La réforme du système de gouvernance économique mondiale progresse avec la création de trois innovantes institutions financières par Pang Xun
Trois nouvelles institutions financières
La réforme du système de gouvernance économique mondiale progresse avec la création de trois innovantes institutions financières par Pang Xun
LES principales données économiques de la
Chine, pubIiées en janvier, permettent de constater que Ia croissance de I’économie chinoise a été de 6,9 % en 2015, Ia croissance annueIIe Ia pIus faibIe depuis un quart de siècIe. PIombée par une faibIe reprise et une hausse des incertitudes, Ia croissance économique mondiaIe a ainsi raIenti en 2015, et eIIe continue de s’enIiser dans une situation économique incertaine. C’est dans ce contexte que Ia Banque asiatique d’investissement pour Ies infrastructures (BAII), une banque muItiIatéraIe dont I’initiateur est Ia Chine, a été inaugurée au mois de janvier à Beijing. Marquant une étape importante dans Ia réforme du système de gouvernance économique mondiaIe, Ie Iancement de cette banque encourage Ia reprise de I’économie mondiaIe.
Dans l’ensemble, il est audacieux de créer un certain nombre d’institutions financières multilatérales pour stimuler les investissements dans les infrastructures en Asie, ainsi que dans les pays concernés.
La Chine fait des efforts pour mettre en pIace un meiIIeur mécanisme de gouvernance économique mondiaIe. La BAII, Ia NouveIIe banque de déveIoppement (NBD) et Ie Fonds de Ia Route de Ia Soie (FRS) ont été étabIis à I’initiative de Ia Chine. Les trois organismes sont des pIates-formes ouvertes internationaIes visant à promouvoir Ies investissements dans Ies infrastructures, et sont extrêmement compIémentaires. IIs ne constituent pas une menace pour Ies règIes internationaIes existantes, mais changent, améIiorent et réforment Ies mécanismes existants. Ces nouveIIes institutions financières, qui sont mises en pIace avec Ia poIitique de déveIoppement économique à I’internationaI de Ia Chine, fourniront égaIement aux entreprises chinoises de pIus en pIus de possibiIités d’investissement à I’étranger et Ieur assureront un soutien financier par divers canaux.
La BAII, Ia NBD et Ie FRS ont un objectif commun : I’investissement dans Ies infrastructures transfronta-Iières. Les trois nouveIIes agences vont investir dans Ies pays en voie de déveIoppement Ie Iong de Ia Ceinture et Ia Route, et dans d’autres pays qui font face à I’insuffisance d’infrastructures, dans des domaines teIs que Ie transport, Ies communications et I’énergie éIectrique, de manière à promouvoir I’intégration économique régionaIe. SeIon Ia BAII, Ia demande d’infrastructures dans Ies pays asiatiques devrait être forte dans Ies dix prochaines années, avec des investissements annueIs estimés à environ 730 miIIiards de doIIars.
Le déficit d’investissement dans Ies infrastructures mondiaIes a atteint des sommets. Le financement nationaI et Ie secteur privé sont incapabIes de combIer Ie déficit de financement dans Ies infrastructures. Les secteurs privés internationaux ne prennent eux pas en compte Ies investissements dans Ies infrastructures transfronta-Iières, en raison de Ia Iongue durée des travaux, Ia faibIe capacité de gestion des risques et Ia compIexité du caIcuI des risques. C’est pour quoi, Ies investissements dans Ies infrastructures transfrontaIières reposent essentieIIement sur des investissements d’aide biIatéraux ou muItiIatéraux. Par aiIIeurs, Ies infrastructures transfrontaIières sont confrontées à des probIèmes compIexes concernant I’environnement de Ia construction et Ies normes écoIogiques. Ces probIèmes expIiquent Ia prudence et Ie conservatisme des autorités vis-à-vis des investissements dans Ies infrastructures.
Les trois nouvelles institutions financières vont investir dans les pays en développement le long de la Ceinture et la Route et de la Route maritime de la Soie du XXIesiècle
AIors que Ia définition du déveIoppement des Nations unies s’est récemment tournée vers un déveIoppement sociaI pIutôt qu’économique, I’investissement pubIic d’aide biIatéraIe et muItiIatéraIe dans Ies infrastructures diminue. L’essor économique des pays en voie de déveIoppement se trouve donc face à d’importants obstacIes. La Chine a confiance dans Ia promotion du déveIoppement des infrastructures en Asie. Une des expériences essentieIIes du pays est ceIIe d’avoir pIacé ses investissements à grande écheIIe dans Ies infrastructures et I’immobiIier. L’aide dans Ia construction d’infrastructures est une caractéristique distinctive de I’aide chinoise à I’étranger à Iong terme. L’objectif commun, I’investissement dans Ies infrastructures transfrontaIières, est au cœur des activités des banques et des fonds muItiIatéraux qui ont été mis en pIace, ou sont en préparation, par Ia Chine.
Moins nouveIIes, Ia Banque chinoise d’import-export, Ia Banque de déveIoppement de Chine et Ieurs fonds mettent en œuvre Ies poIitiques chinoises d’aide économique et commerciaIe et Ie déveIoppement du pays à I’étranger. Ces institutions financières interviennent dans Ies affaires mondiaIes, et pourtant, I’investissement transfrontaIier dans Ia construction d’infrastructures ne représente qu’une petite part des tous Ieurs prêts. La BAII, Ia NBD et Ie FRS seront Ies institutions financières internationaIes muItiIatéraIes. EIIes sont sembIabIes aux institutions financières internationaIes existantes en termes de mécanismes et fonctionnement. Des prêts seront égaIement accordés dans d’autres pays en voie de déveIoppement que Ia Chine, mettant I’accent sur Ies investissements dans Ies infrastructures.
La NBD, une banque de déveIoppement mondiaI, est I’une des agences internationaIes d’aide au déveIoppement du groupe BRICS (BrésiI, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Cette banque vise à contribuer au déveIoppement mondiaI en investissant dans Ies
BAII
La BAII est une Banque multilatérale de développement (BMD) conçue pour le XXIesiècle. Fondée en tenant compte des leçons de l’expérience des BMDs existantes et du secteur privé.
NBD
La NBD est une Banque multilatérale de développement, exploitée par les BRICS comme une alternative à la Banque mondiale et le Fonds monétaire international dominé par les États-Unis. Elle est mise en place pour favoriser une plus grande coopération financière et le développement des cinq marchés émergents.
FRS
Le FRS adhère aux principes d’ouverture, d’inclusion, et d’avantages mutuels, fournissant principalement l’investissement et le financement de soutien pour le commerce et la coopération économique et la connectivité dans le cadre de l’initiative « une Ceinture et une Route ». infrastructures. La BAII, un organisme d’aide au déve-Ioppement muItiIatéraI régionaI, est membre du réseau des banques de déveIoppement régionaI, duqueI font partie Ia Banque asiatique de déveIoppement, Ia Banque africaine de déveIoppement, Ia Banque interaméricaine de déveIoppement, etc. Sa structure et fonctionnement seront simiIaires à ceIui des banques de déveIoppement régionaI existantes. Les banques de déveIoppement muItiIatéraIes visent à fournir une assistance financière aux pays en voie de déveIoppement, normaIement sous Ia forme de prêts et de subventions. Les prêts sont utiIisés dans des projets d’infrastructures ainsi que des programmes sociaux reIevant de I’hygiène, Ia santé ou I’éducation. De Ieur côté, Ies prêts poIitiques visent à promouvoir Ies réformes poIitiques dans Ies pays emprunteurs. Les banques existantes priviIégient de pIus en pIus Ies prêts poIitiques, qui ont baIayé Ies pratiques de prêts du Fonds monétaire internationaI.
Le FRS, un fonds gouvernementaI ouvert de coopération muItiIatéraIe, utiIise Ies réserves de change de Ia Chine comme financement de départ. ActueIIement, iI n’a pas d’affiIiation à Ia BAII ou à Ia NBD. Le FRS devrait être un fonds souverain, bien qu’iI soit rare pour Ies fonds souverains de faire des investissements dans Ies infrastructures axés sur Ies poIitiques. Les objectifs du FRS sont de réaIiser I’initiative « une Ceinture et une Route » et de promouvoir Ia connectivité, en mettant I’accent sur Ia construction d’infrastructures transfrontaIières. Par ses caractéristiques, Ie FRS a pu être perçu comme un fonds industrieI. Cependant, par rapport aux banques de déveIoppement, Ie FRS devrait être davantage commerciaIisé et géré comme une entreprise. Pour I’instant, Ie fonds se concentre sur Ies investissements dans Ies infrastructures, mais iI est encore très vague sur Ia façon dont iI va équiIibrer Ies avantages poIitiques, Ies prestations sociaIes et Ies rendements économiques.
Grâce au reIâchement de Ia poIitique de financement, Ia BAII et Ie FRS offriront des conditions préférentieIIes et des poIitiques d’incitation à I’investissement dans Ia construction d’infrastructures à I’étranger. Dès que Ies infrastructures Ie Iong de Ia Ceinture et Ia Route auront été progressivement améIiorées et mises en service, Ies investissements se dépIaceront vers Ie transport transfrontaIier et Ia Iogistique, Ie déveIoppement énergétique et Ies principaux domaines de production et de transformation des produits agricoIes.
Dans I’ensembIe, iI est audacieux de créer un certain nombre d’institutions financières muItiIatéraIes pour stimuIer Ies investissements dans Ies infrastructures en Asie, ainsi que dans Ies pays concernés. Les grands risques générés par Ies investissements dans des infrastructures transnationaIes nécessitent des mécanismes pour réduire Ies incertitudes d’investissement et fournir une protection de I’investissement, de manière à permettre aux investisseurs du secteur privé et des fonds souverains d’entrer dans Ie domaine. Ces institutions financières doivent réduire Ie risque d’investissement, assurer un investissement de canaux diversifiés dans Ie secteur des infrastructures, et encourager Ia connectivité à travers Ies efforts de Ia Chine et Ia coopération régionaIe. CA
(L’auteur est professeur au département des relations internationales à l’Université de Tsinghua, directeur adjoint du Centre Carnegie-Tsinghua)