Le lien centenaire d’une famille avec la Chine

2021-10-13 02:47ZHOULINmembredeladaction
今日中国(法文版) 2021年10期

ZHOU LIN, membre de la rédaction

Michael Crook, 70 ans, est un Britannique né à Beijing.Il parle couramment le chinois et est capable de passer facilement à l’anglais.

« Ayant grandi à Beijing, je connais les histoires révolutionnaires chinoises », raconte-t-il.Actuellement, Michael Crook porte plusieurs casquettes : président du Comité international pour la promotion des coopératives industrielles chinoises (ICCIC), directeur de l’Université Bailie de Beijing et cofondateur de l’Académie occidentale de Beijing (WAB).En 2004, il a reçu le Prix de l’amitié du gouvernement chinois, décerné par le gouvernement chinois aux experts étrangers qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la modernisation, et à la réforme et l’ouverture de la Chine.

« À présent, la Chine s’efforce de créer un monde plus pacifique et harmonieux pour l’ensemble de l’humanité.»

Un choix historique

Comme de nombreux étrangers qui ont choisi de travailler et de vivre à Beijing, la famille Crook a tissé un lien profond avec la Chine.Cependant, dans son cas, le lien remonte à plus d’un siècle.La mère de Michael,Isabel Crook, 106 ans, est d’origine canadienne et vit sur le campus de l’Université des études étrangères de Beijing (BFSU).À l’occasion du 70eanniversaire de la fondation de la République populaire de Chine en 2019,elle a reçu la Médaille de l’amitié, soit la plus haute distinction en Chine pour les étrangers.

En 1915, Isabel est née dans une famille de missionnaires à Chengdu,le chef-lieu de la province du Sichuan(sud-ouest de la Chine), où elle a passé sa jeunesse.Ses parents se souciaient beaucoup des régions rurales du pays et ont créé des jardins d’enfants et des écoles primaires à Chengdu, ce qui a exercé une profonde influence sur Isabel, qui s’est ensuite consacrée à l’enseignement et à la recherche sociale dans la Chine rurale.En 1938, Isabel, 23 ans, a obtenu un master au Canada et a entamé des études anthropologiques dans l’actuelle préfecture autonome tibétaine et qiang d’Aba (province du Sichuan).

Michael affirme que l’histoire d’amour de ses parents, David (1910-2000) et Isabel, est étroitement liée à l’histoire du Parti communiste chinois(PCC).Dans les années 1930, le peuple chinois prit les armes contre les agresseurs japonais.David était alors un communiste britannique.Il se demandait souvent à quoi les membres du PCC ressemblaient, et pourquoi des centaines de milliers de Chinois risquaient leur vie pour rejoindre le PCC et l’Armée rouge, le prédécesseur de l’Armée populaire de libération.En 1937, le livreÉtoile rouge sur la Chine,écrit par le journaliste américain Edgar Snow, a été publié au Royaume-Uni,où il a fait sensation.Il a éveillé la curiosité de David envers la Chine et l’a décidé à aller voir ce qui se passait de ses propres yeux.

« Mon père a lu le livre sur les exploits du PCC et la victoire de la Longue Marche de 12 500 km (1934-1936).Il a dès lors été fasciné par la Chine »,se souvient Michael.« En 1938, il est venu en Chine et a décidé de rester dans ce pays incroyable.»

C’est à Chengdu que David a rencontré sa bien-aimée Isabel.Partageant le même intérêt pour la Chine, les deux jeunes gens sont tombés amoureux et se sont mariés deux ans plus tard.

« Grâce à ma mère, mon père a eu la chance d’en apprendre plus sur la Chine rurale, et grâce à mon père, ma mère est devenue une fervente communiste »,sourit Michael.En 1947, le couple s’est aventuré dans les zones libérées dirigées par le PCC et a mené une enquête approfondie de six mois sur la réforme agraire en cours dans le village de Shilidian (Hebei).Grâce à leur étude sur le terrain, une étape importante de la révolution de la nouvelle démocratie a été consignée de manière authentique et deux livres d’une grande valeur sociologique ont été rédigés :Revolution in a Chinese Village - Ten Mile InnetMass Movement in a Chinese Village- Ten Mile Inn.

En 1947, David Crook et Isabel Crook se font photographier au village de Shilidian, où ils mènent une étude sociologique sur la réforme agraire.

Les agriculteurs de Shilidian remesurent leurs terres dans le cadre de la pratique « la terre au laboureur » engagée par le PCC.

Le couple Crook répond aux questions des étudiantes, tout en enseignant l’anglais à l’Université des études étrangères de Beijing.

Ayant longtemps vécu dans les régions rurales de la Chine, Isabel s’est rendu compte que le PCC était le choix inévitable du peuple chinois.Michael se souvient des mots de sa mère à ce sujet :« À cette époque, le Kuomintang (KMT)menait également un mouvement de reconstruction rurale, mais la réforme progressive qu’il prônait ne pouvait pas résoudre fondamentalement le problème des agriculteurs.En fin de compte, la réforme agraire du PCC s’est concrétisée et le concpet ‘‘la terre au laboureur’’ est devenu une réalité.»

Soutien généralisé

« Pendant la Guerre de résistance contre l’agression japonaise (1937-1945), de nombreux amis internationaux sont venus en Chine et ont travaillé en première ligne pour soutenir le peuple chinois dans divers domaines, notamment l’enseignement et la santé.Parmi ces étrangers figuraient des docteurs : le Canadien Norman Bethune, l’Américain George Hatem et l’Allemand Hans Miller.S’y ajoute l’éducateur et employé de coopérative né en Nouvelle-Zélande Rewi Alley.Ce dernier était également le fondateur de l’ICCIC », explique Michael.

Selon Michael, l’ICCIC a été créé à Hong Kong en 1939 par Mme Soong Ching Ling, Rewi Alley et d’autres personnes.Le Mouvement Gung Ho a organisé des travailleurs licenciés et des réfugiés déplacés par l’invasion japonaise pour créer des coopératives manufacturières au profit de la résistance de la Chine.Gung Ho, du chinois gong he, est l’abréviation de gongye hezuo, qui signifie « coopération industrielle » ou « travailler ensemble ».Depuis, des hommes et des femmes en Chine et au-delà ont consacré leur vie à aider les pauvres de Chine à sortir de la pauvreté en travaillant ensemble.

Par la suite, Alley a déménagé à Shuangshipu, alors petite ville de moins de 2 000 habitants dans la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine).Il y a fondé une coopérative industrielle et l’École technique Bailie,avec son ami britannique George Hogg,en profitant de la position stratégique de Shuangshipu comme carrefour de transit entre le Shaanxi, le Gansu et le Sichuan, ainsi que comme site de stockage riche en charbon et en minerai de fer.Aujourd’hui, la petite cité est devenue une ville de 20 000 habitants.

« À cette époque, Shuangshipu était économiquement arriérée, elle n’avait pas l’électricité et était pauvre en magasins.La mise en place de nombreuses coopératives a non seulement apporté de la vitalité à la ville, mais elle a aussi favorisé son développement industriel », avance Michael.Il ajoute qu’Alley a rencontré le président Mao Zedong à deux reprises entre 1939 et 1941, et qu’il a été encouragé par Mao à établir des coopératives industrielles dans le nord-ouest de la Chine.

« L’ICCIC a apporté une contribution exceptionnelle à la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise, grâce à de nombreuses aides venant de l’étranger »,indique Michael.Le Mouvement Gung Ho comptait à la fois sur des hommes et des femmes de Chine et d’ailleurs, y compris des membres du PCC et des patriotes du KMT, formant ainsi le plus large front engagé dans la recherche d’une aide internationale et dans la production de fournitures militaires et civiles pour soutenir la résistance.Finalement, avec le soutien du PCC, un mouvement de production de masse s’est formé, ce qui a aidé des dizaines de millions de personnes sans emploi et de réfugiés, et a apporté une grande contribution à la résistance.

Aujourd’hui, Michael espère que chaque membre de l’ICCIC incorporera l’esprit du « dur labeur et du travail commun » établi par son fondateur Rewi Alley.Cet esprit a été mentionné par le président Xi dans sa lettre à l’ICCIC en 2017.Celui-ci a également exhorté ses membres à continuer de contribuer à la réduction de la pauvreté, à l’égalité des droits pour tous et à l’aide humanitaire.

Le 11 décembre 2020, Michael Crook (à dr., au dernier rang) a fêté le 105e anniversaire de sa mère, Isabel Crook (au milieu, au premier rang), avec ses amis de l’Association de coopération industrielle de Chine.

Lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté et a fait rage dans le monde entier l’année dernière, l’ICCIC a collecté des fournitures de prévention via ses quatre bureaux de liaison en Chine, les a envoyées aux hôpitaux désignés et a offert son aide aux régions gravement touchées en Europe et aux États-Unis.Isabel Crook a fait un don de 10 000 yuans à l’Hôpital du peuple no2 de Chengdu, où elle est née.Quant à Michael, il a réalisé une courte vidéo,à destination du public international,dans laquelle il narre des évènements historiques qui ont eu lieu à Wuhan,notamment le soulèvement de Wuchang en 1911, la fondation du gouvernement nationaliste de Wuhan en 1927, la création de l’organisation de coopération industrielle chinoise Gung Ho en 1938 et l’achèvement du premier pont sur le fleuve Yangtsé en 1957.« Les gens auront une vision biaisée de Wuhan s’ils ne la connaissent que par le coronavirus.Je veux que les gens du monde entier en apprennent davantage sur son histoire et se souviennent de cette ville héroïque de Wuhan »,explique Michael.

Construction et développement

Pour Isabel, c’est le PCC qui a apporté la paix au peuple chinois, tandis qu’à la génération de son fils, il a apporté le développement.Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, de nombreux amis internationaux venus en Chine sont restés et se sont consacrés à la reconstruction d’après-guerre.

En 1948, à l’invitation du PCC,Isabel et David se sont rendus dans le village de Nanhaishan, à l’ouest de Shijiazhuang (chef-lieu de la province du Hebei), pour fonder l’École centrale des affaires étrangères, où ils ont commencé leur carrière d’enseignant en anglais.Depuis, cette école est devenue la BFSU, et le couple est devenu pionnier dans l’enseignement de l’anglais en Chine.Il a formé de nombreux professionnels de haut niveau,maintenant actifs dans divers domaines.Sur le campus est de la BFSU, les étudiants ont érigé un buste en bronze de David Crook, gravé d’une ligne de caractères chinois : « Ami du peuple chinois ».

Isabel vit à la BFSU depuis plus de six décennies.Son appartement est décoré, comme de nombreuses maisons de personnes âgées chinoises, de portraits de Mao Zedong et de Zhou Enlai, ainsi que d’étagères pleines de livres chinois et anglais.Elle a une connaissance plus approfondie de la Chine et de son histoire contemporaine que de nombreux Chinois.De jeune fille à femme aux cheveux gris, d’anthropologue à enseignante, elle a connu les vicissitudes de la Chine au XXesiècle, notamment les affrontements des seigneurs de guerre, la Guerre de résistance contre l’agression japonaise, la Guerre de libération, la fondation de la République populaire de Chine et la réforme et l’ouverture.Elle s’estime chanceuse d’avoir participé à la construction du socialisme, et cette expérience a rendu sa vie riche et intrigante.

Bien qu’il ait quitté la Chine de nombreuses fois, Michael est toujours retourné à Beijing, où il a passé plus de 50 ans.Au début des années 1990, avec le développement rapide de l’économie chinoise, des myriades d’organisations internationales, de médias occidentaux et de multinationales se sont installées à Beijing, ce qui a augmenté le nombre d’étrangers vivant dans la capitale.En 1994, Michael a contribué à la fondation d’une école internationale, la WAB, avec ses amis.

Pour la famille Crook, Beijing possède une magie puissante.« Ma famille et moi avons un lien indestructible avec la Chine.Nous avons vu la Chine se développer progressivement d’un pays déchiré par la guerre, pauvre et faible,à un pays en paix, porté par l’une des économies les plus puissantes du monde.Et à présent, la Chine s’efforce de créer un monde plus pacifique et harmonieux pour l’ensemble de l’humanité », se réjouit Michael.