intérêts communs entre la Chine et les États-Unis l’emportent sur les divergences et que la coopération sino-américaine accomplit des œuvres bénéfiques aux deux pays et au monde entier, conformément aux déclarations de Xi Jinping.
La relation sino-américaine est toujours complexe et on peut l’examiner sous différents aspects. Dans le Bulletin d’information sur la rencontre de deux chefs d’État à Hangzhou, les deux parties ont respectivement mentionné les aspects de coopération et de divergence. De plus, un autre élément, même s’il ne fait pas partie du texte du Bulletin d’information, incarne de plus en plus la relation sino-américaine. Il s’agit de la « concurrence stratégique ». Autrement dit, la relation sino-américaine d’aujourd’hui est composée principalement de trois parties : les coopérations pragmatiques, les divergences concrètes et la concurrence stratégique.
La coopération, la divergence et la concurrence sont les trois aspects indispensables pour évaluer correctement la situation et la tendance de la relation sinoaméricaine. Si l’on se concentre sur un seul de ces trois aspects, on tira une conclusion unilatérale. Lors de la rencontre avec Obama à Hangzhou, Xi Jinping a indiqué que les deux parties doivent s’efforcer de maintenir fermement la bonne direction du développement de la relation bilatérale en insistant sur les principes de non-conflit et de non-affrontement, de respect mutuel et de coopération mutuellement bénéfique tout en renforçant la confiance réciproque,approfondissant la coopération et contrôlant les divergences de manière constructive afin de promouvoir un développement durable, sain et stable de la relation sinoaméricaine. En tant que contenu essentiel et principes de base de la construction d’un nouveau modèle de relation entre puissances majeures, le « non-conflit » et le « non-affrontement », le « respect mutuel » et la « coopération mutuellement bénéfique » concernent aussi la manière de bien gérer la coopération, la divergence et la concurrence.
La coopération est le courant principal de la relation sino-américaine. Depuis 1972 où les deux pays ont rouvert la porte et mis un terme à la situation d’isolement mutuel, la coopération demeure l’aspect principal de la relation bilatérale. En plus, les intérêts des deux pays ne cessent de s’imbriquer. Les deux pays se surpassent progressivement au travers de la relation sino-américaine, ils sont devenus de plus en plus indépendants dans davantage de domaines et au plus haut niveau. En marge du Sommet du G20 à Hangzhou, les deux chefs d’État ont déposé l’instrument de ratification de l’Accord de Paris sur le climat chez le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, ce qui a démontré le partenariat historique des deux pays dans la lutte contre le changement climatique et a montré encore une fois que la coopération sino-américaine accomplit des œuvres bénéfiques aux deux pays et au monde entier.
La divergence est un affluent de la relation sino-américaine. Les divergences sur les dossiers de Taiwan, du Tibet, des droits de l’homme et de la religion ont accompagné la relation sino-américaine depuis des décennies. Les différends commerciaux entre les deux puissances ne cessent d’apparaître. Ces dernières années, de nouveaux problèmes ont surgi tels que la cyber-sécurité, la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale. Lors de leur rencontre à Hangzhou, Xi Jinping et Obama ont abordé le sujet de la divergence des deux parties sur les dossiers mentionnés plus haut. La divergence est normale dans la relation internationale. Mais celle entre la Chine et les États-Unisattire une attention particulière du fait de la grande différence de réalités dans les deux pays. Ils sont conscients que si cette divergence est mal réglée, elle influencera négativement la relation bilatérale, mais aussi le reste du monde. C’est pourquoi ils sont parvenus à un consensus s’accordant sur le contrôle des divergences de sorte qu’elles n’affectent pas la coopération dans les domaines importants.
La concurrence est le courant souterrain. La concurrence, ici, n’est pas la concurrence commerciale, mais elle se situe sur le plan stratégique. D’après une théorie sur la relation internationale, la concurrence stratégique est inévitable entre une puissance émergente et une puissance établie. L’augmentation ou la diminution relative de la puissance des deux parties est ressentie comme cruciale pour le destin du pays. Au final, en quête d’une prépondérance absolue, les deux parties s’enfoncent dans la confrontation stratégique et tombent ainsi dans le « piège de Thucydide ». En apparence, d’après la position officielle, la partie américaine a exprimé ses souhaits d’accueillir une Chine puissante, pacifique, prospère et stable qui joue davantage son rôle dans les affaires régionales et internationales. Elle dit aussi soutenir la stabilité et la réforme de la Chine. D’autre part, la partie chinoise a aussi exprimé à maintes reprises qu’elle respecte l’influence traditionnelle et l’intérêt réel des États-Unis dans la région Asie-pacifique. De plus, elle accueille favorablement le rôle positif et constructif que les États-Unis jouent dans les affaires régionales. Mais en réalité dans la politique internationale, les États-Unis considèrent la croissance de la puissance et de l’influence de la Chine comme un défi et une menace pour leur hégémonie. Même si la Chine ne recherche pas un tel défi et ne se juge pas comme une menace,la méfiance mutuelle augmente sur le plan de la sécurité stratégique, ce qui accroît le risque d’erreurs de jugement. Par conséquent, les échanges stratégiques lors de face-à-face entre les deux chefs d’États sont extrêmement importants pour éviter le conflit et la confrontation stratégique.
La Chine et les États-Unis sont bien conscients de leurs intérêts communs et des divergences fondamentales. Ils ont trouvé des pistes précises afin de multiplier les points convergents des intérêts communs et de contrôler efficacement les divergences. De bons résultats ont déjà été obtenus et une grande expérience a été accumulée dans ce domaine. Néanmoins, l’augmentation des coopérations pragmatiques bilatérales coexiste avec l’aggravation de la concurrence stratégique et il est possible que cette contradiction persiste pendant une longue période. Aucune des deux puissances ne désire un conflit et chacune espère contrôler les divergences, élargir les coopérations et éviter l’antagonisme. En réalité, c’est ce que la Chine et les États-Unis ont fait. Après tout, la coopération profite à chacune des deux parties, alors que l’affrontement nuit à l’une comme à l’autre. Les deux pays doivent renforcer la confiance mutuelle à l’aide de l’élargissement de la coopération, créer une ambiance positive pour la coopération par le biais du contrôle des divergences, puis assurer la direction constructive de la relation bilatérale par l’endiguement de la concurrence stratégique.
Le 3 septembre, Xi Jinping accueille Barack Obama à la Résidence des Hôtes d’État.
La rencontre entre Xi Jinping et Obama à Hangzhou a eu lieu à la Résidence des Hôtes du Lac de l’Ouest, le lieu même où les dirigeants des deux pays avaient signé le Communiqué de Shanghai il y a 44 ans, marquant le début du processus de normalisation des relations entre les deux pays. Le Communiqué de Shanghai est considéré comme un modèle pour dégager un terrain d’entente par-delà les différences et se développer ensemble. Aujourd’hui, la relation sino-américaine est sur un nouveau point de départ. Les deux pays ont toutes les raisons et la force motrice pour construire un courant principal vigoureux de relation sino-américaine, en prévenant la perturbation de l’affluent négatif et en contenant le courant souterrain dans le cadre d’une relation bilatérale afin de promouvoir un développement durable, sain et stable de la relation sino-américaine.
*JIA XIUDONG est chercheur invité à l’Institut des études internationales de la Chine.
(Source : china.com.cn, le 7 septembre 2016)