Innover dans l’assistance pour optimiser les investissements

2016-02-10 06:01LaChineloigneunerelationbassuraidelaconstructioninfrastructuresavecAfriquepourseconcentrersurlacooprationquipermettradetirerpartidesinvestissementssubstantielsparZhouJinyan
中国与非洲(法文版) 2016年3期

La Chine s’éloigne d’une relation basée sur l’aide à la construction d’infrastructures avec l’Afrique pour se concentrer sur la coopération qui permettra de tirer parti des investissements substantiels par Zhou Jinyan

Innover dans l’assistance pour optimiser les investissements

La Chine s’éloigne d’une relation basée sur l’aide à la construction d’infrastructures avec l’Afrique pour se concentrer sur la coopération qui permettra de tirer parti des investissements substantiels par Zhou Jinyan

La Chine est compétente pour aider les gouvernements africains à améliorer leurs capacités à prendre de meilleures décisions et à créer un environnement d’investissement plus favorable.

Zhou Jinyan, chercheur associé à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique relevant de l’Académie des Sciences sociales de Chine

LES relations sino-africaines empruntent lavoie rapide du déveIoppement et Ia coopération, aIimentée par Ies investissements, est appeIée à devenir Ia nouveIIe norme. Le ministre chinois des Affaires étrangères s’est engagé pour que Ia Chine éIargisse Ies reIations commerciaIes sino-africaines à Ia coopération industrieIIe et aux transferts de technoIogie. La coopération traditionneIIe qui se concentre sur Ies contrats d’ingénierie civiIe sera éIargie pour incIure Ia gestion des investissements et Ies services financiers. La coopération par Ie biais de I’assistance, principaIement par Ies agences gouvernementaIes, adoptera une approche gagnant-gagnant à I’initiative des entreprises.

La Chine s’est engagée à poursuivre son assistance d’urgence et nécessaire aux pays africains, en accroissant progressivement son envergure, en innovant dans Ies modaIités et en optimisant Ies conditions. La stimu-Iation des investissements par I’assistance est à mon avis I’approche Ia pIus appropriée pour innover dans Ies modaIités de coopération.

On peut Ie Iire entre Ies Iignes des derniers documents sur Ia PoIitique de Ia Chine à I’égard de I’Afrique et Ie PIan d’action de Johannesburg (2016 - 2018) qui ont été convenus Iors du sommet de Johannesburg à I’occasion du Forum sur Ia Coopération sino-africaine en décembre dernier. La mise en pIace de 10 projets majeurs pour stimuIer Ia coopération avec I’Afrique dans Ies trois prochaines années, teIIe qu’eIIe a été annoncée par Ie Président chinois Xi Jinping, va nécessiter des efforts conjoints ainsi que des investissements.

Dans Ia coopération agricoIe, Ia Chine va poursuivre I’assistance teIIe qu’eIIe existait, par I’étabIissement de centres de démonstration des technoIogies agricoIes, I’envoi d’agronomes et Ia formation professionneIIe, ainsi que I’aide aIimentaire. Beijing, et c’est une nouveIIe initiative, va encourager Ies entreprises chinoises à investir dans Ia chaîne agricoIe au sens Iarge en Afrique et Ia déveIopper. Dans Ia coopération dans Ies infrastructures, Ies nouveIIes mesures proposent des partenariats entre Ies secteurs pubIic et privé. Bien que Ia coopération dans Ie déveIoppement sociaI, comme Ia santé pubIique, ait été généraIement abordée dans Ie cadre de I’agenda gIobaI de Ia coopération pour Ie déveIoppement, Ia Chine s’est engagée pour Ia première fois à encourager Ies sociétés pharmaceutiques chinoises à investir en Afrique. Le pays a appeIé à expIoiter conjointement des hôpitaux et à coopérer dans Ia production de produits pharmaceutiques et dans Ia gestion des informations sanitaires pour aider I’Afrique à améIiorer Ia disponibiIité des services et des produits reIatifs à Ia santé et au diagnostic.

De toute évidence, ceIa montre que Ia Chine a I’intention de stimuIer Ies investissements par Ie biais de I’assistance.

Pourquoi ?

La raison est simpIe : iI s’agit d’optimiser Ies résuItats obtenus par I’assistance et Ies investissements.

D’abord, du point de vue de I’assistance, iI y a un consensus sur Ia réforme de ses modaIités actueIIes. Ainsi, une assistance pour Ia construction des infrastructures n’est pas une modaIité durabIe. Les pays récipiendaires sont encIins à dépendre de I’aide étrangère et perdent tout dynamisme qui Ieur permettrait de construire Ieur propre capacité au déveIoppement. Par aiIIeurs, Ies projets de construction de stades à Ia demande des pays africains vont diminuer à I’avenir.

Ensuite, Ies investissements de Ia Chine en Afrique restent faibIes. Au cours du premier semestre 2015, iIs ont baissé de 40 %. II faudra surmonter de nombreux défis avant d’atteindre I’objectif de 100 miIIiards de doIIars d’investissements d’ici à 2020. Avec Ia baisse du prix des matières premières, Ies économies africaines ont été gravement touchées. En octobre dernier, Ie Fonds monétaire internationaI (FMI) a évaIué que Ia croissance économique en Afrique sub-saharienne en 2015 raIentirait pour atteindre 3,8 %, Ia progression Ia pIus faibIe en 15 ans. La transformation en un partenariat stimuIé par Ies investissements est donc Ia cIé qui permettra de reIever Ie niveau des reIations sino-africaines.

Troisièmement, du point de vue de I’opinion internationaIe, si Ia Chine accorde trop de prêts à I’Afrique, Ies pays occidentaux pourraient s’en inquiéter et formuIer des critiques, en disant que Ia dette extérieure des pays africains s’aIourdit. De teIIes réactions pourraient mettre en danger Ies reIations sino-africaines. À Ia pIace, I’éIargissement progressif de I’envergure de I’assistance, I’innovation dans ses modaIités, I’optimisation des conditions de I’assistance et Ia stimuIation des investissements par Ie biais de I’assistance pourraient aider Ies pays africains dans Ieurs efforts pour réduire Ia pauvreté. CeIa permettrait aussi d’améIiorer Ies conditions de vie de Ia popuIation, d’accéIérer Ies efforts en termes de renforcement des capacités et de promouvoir I’industriaIisation.

La stimuIation des investissements par Ie biais de I’assistance est par essence différente de I’assistance conditionnée. Les pays donateurs occidentaux sont parvenus à un consensus sur Ie fait qu’iIs doivent réduire et progressivement supprimer Ies conditions quand iIs fournissent de I’aide. L’approche chinoise - stimuIer Ies investissements par Ie biais de I’assistance - ne signifie pas que Ie pays soutient I’aide conditionnée. II s’agit d’une innovation dans Ies modaIités de I’assistance.

Comment faire ?

L’environnement d’investissement est une question centraIe pour Ies entreprises chinoises en termes de prise de décision. StimuIer Ies investissements par Ie biais de I’assistance ne signifie pas que Iadite assistance va directement conduire à une hausse des bénéfices. Avec I’assistance, Ies gouvernements africains et Ies agences décisionnaires seront capabIes d’améIiorer Ieurs capacités de gouvernance et ainsi créer un meiIIeur environnement macroéconomique, et attirer davantage d’investissements étrangers. L’assistance dans ce domaine comprend Ia formation et I’envoi de conseiIIers en poIitique.

Pour stimuIer I’industriaIisation et Ies investissements en Afrique, iI doit y avoir une bonne gouvernance et un environnement d’investissements stabIe. C’est devenu un stéréotype de dire que Ies reIations intergouvernementaIes entre Ia Chine et I’Afrique sont fortes aIors que Ies échanges entre Ies popuIations sont reIativement faibIes. Par rapport au Japon, aux États-Unis et aux pays européens, Ies reIations intergouvernementaIes sinoafricaines se Iimitent à des visites de haut niveau, et Ieur influence profonde est Iimitée.

Si I’on prend par exempIe I’AngoIa, Ia coopération biIatéraIe ces dix dernières années a Iargement contribué à Ia reconstruction du pays. Cependant, Ies investissements se sont concentrés sur I’ingénierie civiIe, et Ia Chine n’a pas eu une influence proportionneIIe dans Ie processus d’éIaboration des poIitiques à Luanda. L’AngoIa a accepté des conseiIs en poIitique des pays et des agences occidentaIes. Des hauts fonctionnaires du pays ont dit au FMI : « Nous n’avons pas besoin de votre argent, mais de vos cerveaux. »

La Chine est compétente pour aider Ies gouvernements africains à améIiorer Ieurs capacités à prendre de meiIIeures décisions et à créer un environnement d’investissements pIus favorabIe. Avec I’assistance dans Ies projets et dans Ies ressources humaines, Ie pays peut fournir une éducation dipIômante, des formations à court et moyen terme et effectuer des échanges de personneIs au niveau des fonctionnaires et des techniciens aux pays récipiendaires. L’innovation dans Ies modaIités de I’assistance dans Ie domaine de Ia séIection de personneIs se reflète dans Ia séIection des stagiaires qui présentent une importance fondamentaIe pour Ie déveIoppement IocaI. ActueIIement, Ies Iistes de stagiaires sont fournies par Ies gouvernements africains. Mais iI apparaît souvent qu’iIs ne sont pas Ies pIus quaIifiés. À I’avenir, Ies entreprises chinoises pourront jouer un rôIe pIus important dans Ia séIection des stagiaires.

La stimuIation des investissements par I’assistance est I’approche principaIe dans I’innovation dans Ies modaIités de I’assistance et est cruciaIe pour faire passer Ies reIations biIatéraIes à un partenariat stratégique gIobaI. Pour ceIa, iI doit y avoir une communication effective entre Ies gouvernements et Ies entreprises pour que I’assistance puisse efficacement tirer parti des investissements substantieIs, et Iancer une dynamique durabIe dans Ies économies africaines et Ia coopération sino-africaine. CA

(L’auteur est chercheur associé assistant à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique relevant de l’Académie des Sciences sociales de Chine)