玛丽·凯瑟琳娜·德奥努瓦/著 杨宇/译
Il était une fois un pauvre laboureur, qui se voyant sur le point de mourir, ne voulut laisser dans sa succession aucun sujet de dispute à son fils et à sa fille quil aimait tendrement. ? Votre mère mapporta, leur dit-il, pour dot, deux escabelles et une paillasse. Les voilà avec ma poule, un pot d?illets, et un jonc dargent qui me fut donné par une grande dame qui séjourna dans ma pauvre chaumière; elle me dit en partant: ? Mon bon homme, voilà un don que je vous fais; soyez soigneux de bien arroser les ?illets, et de bien serrer la bague. Au reste, votre fille sera dune incomparable beauté, nommez-la Fortunée, donnez-lui la bague et les ?illets, pour la consoler de sa pauvreté ?; ainsi, ajouta le bon homme, ma Fortunée, tu auras lun et lautre, le reste sera pour ton frère. ?
Les deux enfants du laboureur parurent contents: il mourut. Ils pleurèrent, et les partages se firent sans procès. Fortunée croyait que son frère laimait; mais ayant voulu prendre une des escabelles pour sasseoir: ? Garde tes ?illets et ta bague, lui dit-il, dun air farouche, et pour mes escabelles ne les dérange point, jaime lordre dans ma maison. ? Fortunée qui était très douce, se mit à pleurer sans bruit; elle demeura debout, pendant que Bedou (cest le nom de son frère) était mieux assis quun docteur.
Lheure de souper vint, Bedou avait un excellent ?uf frais de son unique poule, il en jeta la coquille à sa s?ur. ?Tiens, lui dit-il, je nai pas autre chose à te donner; si tu ne ten accommodes point, va à la chasse aux grenouilles, il y en a dans le marais prochain. ? Fortunée ne répliqua rien. Quaurait-elle répliqué ? Elle leva les yeux au ciel, elle pleura encore, et puis elle entra dans sa chambre. Elle la trouva toute parfumée, et ne doutant point que ce ne f?t lodeur de ses ?illets, elle sen approcha tristement, et leur dit: ? Beaux ?illets, dont la variété me fait un extrême plaisir à voir, vous qui fortifiez mon c?ur affligé, par ce doux parfum que vous répandez, ne craignez point que je vous laisse manquer deau, et que dune main cruelle, je vous arrache de votre tige; jaurai soin de vous, puisque vous êtes mon unique bien. ? En achevant ces mots, elle regarda sils avaient besoin dêtre arrosés; ils étaient fort secs. Elle prit sa cruche, et courut au clair de la lune jusquà la fontaine, qui était assez loin.
Comme elle avait marché vite, elle sassit au bord pour se reposer; mais elle y fut à peine, quelle vit venir une dame, dont lair majestueux répondit bien à la nombreuse suite qui laccompagnait; six filles dhonneur soutenaient la queue de son manteau; elle sappuyait sur deux autres; ses gardes marchaient devant elle, richement vêtus de velours amarante, en broderie de perles: on portait un fauteuil de drap dor, où elle sassit, et un dais de campagne, qui fut bient?t tendu; en même temps on dressa le buffet, il était tout couvert de vaisselle dor et de vases de cristal. On lui servit un excellent souper au bord de la fontaine, dont le doux murmure semblait saccorder à plusieurs voix, qui chantaient ces paroles:
Nos bois sont agités des plus tendres zéphirs,
Flore brille sur ces rivages;
Sous ces sombres feuillages
Les oiseaux enchantés expriment leurs désirs.
Occupez-vous à les entendre;
Et si votre c?ur veut aimer,
Il est de doux objets qui peuvent vous charmer:
On fera gloire de se rendre.
Fortunée se tenait dans un petit coin, nosant remuer, tant elle était surprise de toutes les choses qui se passaient. Au bout dun moment, cette grande reine dit à lun de ses écuyers: ? Il me semble que japer?ois une bergère vers ce buisson, faites-la approcher. ? Aussit?t Fortunée savan?a, et quelque timide quelle f?t naturellement, elle ne laissa pas de faire une profonde révérence à la reine, avec tant de gr?ce, que ceux qui la virent en demeurèrent étonnés; elle prit le bas de sa robe quelle baisa, puis elle se tint debout devant elle, baissant les yeux modestement; ses joues sétaient couvertes dun incarnat qui relevait la blancheur de son teint, et il était aisé de remarquer dans ses manières cet air de simplicité et de douceur, qui charme dans les jeunes personnes.
? Que faites-vous ici, la belle fille, lui dit la reine, ne craignez-vous point les voleurs ?
— Hélas ! madame, dit Fortunée, je nai quun habit de toile, que gagneraient-ils avec une pauvre bergère comme moi ?
— Vous nêtes donc pas riche ? reprit la reine en souriant.
— Je suis si pauvre, dit Fortunée, que je nai hérité de mon père quun pot d?illets et un jonc dargent.
— Mais vous avez un c?ur, ajouta la reine, si quelquun voulait vous le prendre, voudriez-vous le donner ?
— Je ne sais ce que cest que de donner mon c?ur, madame, répondit-elle, jai toujours entendu dire que sans son c?ur on ne peut vivre, que lorsquil est blessé il faut mourir, et malgré ma pauvreté, je ne suis point f?chée de vivre.
— Vous aurez toujours raison, la belle fille, de défendre votre c?ur. Mais, dites-moi, continua la reine, avez-vous bien soupé ?
— Non, madame, dit Fortunée, mon frère a tout mangé.?
La reine commanda quon lui apport?t un couvert, et la faisant mettre à table, elle lui servit ce quil y avait de meilleur. La jeune bergère était si surprise dadmiration, et si charmée des bontés de la reine, quelle pouvait à peine manger un morceau.
? Je voudrais bien savoir, lui dit la reine, ce que vous venez faire si tard à la fontaine ?
— Madame, dit-elle, voilà ma cruche, je venais quérir de leau pour arroser mes ?illets. ?
En parlant ainsi, elle se baissa pour prendre sa cruche qui était auprès delle; mais lorsquelle la montra à la reine, elle fut bien étonnée de la trouver dor, toute couverte de gros diamants, et remplie dune eau qui sentait admirablement bon. Elle nosait lemporter, craignant quelle ne f?t pas à elle. ? Je vous la donne, Fortunée, dit la reine; allez arroser les fleurs dont vous prenez soin, et souvenez-vous que la reine des Bois veut être de vos amies. ? A ces mots, la bergère se jeta à ses pieds.
? Après vous avoir rendu de très humbles gr?ces, madame, lui dit-elle, de lhonneur que vous me faites, jose prendre la liberté de vous prier dattendre ici un moment, je vais vous quérir la moitié de mon bien, cest mon pot d?illets, qui ne peut jamais être en de meilleures mains que les v?tres.
—Allez, Fortunée, lui dit la reine, en lui touchant doucement les joues, je consens de rester ici jusquà ce que vous reveniez. ? Fortunée prit sa cruche dor, et courut dans sa petite chambre; mais pendant quelle en avait été absente, son frère Bedou y était entré, il avait pris le pot d?illets, et mis à la place un grand chou. Quand Fortunée aper?ut ce malheureux chou, elle tomba dans la dernière affliction, et demeura fort irrésolue si elle retournerait à la fontaine. Enfin elle sy détermina, et se mettant à genoux devant la reine: ? Madame, lui dit-elle, Bedou ma volé mon pot d?illets, il ne me reste que mon jonc; je vous supplie de le recevoir comme une preuve de ma reconnaissance.
—Si je prends votre jonc, belle bergère, dit la reine, vous voilà ruinée ?
—Ha ! madame, dit-elle, avec un air tout spirituel, si je possède vos bonnes gr?ces, je ne puis me ruiner. ?
La reine prit le jonc de Fortunée, et le mit à son doigt; aussit?t elle monta dans un char de corail, enrichi démeraudes, tiré par six chevaux blancs, plus beaux que lattelage du soleil. Fortunée la suivit des yeux, tant quelle put; enfin les différentes routes de la forêt la dérobèrent à sa vue. Elle retourna chez Bedou, toute remplie de cette aventure. La première chose quelle fit en entrant dans la chambre, ce fut de jeter le chou par la fenêtre. Mais elle fut bien étonnée dentendre une voix, qui criait: ? Ha ! je suis mort. ? Elle ne comprit rien à ces plaintes, car ordinairement les choux ne parlent pas. Dès quil fut jour, Fortunée, inquiète de son pot d?illets, descendit en bas pour laller chercher; et la première chose quelle trouva, ce fut le malheureux chou; elle lui donna un coup de pied, et disant:
? Que fais-tu ici, toi qui te mêles de tenir dans ma chambre la place de mes ?illets ?
— Si lon ne my avait pas porté, répondit le chou, je ne me serais pas avisé de ma tête dy aller. ? Elle frissonna, car elle avait grandpeur; mais le chou lui dit encore: ? Si vous voulez me reporter avec mes camarades, je vous dirai en deux mots que vos ?illets sont dans la paillasse de Bedou. ?
Fortunée, au désespoir, ne savait comment les reprendre; elle eut la bonté de planter le chou, et ensuite elle prit la poule favorite de son frère, et lui dit:
? Méchante bête, je vais te faire payer tous les chagrins que Bedou me donne.
—Ha! bergère, dit la poule, laissez-moi vivre, et comme mon humeur est de caqueter, je vais vous apprendre des choses surprenantes.Ne croyez pas être fille du laboureur chez qui vous avez été nourrie; non, belle Fortunée, il nest point votre père; mais la reine qui vous donna le jour, avait déjà eu six filles; et comme si elle e?t été la ma?tresse davoir un gar?on, son mari et son beau-père lui dirent quils la poignarderaient, à moins quelle ne leur donn?t un héritier.
La pauvre reine affligée devint grosse; on lenferma dans un ch?teau, et lon mit auprès delle des gardes, ou pour mieux dire, des bourreaux, qui avaient ordre de la tuer, si elle avait encore une fille. Cette princesse alarmée du malheur qui la mena?ait, ne mangeait et ne dormait plus; elle avait une s?ur qui était fée; elle lui écrivit ses justes craintes; la fée étant grosse, savait bien quelle aurait un fils. Lorsquelle fut accouchée, elle chargea les zéphirs dune corbeille, où elle enferma son fils bien proprement, et elle leur donna ordre quils portassent le petit prince dans la chambre de la reine, afin de le changer contre la fille quelle aurait: cette prévoyance ne servit de rien, parce que la reine ne recevant aucune nouvelle de sa s?ur la fée, profita de la bonne volonté dun de ses gardes, qui en eut pitié, et qui la sauva avec une échelle de cordes.
Dès que vous f?tes venue au monde, la reine affligée cherchant à se cacher, arriva dans cette maisonnette, demi-morte de lassitude et de douleur; jétais laboureuse, dit la poule, et bonne nourrice, elle me chargea de vous, et me raconta ses malheurs, dont elle se trouva si accablée, quelle mourut sans avoir le temps de nous ordonner ce que nous ferions de vous.
Comme jai aimé toute ma vie à causer, je nai pu mempêcher de dire cette aventure; de sorte quun jour il vint ici une belle dame, à laquelle je contai tout ce que jen savais. Aussit?t, elle me toucha dune baguette, et je devins poule, sans pouvoir parler davantage: mon affliction fut extrême et mon mari qui était absent dans le moment de cette métamorphose, nen a jamais mais rien su.
A son retour, il me chercha partout; enfin il crut que jétais noyée, ou que les bêtes des forêts mavaient dévorée. Cette même dame qui mavait fait tant de mal, passa une seconde fois par ici; elle lui ordonna de vous appeler Fortunée, et lui fit présent dun jonc dargent et dun pot d?illets; mais comme elle était céans, il arriva vingt-cinq gardes du roi votre père, qui vous cherchaient avec de mauvaises intentions: elle dit quelques paroles, et les fit venir des choux verts, du nombre desquels est celui que vous jet?tes hier au soir par votre fenêtre. Je ne lavais point entendu parler jusquà présent, je ne pouvais parler moi-même, jignore comment la voix nous est revenue. ? La princesse demeura bien surprise des merveilles que la poule venait de lui raconter; elle était encore pleine de bonté, et lui dit:
?Vous me faites grandpitié, ma pauvre nourrice, dêtre devenue poule, je voudrais fort vous rendre votre première figure, si je le pouvais; mais ne désespérons de rien, il me semble que toutes les choses que vous venez de mapprendre, ne peuvent demeurer dans la même situation. Je vais chercher mes ?illets, car je les aime uniquement. ?
Bedou était allé au bois, ne pouvant imaginer que Fortunée savis?t de fouiller dans sa paillasse; elle fut ravie de son éloignement, et se flatta quelle ne trouverait aucune résistance, lorsquelle vit tout dun coup une grande quantité de rats prodigieux, armés en guerre: ils se rangèrent par bataillons, ayant derrière eux la fameuse paillasse et les escabelles aux c?tés; plusieurs grosses souris formaient le corps de réserve, résolues de combattre comme des amazones.
Fortunée demeura bien surprise; elle nosait sapprocher, car les rats se jetaient sur elle, la mordaient et la mettaient en sang. ? Quoi ! sécria-t-elle, mon ?illet, mon cher ?illet, resterez-vous en si mauvaise compagnie?? Elle savisa tout dun coup, que peut-être cette eau si parfumée quelle avait dans un vase dor, aurait une vertu particulière; elle courut la quérir; elle en jeta quelques gouttes sur le peuple souriquois; en même temps la racaille se sauva chacun dans son trou et la princesse prit promptement ses beaux ?illets, qui étaient sur le point de mourir, tant ils avaient besoin dêtre arrosés; elle versa dessus toute leau qui était dans son vase dor, et elle les sentait avec beaucoup de plaisir, lorsquelle entendit une voix fort douce qui sortait dentre les branches, et qui lui dit:
?Incomparable Fortunée, voici le jour heureux et tant désiré de vous déclarer mes sentiments; sachez que le pouvoir de votre beauté est tel, quil peut rendre sensible jusquaux fleurs. ? La princesse, tremblante et surprise davoir entendu parler un chou, une poule, un ?illet, et davoir vu une armée de rats, devint p?le et sévanouit. Bedou arriva là-dessus: le travail et le soleil lui avaient échauffé la tête; quand il vit que Fortunée était venue chercher ses ?illets, et quelle les avait trouvés, il la tra?na jusquà sa porte, et la mit dehors. Elle eut à peine senti la fra?cheur de la terre, quelle ouvrit ses beaux yeux; elle aper?ut auprès delle la reine des Bois, toujours charmante et magnifique.
?Vous avez un mauvais frère, dit-elle à Fortunée, jai vu avec quelle inhumanité il vous a jetée ici; voulez-vous que je vous venge ?
—Non, madame, lui dit-elle, je ne suis point capable de me f?cher, et son mauvais naturel ne peut changer le mien.
—Mais, ajouta la reine, jai un pressentiment qui massure que ce gros laboureur nest pas votre frère; quen pensez-vous ?
—Toutes les apparences me persuadent quil lest, madame, répliqua modestement la bergère, et je dois les en croire.
—Quoi ! continua la reine, navez-vous pas entendu dire que vous êtes née princesse ?
—On me la dit depuis peu, répondit-elle, cependant oserais-je me vanter dune chose dont je nai aucune preuve ?
—Ha, ma chère enfant, ajouta la reine, que je vous aime de cette humeur ! je connais à présent que léducation obscure que vous avez re?ue na point étouffé la noblesse de votre sang. Oui, vous êtes princesse, et il na pas tenu à moi de vous garantir des disgr?ces que vous avez éprouvées jusquà cette heure. ?
Elle fut interrompue en cet endroit par larrivée dun jeune adolescent plus beau que le jour; il était habillé dune longue veste mêlée dor et de soie verte, rattachée par de grandes boutonnières démeraudes, de rubis et de diamants; il avait une couronne d?illets, ses cheveux couvraient ses épaules. Aussit?t quil vit la reine, il mit un genou en terre, et la salua respectueusement. ? Ha ! mon fils, mon aimable ?illet, lui dit-elle, le temps fatal de votre enchantement vient de finir, par le secours de la belle Fortunée: quelle joie de vous voir ! ? Elle le serra étroitement entre ses bras; et se tournant ensuite vers la bergère: ? Charmante princesse, lui dit-elle, je sais tout ce que la poule vous a raconté: mais ce que vous ne savez point, cest que les zéphirs que javais chargés de mettre mon fils à votre place, le portèrent dans un parterre de fleurs. Pendant quils allaient chercher votre mère qui était ma s?ur, une fée qui nignorait rien des choses les plus secrètes, et avec laquelle je suis brouillée depuis longtemps, épia si bien le moment quelle avait prévu dès la naissance de mon fils, quelle le changea sur-le-champ en ?illet, et malgré ma science, je ne pus empêcher ce malheur. Dans le chagrin où jétais réduite, jemployai tout mon art pour chercher quelque remède, et je nen trouvai point de plus assuré que dapporter le prince ?illet dans le lieu où vous étiez nourrie, devinant que lorsque vous auriez arrosé les fleurs de leau délicieuse que javais dans un vase dor, il parlerait, il vous aimerait, et quà lavenir rien ne troublerait votre repos; javais même le jonc dargent quil fallait que je re?usse de votre main, nignorant pas que ce serait la marque à quoi je conna?trais que lheure approchait où le charme perdait sa force, malgré les rats et les souris que notre ennemie devait mettre en campagne, pour vous empêcher de toucher aux ?illets. Ainsi, ma chère Fortunée, si mon fils vous épouse avec ce jonc, votre félicité sera permanente: voyez à présent si ce prince vous para?t assez aimable pour le recevoir pour époux.
—Madame, répliqua-t-elle en rougissant, vous me comblez de gr?ces, je connais que vous êtes ma tante; que par votre savoir, les gardes envoyés pour me tuer, ont été métamorphosés en choux, et ma nourrice en poule; quen me proposant lalliance du prince ?illet, cest le plus grand honneur où je puisse prétendre. Mais, vous dirai-je mon incertitude ? Je ne connais point son c?ur, et je commence à sentir pour la première fois de ma vie que je ne pourrais être contente sil ne maimait pas.
—Nayez point dincertitude là-dessus, belle princesse, lui dit le prince, il y a longtemps que vous avez fait en moi toute limpression que vous y voulez faire à présent, et si lusage de la voix mavait été permis, que nauriez-vous pas entendu tous les jours des progrès dune passion qui me consumait ? mais je suis un prince malheureux, pour lequel vous ne ressentez que de lindifférence. ?
Il lui dit ensuite ces vers:
Tandis que dun ?illet jai gardé la figure,
Vous me donniez vos tendres soins:
Vous veniez quelquefois admirer sans témoins,
De mes brillantes fleurs la bizarre Peinture.
Pour vous je répandais mes parfums les plus doux,
Jaffectais à vos yeux une beauté nouvelle;
Et lorsque jétais loin de vous,
Une sécheresse mortelle
Ne vous prouvait que trop, quen secret consumé,
Je languissais toujours dans lattente cruelle
De lobjet qui mavait charmé.
A mes douleurs vous étiez favorable,
Et votre belle main,
Dune eau pure arrosait mon sein,
Et quelquefois votre bouche adorable,
Me donnait des baisers, hélas ! pleins de douceurs.
Pour mieux jouir de mon bonheur,
Et vous prouver mes feux et ma reconnaissance,
Je souhaitais, en un si doux moment,
Que quelque magique puissance,
Me f?t sortir dun triste enchantement.
Mes v?ux sont exaucés, je vous vois, je vous aime;
Je puis vous dire mon tourment:
Mais par malheur pour moi, vous nêtes plus la même.
Quels v?ux ai-je formés ! justes dieux, quai-je fait !
La princesse parut fort contente de la galanterie du prince; elle loua beaucoup cet impromptu, et quoiquelle ne f?t pas accoutumée à entendre des vers, elle en parla en personne de bon go?t. La reine, qui ne la souffrait vêtue en bergère quavec impatience, la toucha, lui souhaitant les plus riches habits qui se fussent jamais vus; en même temps sa toile blanche se changea en brocart dargent, brodé descarboucles; de sa coiffure élevée, tombait un long voile de gaze mêlé dor; ses cheveux noirs étaient ornés de mille diamants; et son teint, dont la blancheur éblouissait, prit des couleurs si vives, que le prince pouvait à peine en soutenir léclat.
?Ha ! Fortunée, que vous êtes belle et charmante ! sécria-t-il en soupirant; serez-vous inexorable à mes peines ?
—Non, mon fils, dit la reine, votre cousine ne résistera point à nos prières. ?
Dans le temps quelle parlait ainsi, Bedou qui retournait à son travail, passa, et voyant Fortunée comme une déesse, il crut rêver; elle lappela avec beaucoup de bonté, et pria la reine davoir pitié de lui.
?Quoi ! après vous avoir si maltraitée ! dit-elle.
—Ha ! madame, répliqua la princesse, je suis incapable de me venger. ?
La reine lembrassa, et loua la générosité de ses sentiments. ? Pour vous contenter, ajouta-t-elle, je vais enrichir lingrat Bedou ?; sa chaumière devint un palais meublé et plein dargent; ses escabelles ne changèrent point de forme, non plus que sa paillasse, pour le faire souvenir de son premier état, mais la reine des Bois lima son esprit; elle lui donna de la politesse, elle changea sa figure. Bedou alors se trouva capable de reconnaissance. Que ne dit-il pas à la reine et à la princesse pour leur témoigner la sienne dans cette occasion.
Ensuite par un coup de baguette, les choux devinrent des hommes, la poule une femme; le prince ?illet était seul mécontent; il soupirait auprès de sa princesse; il la conjurait de prendre une résolution en sa faveur: enfin elle y consentit; elle navait rien vu daimable, et tout ce qui était aimable, létait moins que ce jeune prince. La reine des Bois, ravie dun si heureux mariage, ne négligea rien pour que tout y f?t somptueux; cette fête dura plusieurs années, et le bonheur de ces tendres époux dura autant que leur vie.
从前,有一位老农夫深感自己会不久于人世,他不希望自己深爱的儿子和女儿因遗产继承问题而起争端。他对儿女们说:“这两个矮凳和一床草褥是你们母亲带来的嫁妆,这是我养的母鸡,那个郁金香罐和银镯子是曾借宿在这间简陋小屋的女士所赠的,她在送我这些东西的时候曾说:‘好心人,这些是我赠送给您的物品,請好好地浇灌郁金香,收好这个镯子。哦对了,您的女儿将出落得倾国倾城,给她取名福尔图妮吧,把这个镯子和这些郁金香送给她,让她不再为贫穷而感到痛苦。所以,我的福尔图妮,镯子和花这两样东西都留给你,剩下的留给你哥哥。”
农夫去世了,儿女们坦然地接受了父亲的离世,为父亲哀悼,在遗物的分配上也没起什么争执。福尔图妮心想哥哥是疼爱她的,所以她打算向哥哥要一个矮凳来坐。但是她的哥哥却表现出一副粗暴的样子,并对她说:“拿好你的郁金香和手镯吧,就别碰我的矮凳了,我希望我的房间保持原有的整洁。”福尔图妮是个柔弱的女孩,她只能默默哭泣。她一直站着,而她的哥哥贝多则气定神闲地坐着,活像一位医生大老爷。
晚饭时间到了,贝多从父亲留下的仅有的母鸡那里得到了一颗新鲜的鸡蛋。他把蛋壳扔给了他的妹妹。“拿着”,他对她说:“我没有别的东西可以给你吃,如果你不能将就的话,那就去抓青蛙吃吧,附近的沼泽地里就有很多。”福尔图妮没有争辩。她还能说什么?她抬头看天空,泪水又流下来了,随后进了自己房间。她在房间里闻到阵阵芳香,毫无疑问这是郁金香散发出来的,她伤心地凑近郁金香,对这些花说;“美丽的郁金香,看到你们我很开心,你所散发出的甜美的清香让我受伤的心灵变得坚强,你们从不担心我不给你们浇水,也不害怕我会残酷地拔掉你们的茎。你们是我的唯一,我一定要好好地照顾你们。”说完,她发现这些花儿急需灌溉,它们非常干涸。于是她拿起水罐,在月光下跑到了一个离她家很远的喷泉旁边。
她走得太快了,所以她先坐在喷泉旁边休息一下。刚坐下,她看到一位被众多随从簇拥着、庄严华丽的女士朝她走了过来。六位宫女提着这位女士的衣摆,另外两位搀扶着她;身穿镶珍珠苋红色丝绒的侍卫们走在她的前面,抬着一把供这位女士坐下的金色呢绒椅子和一顶轻型华盖;不一会华盖被撑开,同时,冷餐台被摆出来了,上面放着金盘子和水晶器皿。他们为福尔图妮在喷泉旁边准备了一场丰富的晚餐,几种不同的声音在温柔地嘀咕着,像是在吟唱这些语句:
微风轻拂,绿波荡漾,
岸边绿植闪闪发亮。
在斑驳的光影下,
鸟儿一展歌喉,诉说着它的渴望。
请用心倾听,
如果你的心中充满爱意,
世界到处充满温柔,散发魅力:
向美好的事物膜拜是光荣的。
福尔图妮躲在一个小角落里,一动不动,她惊讶于眼前所发生的一切。最后,这位女王对她的一位侍从说:“我好像看见树丛边有一位牧羊女,让她离我们近一点。”福尔图妮往前移步,害羞得甚至忘记向女王深深鞠一躬来行礼,她一直惊讶地看着这位女王。她轻轻弯腰提起她的裙摆,站在女王面前,双眼低垂,面色白里透红,她的举止透露出一股单纯和温柔,这让年轻侍从们啧啧称赞。
“美丽的女孩,你在这里做什么?你不怕小偷吗?”
“啊,女王,我只有一件粗布衣,对于我这样一个贫穷的牧羊女,他们还能从我身上得到什么呢?”
“你难道不富有吗?”女王笑着回答。
“我真的非常贫穷,除了一盆郁金香和一个银镯子,我没有从我的父亲那里继承其他任何东西。”
“但是你有一颗心,如果有人想拿走你这颗心,你会愿意给他吗?”
“女士,我不太清楚您所说的献出心是什么意思,我听说一个人没有了心便不能够活下去,当心流血的时候,心就死了,尽管我很贫穷,但是我想活着。”
“你说的很对,你当然应该守护好心灵。告诉我,你吃晚饭了吗?”
“没有,女士,我的哥哥把晚餐都吃光了。”
女王命人给她添置了一副餐具,让她坐在桌子旁边,用最好的食物招待她。这位年轻的牧羊女受宠若惊,被女王的仁慈所感动,但是她只吃了一小口。
“我想知道,这么晚了你为什么来喷泉旁边?”女王问。
“夫人,这是我的水罐,我来找一些水浇灌郁金香”她回答。
正说着,她俯身去拿放在她后面的水罐,但是正当她想要给女王看她的水罐时,她惊讶地发现罐子变成了镶着大颗宝石的金罐子,而且里面已装满甘泉。她不敢拿这个罐子,因为她害怕这些东西不属于她。“我把这个金罐子送你了,去浇灌你的郁金香吧,好好照顾那些花儿,记住森林女王愿意和你做朋友”女王说。听到这些话,牧羊女扑倒在她的脚下。
“女士,您给了我如此高的礼遇,我斗胆请您等我一会,我去取我一半的财产,就是那盆郁金香,当然跟您所给予的相比这盆郁金香是那么的微不足道。”
“去吧,福尔图妮,我会待在这里一直到你回来”女王轻轻地抚摸了一下她的脸回答道。福尔图妮拿起金罐子,跑回了家。然而在她不在的这段时间,她的哥哥贝多偷偷地溜进了她的房间将那盆郁金香偷走了,并且在原来的位置上留下了一大颗卷心菜。当福尔图妮看到这颗糟糕的卷心菜的时候,她陷入了深深的痛苦之中,并且开始犹豫要不要回到喷泉旁边。最终还是选择回去,她跪在女王的脚下:“女王,贝多偷走了我那盆郁金香,现在我只剩下银手镯了,作为谢礼,我恳请您收下它。”
女王回答:“如果我收下了你的镯子,美丽的牧羊女,你不就一无所有了吗?”
她郑重地回答道:“啊,女王陛下,我拥有了您的善意,我并非一无所有。”
女王收下了福尔图妮的手镯,将它戴在自己手上,随后她登上了一架马车,这驾马车由六匹白马牵引着,镶着绿宝石的珊瑚,甚至比太阳王阿波罗的马车还要漂亮。福尔图妮目送着这架马车到了她目光所不能及之处,最终消失在森林里交错的道路尽头。她回到家,刚才发生的一切都是那么突然。进了房间里她就把卷心菜从窗外扔出去,但是让她震惊的是突然听到一声尖叫:“啊,我死了。”她对这句抱怨感到不解,因为按理来说卷心菜是不会说话的。第二天,福尔图妮还是很担心她的郁金香,所以她下楼去寻找。她找到的第一个东西是那个令人讨厌的卷心菜,她踩了卷心菜一脚,说道:
“你在这做什么呢?你居然想要取代我的郁金香?”
卷心菜回答道:“我是被人放到这儿的,我自己可没想过要来。”她又惊又怕,但是卷心菜又对她说道:“如果你能把我送回我的同类那里,我就告诉你一个秘密:你的郁金香在貝多的草垫上。”
绝望的福尔图妮不知道如何去做,善良的她把卷心菜种到了地里,然后抓住了她哥哥最爱的母鸡,对它说:
“坏家伙,我要让你为贝多给我带来的所有痛苦付出代价。”
母鸡说道:“啊,牧羊女,请放我一条生路吧,生性爱唠嗑的我要告诉你一些让人震惊的事情。不管你信或者不信,其实你不是养育你这户人家的女儿,美丽的福尔图妮,农夫也不是你的亲生父亲,是女王给予了你生命,她在此之前已经生了六个女儿,如果下一次她仍然没有生下一名男婴,她的丈夫和公公就要以她没有诞下继承人为由而杀了她。
痛苦而可怜的王后怀孕后被关在一座城堡里,她的身边有侍卫看守,更确切地说是一群刽子手。如果王后诞下的还是女儿的话,刽子手就会把她杀掉。面对巨大的威胁,王后寝食难安。王后有一位仙女妹妹,她写信向她的妹妹表达了自己的担忧。当时,王后的妹妹恰好也怀孕了,而且可以确定的是男孩。于是王后的妹妹一分娩,就立马将她的儿子放进一个笼子里,派风信者们将其送至王后的房间,目的是用自己的儿子替换王后即将要出生的女儿。但是由于王后被监禁,收不到来自任何关于仙女妹妹的消息,所以这一计谋并没有起作用,反而是有一位好心的侍卫出于自己的恻隐之心,可怜王后的遭遇,于是用绳梯解救了她。
生下你之后,历经折磨的王后东躲西藏,随后来到了这个小木屋,由于疲惫和痛苦,她几乎濒死。我本是农妇,做奶妈正合适,所以她就将你托付给我,并且向我诉说了那些让她难以忍受的不幸遭遇,说完她便去世了,甚至都没来得及安排我们接下去该如何养育你。
我这一辈子爱嚼舌根,所以我没管住嘴,还是将这段经历说了出来。那天家里来了一位美丽的女士,我没忍住把我知道的一一说与她听,随即,她用一根小木棒对着我轻轻一点,我就变成了一只永远不能再开口说话的母鸡,我懊悔不已。在我遭遇这一巨变的时候恰巧我的丈夫不在家,所以他对这一切一无所知。
他回家后四处寻我无果,最终以为我是被淹死或被森林里的野兽吞食了。后来,那位对我施加了毒魔法的女士又来过家里一次,她给你赐名福尔图妮并且赠了你一只银手镯和一盆郁金香。当时,恰逢她还在我们家的时候,你的父皇派遣了二十五位皇家侍卫来到家里想对你图谋不轨,她向他们念了一些咒语,把二十五位侍卫变成了二十五颗卷心菜,昨晚你扔出窗外的那一颗便是其中一个。我一直不能开口说话,所以直到现在我才告诉你这一切,其实现在我自己也不知道声音是怎么突然回到我身上的。”公主对母鸡跟她诉说的一切感到震惊,她满怀仁慈地对她说道:
“亲爱的奶妈,对于您变成母鸡我感到十分抱歉,如果我有能力的话,我很想马上帮您恢复真身,不过我们不应该灰心,在我看来,您刚刚跟我讲述的这些遭遇不会一直继续下去的。我现在要去找回我的郁金香,因为我只爱它。”
此时,贝多到林子里去了,他没料到福尔图妮会去翻他的草褥。她庆幸他的远行,因为没有人会打扰她,但是她突然看到一大批全副武装的老鼠围着草褥、矮凳排开阵势。另外,还有一些作为增援后备队的大老鼠,像坚定迎战的希腊战士一样。
福尔图妮吃惊地看着眼前的一切,她不敢靠近,因为这些老鼠会踢她、咬她,让她流血受伤。“什么?我的郁金香,我最珍爱的郁金香,竟然受到你们这般蹂躏?”她大叫起来。忽然她意识到金水罐里散发着香味的甘露也许会有特殊的功用,于是她跑过去取金水罐,洒了几滴在这群老鼠窝里,顿时这些脏东西四处逃散,躲在老鼠洞里不敢出来。这位公主迅速地夺过美丽但却干得濒死的郁金香,然后用金水罐里的水浇灌它们,她能感觉到这些花儿变得愉悦,因为她听到枝叶之间传来了一个甜美的声音:
“无与伦比的福尔图妮,今天真是幸福的一天,我多想向您表达我的喜悦,您知道吗?您是如此美丽,就连花儿也要为之一颤。”公主感到十分震撼与吃惊,因为她从未听过卷心菜、母鸡和郁金香开口说话,从未见过老鼠组成的军队,她面色苍白,昏厥了过去。正在此时,贝多回来了,户外的劳作加上大太阳让他满头大汗,他发现福尔图妮找到了她的郁金香,于是他把她拖到门口扔了出去。福尔图妮恢复了意识,缓缓睁开双眼,立刻感觉到地面的冰凉,接着她发现了森林女王,女王还是一如既往的优雅和迷人。
她对福尔图妮说:“你那个恶毒的哥哥,刚才我看到他无耻地把你扔到这里,你想让我帮你出气吗?”
“不,女士,我并不生气,他恶毒的天性并不能改变我的内心”福尔图妮对女王说。
“但是我可以确定的是这个粗鄙恶毒的农夫不是你的亲哥哥,你觉得呢?”女王追问道。
“但是他的所作所为能证明他是我的哥哥,我应该相信他”牧羊女谦虚地回答道。
“什么?你难道没有听说你生来就是公主吗?”女王继续问道。
“虽然有人告诉了我一些故事,但是我怎么敢自己拿子虚乌有的事情去吹嘘呢?”她回答。
王后补充说:“啊,亲爱的孩子,我懂得你的心情,我知道到目前为止虽然你接受的教育不多,但是你血统里面的高贵并没有被撲灭。你是位真正的公主,到目前为止你并没有任何失了风度的地方。”
话音未落,王后突然被一位年轻男子所打断,这位男子惊人的帅气,他身着夹金丝的绿绸长外套,门襟上镶着绿宝石、红宝石和钻石,头顶一个郁金香花环,头发散落在两肩。一见到王后,男子便向王后恭敬地下跪行礼。王后对他说:“啊,我的儿子,我可爱的郁金香,当你救下美丽的福尔图妮后,你那命中注定受下的魔咒将会结束,见到你是多么地令人开心啊!”她双臂紧紧地抱着他,同时转向牧羊女:“美丽的牧羊女,我知道母鸡告诉你了一切,但是还有一件事或许你并不知道,本该将我儿子送到你身边的风使者却先将其放到了花坛里,同时去寻找你的母亲,也就是我的姐姐。有一位仙女,她对世界上的事情无所不知无所不晓,我和她不和很久了,她准确地预见我儿子出生的时刻,一出生就把他变成了郁金香,尽管我知道,但我却无法阻止这种不幸的事情的发生。我悲痛欲绝,使出浑身解数寻找补救办法,最终发现最可靠的办法莫过于把郁金香王子带到你家,我算到当你用金罐子里的甘露浇灌花朵时,他会开口说话并且会爱上你,此后可以过上平静安稳的生活;我没有忘记戴上从你手中接过来的银手镯,尽管我们的敌人为了阻止你得到郁金香,在田野里放了很多老鼠,但我还是通过这个银手镯得知,符咒失去效力的时刻就要来临。我亲爱的福尔图妮,如果我的儿子娶了你,你将会获得永恒的幸福,现在来看看你是否钟意这位王子,并接受他成为你的丈夫。”
福尔图妮红着脸回答道:“夫人,您帮了我这么多忙,我也知道您是我的姨妈,多亏了您用法术把派来杀我的卫兵变成了卷心菜,把我的奶妈变成了母鸡。让我与郁金香王子结为夫妻是我最大的荣幸,但是我的内心是忐忑的,因为我一点都不了解他的心,我有生以来第一次有这种感觉——如果他不爱我的话,我将不会幸福。”
“不要怀疑我的真心,美丽的公主”王子说:“你为人友善,长久以来我对你的印象不曾改变过。如果我能够张口说话,你每天都能感受到我那似火的激情,可惜我是个不幸的王子,对你只能表现出冷漠。”
他为她念了首诗:
当我是一只郁金香的时候,
是你给予了我温柔的呵护。
你会在无人见证的情况下欣赏那如画一般的灿烂花朵。
为了你,我散发出最香甜的气味,
为了你,我总是呈现出我最美好的样子。
当我远离你时,
几乎要干死。
我无法向你表露我的心迹,只能独自忍受,
我所着迷的东西却让我在残酷的等待中煎熬。
你用美丽的双手抚平我的伤痛,
用洁净的水浇灌我的乳房。
有时,你用温柔的嘴唇给我一个充满甜蜜的吻,
为了更好地享受我的幸福,
为了更好地表明我的爱和感激,
在这甜蜜的时刻,
我希望会出现某种神奇的力量助我走出悲伤的魔咒,
我的愿望实现了,我看到了你,我爱上了你。
但是现在我却很痛苦:
因为你已经面目全非,
我发了什么誓?天哪,我做了什么?
公主为王子坦诚的倾诉而感动,尽管她不习惯听诗歌,但是她很喜欢王子这段告白,因为她觉得这么做很有品位。王后不想再让她穿牧羊女的衣服,摸了摸她的头,许愿她能穿上她从未见过的最富丽堂皇的衣服,霎那间,她身上的粗白布变成了帶刺绣的银锦,她高高的头饰上掉下了一条长长的金纱,黑发上缀满了无数的钻石,她的肤色白得让人眼花缭乱,但因有色泽而光彩夺目,王子几乎无法忍受公主耀眼的光芒。
“天啊,福尔图妮,你是如此美丽又迷人”王子恳求道:“你会对我的痛苦无动于衷吗?”
王后回答道:“噢,我的儿子,你的表妹是不会拒绝我们的恳求的。”
此时,正要去干活的贝多从旁边经过,他看到福尔图妮像女神一样,以为自己在做梦,福尔图妮亲切地呼唤他,恳请王后可怜可怜他。
王后说:“什么?他之前是那样虐待你!”
公主回答道:“女王,我不能复仇。”
王后紧紧拥抱了她,欣慰于她的宽容。“为了不让你失望”她又说:“我要让忘恩负义的贝多也变得富有起来。”他的茅草屋变成了一座装满钱财的宫殿,但是凳子和草垫子并没有改变,这是为了让他记起自己最初的状态,随后森林女王擦亮了他的心灵,她让他变得礼貌并改变了他的面容。贝多这才发现自己还能心存感激,顿时万千感谢之辞涌上心头。
随后,女王的魔杖一挥舞,卷心菜还原成了侍卫,母鸡还原成了奶妈。只有郁金香王子不开心,他叹息地望着公主,恳求她同意之前的请求:终于,公主答应了。世间一切美好也不及她眼前这位年轻的王子。森林女王对这桩美满婚姻感到满意,不遗余力地操办了一场盛大的婚礼,庆典持续了好几年,这对心心相印的夫妻一直幸福地生活了下去。
作者简介:玛丽·凯瑟琳娜·德奥努瓦(Marie-Catherine dAulnoy)(1652—1705),法国女文学家,1652年出生于法兰西王国诺曼底巴纳维尔,出生名为玛丽·凯瑟琳·勒朱梅尔·德·巴纳维尔Marie-Catherine Le Jumel de Barneville,她善于通过寓言和讽刺的方式表达颠覆精神,她的创造性文学作品经常被拿来与拉封丹的作品相提并论,后者主要对17世纪宫廷和法国社会进行批评。
译者简介:杨宇,中南财经政法大学外国语学院国别区域研究专业(法语方向)研究生。
指导教师:夏正华,中南财经政法大学外国语学院法语专业教研室副主任,讲师,硕导。