MA LI, membre de la rédaction
Le 7 novembre, Su Meijin, une habitante de l’arrondissement de Xujiahui à Shanghai est arrivée de très bonne heure à l’espace Produits agricoles et alimentation du pavillon N°8 de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE). Après l’avoir goûté, elle commande du bœuf australien de race Angus. « D’habitude, à la maison, nous mangeons du bœuf importé. Comme l’exposition d’importation se tient à notre porte, on a encore plus de choix en matière de bœuf d’importation ».
L’espace « Produits agricoles et alimentation »de cette édition de la CIIE propose du bœuf et des fruits frais d’Australie, du jambon de Salamanque et d’Estrémadure en Espagne, du saumon norvégien de l’océan Arctique, des langoustes des grands fonds de la Nouvelle-Zélande. Tous excitent les pupilles et les papilles des grossistes et des gourmets. Une foule jouant des épaules chauffe la salle.
L’exposition rend la fine cuisine internationale accessible à plus de tables chinoises.
Ye Xiaogang, secrétaire général de la Chambre sino-australienne d’agriculture déclare à La Chine au présent : « Nous avons nos propres fermes d’élevage et nos abattoirs, notre logistique et nos ports.La viande fraîche arrive en Chine en 48 h. Et en 72 h,elle parvient sur la table du consommateur. »
Depuis quelques années, avec l’augmentation continue de la qualité de vie des Chinois et l’encouragement à une meilleure nutrition, le bœuf devient aujourd’hui un choix prioritaire sur les tables chinoises. Ye Xiaogang poursuit : « Entre juillet et octobre cette année, la Chine est devenue la première cliente de l’Australie dans le secteur de la viande bovine. Si cette tendance à la hausse se poursuit, les importations vont bientôt dépasser les 30 000 tonnes par mois. Dans le passé, les exportations américaines ont pu atteindre ce chiffre, mais une telle quantité n’avait jamais été notée pour un autre pays ».
C’est la deuxième année que le groupe viticole australien Auswan Creek participe à la CIIE. Ce qui est nouveau, c’est qu’il a cette fois-ci son propre stand. Toutes ces bouteilles attirant le regard offrent encore plus de choix aux négociants comme aux consommateurs.
« Grâce à la promotion que nous offre l’exposition et à l’aide du gouvernement chinois, nous avons pu exporter vers la Chine plus de huit millions de bouteilles. Elle est devenue le premier marché à l’exportation pour Auswan Creek », se réjouit Li Dong, directeur général du marketing de ce groupe.Si leurs vins sont bien accueillis par les consommateurs chinois, c’est essentiellement du fait des excellentes conditions naturelles et climatiques que l’Australie connaît toute l’année. Les raisins ne subissent pas les ravages des parasites ni des maladies.Les ceps ont de 35 à 70 ans, voire plus, leur système radiculaire s’enfonce à plus de 60 m dans le sol, il peut absorber minéraux et micro-organismes. Le vin n’en est que plus riche et généreux en bouche;une élaboration entièrement à la main garantit une qualité supérieure.
Ye Xiaogang ajoute : Ce qui fait préférer les vins australiens chez les consommateurs chinois tient encore au fait que « les vins australiens sont fermentés avec de nouvelles technologies et conviennent mieux au goût des Chinois ».
En dehors de la viande bovine et du vin, l’exposition d’importation fait entrer le blé, l’avoine, les cerises,les oranges, le raisin et les légumes bio... d’Australie dans le quotidien des Chinois. « À la CIIE de l’année dernière, seules quatre entreprises de notre Chambre étaient présentes sur un stand de 81 m². Cette fois-ci il y en a 12 sur un espace de 500 m². Nous devrions dépasser les 20 l’année prochaine et nous réserverons 1 000 m². La politique chinoise toujours réaffirmée d’ouverture vers l’extérieur doit rassurer les marchands étrangers. Ouverte de plus en plus grand, la porte de la Chine nous donne toujours plus d’occasions de pénétrer son marché, la condition d’une coopération fructueuse pour tous », indique Ye Xiaogang.
Un stand de poissons et fruits de mer à la Plate-forme d’intégration et de distribution globale alimentaire à la CIIE
« Je dois passer deux mois par an en Norvège pour mon travail. Le saumon est une base de l’alimentation de ce pays », nous dit Zhang Hao, visiteur shanghaïen de 45 ans. Il est venu spécialement à l’espace« Produits agricoles et alimentation » pour déguster du saumon. Il a fait la queue 10 minutes devant le stand Nordlaks de Norvège. Les saveurs familières lui font retrouver l’ambiance scandinave : « Pas la moindre différence de goût ; très, très frais ! »
Le siège de Nordlaks est à Westlangay, au nord du cercle polaire. Il n’y a pas seulement des paysages à couper le souffle ; les lieux se prêtent merveilleusement à la pisciculture, et sont connus pour leur abondance de saumons et de truites.
Pour garantir que les saumons et les truites proches du cercle polaire en Norvège parviennent les plus frais possibles sur les tables chinoises, « tous nos produits sont emballés sans rupture de la chaîne du froid,de leur point de départ à leur destination », affirme Li Zhiming, responsable des ventes chez Nordlaks Shanghai. La congélation traditionnelle provoque la formation de cristaux de glace dans les cellules des poissons. À la décongélation, la membrane des cellules est souvent endommagée et les fibres cassées.C’est pourquoi les saumons Nordlaks sont traités par congélation rapide à ultra basse température,évitant ces inconvénients, « Décongelée, la chair des poissons retrouve le meilleur goût du frais ».
« Le saumon de Norvège est un favori des Shanghaïens. On en reçoit 4 000 ou 5 000 caisses tous les mois par avion. Des prix raisonnables permettent à ce mets délicat de s’implanter à Shanghai », poursuit-il.
Tout à côté du stand Nordlaks, les langoustes de Nouvelle-Zélande et du sud de l’Australie, les ormeaux à ventre noir des états australiens de Victoria et de Tasmanie, les araignées de mer de Russie...attirent aussi les foules. C’est la première fois que les visiteurs voient ces créatures marines de grande taille et à l’aspect étrange. « J’aime beaucoup les langoustes, mais c’est la première fois que j’en vois de si grosses », dit le grossiste Zhang Qiang, venu du Shandong, levant le pouce devant celles qu’il voit dans l’aquarium.
Un stand d’exposition de produits alimentaires français
Comment garder en vie ces crustacés d’importation et les conserver vivants jusqu’à leur vente? Guo Fenghua, responsable à la maison de fruits de mer Hongfu, déclare à notre journaliste que tous ces crustacés sont mis en hibernation dans des caisses de polystyrène pendant leur transport par avion. Ces boîtes contiennent de l’eau dont la salinité est égale à celle où ils vivent. On y ajoute du foin pour absorber l’excès d’humidité, leur permettant de mieux maîtriser leur respiration.
Cérémonie d’ouverture de « Super Foods » du Pérou
« Chaque semaine, nous importons environ 20 tonnes de langoustes vivantes de Boston et plus de 100 tonnes d’araignées de mer de Russie. Maintenant, la Chine est devenue l’une des premières destinations au monde pour les produits de mer », dit Guo Fenghua.
« Il y a peu, les Chinois accompagnaient l’alcool de cacahuètes, aujourd’hui, il leur faut du jambon.C’est ainsi que se révèle leur nouvelle prospérité,et la meilleure preuve de leur esprit d’ouverture au monde », indique Xu Jie, détaillant de jambon espagnol à l’espace « Comestibles » de la CIIE.
À la devanture du stand de la SARL espagnole Osborne (Shanghai), Chen Xiaoyong découpe d’un couteau expert des tranches de jambon à l’os quasi transparentes, avant de les donner à déguster à l’assistance. Il dit : « Les tranches ont des veines comme le marbre ; fines comme des ailes de cigales, elles fondent dans la bouche et embaument le palais. » Il en a mal aux bras d’avoir découpé du jambon pendant deux jours pour les grossistes et les gourmets.
En novembre 2018, la Chine et l’Espagne ont officiellement signé un protocole sur la viande porcine.L’accord prévoit l’extension des exportations de charcuterie espagnole : jambons et jambonneaux à l’os, saucisses traditionnelles (saucissons, chorizo,lomo) et autres viandes réfrigérées et salaisons pourrons être mis sur le marché chinois par les circuits officiels.
Les données fournies par Interporc, organisation intersectorielle espagnole des produits porcins,montrent que les exportations espagnoles de charcuterie ont beaucoup augmenté depuis dix ans. C’est aujourd’hui le second exportateur de porc du monde,juste derrière les États-Unis.
Les données du Comité espagnol du commerce extérieur pour 2018 révèlent que le porc occupe la troisième place dans les exportations vers la Chine.« La signature du protocole représente une excellente perspective pour le secteur porcin espagnol. Nous pensons que l’immense marché chinois donnera une formidable impulsion à ce secteur », déclare Bill Derrenger, PDG du groupe Osborne, lors d’une précédente interview aux médias shanghaïens.
« Les mesures gouvernementales chinoises sont extrêmement favorables aux négociants en jambons espagnols. Beaucoup de grossistes se sont dits très satisfaits de leurs dégustations et pensent coopérer avec notre entreprise. Nous espérons aussi que,grâce à la plate-forme qu’est la CIIE, bien davantage de gens connaîtront et apprécieront nos produits,et qu’ils arriveront sur les tables de bien plus de Chinois », souligne Chen Xiaoyong.