DENG DI,membre de la rédaction
Le 30 septembre,David W.Ferguson a publié un message pour sa mère sur son WeChat Moments (le réseau social le plus populaire de Chine),accompagné d’une photo de lui portant un kilt.Le message disait:«Je suis à la télé,maman !»
L’Écossais de 65 ans avait de bonnes raisons d’être ravi:ce jour-là,il a reçu le Prix de l’Amitié du gouvernement chinois – la plus haute distinction chinoise pour un étranger – des mains du vice-premier ministre Liu He au Grand Palais du Peuple à Beijing.Chaque année,une cinquantaine d’experts étrangers reçoivent ce prix en reconnaissance de leur contribution à la promotion des échanges entre la Chine et d’autres pays,lors d’une grande cérémonie.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule,quinze jours plus tôt,il avait reçu le 15ePrix spécial du livre de Chine pour sa contribution (notamment son travail en tant que relecteur)sur la version anglaise deXi Jinping:La gouvernance de la Chine,qui compile des discours,des lettres et d’autres écrits de Xi Jinping.
Né et élevé en Écosse,David Ferguson ne connaissait de la Chine contemporaine que le stéréotype d’un pays arriéré dirigé par un parti communiste.Ce n’est qu’après avoir rencontré Li Muqun,venue de Chine pour étudier au Royaume-Uni,qu’il en a appris davantage sur ce pays éloigné.David Ferguson et Li Muqun sont tombés amoureux,se sont mariés,puis ont décidé de partir en Chine pour tenter leur chance.
L’Écossais est diplômé d’une faculté de droit,mais n’a jamais exercé dans ce domaine.Après son arrivée en Chine,en 2006,il s’est essayé à de nombreux emplois au Jilin,la province du nord-est de la Chine d’où sa femme est originaire.Il a d’abord travaillé comme agent de football,puis comme consultant en management.Mais ni l’un ni l’autre de ces emplois n’a vraiment fonctionné.Ainsi,début 2008,il a suivi les conseils de sa femme et posé sa candidature au poste de journaliste et rédacteur à china.org.cn,un portail officiel consacré à la Chine:actualités,événements,analyses,etc.
Au début,il éprouvait des réticences à travailler pour une organisation associée au gouvernement chinois.Cependant,en mars 2008,lorsque de violentes émeutes ont secoué la région autonome du Tibet,David Ferguson a changé d’avis.Comparant le traitement médiatique fait par l’Occident et la Chine de cette violence,il a découvert qu’il «regardait deux histoires complètement différentes de ce qui s’était réellement passé» et que «l’histoire des médias occidentaux était un tissu de mensonges».Il a été choqué par les recherches qu’il a menées.
David Ferguson
«C’est arrivé à un point où j’étais très en colère»,se souvient-il.«Et j’ai décidé de prendre ce job à China.org.Fondamentalement,j’ai décidé qu’après avoir vu ce que les médias occidentaux faisaient à la Chine,au moins une personne devait faire mieux et essayer de raconter honnêtement des histoires sur ce pays.» C’est ainsi qu’il a commencé sa carrière de journaliste anglophone basé à Beijing.Depuis lors,il défend la Chine contre les fausses informations des médias occidentaux.
Actuellement,David Ferguson est écrivain et rédacteur aux Éditions en Langues étrangères,une organisation sœur de china.org.cn,où il édite des livres sur la politique,l’économie et la culture de la Chine.Après des années dans l’édition,il s’est rendu compte que le discours chinois est totalement différent de celui de l’Occident.Expliquer les véritables réalisations de la Chine n’est pas une tâche facile.
«Normalement,la politique chinoise parle de concepts plus abstraits que ceux évoqués par les politiciens occidentaux.Les livres chinois regorgent de données et de théories.Les lire est un travail difficile.»
L’un des ouvrages qu’il a édités portait sur Gu Wenchang,un membre modèle du Parti communiste chinois qui a consacré sa vie à réduire la pauvreté à Dongshan,une île aride et improductive de la province du Fujian,dans le sud-est de la Chine.Il s’est concentré sur le verdissement de cet endroit,convaincu que s’il pouvait y faire pousser des arbres ou des plantes,le terrain pourrait devenir fertile.Cela lui a pris des décennies,mais il a finalement réussi,et Dongshan est aujourd’hui un lieu magnifique.Gu Wenchang est parvenu à transformer une île en oasis de verdure.
David Ferguson a été profondément impressionné par ce livre.Il a trouvé le récit authentique et touchant.Il écrit aussi des ouvrages sur la Chine.«Il y a tellement d’histoires fascinantes,où que j’aille»,déclare-t-il.«La Chine est immense,sa civilisation est vieille de 5 000 ans,elle compte des dizaines de provinces et a donc un grand nombre d’histoires à raconter.Je pense que pour les rendre attrayantes pour les lecteurs non chinois,il s’agit davantage d’une question de style de narration.»
Comment raconter de bonnes histoires sur la Chine? David Ferguson prend le président Xi Jinping en exemple:celui-ci adapte ses discours aux besoins du public auquel il s’adresse.
Comment raconter de bonnes histoires sur la Chine? David Ferguson prend le président Xi Jinping en exemple:celui-ci adapte ses discours aux besoins du public auquel il s’adresse.L’Écossais a travaillé sur un livre contant des articles rédigés par Xi Jinping de 2003 à 2007,quand il était secrétaire du comité du Parti pour la province du Zhejiang,dans l’est de la Chine.À l’époque,il écrivait un ou deux articles par semaine pour leZhejiang Daily.
«Vous pouvez voir dans ces articles ce que deviennent les réflexions de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises.Vous pouvez observer les idées se former.Il les exprime très bien.Il écrit des articles courts et formule les choses simplement.Il se répète rarement.»
David Ferguson vit en Chine avec sa femme et son fils depuis près de 16 ans,et il a désormais ce pays dans la peau.Il espère présenter cette Chine réelle,dynamique et moderne à plus de gens à travers ses livres.
David Ferguson (4e d.) en compagnie des autres récipiendaires du Prix de l’Amitié 2020 et 2021 à Beijing,le 30 septembre