par XIA YUANYUAN
Le XVIIIeCongrès national du Parti communiste chinois, tenu en 2012, a été un jalon important pour la Chine moderne.Dans la présente section, nous nous penchons sur les réalisations dans différents domaines pour comprendre l’importance de la décennie, y compris du point de vue des étrangers qui ont été témoins de ces changements.
La Chine est à l’avant-garde de l’exploration spatiale grâce à ses efforts soutenus et à ses percées continues
Liu Yang, devenue il y a dix ans la première femme taïkonaute de l’histoire chinoise, a entrepris son second voyage spatial à bord du vaisseauShenzhou-14dans la matinée du 5 juin.
En regardant le lancement à la télévision depuis leur domicile à Zhengzhou, capitale de la province du Henan dans le centre de la Chine,à environ 1 800 km du site de lancement, les parents de la taïkonaute étaient ravis. Un moment de grande fierté pour eux.
Son père, Liu Shilin, 72 ans, a confié qu’il se sentait« soulagé, excité et fier ». En comparaison avec sa première mission, il y a dix ans, ils étaient moins anxieux cette fois. Sa tranquillité d’esprit découle également des progrès réalisés par la Chine dans le domaine des missions spatiales habitées au cours de la dernière décennie.
« On peut voir dans les dix dernières années la transition de l’industrie aérospatiale chinoise », a indiqué Yang Yuguang, vice-président du Comité des transports spatiaux de la Fédération internationale d’astronautique. Il y a dix ans, la Chine suivait d’autres puissances aérospatiales dans la plupart des domaines.Avec le développement de la technologie aérospatiale,la Chine fait dorénavant jeu égal avec d’autres, voire,est à l’avant-garde dans certains secteurs.
Mme Liu restera six mois dans l’espace, travaillant avec ses deux collègues Chen Dong et Cai Xuzhe, pour achever la construction de la station spatiale chinoise.
La quête spatiale du peuple chinois a commencé trèstôt. Dans la mythologie, Chang’e était une belle jeune fille qui, après avoir pris une pilule d’immortalité, s’est envolée pour la lune. Elle en est devenue la déesse et a vécu au palais Guang Han Gong avec son animal de compagnie Yutu, aussi connu sous le nom de lapin de jade. Cette histoire montre l’intérêt que les anciens portaient à l’espace.
Aujourd’hui, la rencontre avec la Lune ne se limite plus à l’imagination grâce aux avancées scientifiques et technologiques. Nommé d’après le personnage mythologique, le Chang’e Lunar Exploration Project a permis à la nation de franchir une étape importante vers la réalisation de son rêve spatial.
Le projet en trois étapes, qui a débuté en 2004,comprend l’orbitage, l’atterrissage sur la Lune, et le retour d’échantillons. Le 24 octobre 2007,Chang’e-1a entamé son périple dans l’espace pour entrer en orbite autour de la Lune 12 jours plus tard.
Le 14 décembre 2013,Chang’e-3a atterri sur la Lune, marquant le premier atterrissage d’un engin spatial chinois à la surface d’un corps extraterrestre,transportant un atterrisseur et un rover appeléYutu.La sonde a établi le profil géologique de la Lune et a découvert un nouveau type de roche lunaire. En 2016, le site d’atterrissagede Chang’e-3a été nommé Guang Han Gong, ou Moon Palace, et a été approuvé par l’Union astronomique internationale.
Le 3 janvier 2019, lasondeChang’e-4a effectué le tout premier atterrissage d’un engin spatial sur la face cachée de la Lune, dans le cratère Von Kármán.En décembre 2020,Chang’e-5, l’une des missions les plus complexes et exigeantes de l’histoire aérospatiale chinoise, a récupéré environ 1 731 grammes d’échantillons lunaires.
Le succès de la missionChang’e-5a marqué l’aboutissement du programme d’exploration lunaire de la Chine. Le Président Xi Jinping a fait part de ses félicitations et a souligné la contribution du programme pour l’industrie spatiale chinoise et l’approfondissement de la compréhension de l’origine de la Lune et de l’évolution du système solaire.
Toutefois, la Lune n’est pas le seul objectif du programme d’exploration spatiale chinois. En juillet 2020,le lancement deTianwen-1, à bord d’une fusée Longue Marche-5, a marqué le début de l’exploration interplanétaire du pays. À bord du vaisseau, un orbiteur et un rover nomméZhurong. Ce dernier a atterri sur Mars le 15 mai.
Zhurongest chargé d’étudier la topographie et la géologie de la région, examiner les minéraux, les roches, le sol et son contenu en glace, et prélever des échantillons atmosphériques. Le robot de 1,85 mètre de haut et 240 kg a parcouru près de 2 000 mètres et a collecté de nombreuses données scientifiques.
C’est une étape clé de l’actuel programme chinois d’exploration de Mars qui vise à combiner l’orbitage,l’atterrissage et le déplacement en une seule mission.
« Cela démontre le savoir-faire des scientifiques chinois. Le pays se trouve dorénavant dans le peloton de tête mondial dans le domaine de l’exploration planétaire », a fait valoir Zhang Kejian, chef de l’Administration spatiale nationale de Chine.
Les missions habitées constituent une grande prouesse en Chine. En octobre 2003, le pays a lancé son premier engin spatial habitéShenzhou-5,avec à son bord le taïkonaute Yang Liwei. En juin 2021, trois taïkonautes, Tang Hongbo, Nie Haisheng et Liu Boming,de la missionShenzhou-12sont entrés dans le module centralTianhede la station spatiale chinoise. Les trois taïkonautes deShenzhou-13, Zhai Zhigang, Wang Yaping et Ye Guangfu, sont revenus sur Terre en avril de cette année après avoir passé six mois dans le module de la station spatiale, le plus long séjour dans l’espace par des Chinois au cours d’une même mission.
Liu Yang, accompagnée de deux autres taïkonautes de la missionShenzhou-14, sont entrés avec succès dans le module principal le 5 juin. Pendant leur séjour de six mois, l’équipage participera à l’achèvement de la station spatialeTiangong, la « maison dans l’espace »pour le peuple chinois. Ils accueilleront à leur bord les membres d’équipage de la missionShenzhou-15avant de repartir pour la Terre. Il s’agira du premier transfert d’équipage de la station spatiale.
Alimenter ces missions habitées constitue l’épine dorsale de toutes activités spatiales. Au cours de la dernière décennie, la famille de lanceurs Longue Marche,développée en Chine, a connu un taux de réussite de calibre mondial. Selon Long Lehao, académicien de l’Académie chinoise d’ingénierie et conseiller principal pour le développement des lanceurs chinois, la série Longue Marche a effectué 92,1 % des missions de lancement de la Chine entre 1970 et 2021, envoyant plus de 700 engins dans l’espace, avec un taux de réussite de 96,25 %.
Le module central deTiangong, la sonde lunaireChang’e-5, la sonde martienneTianwen-1, l’engin spatial habitéShenzhou, l’engin cargoTianzhou, les satellites de navigationBeiDou-3, tous ont été envoyés dans l’espace par des fusées Longue Marche.
Wang Xiaojun, responsable de l’Académie chinoise de la technologie des lanceurs, a affirmé que les fusées Longue Marche en cours de développement soutiendraient les projets spatiaux clés de la Chine. Cela comprend la quatrième phase du projet d’exploration lunaire, l’exploration des astéroïdes et de Jupiter, les missions lunaires habitées et la première mission d’échantillonnage sur Mars, entre autres.
Dans une ferme de 1 334 hectares, dans la région autonome hui du Ningxia, des dizaines de machines agricoles broient, tournent le sol et posent des tuyaux.
Contrairement aux exploitations traditionnelles qui ont recours à l’agriculture manuelle intensive,les machines agricoles s’appuient ici sur le système de conduite autonome BeiDou pour permettre à la ferme de fonctionner 24 heures sur 24, améliorant le rendement agricole.
Une percée dans la technologie des systèmes de navigation par satellite en Chine est à l’origine de cette gestion efficace de l’agriculture. Après des décennies de planification et de construction, la Chine dispose désormais de l’un des meilleurs systèmes au monde,le système de navigation par satellite BeiDou (BDS).
La Chine a commencé à étudier un système de navigation par satellite adapté à ses besoins dans les années 1980, en établissant une stratégie en trois étapes. Le projet BDS-1, la première étape, a obtenu l’approbation officielle en 1994, alors que la Chine faisait face à un blocus technologique international et que les fabricants de composants nationaux en étaient à leurs balbutiements.La deuxième étape, en 2004, consistait à construire le système BDS-2. C’est la première constellation hybride au monde, dans laquelle des satellites de trois types d’orbites fonctionnent de concert. En juin 2021, le dernier satellite du réseauBeiDou-3 s’est hissé au sommet d’une fusée porteuse Longue Marche-3B.
« Les utilisateurs peuvent obtenir les services de haute précision du BDS n’importe où dans le monde »,a signifié Yang Changfeng, architecte en chef de BeiDou.Fin 2018, BeiDou a commencé à fournir des services de positionnement, de navigation, de synchronisation et de messagerie dans le monde entier. À l’heure actuelle, la plateforme offre des services de haute précision dans plus de 20 pays à travers le monde, avec au total plus de 2 milliards d’utilisateurs.
La Chine a plus de 500 satellites en orbite. Outre la navigation, des percées ont également été réalisées ces dernières années dans les technologies de communication et de télédétection.
Par exemple, les trois satellitesGaofen-3sont conçus pour fonctionner en tandem afin d’obtenir des images en haute résolution et de fournir des données opérationnelles pour le développement marin, la surveillance des ressources environnementales terrestres et la prévention et l’atténuation des catastrophes. Les satellites météorologiques de la sérieFengyunfournissent des services de prévisions météorologiques précis.
Une photo d’écran prise au Centre de contrôle aérospatial de Beijing, le 17 juin 2021, montre que le vaisseau spatial habité Shenzhou-12 s’est amarré avec succès au module central de la station spatiale Tianhe.
Les membres de l’équipage de Shenzhou-14, Chen Dong (à droite), Liu Yang (au centre) et Cai Xuzhe (à gauche),à leur cérémonie de départ depuis le Centre de lancement de satellites de Jiuquan, le 5 juin.
Le 2 juin, une fusée porteuse Longue Marche-2C,transportant un groupe de neuf satellites commerciaux, a décollé du Centre de lancement de satellites de Une photo prise par le roverYutu-2, le 11 janvier 2019,montre l’atterrisseur de la sondeChang’e-4.Xichang, dans la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine. Appartenant à GeeSpace, une filiale de Geely Technology Group, le système satellitaire sera utilisé pour la recherche et la validation de technologies telles que l’aide à la conduite pour les véhicules connectés et l’interaction véhicule-téléphone mobile.
Grâce à des politiques industrielles favorables, des entreprises comme GeeSpace se multiplient. Selon le portail d’information des entreprises Qichacha, à ce jour, 95 000 entreprises du secteur ont été établies en Chine. Plus de 10 000 entreprises spatiales ont été immatriculées chaque année entre 2017 et 2021.
« La plupart des entreprises aérospatiales privées chinoises ont vu le jour après 2015. Malgré une courte période, elles ont rapidement rattrapé leur retard technologique », a déclaré àCHINAFRIQUELiu Baiqi,fondateur et PDG de Galactic Energy, une start-up de technologie spatiale basée à Beijing.
L’observatoire spatial d’Entoto se trouve à une altitude de 3 200 mètres sur la colline d’Entoto, à environ 20 km au nord de la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Dans le centre de commandement et de contrôle, les techniciens enregistrent en temps réel les données envoyées par le premier satellite éthiopienETRSS-1.
En décembre 2019, le pays d’Afrique de l’Est a lancé son tout premier satellite dans l’espace depuis la Chine.La station terrestre du satellite multispectral de détection à distance se trouve dans l’installation spatiale d’Entoto.
Le satellite devrait assurer la surveillance de l’environnement et des conditions météorologiques afin d’améliorer la planification agricole, la détection des sécheresses,l’exploitation minière et la gestion forestière du pays.
Yilkal Eshete, chef de projet pour le développement de satellites et de systèmes au sol de l’Institut éthiopien des sciences spatiales et géospatiales, se souvient encore de sa collaboration avec les partenaires chinois.« Pendant le processus d’élaboration des satellites, plus de 20 ingénieurs et scientifiques éthiopiens ont été formés aux technologies et manœuvres satellitaires »,a expliqué M. EsheteàCHINAFRIQUE.Une fois le satellite placé sur orbite, les ingénieurs éthiopiens ont été en mesure de gérer de façon indépendante les opérations terrestres et les systèmes d’application.
D’après M. Eshete, les réalisations de la Chine en aérospatiale témoignent d’efforts humains extraordinaires en matière d’exploration spatiale. « La Chine a renforcé les capacités des pays en développement dans ce domaine et a posé les fondations d’un développement spatial indépendant », a-t-il exprimé.
La Chine considère les possibilités d’exploration de l’espace comme infinies. L’exploration et l’utilisation pacifiques de l’espace sont des causes communes à tous les êtres humains, une cause qui devrait améliorer le bien-être de tous.
Sur le principe de l’équité et de l’intérêt mutuel, la Chine a activement coopéré avec le monde en ce qui concerne l’exploration lunaire et martienne, les projets satellitaires et les services de lancement favorisant la progression conjointe et durable de l’industrie spatiale.
La Chine a lancé un projet de station internationale de recherche lunaire avec la Russie et a signé des accords de coopération avec les quatre autres pays BRICS pour sa constellation de satellites de télédétection. Au cours des cinq dernières années, les données des satellites de télédétection chinoisGaofen-1etGaofen-6ont été fournies gratuitement à 158 pays ou régions. En novembre 2021,Zhuronget le vaisseau spatial Mars Express de l’Agence spatiale européenne ont effectué un test de communication relais en orbite. Le satellite océanographique Chine-France et le satellite expérimental de surveillance électromagnétique Chine-Italie ne sont que quelques-uns des projets de collaboration actuellement en cours.
En ce qui concerne la construction de la station spatiale, dès 2019, le Bureau chinois d’ingénierie spatiale habitée et le Bureau des Nations unies pour les affaires spatiales (UNOOSA) ont annoncé conjointement que neuf projets de 17 pays et 23 entités ont été inclus dans la première série de projets sélectionnés pour les expériences scientifiques de la station spatiale chinoise.
Simonetta Di Pippo, ancienne directrice de l’UNOOSA,a indiqué que l’ouverture de la station spatiale chinoise est un élément important de l’initiative de l’ONU « Accès à l’espace pour tous ».
Selon un livre blanc intituléLe programme spatial de la Chine : une perspective de 2021, publié par le Bureau d’information du Conseil des affaires d’État le 28 janvier, la Chine a signé 46 accords de coopération spatiale ou protocoles d’entente avec 19 pays et régions et quatre organisations internationales depuis 2016.Elle a activement promu la gouvernance mondiale de l’espace extra-atmosphérique et a mené une coopération internationale dans les sciences, les technologies et les applications spatiales au moyen de mécanismes bilatéraux et multilatéraux.
Selon l’Administration spatiale nationale de Chine,le géant asiatique prévoit d’effectuer 60 vols spatiaux d’ici à la fin de l’année, terminer la construction de sa station spatiale, lancer des recherches et des études pour sa phase IV d’explorations lunaires, et accomplir des travaux technologiques clés pour des missions majeures comme une sonde d’astéroïde et une mission d’échantillonnage et de récupération sur Mars. CA