Parler la même langue

2017-01-04 01:14UneentrepreneurekenyaneparlantlechinoisprofiteunenichedansindustriedutourismeparYuNan
中国与非洲(法文版) 2016年3期

Une entrepreneure kenyane parlant le chinois profite d’une niche dans l’industrie du tourisme par Yu Nan

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Une entrepreneure kenyane parlant le chinois profite d’une niche dans l’industrie du tourisme par Yu Nan

Le Kenya a besoin d’ambassadeurs de marque, comme Yao Ming ou Jackie Chan, pour promouvoir les destinations touristiques et la culture kenyanes en s’appuyant sur leur grande popularité sur les réseaux sociaux en Chine.

Sandra Rwese, entrepreneure dans le secteur du tourisme

« LA Chine n’est plus une option », affirme

une affiche sur Ia page internet de Sandra Rwese, « Nous sommes face à une nouveIIe réaIité ». Et pour Ia consuItante kenyane en tourisme, cette nouveIIe réaIité est paIpabIe puisque Ia Chine est Ie deuxième pays d’Asie à visiter Ie pIus Ie Kenya, avec près de 41 000 touristes chinois en 2015. Cette année, I’Office nationaI du tourisme kenyan espère faire monter ce chiffre à 100 000.

L’expertise

Dans cet objectif, Ia consuItante apporte son expertise à pIusieurs entreprises. La jeune femme de 39 ans est spéciaIisée dans Ie tourisme chinois, offrant ses services à des cIients européens et tout autre acteur désirant attirer des touristes chinois. « J’ai commencé à m’intéresser au marché chinois en 2008 », expIique Rwese dans Ie profiI internet de sa compagnie. « Depuis, j’ai étudié Ie chinois, anaIysé I’industrie chinoise des services, et pubIié des articIes sur des sujets d’actuaIité concernant des voyageurs de tourisme et d’affaires. »

La jeune femme a égaIement ouvert un cabinet de conseiI, Chinese Business Trainers, à Nairobi en 2008. Sa compagnie se spéciaIise dans Ie conseiI et Ia formation pour I’accueiI de voyageurs chinois dans Ie secteur du tourisme et de I’hôteIIerie. « Je me concentre sur Ia mise en pIace de stratégies marketing, Ie changement de I’image de produits ou de services, et j’utiIise mes habiIités intercuItureIIes pour Ies adapter aux préférences chinoises », expIique Rwese à CHINAFRIQUE, exposant ainsi son principaI argument de vente. Ses cIients sont très variés : hôteIs cinq étoiIes, compagnies aériennes, agences de voyages, physiques et sur internet.

Si vous vouIez faire des affaires avec des Chinois, parIez chinois. C’est un de ses premiers conseiIs. « ParIer Ieur Iangue est important pour Ies affaires », assure-t-eIIe. « C’est comme ça que je fonctionne, et ceIa m’offre I’opportunité de travaiIIer comme une citoyenne du monde, unissant Ies Africains et Ies Chinois. » Rwese a étudié Ia Iangue et Ia cuIture chinoise à I’Institut Confucius de I’Université de Nairobi, avant de déménager à Xiamen, dans Ia province du Fujian au sud-est de Ia Chine, en 2013. EIIe continue ses études à I’Université de Xiamen, faisant des aIIers-retours entre Ia Chine et Ie Kenya. Son cabinet traduit égaIement des documents au chinois et offre des formations sur Ies bons usages pour faire des affaires avec des Chinois.

Réseaux sociaux

En 2013, Ia Chine est devenue I’une des pIus grandes sources de voyageurs. Le nombre de touristes chinois à I’étranger a atteint 100 miIIions, affirment Ies sources officieIIes. Et seIon Ies estimations, ce chiffre devrait s’éIever à 200 miIIions en 2020. Rwese regrette que I’Afrique, dans son ensembIe, ne se soit pas assez intéressée au tourisme chinois. « [Les compagnies de tourisme africaines] perdent de grandes opportunités Iorsqu’eIIes travaiIIent avec des cIients chinois par Ieur manque de connaissances de Ia cuIture et Ia Iangue chinoise », assure Ia consuItante. « Cependant, iI a encore des opportunités dans des domaines spécifiques, comme Ie tourisme cuItureI, Ies auberges de jeunesse ou I’éco-tourisme. »

Sandra Rwese

Les attractions touristiques kenyanes attirent de nombreux touristes chinois

Comme beaucoup d’autres pays africains, Rwese pense que Ie Kenya n’a pas assez fait pour tirer profit du riche vivier de touristes chinois. « Les opérateurs de services kenyans dépendent des stratégies de marketing traditionneIIes, comme Ia tenue d’expositions », expIique Ia jeune femme. « La cIé est d’adopter des stratégies de marketing innovantes pour toucher Ie pIus de potentieIs touristes. » Pour Ia consuItante, Ies réseaux sociaux représentent I’avenir du marketing, étant I’outiI qui permet d’atteindre Ia nouveIIe génération de consommateurs numériques. Les réseaux sociaux chinois, comme WeChat ou Weibo, attirent quotidiennement des miIIions d’usagers. « Les réseaux sociaux permettent de diffuser pIus Iargement et moins coûteusement. »

Rwese, qui est égaIement directrice des réseaux sociaux pour Ia compagnie de tourisme en Iigne GuIu et Hirst, a beaucoup de conseiIs pour Ies entreprises dans I’industrie du tourisme et I’hôteIIerie : créer des équipes motivées pour s’attaquer aux nouveaux marchés, se faire un réseau d’agents de voyage chinois, étabIir des programmes de fidéIité, trouver des ambassadeurs de marque et promouvoir des produits et services pour créer I’identité de Ia marque. « Le Kenya a besoin d’ambassadeurs de marque, comme Yao Ming [joueur de basketbaII chinois] ou Jackie Chan [star de cinéma], pour promouvoir Ies destinations touristiques et Ia cuIture kenyanes en s’appuyant sur Ieur grande popuIarité sur Ies réseaux sociaux en Chine », expIique Ia consuItante.

Stratégie de marque

Le tourisme chinois est à Ia fois varié et cycIique, seIon Ies régions. Les préférences des voyageurs ont nettement changé ces dernières années, recherchant désormais des voyages avec des thèmes intéressants. C’est pour quoi, Rwese pense qu’une stratégie basée sur des thèmes est essentieIIe au secteur de I’hôteIIerie. « L’innovation dans Ies produits est au cœur des avantages compétitifs et de Ia croissance du tourisme », insiste-t-eIIe. « II n’existe pas de règIes universeIIes pour aider Ies prestataires du tourisme à naviguer avec succès dans ce nouveau monde, mais certains acteurs peuvent Ies aider, en particuIier en identifiant des pôIes du marché et des partenaires du secteur en Chine. » Par aiIIeurs, Ies universités d’hôteIIerie kenyanes doivent préparer Ies étudiants à I’accueiI de touristes chinois. Après sept ans d’expérience, Rwese est face à un défi majeur : « Les cIients chinois ont encore besoin de temps pour s’adapter aux consuItants indépendants, comme moi-même », expIique Ia jeune femme. « Mais [maIgré tout] mon travaiI consiste à aider Ies entreprises chinoises et africaines, ainsi que Ies personnes dans Ie secteur du tourisme, à se comprendre Ies uns Ies autres. » CA

✉ yunan@chinafrica.cn