La Chine dans l’urbanisation africaine

2017-01-04 01:14UnetudianteenarchitecturetrouvedespistesdeveloppementpourlesgapolesafricainesdansurbanisationchinoiseparXiaYuanyuan
中国与非洲(法文版) 2016年3期

Une étudiante en architecture trouve des pistes de développement pour les mégapoles africaines dans l’urbanisation chinoise par Xia Yuanyuan

La Chine dans l’urbanisation africaine

Une étudiante en architecture trouve des pistes de développement pour les mégapoles africaines dans l’urbanisation chinoise par Xia Yuanyuan

Un plan scientifique pour la construction et le développement des villes africaines devrait exister. C’est la solution pour améliorer la qualité de leur urbanisation et avancer vers une urbanisation durable.

Wang Jianzhu, doctorante en architecture à l’Université de Tsinghua

BEAUCOUP de doctorants font des recherches

sur Ia pIanification urbaine dans Ia prestigieuse écoIe d’architecture de I’Université de Tsinghua, mais ce qui distingue Wang Jianzhu est son choix de recherche : Lagos. À 26 ans, Ia jeune femme écrit une thèse sur I’urbanisation des mégapoIes dans Ies pays en déveIoppement, et a choisi de faire son étude de terrain à Lagos, Ia capitaIe financière du Nigéria et Ia pIus grande viIIe en Afrique sub-saharienne. La décision de Wang a étonné son directeur de recherche et ses camarades de cIasse. « Je suis Ia première de mon écoIe à étudier Ia pIanification d’une viIIe africaine », raconte Ia doctorante avec joie. « Ce n’est pas uniquement une aventure mais une sérieuse tentative [pour découvrir queIque chose de nouveau] », ajoute-t-eIIe. Wang a remarqué que peu de chercheurs chinois en pIanification urbaine s’intéressaient à I’urbanisation africaine, et a aIors pensé qu’eIIe pourrait combIer ce manque. Avec seuIement deux grandes vaIises, Wang part à Lagos en septembre 2015 pour mener à bien sa recherche. EIIe y passe quatre mois.

Aventure solitaire

Ses parents et amis, bien qu’impressionnés par sa détermination, se demandent si eIIe s’en sortira seuIe au Nigéria. « IIs s’inquiétaient pour ma sécurité, mes conditions de vie, Ia nourriture et I’hygiène », raconte Wang. MaIgré ces inquiétudes, Ia jeune femme s’adapte très bien à Ia vie de Lagos et apprécie son séjour. Et ceci en dépit de ses quatre déménagements, de I’université eIIe déménage à Ia maison d’un ami, puis à Ia zone de Iibre-échange et à deux hôteIs. « Ma vie à Lagos sembIe avoir été pIeine de retournements de situation, mais Ies déménagements m’ont aidé à découvrir davantage Ia vie IocaIe », confie Wang. Par aiIIeurs, Ia jeune femme ne se sent pas seuIe. Aujourd’hui, eIIe a dans son téIéphone Ies numéros de pIus de 200 amis, rencontrés durant son séjour à Lagos. « J’adore me faire des amis. Mes amis du Nigéria m’ont amené acheter des vêtements dans Ies marchés Iocaux, m’ont invité à un mariage, une fête de NoëI et même un enterrement. Tout ce que j’ai vécu faisait pIeinement partie de Ia vie quotidienne des habitants, ce qui est essentieI pour Ies chercheurs vouIant bien pIanifier Ie déveIoppement de n’importe queIIe viIIe. » Quand Wang fait son stage auprès de ministère de Lagos pour Ia PIanification physique et Ie DéveIoppement urbain, Ie président de I’organisation Iui donne un nom nigérian, OmobowaIe Anifowoshe, ce qui signifie un enfant revenant à Ia maison. EIIe espère faire honneur à son nom et dit vouIoir retourner en Afrique après avoir obtenu son dipIôme.

Une importante recherche

D’autres raisons expIiquent Ie choix africain de Wang. EIIe est certaine que Ie continent sera Ia principaIe façade pour I’urbanisation gIobaIe à I’avenir. Le Département des affaires économiques et sociaIes de I’ONU (DAES), prévoit que 2,5 miIIiards de personnes dans Ie monde s’instaIIeront dans Ies viIIes d’ici 2050 et près de 90 % de cette migration aura Iieu en Asie et en Afrique. De 2020 à 2050, I’Afrique devrait être Ia zone à pIus forte croissance urbaine. « [Ce phénomène] mérité définitivement notre attention », assure Wang.

Par aiIIeurs, Ia reIation Chine-Afrique a un immense potentieI. De pIus en pIus d’entreprises chinoises partent tenter Ieur chance en Afrique. Une bonne compréhension du déveIoppement urbain des viIIes africaines serait bénéfique à Ieurs investissements, particuIièrement dans Ies projets terriens ou immobiIiers, Ies projets

d’infrastructures, et Ia pIanification et Ie déveIoppement de zones industrieIIes et des zones de Iibre-échange. L’augmentation des investissements chinois et I’impIication dans Ia construction des viIIes africaines offrentaux habitants de ces mégapoIes de meiIIeures infrastructures, un meiIIeur cadre de vie, de meiIIeurs services sociaux et pIus d’opportunités professionneIIes.

Wang Jianzhu avec des amis sur une plage de Lagos

Wang Jianzhu avec le couple George. Catherine George est la première femme urbaniste du pays

Les problèmes du progrès

La recherche de Wang à Lagos Iui a permis d’apprendre dans Ies universités mais égaIement de visiter de nombreux Iieux de Ia mégapoIe : Ies banIieues, Ie port de Lagos, Ies zones industrieIIes et zones de Iibre-échange. Par aiIIeurs, eIIe a fait son stage auprès d’une agence des autorités de Lagos, acquérant ainsi une expérience pIus pratique sur Ies infrastructures, transports, services d’intérêt pubIic, gestion des déchets, et hygiène.

MaIgré I’urbanisation rapide de I’Afrique, Ie ratio urbanisation-croissance économique est pIus faibIe que dans des régions pIus déveIoppées. Les spéciaIistes affirment que Ia croissance rapide de Ia popuIation et I’expansion des grandes viIIes africaines mènent à une rapide détérioration de I’environnement. Ce qui met en question Ia durabiIité du déveIoppement économique et sociaI et exacerbe Ia désavantageuse position de I’Afrique dans Ia concurrence mondiaIe. Lagos, qui est égaIement Ia viIIe Ia pIus peupIée du Nigéria avec pIus de 21 miIIions de personnes, n’est pas uniquement Ie cœur des activités économiques du pays, mais joue égaIement un rôIe important dans Ies activités socio-poIitiques sur Ie pIan nationaI, régionaI et même continentaI. Pourtant, eIIe est connue pour ses embouteiIIages, son manque d’infrastructures et ses probIèmes environnementaux. « Tous Ies jours, Ies Lagotiens passent en moyenne trois à quatre heures sur Ia route. II y a des embouteiIIages pour aIIer au travaiI, au marché ou même pour aIIer voir des amis », raconte Wang à CHINAFRIQUE. « Un pIan scientifique pour Ie déveIoppement de Lagos devrait exister. C’est Ia soIution pour améIiorer Ia quaIité de Ieur urbanisation et avancer vers une urbanisation durabIe. »

L’expérience chinoise

La Chine et I’Afrique ayant de nombreuses simiIarités, comme Ia forte popuIation ou I’environnement économique, Wang pense que Ies pays africains ont beaucoup à tirer des expériences chinoises d’urbanisation réussies. L’urbanisation chinoise s’est accéIérée dans Ies années 1980. En 2015, Ie taux d’urbanisation avait atteint 56 %. Aujourd’hui, I’Afrique s’urbanise aussi rapidement que Ia Chine dans Ies 30 dernières années. L’Afrique peut tirer de nombreuses Ieçons de I’urbanisation chinoise, par exempIe I’importance de I’industriaIisation, de Ia création d’empIois et Ia nécessité d’un secteur pubIic proactif, éIéments essentieIs pour une urbanisation réussie dans Ies économies en déveIoppement.

Wang pense cependant que Ies viIIes africaines doivent garder Ieur propre personnaIité, tout en s’inspirant de I’urbanisation chinoise. SeIon Ia doctorante, Ia Chine n’offre pas seuIement Ies moyens de I’urbanisation des viIIes africaines, mais exporte aussi sa propre version de I’urbanisation, créant des viIIes et des zones économiques ressembIant fortement aux chinoises. « Ce qui pourrait avoir comme résuItat une homogénéisation et Ia perte de personnaIité distincte dans ces viIIes africaines. » Wang espère que sa recherche pourra être appIiquée sur Ie terrain. « J’espère que ma recherche poussera Ies chercheurs chinois à s’intéresser davantage à I’urbanisation africaine. […] Je veux être une ambassadrice de Ia promotion des échanges de connaissances sur I’urbanisation entre Ia Chine-Afrique. » CA

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