Reportage d’Ouganda par GODFREY OLUKYA
Le Sommet du G77 + Chine se tient à La Havane, Cuba,le 15 septembre.(FAO/MAX VALENCIA)
La présidence ougandaise du G77 + Chine intensifie le rapprochement avec Beijing
L’Ouganda et la Chine cultivent depuis près de soixante ans une relation bilatérale solide. Avec la récente nomination de l’Ouganda à la tête du mécanisme G77 + Chine, cette alliance semble destinée à atteindre de nouveaux sommets.
Rebecca Kadaga, vice-Première ministre ougandaise, l’a confirmé lors d’une cérémonie célébrant le 74e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.
En écho à ses propos, Fan Xuecheng, chargé d’affaires par intérim à l’ambassade de Chine en Ouganda, a rendu hommage à la longue histoire d’amitié unissant les deux nations. Il a rappelé que la solidarité entre la Chine et l’Ouganda s’est renforcée grâce à leur soutien mutuel face aux défis de l’impérialisme et du colonialisme.
Rappelons que l’Ouganda a été désigné présidentpro temporedu G77 + Chine aux Nations unies à New York le 22 septembre, un groupe initialement créé le 15 juin 1964 par 77 nations en développement.
Tant la population ougandaise que les dirigeants du pays affichent un optimisme palpable suite à l’élection de l’Ouganda à la tête du G77 + Chine. De leur côté,les membres de la communauté chinoise établie en Ouganda saluent également cette nomination. Wang Li,entrepreneur chinois établi à Kampala, capitale ougandaise, s’est exprimé en ces termes : « La présidence ougandaise du G77 + Chine renforcera sans aucun doute les liens déjà solides avec la Chine. »
Steven Okello, une figure politique locale, remarque que de plus en plus d’Ougandais voyagent en Chine pour des raisons professionnelles. Il anticipe une hausse significative de ces déplacements à mesure que l’Ouganda consolidera son rôle au sein du G77 + Chine.
L’ambassadeur Adonia Ayebare, représentant permanent de l’Ouganda auprès des Nations unies, a rappelé que l’élection s’est déroulée lors de la 47e réunion des ministres des Affaires étrangères présidée par Cuba. En évoquant cette nomination prestigieuse, l’ambassadeur Ayebare a affirmé : « L’Ouganda assumera une position stratégique dans les discussions et les décisions lors des forums internationaux, en ces temps où le monde est confronté à des défis pluriels. Ce rôle renforcera la présence de l’Ouganda sur la scène internationale et le positionnera comme un acteur clé. »
M. Ayebare a aussi annoncé que l’Ouganda serait l’hôte du 19e Mouvement des non-alignés et du troisième Sommet du Sud à Kampala l’année suivante, une nouvelle dont il se dit particulièrement fier.
Le G77 + Chine est le principal regroupement intergouvernemental de pays en développement au sein des Nations unies. Sa mission ? Offrir une plateforme aux nations du Sud pour exprimer et défendre leurs intérêts économiques collectifs. Il vise également à renforcer leur capacité de négociation face aux grands enjeux économiques mondiaux au sein de l’ONU, tout en stimulant la coopération Sud-Sud pour un développement harmonieux.
Fondé initialement par 77 pays, conformément à la « Déclaration commune des 77 pays » à l’issue de la première Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement à Genève, en Suisse,le G77 compte aujourd’hui 135 membres, incluant la Chine. Il est notable pour son opposition à l’apartheid et son engagement en faveur du désarmement mondial.
Jeje Odongo, ministre ougandais des Affaires étrangères, est convaincu que cette présidence raffermira les liens entre l’Ouganda et la Chine, intensifiant ainsi les échanges bilatéraux. De son côté, Jessica Alupo,vice-Présidente de l’Ouganda, incite ses concitoyens à saisir cette opportunité pour tisser des relations plus étroites avec les pays membres et à s’inspirer de l’expertise chinoise, particulièrement dans le secteur agricole.
Le G77 + Chine est le principal regroupement intergouvernemental de pays en développement au sein des Nations unies.Sa mission ? Offrir une plateforme aux nations du Sud pour exprimer et défendre leurs intérêts économiques collectifs.
Bien que la Chine ne fasse pas officiellement partie du G77, elle s’aligne sur les aspirations des pays membres et les épaulent à travers diverses initiatives. Le G77 considère en effet la Chine comme son partenaire majeur. Démontrant son engagement, le gouvernement chinois offre un soutien politique inébranlable au G77 et contribue financièrement au groupe depuis 1994.De ce fait, les déclarations officielles du G77 se font souvent sous l’appellation « G77 + Chine ».
Ce partenariat solide permet à la Chine d’appuyer de nombreux pays africains dans leur quête de développement. D’après l’Institut des économies en développement, la Chine a initié des projets d’infrastructure dans pas moins de 35 pays africains,avec une présence notable en Angola, au Nigeria et au Soudan. Et ce n’est qu’un début : de nouveaux projets sont envisagés, notamment en République démocratique du Congo.
Peu de temps après la prise de relais de la présidence du G77 + Chine par l’Ouganda, les liens entre les deux entités semblent avoir été nettement renforcés.
Le 29 septembre, d’après le quotidien ougandaisNew Vision, la Chine a manifesté son intention de soutenir l’Ouganda dans l’édification de l’oléoduc de l’Afrique de l’Est. Irene Bateebe, secrétaire permanente du ministère de l’Énergie et du Développement minéral,a confirmé cette information lors d’un échange avec les journalistes : « La Chine a assuré sa contribution au projet. »
De son côté, le consultant international en développement économique, le Professeur Augustus Nuwagaba,a salué l’initiative chinoise en faveur de l’Ouganda,notamment dans le soutien à l’oléoduc. Il a souligné la préférence de l’Ouganda pour des financements partenariaux plutôt que pour de simples aides, et c’est précisément ce que propose la Chine.
« L’Ouganda, pays en plein essor, est réceptif à des partenariats financiers robustes, une démarche que la Chine illustre parfaitement. Nos liens avec la Chine ne sont pas récents, mais ils se renforceront indubitablement avec le G77 + Chine. Ces liens remontent à bien longtemps. La politique d’inclusion de la Chine envers des nations telles que l’Ouganda est hautement bénéfique. Notre rapport commercial avec la Chine est solide et fructueux », a précisé M. Nuwagaba.
Parallèlement, Mme Kadaga a mis en lumière la contribution significative de la Chine au progrès de l’Ouganda. Elle a aussi évoqué l’impact positif de la Chine sur la gouvernance mondiale grâce à des projets tels que l’Initiative pour la sécurité mondiale, l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la civilisation mondiale.
Rédigeant pour le journalNew Vision, M. Fan a souligné l’engagement constant de la Chine en faveur de la paix et du développement mondiaux. Il a affirmé que la Chine s’associerait à la communauté internationale pour promouvoir un multilatéralisme sincère, visant la sécurité et la prospérité universelle, et pour guider l’évolution positive du développement humain. CA