L’influence de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie sur le monde

2017-03-16 09:05XIAOHE
今日中国·法文版 2017年3期

XIAO HE*

L’influence de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie sur le monde

XIAO HE*

Si l’on veut évaluer avec précision l’influence de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie sur le monde, il faut connaître et faire un bilan de manière objective de ce qui s’est passé dans son cadre, ainsi que de son impact sur le reste du monde, au lieu de supposer sans cesse les intentions chinoises derrière cette initiative.

Depuis son lancement trois ans plus tôt, avec la mise en action progressive de l’initiative, on peut dire qu’elle a permis aux pays riverains de connaître une amélioration physique à des degrés différents, mais a aussi provoqué un fort impact psychologique sur le reste du monde. Bien que cette initiative connaisse toujours des tâtonnements, et qu’il y ait différentes visions à son sujet en Chine et à l’étranger, elle a commencé à prendre forme sur le continent eurasiatique et a exercé une influence remarquable et profonde sur son développement futur.

Amélioration physique

L’interconnexion est le noyau de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Favoriser l’amélioration physique des régions riveraines et augmenter les infrastructures pour les doter de bases matérielles solides en faveur de la circulation des personnes et des marchandises constituent les premiers objectifs à réaliser pour cette initiative.

Il convient de noter que les infrastructures comprises dans l’initiative concernent les secteurs traditionnels tels que les routes, les chemins de fer, les ports, les aéroports, les télécommunications et l’énergie, et mettent aussi l’accent sur le développement de l’industrie lourde qui représente la capacité industrielle d’un État et le fondement de participation à la division internationale du travail. Après tout, l’objectif ultime de l’amélioration de la connectivité est toujours de renforcer la capacité industrielle dans son pays.

Entrée du parc industriel Great Stone en Biélorussie

Parmi les nombreux projets dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie, certains ont polarisé l’attention mondiale, comme par exemple le port de Gwadar au Pakistan, le port de Hambantota à Colombo au Sri Lanka, la ligne ferroviaire à grande vitessesino-laotienne au Laos ou encore le Parc industriel de Suez en Égypte. Ces projets sont soit l’extension de projets existants, soit en planification et construction, soit ont été accélérés ou achevés grâce à l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Ces grands projets ont non seulement permis d’améliorer directement l’état de l’infrastructure locale, mais aussi promu l’ensemble de l’industrie et le développement social dans les pays concernés.

Le tunnel Kamchiq, construit par China Railway Tunnel Group en Ouzbékistan, a été achevé le 27 février 2016. Il s’agit du premier long tunnel bâti en Asie centrale.

La ligne ferroviaire sino-laotienne a été mise en chantier le 25 décembre 2016 au Laos, en présence du premier ministre laotien Thongloun Sisoulith.

Mais si l’on veut connaître les résultats que devrait atteindre cette initiative dans l’amélioration physique, la manière la plus directe et la plus objective est d’observer la situation des investissements chinois à l’étranger.

Selon les données du ministère chinois du Commerce, les investissements directs chinois non financiers dans 49 pays riverains se sont élevés à 14,82 milliards de dollars en 2015, soit une augmentation de 18,2 % sur un an ; les données statistiques en 2014 devaient donc correspondre à environ 12,5 milliards de dollars. De janvier à juillet 2016, les investissements chinois de ce genre dans 51 pays riverains ont été de 7,87 milliards de dollars, soit une réduction de 8,4 % par rapport à la même période de l’année précédente et représentant ainsi 7,7 % du total de la même période. Au regard de toutes ces données officielles, les investissements chinois dans les pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie peuvent être estimés à 50 milliards de dollars depuis 2013. Mais ce chiffre est bien inférieur à d’autres statistiques de sources indépendantes.

Selon China Global Investment Tracker créé par American Enterprise Institute, de 2013 à juin 2015, le total des investissements chinois dans les pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie s’est élevé à 95 milliards de dollars, tandis que selon Center for American Progress, jusqu’à septembre 2016, les investissements chinois avaient atteint 250 milliards de dollars. Cette disparité est due à la différence de normes de statistiques. Le ministère chinois du Commerce recense en général séparément les investissements directs à l’étranger et le montant des contrats de travaux réalisés à l’étranger. Il a rendu public le montant des contrats signés par les entreprises chinoises avec les pays riverains de janvier à juillet 2016 : 58,89 milliards de dollars, soit une augmentation de 19,1 % par rapport à la même période de l’année précédente et un chiffre qui représente 51,7 % des contrats signés pendant cette même période. Comme beaucoup de ces projets ont été financés par le gouvernement chinois, il n’est pas irrationnel de les classer parmi les investissements chinois à l’étranger.

En outre, pour des raisons de date de démarrage initial et de catégorisation différente, beaucoup de projets n’ont pas été recensés parmi les types susmentionnés, dont le Parc économique et industriel développé et exploité conjointement par la Chine et la Biélorussie. Tout cela montre que la Chine a investi des millions dans les régions riveraines des Nouvelles Routes de la Soie pour améliorer leur infrastructure et leur capacité industrielle. Malgré les différences en matière d’utilisation des capitaux dans ces régions, les investissements auront un effet positif. Les « premières récoltes » sont un signe saillant dans l’amélioration de l’apparence physique des pays concernés par cette initiative.

L’ impact psychologique

En plus du changement au niveau de la dimension physique, l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie a produit un impact psychologique sur les pays riverains et sur le reste du monde.

En effet, cette initiative est basée sur la logique selon laquelle la construction des infrastructures dans les régions riveraines leur apportera des bénéfices à long terme. Mais il est difficile d’évaluer ces bénéfices avec précision, à cause de leur extrême complexité. Au contraire, les grands risques et les investissements considérables sont faciles à voir, et sur le fond, ne correspondent pas aux attentes des intérêts économiques à court terme. Par conséquent, l’impact produit par l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie n’est pas toujours positif, il a soulevé des confusions, des doutes et même des oppositions. De plus, onsuppose que la Chine nourrit une intention stratégique d’« expansion de sa sphère d’influence » derrière cette initiative.

Dans la salle de contrôle de la production au Parc industriel de ferronickel de Tsingshan en Indonésie, un projet clé s’inscrivant dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie

Cependant, l’expérience de ces trois dernières années a bien présenté les traits directeurs de l’initiative : l’altruisme et la prédominance de la pratique. De plus en plus de pays voient l’espoir et les avantages de l’initiative, et ce changement psychologique les incite à s’intégrer de manière active et approfondie dans ce cadre de coopération.

Quel espoir ? Tout le monde sait que l’amélioration de l’infrastructure contribue au développement économique et au commerce. Mais pour des raisons d’environnement naturel et de géopolitique, de nombreuses régions du continent eurasiatique ne sont pas capables d’améliorer leurs infrastructures et de renforcer leur capacité industrielle en s’appuyant sur leurs propres mécanismes ou les mécanismes internationaux de coopération existants. Essentiellement, il est impossible ou très difficile pour ces régions d’améliorer les conditions physiques à travers la marchéisation basée sur des bénéfices à court terme ; en même temps, il est impossible à la communauté internationale, dans « l’anarchie », de fournir des capitaux revêtant le caractère des « produits publics » ou de « paiements de transfert gouvernementaux ». À cause de ces problèmes structurels, le développement économique balbutie dans ces régions depuis longtemps.

L’initiative des Nouvelles Routes de la Soie apporte justement une lumière d’espoir pour réaliser le développement de ces régions. Tout en fournissant des capitaux, elle stimule le dynamisme de ces régions. De nombreux pays qui s’intéressent à l’initiative sont même plus actifs que la Chine, bien qu’ils aient parfois avancé des propositions et idées difficiles à atteindre. Mais tant que l’on nourrit de l’espoir, l’État et la société pourront réellement agir.

Quelles sont les avantages ? Actuellement, l’« ancien mécanisme », représenté par la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, accorde trop d’attention à l’évitement du risque et à protéger les intérêts des pays investisseurs. Cela non seulement ne peut pas satisfaire les besoins de nombre de pays en matière de financement, mais restreint aussi les idées de développement de ceux-ci. Avec le lancement de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, la Chine a établi un nouveau mécanisme, dont la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), convertissant ses idées de développement en voies praticables à choisir pour d’autres pays. Bien sûr, les idées de développement préconisées par la Chine ne sont pas nécessairement plus avantageuses, mais elles présentent certainement des qualités dans la résolution de certains problèmes pratiques. Sans aucun doute, la concurrence bénéfique et la complémentarité entre les différents concepts pourront continuer à stimuler les ressources intellectuelles de l’humanité et le potentiel de gouvernance à l’avenir.

Tentatives utiles pour le monde

Après avoir compris l’influence de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie sur les pays riverains et le monde, on doit encore réaliser que cette initiative n’est pas le seul plan de développement et d’investissement de la Chine à l’étranger. Selon une étude de proportion des investissements, le pic d’investissements de la Chine dans les pays riverains est arrivé avant 2007. En 2016, grâce à l’entraînement des capitaux privés, les investissements chinois à l’étranger ont pris un nouvel essor, s’adressant principalement aux pays développés, non aux pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie. Selon les données du ministère du Commerce, de janvier à mai 2016, les investissements chinois en Amérique du Nord et en Océanie ont augmenté de 208 % et de 72,4 %, par rapport à la même période de l’année précédente, contre 62,8 % d’augmentation de l’investissement en Asie, 50,5 % en Amérique latine et 5 % en Afrique ; les investissements aux États-Unis ont notamment culminé pour dépasser les records précédents. Cela montre que la Chine recourt à divers moyens pour favoriser son propre développement, et atténuer les risques éventuels des investissements dans les projets dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie.

Dans une grande mesure, c’est en « se munissant de provisions » et en « assumant personnellement les risques » que la Chine vit une grande expérience de développement transnational. Bien que son objectif ultime soit de créer un environnement externe favorable pour le développement et la prospérité de la Chine, l’initiative reflète tout particulièrement le sens des responsabilités et des missions internationales de la Chine, qui se préoccupe des intérêts généraux à long terme.

Est-ce que l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie pourra bien jouer le rôle prévu par la Chine ? Cela dépendra de la volonté des gouvernements, entreprises et secteurs sociaux chinois et d’autres pays à continuer d’étudier et de s’améliorer. Ils seront également confrontés à des difficultés et défis. Néanmoins l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie sera une expérience utile pour le monde, elle offrira davantage de possibilités pour le continent eurasiatique et même pour le monde entier.

*XIAO HE, docteur, est un chercheur assistant du Bureau de la stratégie internationale de l’Institut de l’économie et de la politique mondiales de l’Académie des sciences sociales de Chine.