D’argile et de feu :la céramique de Chengdu

2022-07-05 03:23ParLIKEXIN
今日中国·法文版 2022年7期

Par LI KEXIN

Ballad, une boutique de céramique à Chengdu

L’art de la céramique en Chine, avec ses 3 000 ans d’histoire, est à l’honneur dans certaines boutiques de Chengdu avec des créations qui entrent dans les foyers. Ces boutiques forment un écosystème culturel et touristique unique permettant de transmettre cet art dans des espaces insolites et de faire connaître les ateliers antiques comme ceux des créateurs.

Un jeune artiste travaille dans un atelier du Parc des vestiges du four de Qiong, le 16 mai 2018.

Une vie égayée par la céramique

Par rapport à la céramique traditionnelle, les ustensiles en grès faits à la main sont des modèles de beauté et de simplicité de par leur texture et leurs motifs. À l’ère de l’automatisation industrielle, leur caractère unique de la fabrication artisanale est d’autant plus précieux. Xiao Tao,propriétaire de la boutique Taochuan, est une passionnée.« La céramique brute n’est pas synonyme de mauvaise qualité. Son enveloppe contient beaucoup de sable et de fer et elle est façonnée à la main ou calibrée pour obtenir une forme unique et une enveloppe d’épaisseur inégale. »Des explications auxquelles ont droit tous les visiteurs de sa boutique.

Elle reçoit notamment la visite d’une femme qui a découvert les lieux sur les réseaux sociaux et se plaît dans cet espace rare. Après une année d’activité, de nombreux passionnés, comme cette femme, sont devenus des clients fidèles grâce aux réseaux sociaux. Ses aあaires allant de mieux en mieux, Xiao Tao aきne son expertise et ses connaissances sur la céramique. Elle se rend régulièrement à Jingdezhen à la recherche d’ustensiles de créateurs. « La plupart ont un sens aigu du design, avec des formes uniques, et sélectionnent méticuleusement leurs matériaux, ce qui est très apprécié des amateurs de céramique. »

Dans la boutique de céramique Xingxing sur la rue Yulin Est, Liu Xin et Chen Xin s’aあairent dans un espace de moins de 40 m2. Elles y vendent des grandes tasses(des mugs) en édition limitée mondiale sur le thème des chiens, inspirées de la série des trois chats du célèbre atelier japonais de céramique Kikusho, dont la renommée est semblable à celle de Jingdezhen en Chine. La seule diあérence, précise Mlle Liu, c’est que les céramiques de Kikusho sont plus abordables. « Nous avons donc choisi la zone de production de céramique de haute qualité de Hasami au Japon. »

Ces boutiques forment un écosystème culturel et touristique unique.

Dans ce magasin, les céramiques de créateurs les plus populaires se vendent autour de 300 yuans. L’un des modèles de grandes tasses à glaçure irisée avec son éclat métallique et provenant d’un four à sable est presque épuisé. Lors de la présentation aux clients, Mlle Liu compare ce modèle avec un vase en verre coloré. « C’est très similaire en apparence car ils ont un lustre métallique.Cependant, la glaçure irisée ne perdra pas ses couleurs. »

Les connaissances de Mlle Liu étonnent les visiteurs.Cette jeune femme d’à peine 24 ans peut non seulement faire la diあérence entre les matériaux et les motifs des diあérents types de céramique peinte et le processus de coloration de pièces venant de France, mais elle est également prolixe sur sa propre expérience entrepreneuriale.En juillet 2020, lors d’un festival artistique dans la rue Wangping, Liu Xin et Chen Xin avaient chacun un stand.Après avoir découvert leur passion commune pour la céramique colorée, elles ont décidé d’ouvrir une boutique ensemble et Xing Xing démarrait son activité en octobre 2021.

Par rapport à Xing Xing, la boutique Balled fait plein usage des teintes unies. Li Juan et Wang Haixia, les responsables, aiment les ustensiles minimalistes faits à la main. « Ils sont typiques des fours artisanaux antiques chinois. De nos jours, de nombreux créateurs d’ustensiles de Jingdezhen perpétuent le style minimaliste de ces fours, sans décoration colorée, et se servent du colombin plutôt que du tour pour donner aux créations une forme pus dynamique. »

Selon Mme Li, la beauté des fours artisanaux réside dans le fait qu’il n’y a pas de normes strictes pour la fabrication des ustensiles, et les artisans font usage de la mémoire musculaire afin que les ustensiles reflètent leur état d’âme. Elle aussi raconte des histoires aux clients. À partir de la texture et de l’émail d’un vase ordinaire, elle peut parler abondamment des techniques de fabrication,des modifications dans les fours artisanaux, et également partager ses expériences de voyages.

Ces céramiques aux formes diあérentes ont non seulement changé la vision esthétique et la vie des propriétaires des boutiques, mais ont également égayé la vie des gens qui les admirent.

La poterie est prête pour la cuisson et le feu du four de Qiong est rallumé après plus de 800 ans, le 5 février 2018.

Un trait d’union avec l’histoire

Les époux Zhang Shen et Hai Ni dirigent Yishi Nongsuo(« condensé de conscience »), un atelier de réparation de céramique. M. Zhang s’occupe de la céramique et Mme Hai de l’or.

Leur philosophie consiste à redonner vie à l’art de manière artistique. Les techniques de réparation de la céramique existent depuis l’Antiquité, remarque M. Zhang,qui précise que si par le passé, l’accent était principalement mis sur l’aspect pratique, il est désormais mis aussi sur l’aspect artistique. « Cette ancienne assiette de la dynastie des Qing a été restaurée à l’or et avec des agrafes. Nous n’avons pas utilisé la méthode de clouage traditionnelle,mais avons élargi l’espacement de chaque clou et nous ne nous sommes servis que de quatre agrafes pour la fixation.Nous avons ensuite collé les fragments et tracé des fils d’or sur le devant de l’assiette », raconte Mme Hai. « La beauté d’une telle restauration est inégalée. »

La céramique entre dans nos vies pour s’y mêler intimement.

Des vases de la dynastie des Tang collectionnés par Zhang Shen et sa femme

Il y aura toujours des gens qui s’interrogeront : la somme aあectée à la restauration permettrait à elle seule d’acquérir plusieurs nouveaux objets. Pourquoi donc dépenser autant pour une restauration ? « Beaucoup de gens restaurent des objets anciens. La plupart de ces céramiques ne peuvent pas être cuites avec des techniques modernes. Les lettrés et les érudits estiment que c’est la beauté à l’état pur des temps anciens », note Mme Hai.Cet atelier de 60 m2est devenu un espace d’exposition ouvert le week-end où l’on peut voir des pièces anciennes reprendre vie.

En plus des ateliers et des boutiques, le public peut également faire l’expérience par les sens de l’art de la céramique, comme à Cixichuan, où l’on part à la découverte du processus de fabrication. On peut s’essayer au façonnage comme à la décoration et tous les murs sont recouverts de porcelaine, d’où la ressemblance avec un espace consacré aux beaux-arts.

Si l’on fabrique de la céramique chinoise à Chengdu, il n’y a néanmoins pas suきsamment de fours comme à Jingdezhen. Avec la découverte d’anciens sites de céramique dans les environs de Chengdu, le four de Qiong a attiré l’attention du grand public. Le Parc des vestiges du four de Qiong a été ouvert en 2018. Il s’agit des vestiges d’un four artisanal de la dynastie des Jin de l’Est qui a prospéré sous la dynastie des Tang, et toute la zone a profité de cette activité florissante. Dans le village de Mingyue (district de Pujiang), avec la mise en service du four de Mingyue, du four de Shushan, du four de Huohen, de la céramique des Zhang et d’autres créateurs, de plus en plus d’amateurs sont tentés par l’expérience.

La céramique n’a jamais été réservée à une élite, et après des milliers d’années d’histoire, elle reste toujours présente dans la vie quotidienne. De nos jours, les petites boutiques de porcelaine, les salles d’expérience et les ateliers de créateurs permettent à un plus grand nombre de personnes de mieux connaître la céramique et tous les aspects de sa fabrication. La céramique entre ainsi dans nos vies pour s’y mêler intimement.