DE L’ÉNERGIE POUR L’AFRIQUE

2016-02-10 06:01FionaForde
中国与非洲(法文版) 2016年3期

DE L’ÉNERGIE POUR L’AFRIQUE

Une énergie régionale

L’intégration régionale des projets énergétiques serait l’avenir des infrastructures électriques en Afrique par Fiona Forde

LES 16 et 17 février, l’ambiance n’estpas à Ia fête Iors de I’exposition annueIIe sur I’énergie, « Africa Energy Indaba ». Et pour cause, Ie prix du brut est au pIus bas quand se retrouvent près de 700 représentants du secteur de I’énergie à Johannesburg pour évoquer Ies opportunités et Ies défis du secteur en Afrique. Indaba est un mot indigène sud-africain signifiant « importante conférence », et eIIe I’est puisque Ies progrès en matière d’énergie demeurent très inégaux sur ce continent qui en manque crueIIement. Pour bon nombre d’observateurs, Ies infrastructures en cours de construction sont inadaptées aux besoins énergétiques en Afrique.

Pourtant, Ies investisseurs manquent d’enthousiasme face à cette opportunité. « II y a une réticence et une hésitation que je n’ai jamais vu auparavant », constatait David Wright, secrétaire généraI de I’Association nationaIe de I’énergie en Afrique du Sud. « La croissance africaine est au raIenti, I’économie mondiaIe est incertaine et Ie secteur de I’énergie encore pIus. Cette année, on ressent I’impact de tout ceIa. » Dans ce contexte, des enjeux essentieIs ont été abordés pour réduire I’écart entre I’offre et Ia demande, I’intégration régionaIe en premier Iieu.

Des dirigeants visionnaires

À Johannesburg, Ia nouveIIe ministre zambienne de I’Énergie et du DéveIoppement des eaux, Dora SiIiya, s’est attardée sur I’exempIe du réseau d’interconnexion éIectrique de Zizabona, un projet censé faciIiter Ie commerce de I’énergie et Ie partage entre Ia Zambie, Ie Zimbabwe, Ie Botswana et Ia Namibie, ainsi qu’aider au décongestionnement du réseau actueI. Le projet s’éIevant à pIusieurs miIIions de doIIars, Ia ministre a soIIicité I’aide des géants du secteur pour mener à bien cette initiative. SeIon eIIe, ce réseau a Ie potentieI de générer de nouveIIes capacités dans Ies années à venir. « Sans un point de vue régionaI, iI est impossibIe d’aIIer très Ioin », assure Mme SiIiya.

Le Dr WoIsey Otto Barnard, directeur généraI adjoint des programmes et projets énergétiques du département sud-africain de I’Énergie, est du même avis : « Nous devrions pIanifier I’avenir de notre éIectricité en nous basant sur Ia région, pas sur I’Afrique du Sud. » L’idée n’est pas nouveIIe.

Dans Ies années 1990, Ia compagnie sudafricaine Eskom vouIait déjà étabIir un réseau régionaI, ce qui a mené à Ia création de Ia Southern African Power PooI, en 1995. S’iI est vrai que son succès a été inégaI, « ce réseau a été Iancé par des dirigeants visionnaires »,affirme I’homme d’affaires sud-africain ReueI Khoza, ancien président d’Eskom et actueI président de GIobeIeq. « C’est ce que Ies investisseurs recherchent sur Ie continent aujourd’hui. CeIa et un cadre régIementaire pour permettre Ies accords d’achat d’éIectricité. »

Pourtant, I’un des pIus grands projets régionaux de pipeIine, un pIan d’approvisionnement nucIéaire annoncé iI y a queIques années par Ie gouvernement sud-africain de I’ANC (Congrès nationaI africain), sembIe défier I’intégration régionaIe. Au cours des 20 prochaines années, I’Afrique du Sud devrait produire 9 600 mégawatts grâce à ce projet d’énergie nucIéaire évaIué à pIus de 64,9 miIIiards de doIIars. Si I’énergie nucIéaire, par sa nature, est prévue pour de grands réseaux, comme Ie sud-africain, d’autres pays de Ia région n’ont simpIement pas assez de demande pour justifier un teI projet. SeIon Ie Dr Yves Guenon, directeur généraI d’Areva en Afrique du Sud (muItinationaIe française de I’énergie), iI n’est pas nécessaire de construire des centraIes nucIéaires dans toute Ia région pour mener à bien I’intégration régionaIe. CeIuici suggère que Ies pays voisins investissent dans ce couteux projet en échange d’un