LU MEI
LeHedendaags Nederlands-Chinees woordenboek(dictionnaire moderne néerlandais-chinois), dont la première édition date de 1995, a été revu et republié par la maison d’édition World Affairs Press en 2020. Plus de 8 700 mots ont été ajoutés à cet ouvrage compilé par des diplomates chinois. Avec ses 67 000 entrées et ses près de 100 000 définitions, couvrant le lexique de 60 domaines d’activité, il est le plus gros dictionnaire bilingue néerlandais-chinois de Chine.
Le lexicographe Kong Quan, à l’origine du dictionnaire, travaille dans la diplomatie depuis 1973. Il a été directeur général du Département de l’information du ministère des Affaires étrangères, porte-parole de ce ministère, directeur général du département d’Europe, ambassadeur de Chine en France et à Monaco. Il est actuellement vice-président de la commission des Affaires étrangères du XIIIeComité national de la CCPPC.
Le 14 août 2020, 100 jours après la naissance d’un panda géant chinois aux Pays-Bas, une cérémonie s’est tenue pour célébrer son arrivée et lui attribuer un nom.Sur la photo, Chen Ribiao, chargé d’affaires à l’ambassade de Chine aux Pays-Bas, et son hôte néerlandais révèlent le nom choisi pour le bébé panda géant.
En 1973, Kong Quan, 18 ans, stagiaire en ambassade, se rendit en Belgique pour y apprendre le néerlandais. À cette époque, il y avait peu d’échanges entre la Chine et l’Europe et les manuels d’apprentissage des langues européennes mineures étaient très rares. « Il n’y avait pas de dictionnaire néerlandais-chinois. Je ne pouvais apprendre que par le biais de dictionnaires néerlandais-anglais et néerlandais-français, ce qui était très difficile », se remémore-t-il.
En 1976, il fut officiellement envoyé à l’ambassade de Chine au Royaume de Belgique. La résidence du personnel était située près de Waterloo, à une dizaine de kilomètres de Bruxelles, dans un endroit reculé, où la vie était monotone. « Pourquoi ne pas profiter de mon temps pour compiler un dictionnaire néerlandais-chinois afin de combler les lacunes dans ce domaine ? », se demande-t-il alors.
Kong Quan n’en réalisa les difficultés que lorsqu’il s’y consacra corps et âme.Le travail de compilation était compliqué et ennuyeux, mais il fut soutenu par Chen Yuan, rédacteur en chef et directeur général des Presses commerciales.Ce célèbre éditeur et linguiste émérite répondit en personne, prodiguant ses encouragements enthousiastes.
Des années 1980 au début des années 1990, Kong Quan y passa presque tout son temps libre. Avec les encouragements de Chen Yuan et l’aide de deux collègues, il acheva la compilation et la révision de la troisième version du dictionnaire, qui fut officiellement publiée en 1995. C’était le premier dictionnaire bilingue néerlandais-chinois de Chine.
Au cours de cette période, après avoir subi à plusieurs reprises le contrecoup de la crise pétrolière, les Pays-Bas entrèrent dans une phase de croissance soutenue. De nombreux Chinois s’y rendirent pour travailler.Les échanges humains, économiques et commerciaux entre les deux pays se resserrèrent et les besoins de traduction augmentèrent considérablement. Le dictionnaire de Kong Quan fut populaire auprès des apprenants néerlandais, et il devint également le cadeau du gouvernement néerlandais aux Chinois naturalisés. Pour répondre à la demande du marché, une édition révisée fut publiée en 2003.
Avec le développement des relations sino-européennes, le nombre de ressortissants chinois et d’étudiants chinois aux Pays-Bas a énormément augmenté.Il y a aujourd’hui plus de 200 000 Chinois résidant aux Pays-Bas et plus de 10 000 étudiants chinois. Il y a aussi des milliers de Néerlandais qui étudient, travaillent et vivent en Chine. Vu la rareté de l’offre, les deux éditions épuisées du dictionnaire pouvaient se vendre dix fois plus cher que le prix initial, atteignant parfois des sommets à 8 000 yuans !
« Le dynamisme d’une langue vient de l’émergence de nouveaux mots. Au cours des dix dernières années, grâce à des révisions annuelles, plus de 10 000 entrées ont été ajoutées aux grands dictionnaires européens et américains. Ce dictionnaire néerlandais-chinois doit également s’adapter à son temps »,explique Kong Quan, qui a profité de l’épidémie de COVID-19 pour vérifier et corriger l’orthographe de toutes les entrées du dictionnaire sur la base de la réforme de la langue néerlandaise du gouvernement néerlandais,se référant aux nouvelles versions des dictionnaires utilisés aux Pays-Bas et ajoutant 8 700 mots en usage depuis une dizaine d’années.
Kong Quan
Des termes comme « épidémie de nouveau coronavirus » ou « vaccin contre le nouveau coronavirus » ont été inclus. Dans la troisième édition du dictionnaire, Kong Quan a aussi tenu compte de l’interaction avec les grandes tendances mondiales et de l’apprentissage mutuel. Par exemple,des concepts et phénomènes tels que« ville-éponge » et « covoiturage »n’existaient pas en Chine dans les années 1990 et étaient traduits par de longues périphrases.
La Chine et l’UE ont célébré en 2020 le 45eanniversaire de leurs relations diplomatiques. La carrière diplomatique de Kong Quan a débuté presque en même temps et il a été témoin de l’approfondissement continu de leurs relations.
Un rapport de l’UE en 2019 estime cependant que si la Chine est toujours un partenaire diplomatique, elle est à présent un concurrent dans les hautes technologies clés comme la 5G, tandis qu’en termes de modèle de gouvernance, elle est une « rivale systémique ».Kong Quan estime qu’il s’agit en réalité d’un décalage dans la compréhension du développement durable de la Chine par certaines personnes au sein des institutions de l’UE, ce qui a déclenché une série de restrictions sur les investissements chinois, entraînant une baisse de l’enthousiasme de certaines
Moulin à vent néerlandais
Art folklorique chinois du papier découpé
« La compréhension mutuelle est le fondement de l’amitié et la confiance mutuelle est la garantie de la coopération », affirme Kong Quan. Plus de 3 000 entreprises chinoises investissent actuellement en Europe. Elles paient des impôts et emploient sur place, tout en servant de « lubrifiant »aux échanges sino-européens pour« booster » le développement des relations Chine-UE.
Il existe plus de 50 langues officielles dans les 65 pays riverains de « la Ceinture et la Route ». Kong Quan estime qu’avec l’expansion des échanges et de la coopération avec la Chine, la demande en langues mineures a augmenté rapidement, mais que les ressources nationales et les investissements de la Chine dans leur apprentissage sont insuffisants. « Pour parvenir à une communication véritable et en profondeur dans les sentiments et apprécier des cultures différentes, il est toujours nécessaire d’apprendre et de maîtriser la langue d’autrui. »
« La Chine est devenue un grand pays manufacturier et possède toutes les catégories industrielles répertoriées dans la classification industrielle des Nations Unies, note Kong Quan. Je souhaite que la Chine, une civilisation ancienne, devienne également le pays qui maîtrise et comprenne le plus de langues, et le pays qui respecte et apprécie le plus les autres civilisations.Comme le dit le sociologue chinois Fei Xiaotong : “Les beautés des uns et des autres doivent coexister en harmonie et contribuer à la concorde dans la diversité”. »entreprises chinoises à investir en Europe. Il est nécessaire de résoudre ces problèmes liés à la relation à long terme par des mesures et par la communication, et de renforcer la compréhension et la confiance mutuelles grâce à des échanges humains. La langue est donc un maillon important.
Cette édition du dictionnaire a été soutenue par le groupe COSCO. « Il y a plus de 40 ans, moins de six porteconteneurs de COSCO se rendaient aux Pays-Bas chaque année. Aujourd’hui,COSCO et le port de Rotterdam se sont associés pour promouvoir divers projets de coopération mutuellement bénéfiques ; plus de 20 porte-conteneurs font l’aller-retour chaque mois et contribuent à la construction de ‘‘la Ceinture et la Route’’ et aux échanges sino-européens. COSCO est impatient d’élargir sa coopération avec les Pays-Bas et a grandement soutenu la mise à jour de ce dictionnaire. »
Wim Geerts, ambassadeur des Pays-Bas en Chine, a déclaré dans sa préface au dictionnaire que « la langue est l’un des points de contact les plus spécifiques entre deux cultures. Lire le dictionnaire,c’est comme se plonger dans les échanges culturels. […] Il faut le réviser constamment,avoir des échanges continus,et ce dictionnaire peut jouer ce rôle. Une ressource limitée peut créer des opportunités infinies. C’est en communiquant les uns avec les autres que nous pourrons mutuellement approfondir la compréhension et la reconnaissance,le respect et la confiance, l’aide et la prospérité. »