Une aide bienvenue
La mission médicale chinoise au Sénégal dévouée au bien-être de ses patients par Ge Lijun
DANS le nom de Zhang Maoshi, on retrouve le
caractère chinois shi, qui signif i e lion. « C’est surement le destin qui m’a amené en Afrique », plaisante cet homme de 53 ans. Le continent qui était auparavant un mystère pour lui, un imaginaire d’animaux sauvages, devient réel lorsque son équipe médicale est envoyée sur place pour apporter des soins aux populations locales. Originaire de la ville de Zhangzhou, dans la province du Fujian au sud-est de la Chine, Zhang, onze autres médecins et une interprète, sont envoyés au Sénégal en septembre 2015 par la Commission de la santé et du planning familial du Fujian, pour une mission de deux ans. Selon le site internet de cette commission, la province commence à envoyer des missions médicales au Sénégal en 1975, avec une pause pendant la cessation des relations diplomatiques entre les deux pays entre 1996 et 2005. Depuis le début de cette coopération, la province a envoyé 16 équipes, soit 258 personnes.
Zhang, chercheur de la Commission de la santé et du planning familial de Zhangzhou et médecin en chef du service de médecine de réadaptation de la médecine chinoise, est nommé chef de cette 16emission de la province du Fujian. Peu après leur arrivée, les membres de l’équipe s’installent près de l’hôpital de Pikine, un département de Dakar, la capitale du pays, où ils travaillent aux côtés de leurs collègues sénégalais. « Nous sommes installés dans différents départements de l’hôpital, et traitons les malades avec nos collègues sénégalais. Je sais que notre tâche est diff i cile dans ce pays lointain, mais je veux vraiment tout faire pour guérir les malades sénégalais », conf i e Wang Yuanquan, chirurgien de 35 ans, membre de la mission.
En plus du travail à Pikine, ce groupe de médecins est souvent amené à se déplacer pour traiter les personnes ne pouvant se rendre à l’hôpital, menant ainsi de nombreuses consultations bénévoles. Zhang n’oubliera jamais sa première consultation bénévole. En février 2016, il se rend avec son équipe dans l’arrondissement de Yoff, à Dakar, pour offrir des consultations gratuites et distribuer des médicaments et pamphlets de prévention. Ayant fait une enquête préalable sur les maladies locales, les médecins chinois arrivent bien préparés. « À huit heures du matin, les habitants du quartier nous attendaient déjà. En nous voyant arriver, ils nous ont souri en nous ouvrant le passage. Après une courte préparation, nous avons pu commencer les consultations », se souvient avec émotion le chef de la mission. Face à la forte aff l uence, les médecins chinois doivent poursuivre leurs consultations deux heures de plus que prévu, accueillant plus de 300 personnes. Quand vient l’heure du départ, les populations aident les médecins à ranger leur matériel, faisant preuve d’une grande reconnaissance.
La mission a déjà mené six consultations bénévoles de ce type, parfois même dans d’autres villes, comme à Thiès. « Lorsque nous menons ce genre de consultations, on rencontre souvent des gens avec des maladies de tout genre, parfois infectieuses. Une fois, nous sommes arrivés dans un village où il y avait plusieurs lépreux, nous avons mené les consultations malgré le risque de contagion », raconte Yan Shanghai, acupuncteur de 35 ans.
Même si le travail à l’hôpital et les consultations bénévoles donnent un sens au séjour de ces professionnels, il leur est de plus en plus diff i cile d’être loin de leurs familles. La plupart des membres de l’équipe ont entre 33 et 45 ans. « Les enfants de ces jeunes ont entre 3 et 5 ans. Ma mère a plus de 80 ans, quand elle tombe malade, je suis vraiment très inquiet, mais je ne peux rien faire. Je demande à mon f i ls de bien s’en occuper », conf i e le chef de la mission.
« L’année dernière, mon f i ls allait entrer au collège, et je n’étais pas avec lui. J’ai demandé à mon époux de le soutenir autant que possible. Je veux aider les gens ici, les médecins ne connaissent pas de frontières », s’exclame Zhang Wenwen, ophtalmologue. À 44 ans, elle est l’une des trois femmes de la mission. Elle s’est inscrite à la mission dans le cadre d’Action Lumière, un projet d’assistance médicale présent dans de nombreux pays, notamment despays africains. En 2017, elle pratiquera gratuitement des opérations de la cataracte au Sénégal.
« Nous sommes comme une grande famille, monsieur Zhang est notre chef de famille, et l’interprète Wei Jiajia est notre treizième petite sœur. Chez nous, il y a des gens qui s’occupent de cultiver des légumes, et moi, je m’occupe de couper les cheveux », raconte Zhang Songtu, ostéopathe, âgé de 43 ans. Le chef Zhang s’entretien souvent avec les membres de l’équipe pour s’assurer qu’ils gardent un bon état d’esprit. « Ce n’est pas tous les jours facile d’être ici, mais nous menons une tâche très importante. Je cherche donc par tous les moyens à créer un bon environnement et à assurer leur sécurité. »
Zhang Wenwen s’occupe d’une patiente. sénégalaise.
La langue est vraiment un obstacle majeur. « Avant d’arriver au Sénégal, nous avons suivi une formation intensive de français, pendant huit mois. Mais à notre âge, c’est diff i cile d’apprendre des langues. De plus, en arrivant, nous avons réalisé que la plupart des locaux parlaient le wolof, une langue locale qu’on ne comprend pas du tout », conf i e Fang Mingda, médecin ORL, âgé de 41 ans. Comme la communication est presque impossible, les médecins tentent d’établir leur diagnostic par des gestes, et en observant les expressions de leurs patients lors de l’auscultation. « Comme la communication est insuff i sante, le traitement est également pas très précis. Mais j’essaie de tout faire pour les guérir et mon français s’améliore, ce qui aide », explique Yan Shanghai, l’acupuncteur.
Heureusement, ce genre de problèmes pourra être réglé à l’avenir. En effet, l’Université des langues étrangères de Beijing va ouvrir cinq formations aux langues locales africaines dans cinq ans : l’amharique, le somali, le malgache, le zoulou et le yoruba. Les membres de la 16emission médicale du Fujian quitteront le Sénégal en septembre 2017. « Malgré toutes les diff i cultés, aider la population sénégalaise avec les capacités dont nous disposons vaut la peine », conclut le chef Zhang. CA
L’acupuncteur Yan Shanghai en plein travail.
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