MA YAN, membre de la rédaction
À Tonghua,la neige réchauffe les cœurs
MA YAN, membre de la rédaction
«La ville de Tonghua est si jolie ! Je suis un peu réticent à l’idée de partir... Plus tard, je reviendrai ici avec ma famille et mes amis pour qu’eux aussi puissent admirer ces paysages de neige et de glace typiques du Nord-Est de la Chine. Ils pourront également constater la chaleur et l’hospitalité des habitants », décrit Pratik Tamrakar, un Népalais qui a accepté de participer à un séjour hivernal à Tonghua, activité à laquelle étaient invitées des médias et des étrangers amateurs de voyage.
La ville de Tonghua, située au sud-est de la province du Jilin, dans les monts Changbai, est surnommée « la cité montagneuse dans le Nord ». Figurant parmi les lieux les plus septentrionaux du monde, Tonghua est riche de son « or blanc ». La ville a donné naissance à la première station de ski, la première équipe professionnelle de ski et même le premier champion de ski du pays. En hiver, Tonghua est la destination idéale pour les vacances, que ce soit pour le panorama ou les loisirs qu’elle offre.
Un Américain s’essaie à la calligraphie chinoise.
Traversée par la rivière Hunjiang, Tonghua est une charmante ville entourée de montagnes et qui se fond dans ce superbe paysage naturel. Et après la tombée de la neige, lorsqu’elle revêt son manteau blanc recouvrant les bâtiments, les ponts, les rues, les pierres et les bancs, elle affiche un charme irrésistible semblant tout droit sorti d’un conte de fée.
Le parc de la cascade Diaoshuihu (pot à eau suspendu), qui se trouve dans le district de Huinan sous la juridiction de la municipalité de Tonghua, est l’un des dix grands points d’intérêt du parc forestier national Longwanqun du Jilin. En novembre 2014, ce parc a été choisi par l’Union internationale pour la conservation de la nature pour être inscrit sur la première Liste verte des sites protégés, qui ne répertorie que six sites chinois. Le parc de la cascade Diaoshuihu s’étend sur une longueur de 2 380 m, où l’on trouve de nombreuses variétés d’arbres révélant une tout autre beauté lorsqu’ils sont enneigés.
Sur le chemin qui longe le ruisseau en aval de la cascade, nous pouvons observer un spectacle bien spécifique au Nord-Est de la Chine l’hiver : des « champignons de neige » ! En fait, il s’agit d’une accumulation de neige atterrissant sur des souches ou des pierres, qui peu à peu forme comme un parapluie. Par conséquent, avec la base, le tout ressemble à un champignon, d’où ce surnom.
Mais le clou du parc, c’est la cascade Diaoshuihu, imposante avec ses 10 m de large et ses 7 m de haut. En plein hiver, même si la température descend presque à -20°C, elle ne gèle pas en raison du puissant flux. L’eau tombe de la falaise, comme un glacier suspendu et se termine en un ruisseau cristallin. À l’ouest, coule encore une autre petite cascade, qui s’apparente à l’enfant de la cascade mère. Les deux se complètent et s’entremêlent, offrant une vue magnifique. Ces cascades donnent l’impression qu’un gigantesque pot à eau, perché au milieu de la forêt etdu canyon, qui déverserait son contenu de manière ininterrompue, ce qui explique pourquoi les locaux ont nommé cet endroit Diaoshuihu (pot à eau suspendu).
Outre s’extasier devant les paysages hivernaux, Tonghua vous réserve plein d’autres activités. La ville possède une longue histoire en matière de sports d’hiver et attire en grand nombre les férus de glisse. Ski, descente de piste dans une bouée, conduite de motoneige, jeu de toupie sur glace…Il y en a pour tous les goûts ! « Je suis tombé amoureux de Tonghua ! Je m’amuse comme un petit fou ici ! » déclare Abdeljelil Nafti, un touriste tunisien.
Actuellement, Tonghua possède de vastes stations de ski intégrées, telles que la station Dalongwan au village forestier touristique Longbao, la station du lac Qianye, et la station Jinchang. Toutes ont aménagé des pistes à partir de neige naturelle, plus molle et fine. « J’aime bien faire du ski. Chaque hiver, je vais en faire dans une des stations à proximité de Beijing, informe la journaliste Wang Haixia. La neige à Tonghua est pourtant bien meilleure, rien à voir avec la neige artificielle. J’adore la sensation que je ressens lorsque je fais voltiger la neige sur mon passage. »
Depuis que Beijing et Zhangjiakou ont été sélectionnées comme villes hôtes des Jeux olympiques d’hiver 2022, le tourbillon des sports d’hiver s’abat sur la Chine. Le maire adjoint de Tonghua, Zheng Wenmin, explique que les autorités de la ville profitent de cette opportunité historique pour établir une chaîne industrielle complète basée sur les ressources du lieu, à savoir la neige et la glace. L’objectif est d’encourager le développement et la diversification des sports d’hiver et des industries connexes, pour que la neige devienne une ressource venant réchauffer le climat économique.
Le 20 janvier, soit le 23ejour du douzième mois du calendrier lunaire, les Chinois célèbrent le « Petit Nouvel An ». Une semaine avant le réveillon du véritable Nouvel An chinois, la population chinoise commence les préparatifs : courses pour le jour J, grand nettoyage de la maison ou encore sacrifice en l’honneur du dieu du Fourneau pour aborder une nouvelle année remplie de bonheur. Par conséquent, à compter de cette date, l’atmosphère du Nouvel An commence fortement à se faire sentir. C’est ce jour même que nous sommes arrivés dans le village touristique Ruyi établi par le groupe Wantong, situé dans l’arrondissement Erdaojiang de Tonghua, et nous avons pu découvrir les coutumes traditionnelles du Nouvel An chinois dans le Nord-Est du pays.
Les touristes étrangers expérimentent la bouée sur neige !
Les habitants ont exécuté une danse régionale appeléeYanggeet la danse du lion pour accueillir les visiteurs. Tout le monde a été mobilisé pour intégrer cette ambiance animée et se mettre à danser avec les locaux. En Chine, il est coutume, depuis plus de 2 000 ans, de faire éclater des pétards à l’occasion du Nouvel An, et le Nord-Est ne fait pas exception. Selon la légende, le bruit des pétards permet de chasser le monstreNian, animal maléfique. Mais aujourd’hui, ces pétards qui claquent sont avant tout synonymes de bons vœux pour la nouvelle année.
Pour ce qui est de la décoration, des couplets parallèles et le caractère 福« chance/bonheur/prospérité » imprimé sur du papier rouge sont accrochés sur toutes les portes des maisons, sans oublier les lanternes rouges qui pendent aux toits. Ces coutumes sont ancrées dans la culture traditionnelle chinoise. Ces messages expriment des souhaits pour une vie heureuse et un avenir radieux, tout en créant une atmosphère festive.
Puis arrive le réveillon du Nouvel An chinois, où les Chinois savourent le dernier repas du dernier jour de l’année lunaire. En ce moment spécial, tous les membres de la famille s’efforcent de réveillonner ensemble autour d’une même table, en dépit de la distance qui les sépare ou de leur occupation, afin d’accueillir le Nouvel An dans une ambiance joyeuse. Les Chinois attachent une grande importance à cette fête, symbole de la famille réunie. Par conséquent, le dîner du réveillon est le reflet de l’abondance, mais aussi de toute une symbolique.
Nous ne sommes pas arrivés le jour du réveillon, mais pour mieux nous faire découvrir les usages du Nord-Est, les habitants locaux nous ont préparé un repas typique de ce jour spécial : porc en choucroute, pieds de porc en daube, poisson, crudités, raviolis, etc. Le porc en choucroute est un plat typique du Nord-Est de la Chine. Autrefois, les temps étaient durs et les populations rurales n’avaient pas la possibilité de manger du porc au quotidien. Chaque année, ce n’était qu’à l’approche du Nouvel An qu’ils tuaient un cochon pour cuisiner sa viande et s’en servir aussi de farce pour les raviolis. Ainsi, abattre un porc quand vient le Nouvel An demeure un événement important dans les campagnes du Nord-Est. Dans une certaine mesure, ce plat de porc en choucroute signifie que la nouvelle année amènera une amélioration du niveau de vie. Les pieds de porc, eux, incarnent un outil pour récolter de l’argent dans la tradition du Nord-Est. C’est pourquoi tout le monde mange un pied de porc au réveillon, dans l’espoir d’augmenter sa fortune. Le poisson, dont le caractère chinois se prononce de la même façon que le mot « excédent », est annonciateur d’une nouvelle année riche et opulente. Le caractère pour les crudités a une prononciation identique au caractère « gagner de l’argent », donc elles représentent aussi la richesse. Et le dernier plat mais non le moindre, les raviolis. Ils symbolisent le passage d’une année à l’autre et leur forme rappelant celle d’un lingot d’or illustre le bonheur. C’est donc le plat le plus important, qui ne saurait être remplacé par aucun mets, aussi exquis soit-il.
« Je découvre pour la première fois les coutumes du Nouvel An chinois. C’est vraiment unique », confie Joseph Good, venu des États-Unis. Inès Barkana, d’origine tunisienne, ajoute : « J’espère que la Chine continuera de transmettre aux générations futures ces traditions qui la caractérisent. »