Une soif de progrès

2023-11-07 12:27ReportageduCamerounparFRANOISESSOMBA
中国与非洲(法文版) 2023年11期

Reportage du Cameroun par FRANÇOIS ESSOMBA

La Chine permet au Cameroun de renforcer son infrastructure hydrique

La relation entre la Chine et le Cameroun est florissante et solide. La preuve en est le protocole d’accord signé le 28 août, d’une valeur impressionnante de 123 millions de dollars. Cet accord a été conclu entre la Banque d’import-export de Chine et la Cameroon Water Utilities Corporation(CAMWATER), l’entité gouvernementale dédiée à la distribution de l’eau potable.

Le cœur de ce projet est l’approvisionnement continu en eau potable de neuf villes camerounaises. La cérémonie officielle a été présidée par Gaston Eloundou Essomba, ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie,en compagnie de Blaise Moussa, directeur général de la CAMWATER. Ce projet est aussi le résultat d’une collaboration étroite entre la Chine et le Cameroun,orchestrée par la CAMWATER et l’entreprise chinoise CGCOC, maître d’œuvre de l’initiative. Toutefois, la responsabilité de mener à bien cette ambitieuse entreprise repose sur les épaules de M. Moussa.

Issu de l’École nationale d’administration et de magistrature du Cameroun, M. Moussa est un technocrate émérite. Son parcours professionnel l’a vu évoluer au sein des hauts rangs des institutions camerounaises.Afin d’offrir une perspective détaillée sur ce projet,CHINAFRIQUEs’est entretenu avec M. Moussa. Au cours de cette entrevue, il a dévoilé les éléments clés de cette initiative importante.

CHINAFRIQUE: Quelle est la signification de cet accord que vous avez conclu avec la Chine ?

Blaise Moussa : Il serait réducteur d’affirmer que cet accord est simplement important. Dans le cadre de notre vision globale, soutenue par le gouvernement,il représente une étape cruciale vers une amélioration qualitative et quantitative de la distribution d’eau potable dans les métropoles, villes et localités plus petites. Car il est du devoir, voire de la mission, de l’État d’assurer que tous ses citoyens, indépendamment de leur localisation, bénéficient d’un accès équitable à l’eau potable, une ressource fondamentale entre toutes. Ce projet est l’incarnation de la collaboration profonde entre le Cameroun et la Chine, symbolisée par le partenariat entre la CAMWATER, responsable du projet, et l’entreprise chinoise CGCOC, qui joue le rôle d’entrepreneur principal.

Des travailleurs vérifient une salle des pompes à eau dans une station de traitement d’eau potable construite en collaboration avec la Chine, à Bafoussam,au Cameroun, le 2 mars.

Il n’y a pas si longtemps, la Chine a mis en place la station de traitement d’eau potable de Yato pour renforcer l’approvisionnement en eau de la ville de Douala, avec une capacité impressionnante de 150 000 m³ par jour. Pouvez-vous nous éclairer sur ce projet et son impact sur la ville de Douala ?

En effet, ce projet a considérablement amélioré les conditions de vie des habitants de Douala, notre capitale économique. Grâce à l’immense soutien de la Chine,qui a alloué un financement d’environ 50 millions de dollars et a inclus l’expertise de ses équipes techniques,la ville a connu une transformation majeure en matière d’approvisionnement en eau. La station de Yato, située sur le fleuve Moungo, a vu sa capacité augmenter,passant de 100 000 m³ à 160 000 m³ par jour. De plus, les réservoirs de stockage ont gagné une capacité additionnelle de 17 000 m³ et le réseau de distribution a été étendu sur plus de 95 km. L’un des points forts de ce projet a été la mise en place de nouvelles conduites pour transporter l’eau traitée vers différents quartiers.Le pont-tuyau de 450 mètres enjambant le fleuve Wouri est l’une des réalisations les plus marquantes de ce projet, et il est aisément repérable lorsqu’on traverse le pont reliant à Bonabéri.

Quelle est votre perception de l’engagement de la Chine à soutenir le gouvernement camerounais pour assurer l’accès à l’eau potable aux populations ?

La Chine a toujours eu une forte présence dans notre pays, contribuant à divers projets de développement,bien au-delà de l’approvisionnement en eau potable.Cet engagement chinois dans le secteur de l’eau ne nous surprend donc pas, car il est en harmonie avec leur expertise technologique avancée et leurs investissements. La vaste géographie de la Chine présente des défis hydrologiques et climatiques similaires à ceux du Cameroun. Ainsi, elle dispose d’ingénieurs qualifiés,d’approches méthodologiques innovantes et d’experts dans le domaine de l’eau. C’est logique et avantageux pour le Cameroun de collaborer avec un partenaire qui possède une telle expertise afin de renforcer la sécurité et la durabilité de son approvisionnement en eau.

Quelle sera la capacité de production quotidienne en mètres cubes pour ces villes ?

Au total, la production s’élèvera à environ 120 000 m³répartis entre les différentes villes. C’est un volume considérable. Bien entendu, la distribution variera en fonction de la taille des villes, des régions et de la densité de la population.

Sans révéler de secrets, avez-vous envisagé d’étendre le projet à d’autres localités ? Si oui, quelles seront les prochaines ?

Il n’y a rien de confidentiel à partager à ce sujet. Il est vrai que la CAMWATER pilote de nombreux projets, chacun ayant sa propre complexité et importance. Il serait long de tous les détailler ici. Cependant, je tiens à souligner que nous suivons une direction claire, définie par notre Programme prioritaire quinquennal d’investissements.Ce plan, doté d’une enveloppe proche des 2 milliards de dollars, dresse une liste exhaustive de nos intentions pour les années à venir, couvrant l’ensemble du territoire.Il est essentiel de ne pas uniquement voir la situation sous l’angle d’une accumulation de projets, mais aussi sous celui de leur viabilité économique, financière et environnementale. La majeure partie de ces investissements provient de financements extérieurs ou de contributions de l’État central.

En matière de transfert de technologie, il est pertinent de se demander si un projet de cette envergure peut enrichir l’expérience du personnel de la CAMWATER.Avez-vous évoqué cet aspect avec vos partenaires chinois ?

Il est évident que chaque nouveau projet offre une opportunité inédite d’apprentissage, de progression et d’innovation pour les individus et les groupes. Le savoir est, en effet, le pilier des économies modernes,actuelles et futures. La CAMWATER, forte de sa tradition de métiers techniques solides, a pu accumuler un savoir-faire précieux grâce à diverses expériences sur l’ensemble du territoire. Ce patrimoine intellectuel,mémoriel et technique est aujourd’hui au cœur de la gestion de l’entreprise. Pour vous donner une perspective, nous opérons dans 117 villes camerounaises avec 1 600 employés, garantissant l’approvisionnement en eau potable des Camerounais. C’est une fierté pour nous. L’arrivée de nouveaux projets et partenaires ne fera que renforcer notre ambition de positionner la CAMWATER comme l’une des entreprises leaders en Afrique dans notre secteur. CA