Construire un environnement propice aux animaux sauvages

2021-10-13 02:46ZHAOYANGMEMBREDELADACTION
今日中国(法文版) 2021年10期

ZHAO YANG, MEMBRE DE LA RÉDACTION

Des cerfs du père David paissent au printemps dans la réserve naturelle dédiée à cette espèce, au sein de la zone humide de la mer Jaune de Dafeng, à Yancheng(Jiangsu), le 13 avril 2019.

Un troupeau d’éléphants d’Asie qui a été parfaitement protégé tout au long de sa migration vers le nord du Yunnan, une dizaine de baleines à tête de melon échouées au large des côtes de Taizhou (Zhejiang) qui ont été sauvées, des hôpitaux qui ont pris le relais pour sauver un pangolin blessé dans le Guangxi… Cette année, de nombreux événements liés à la protection des animaux sauvages ont attiré l’attention de l’opinion publique chinoise sur ce travail.Au cours des dernières décennies, la protection de la faune sauvage en Chine s’est renforcée progressivement.De nombreux individus et organisations, au niveau national ou au niveau de la population, ont déployé des efforts à cette fin.

Une nouvelle phase de la protection de la faune sauvage

Selon Zhang Jinshuo, conservateur adjoint du Musée zoologique national, relevant de l’Institut de zoologie de l’Académie des sciences de Chine(ASC), dans les années 1950, Bing Zhi, zoologiste et fondateur de l’Institut de zoologie, ainsi que les botanistes Qian Chongshu et Chen Huanyong, ont été les premiers à proposer la création de réserves naturelles pour protéger des ressources naturelles en Chine.En 1956, la fondation de la réserve naturelle de Dinghushan dans la province du Guangdong, la première en cette matière, a marqué le début de la mise en place du système de réserves naturelles en Chine.

Mais la Chine n’a pas promulgué de lois et de réglementations spécifiques dans ce domaine pendant les années qui ont suivi.Après la réforme et l’ouverture à la fin des années 1970, la vulgarisation scientifique a commencé à produire des effets.La Chine a aussi commencé à coopérer avec les autres pays dans ce domaine, par exemple dans le cadre de conventions signées avec le Japon en 1981 et l’Australie en 1986 sur la protection des oiseaux migrateurs et de leur habitat.Au cours de cette période, les sept derniers ibis rouges sauvages encore en vie dans le monde ont été découverts dans le Shaanxi en 1981, et en 1985, des cerfs du père David, à l’origine une espèce endémique de la Chine, mais qui avait disparu de sa patrie, sont revenus de l’étranger.Ces événements importants ont grandement favorisé l’évolution de la protection de la faune sauvage du pays : un grandnombre de réserves naturelles ont été créées, offrant de vastes zones propices à la survie des animaux sauvages.En 1989, la Loi sur la protection de la faune sauvage est officiellement entrée en vigueur.La Chine est ainsi entrée dans une nouvelle phase dans ce domaine.

Depuis le XVIIIeCongrès national du Parti communiste chinois en 2012, l’introduction du concept d’édification d’une civilisation écologique a porté la protection de la faune sauvage à un niveau sans précédent.Au niveau national, la révision de la Loi sur la protection de la faune sauvage, l’interdiction totale de la consommation d’animaux sauvages et la modification substantielle de la Liste des animaux sauvages sous la protection spéciale de l’État ont tous été des événements majeurs.Des années d’efforts ont permis d’engranger des résultats fructueux : à ce jour, le nombre de réserves naturelles nationales dépasse 300 ; en 2021, soit 40 ans après la redécouverte des ibis rouges, le nombre de ces oiseaux s’élève à 7 000 et la superficie de leur habitat est passée de moins de 5 km2à 15 000 km2;la population de cerfs du père David, revenus en Chine depuis 35 ans, atteint environ 8 000 individus (chiffres de septembre 2020).« Les bonnes nouvelles liées à la faune sauvage sont de plus en plus nombreuses », se réjouit M.Zhang.Selon lui, la 15eConférence des Parties (COP15) à laConvention des Nations Unies sur la diversité biologique, qui se déroulera en octobre 2021 à Kunming, est favorable à la protection plus complète de la biodiversité et sera d’une grande importance pour la symbiose entre l’homme et la nature.

Les efforts des différentes parties

Au fil des décennies, des professionnels et des experts contribuant à la protection de la faune sauvage se sont fait entendre.Wang Song, ancien chercheur de l’Institut de zoologie de l’ASC, est l’un d’entre eux.

Huit bébés tigres de Chine méridionale dans la nurserie du zoo de Nanchang, le 17 juin 2021

En 1979, une délégation du World Wide Fund for Nature (WWF) s’est rendue pour la première fois en Chine.M.Wang a participé à l’entretien bilatéral en tant que représentant de l’ASC, et la même année, il a participé à titre d’observateur à la 2esession de la Conférence des Parties à laConvention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction(CITES).De plus,M.Wang a assumé le poste de directeur adjoint exécutif de la Commission scientifique des espèces menacées de la République populaire de Chine(autorité scientifique chinoise à la CITES) pendant près de 20 ans.Durant sa mission, il a participé à l’élaboration de plusieurs lois et règlements importants du pays, tels que la Loi sur la protection de la faune sauvage, le Plan d’action pour la conservation de la biodiversité et la Liste des animaux sauvages sous la protection spéciale de l’État, promouvant grandement le développement de la conservation de la biodiversité en Chine.

Wang Song et Tan Bangjie, premier directeur du Zoo de Beijing, ont joué un rôle important dans la coordination du retour des cerfs du père David en Chine.Au début du XXesiècle, 18 cerfs du père David, les derniers encore en vie dans le monde,étaient élevés en captivité par le duc de Bedford en Angleterre.M.Tan a écrit à l’arrière-petit-fils du duc de Bedford pour exprimer le souhait de voir les cervidés revenir en Chine, ce qui a attiré l’attention de celui-ci.En 1985, 20 cerfs du père David ont été renvoyés en Chine.De plus, M.Tan a proposé pour la première fois de protéger le tigre de Sibérie et le tigre de Chine méridionale.C’est grâce à son insistance que le tigre de Chine méridionale, espèce endémique de la Chine, a été reconnu comme une espèce menacée d’extinction nécessitant une protection prioritaire.Fin de 2020, la population de tigres de Chine méridionale en captivité en Chine a atteint plus de 200 individus, soit environ le double par rapport à la fin 2010.

Les forces populaires sont aussi cruciales pour la protection des animaux sauvages.En 1996, TangXiyang et Shen Xiaohui, deux écrivains écologiques, ont lancé la première activité écologique non gouvernementale en Chine, à savoir le « camp vert des étudiants ».Au total, 25 étudiants, journalistes,écrivains et photographes se sont rendus dans le mont enneigé de Baima (nord-ouest du Yunnan)pour protéger, avec le soutien des différentes parties, plus de 200 rhinopithèques du Yunnan vivant dans des forêts primaires de plus de 100 km2.Le camp vert a été organisé pendant 25 ans, autour de différents thèmes, comme la conservation des zones humides, l’expédition scientifique de Weihe(un affluent du fleuve Jaune) et la protection des animaux des monts Qinling.Les participants à ces camps verts ne se limitaient pas aux étudiants des universités chinoises, en effet, de nombreux étudiants et volontaires de pays étrangers, tels que les États-Unis, le Japon et la Finlande, y ont également pris part.Ils constituent des forces importantes dans la protection de la biodiversité.

Le premier concours d’observation de la nature Guangdong-Hong Kong-Macao se déroule à Zhaoqing (Guangdong), le 30 mai 2020.

M.Zhang avance que beaucoup de photographes animaliers ont tourné des documentaires pour sensibiliser le public à la protection de la faune sauvage.Le travail des musées et d’autres institutions scientifiques est aussi efficace et important.« Dans les années 1980, quand j’étais petit, la floraison des bambous a provoqué une pénurie alimentaire pour les pandas géants.Je me souviens encore de l’appel aux dons lancé par le Musée d’histoire naturelle de Beijing pour sauver les pandas géants.Depuis des décennies, des efforts continus sont déployés à tous les niveaux du pays pour la protection de la faune sauvage », déclare-t-il.

Une gestion intégrée indispensable

M.Zhang ajoute que certaines célébrités profitent des réseaux sociaux pour promouvoir des concepts écologiques.Pour lui, le changement le plus évident,c’est que le Musée zoologique national, autrefois peu visité, est aujourd’hui populaire.Ce musée est une institution universitaire regroupant la systématique zoologique, la recherche sur l’évolution,la collection des spécimens et la vulgarisation des sciences zoologiques.Abritant plus de 8,93 millions de spécimens, il est le plus grand musée zoologique d’Asie.« Ces dernières années, le nombre de touristes a augmenté de manière significative.L’affluence reste limitée, mais de 4 000 à 5 000 visiteurs s’y rendent chaque jour.Les visiteurs sont de plus en plus diversifiés, en plus des parents et leurs enfants,beaucoup de jeunes s’intéressent aux expositions »,affirme-t-il.

Ces derniers temps, des nouvelles concernant la présence d’animaux sauvages dans l’habitat humain, par exemple un tigre de Sibérie qui s’est aventuré dans un village du Heilongjiang ou des chiens viverrins qui sont apparus dans les quartiers résidentiels de Shanghai, font l’objet de beaucoup d’attention et soulèvent la question de savoir comment parvenir à l’harmonie entre l’homme et la faune.Pour M.Zhang, un nombre excessif d’animaux sauvages pourrait constituer une menace non seulement pour la santé humaine, mais aussi pour l’écologie locale.« C’est pourquoi une bonne gestion est indispensable », souligne-t-il.« Prenons l’exemple des chiens viverrins, il faut des professionnels pour déterminer combien de chiens viverrins une zone peut abriter et comment bien traiter les animaux excédentaires.Cependant, il s’agit d’un sujet nouveau pour les autorités compétentes, ce qui nous oblige à former un grand nombre de professionnels alors que nous continuons à construire la civilisation écologique, et cela exige que davantage de ministères travaillent les uns avec les autres pour une gestion intégrée »,ajoute-t-il.

Enfin, M.Zhang déclare qu’au fil du temps, les échanges académiques dans le domaine de la protection de la faune sauvage entre des instituts de recherche scientifique, des universités et d’autres institutions chinois et étrangers ont été très actifs,et que ces échanges ont fourni des idées et des références.