CHRISTIAN Y. SCHMIDT*
Depuis ces 70 dernières années, la Chine a fait des progrès remarquables et le monde est redevable des efforts de la Chine dans la lutte contre la pauvreté, la protection de l’environnement et le maintien de la paix.
À l’exception de quelques cas spécifiques et anecdotiques, aucun pays du tiers-monde n’avait réussi l’exploit à sortir de la pauvreté. Cela n’a changé qu’avec l’avènement de la République populaire de Chine. Selon la Banque mondiale, la Chine a ainsi permis à 800 millions de personnes de sortir de la pauvreté au cours de ces dernières décennies et la classe moyenne est maintenant forte de quelque 400 millions de personnes.
Le 28 juin 2019, lors de l’ouverture de la première Exposition économique et commerciale sino-africaine à Changsha (province du Hunan)
La Chine est ainsi un modèle pour le monde, en particulier pour l’Afrique, qui vit encore dans la pauvreté. L’Occident semblait depuis longtemps avoir complètement perdu espoir dans ce continent,comme en témoignent le titre « Hopeless Africa »(The Economist, mai 2000) ou l’appellation de« continent oublié ». En juin 2009, l’économiste britannique Paul Collier dans le quotidien allemand Die Welt déclarait que ce « continent perdu » ne pourrait être sauvé que par une intervention militaire ciblée de l’Occident. Cette image n’a changé que lorsque la Chine a commencé à jouer un rôle actif, notamment en novembre 2006 avec un premier Sommet des chefs d’État et de gouvernement de 35 pays africains à Beijing. Le Fonds de développement Chine-Afrique avait été créé à cette occasion.
Je me souviens très bien à quel point ce sommet avait fait sourire en Occident. Toutefois, trois ans plus tard, la Chine dépassait les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’Afrique.Après cela, l’image du continent a changé dans les médias occidentaux. Par exemple, en mars 2013, The Economist avait publié un long dossier spécial sur l’Afrique intitulé cette fois-ci « Un continent porteur d’espoir ». Il décrivait un continent en transition où l’économie de nombreux pays était en plein essor,la mortalité infantile en baisse et où l’espérance de vie augmentait. Une tendance qui se poursuit aujourd’hui. Des pays comme l’Éthiopie (« China of Africa », Bloomberg) ou le Kenya, qui coopèrent étroitement avec la Chine, sont à la pointe en termes de développement.
Il n’est donc pas inutile de remercier la Chine d’avoir mis fin au désespoir généralisé dans de nombreuses régions d’Afrique. Mais ce ne sont pas seulement les pays pauvres qui bénéficient de la présence de la Chine. C’est principalement la politique d’investissement de la Chine - et nous aurions tendance à l’oublier - qui a permis à l’économie mondiale de ne pas s’effondrer il y a plus de dix ans lors de la crise financière mondiale. Il est impossible d’imaginer dans quel état serait le monde aujourd’hui si à ce moment, les dirigeants chinois n’avaient pas gardé la tête froide et fait exactement ce qu’il fallait.
Tout développement a ses revers, et plus l’humanité prospère, plus elle produit, et plus elle sape la source de ses moyens de subsistance.La Chine a également réagi plus rapidement et de manière plus décisive que d’autres pays et est devenue le leader mondial de la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables. Selon l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), la capacité éolienne du pays a été multipliée par 20 au cours de la décennie et l’énergie solaire par sept. Ainsi, la Chine génère 30 % de l’énergie renouvelable mondiale et laisse les États-Unis (avec 10 %) loin derrière. Et le pays ne se repose pas sur ces lauriers. En 2018, il a investi 91,2 milliards de dollars dans les énergies propres,contre 48,5 milliards de dollars aux États-Unis et 61,2 milliards de dollars dans l’Union européenne.« Aucun pays ne s’est positionné aussi bien que la Chine pour devenir la première superpuissance dans les énergies renouvelables », indique à juste titre la Commission mondiale sur la géopolitique de la transformation énergétique, présidée par l’ancien dirigeant islandais Olafur Grimsson.
En outre, la Chine est un chef de file en matière d’écologie. Alors que de vastes étendues de forêts sont détruites en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est, le plus vaste programme de reboisement de l’histoire humaine est actuellement mis en œuvre en Chine. De 2013 à 2018, le gouvernement chinois a planté 338 000 kilomètres carrés d’arbres,soit presque la superficie de l’Allemagne. La Chine a également compris que la préférence accrue pour les déplacements en véhicules individuels serait catastrophique pour la planète. On voit donc de plus en plus de voitures électriques et en 2018, plus de véhicules électriques ont été vendus en Chine que partout ailleurs dans le monde.
Plus important encore, la Chine investit dans les transports publics comme aucun autre pays au monde. Alors que des lignes de chemins de fer ferment dans des pays comme l’Allemagne, le réseau ferroviaire chinois se développe de manière extensive. Cette année, la Société des chemins de fer chinois a mis en service 6 800 kilomètres de nouvelles lignes, dont 4 100 pour les TGV. La Chine possède déjà le plus long réseau ferré de TGV au monde avec près de 30 000 kilomètres de lignes. Pareil dans les transports en commun : on compte environ 4 600 kilomètres de lignes de métros dans 33 villes, et 8 des 15 plus longs métros au monde se trouvent en Chine. De plus, ce modèle s’exporte : dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », la Chine construit des lignes ferroviaires en Afrique, en Asie du Sud-Est et même en Europe, et a également installé un total de 12,6 gigawatts de centrales éoliennes et solaires hors de Chine, selon une étude de Greenpeace réalisée en juillet 2019.
Le 9 octobre 2019, à la base de formation technique des poids lourds de l’École de technique automobile de Shaanxi Automobile à Xi’an. Chen Lilong, professeure de technique automobile appliquée, enseigne à des étudiants zambiens.
Cela signifie que sans la Chine, il aurait été non seulement difficile d’éliminer les inégalités et la pauvreté dans le monde, mais la situation dans la lutte contre le changement climatique et dans les transports aurait notablement empiré. « La Chine sauvera-t-elle la planète ? », avait d’ailleurs écrit Barbara Finamore, directrice asiatique du Conseil américain de la défense des ressources naturelles,dans un livre récent et provocateur, avant de répondre que la Chine apportait une contribution importante. Merci donc à la République populaire de Chine à l’occasion de son 70eanniversaire.
La chose la plus importante, cependant, est l’émergence pacifique de la Chine. Depuis quarante ans, la Chine n’a pas mené une seule guerre ni commis d’ingérence militaire en dehors de son territoire, même si ses intérêts économiques ont été gravement touchés (comme dans le cas de la Libye, quand la Chine comptait quelque 35 000 ressortissants contraints d’évacuer ce pays). Au cours de la même période,les États-Unis ont été impliqués dans au moins dix guerres, invasions et conflits armés. Le fait que la Chine ait jusqu’ici élargi son influence dans le monde sans faire la guerre laisse espérer que cette fois nous échapperons au « piège de Thucydide »- qui surgit lorsqu’une grande puissance monte et qu’une autre décline.
Bien sûr, la Chine n’est pas exempte de toute critique. Il est clair que la Chine doit continuer à se réformer et à s’ouvrir pour suivre son cap. Mais pour un anniversaire, il faut s’abstenir de toute critique.Une nouvelle fois : félicitations pour le 70eanniversaire de la République populaire de Chine.