LU JiAJUN, membre de la rédaction
Un expert chinois envoyé par le Programme FAO-Chine de coopération Sud-Sud enseigne la plantation de riz hybride à des agriculteurs malgaches.
Malgré le COVID-19 qui sévit dans le monde, et alors qu’elle a maîtrisé le virus avec efficacité, la Chine a récemment annoncé son succès décisif dans l’éradication de l’extrême pauvreté. Le prochain objectif du gouvernement chinois est la revitalisation rurale, qui vise à amener les travaux relatifs à l’agriculture, aux zones rurales et aux populations rurales à un niveau supérieur.
En tant que fervent partisan de la dynamique de revitalisation rurale de la Chine, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Chine s’est employée à apporter sa contribution en coopérant avec le gouvernement chinois. Dans le même temps, grâce à son partenariat avec la FAO, la Chine a été très active pour assister de nombreux pays en développement, dans le domaine de l’agriculture. Après le lancement du XIVePlan quinquennal de la Chine, les perspectives de développement agricole de la Chine et de coopération avec le reste du monde dans le domaine de l’agriculture sont positives.
La Chine au présenta interviewé le représentant de la FAO en Chine,Carlos Watson, qui partage son point de vue sur un large éventail de sujets,notamment la coopération avec la Chine, la contribution de la Chine au développement agricole mondial, le développement durable dans les zones rurales et les défis pour la sécurité alimentaire mondiale et le développement agricole.
La Chine au présent :Depuis sa création en 2009,le Programme de coopération Sud-Sud de la FAO et de la Chine a profité à de nombreuses personnes en Afrique et en Asie. Un projet au Cap-Vert a récemment été lancé. Quel soutien et quelle promotion la FAO a-t-elle mobilisés pour ce projet ?
Carlos Watson :En février, le Programme de coopération Sud-Sud de la FAO (SSC) et de la Chine a contribué à hauteur de 1,5 million de dollars pour lancer son 16eprojet au niveau national en République du Cap-Vert, se concentrant sur le développement de la capacité des systèmes de production pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays.
Ce projet de trois ans a été identifié et formulé conjointement par la FAO,le gouvernement du Cap-Vert et le gouvernement chinois. Il aidera le gouvernement du Cap-Vert à entreprendre des activités de développement de ses capacités à tous les niveaux, à travers différentes modalités, telles que des voyages d’études en Chine et des formations sur le terrain au Cap-Vert. Les domaines prioritaires spécifiques qui seront soutenus par les experts et techniciens chinois au cours de ce projet de trois ans comprennent la production agricole, la lutte contre les nuisibles,l’élevage et l’algoculture.
Le projet FAO-FEM (Fonds pour l’environnement mondial) au Jiangxi organise une sortie pédagogique d’observation des oiseaux migrateurs en hiver pour des élèves.
La Chine au présent :L’année dernière, la FAO et l’Université du Zhejiang ont organisé conjointement un forum sur la transformation numérique des zones rurales. Que pensezvous du développement numérique dans les zones rurales en Chine ? La FAO a-t-elle prévu des activités pour promouvoir cette transformation dans les zones rurales chinoises ?
Carlos Watson :L’année dernière,la FAO et l’Université du Zhejiang ont coorganisé avec succès le Forum sur l’agriculture numérique 2020 et le Global AgriInno Challenge 2020 (dédié à l’innovation dans l’agriculture, NDLR)pour autonomiser les jeunes grâce à l’innovation et à l’entrepreneuriat. En Chine, l’économie numérique rurale s’accélère en s’appuyant sur les technologies à croissance rapide soutenues à la fois par le secteur public et le privé.En raison de la pandémie de COVID-19,les activités interpersonnelles ont été réduites et les petits producteurs, en particulier locaux, ont rencontré des difficultés pour commercialiser leurs produits.
L’accès aux services financiers reste l’un des principaux défis auxquels les jeunes et les PME font face lorsqu’ils investissent dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. De ce point de vue, et faisant écho à ce que le forum a promu l’année dernière, plusieurs actions pourraient aborder la promotion de la transformation numérique : premièrement, passer en revue les opportunités, les défis, les modèles institutionnels, ainsi que les actions et expériences numériques réussies sur les chaînes financières et de production rurales ; deuxièmement, explorer comment la finance rurale, via les canaux numériques, peut être un excellent outil pour l’entrepreneuriat des jeunes et l’agriculture familiale ;troisièmement, construire un environnement propice pour renforcer une opération conjointe impliquant de multiples secteurs et qui profite aux jeunes et aux PME dans la recherche de ressources financières dans la période post-COVID-19.
La Chine au présent :Le 26 novembre 2020, la Banque mondiale a publié une analyse des prix mondiaux des denrées alimentaires dans la période post-pandémique, qui prédit une hausse de ces prix. Avec les incertitudes économiques actuelles, quels sont les défis auxquels le secteur alimentaire et agricole est confronté ?
Carlos Watson :Nous utilisons l’indice FAO des prix des produits alimentaires (FFPI) pour mesurer la variation mensuelle des prix internationaux du panier des produits alimentaires de base. Il consiste en la moyenne des indices du prix des cinq groupes de produits de base, pondérée selon la part respective moyenne des exportations de chacun des groupes pour la période 2014-2016. L’indice FAO des prix des produits alimentaires s’établissait en moyenne à 116,0 points en février 2021, marquant le neuvième mois de hausse consécutive et atteignant son plus haut niveau depuis juillet 2014.
L’augmentation du prix des denrées alimentaires est la conséquence d’une série de pressions, notamment la croissance démographique rapide,l’urbanisation, l’augmentation de la richesse et les changements résultant des modes de consommation, qui mettent déjà en péril la capacité de nos systèmes alimentaires à fournir des aliments nutritifs.
Pour répondre à ces défis et nourrir une population mondiale de près de 10 milliards d’habitants d’ici 2050, il faut une approche systémique qui aborde l’étendue et les complexités du problème d’une manière holistique et durable. C’est ce que nous appelons une transformation vers un développement durable des systèmes alimentaires.
La Chine au présent :La Chine a fourni une assistance à de nombreux pays en développement dans le monde.Que pensez-vous de la contribution de la Chine à la coopération agricole ?
Carlos Watson :Comme en témoigne son support à la FAO, la Chine agit en tant que participant important et soutien actif du Programme de coopération Sud-Sud de la FAO depuis 1996.Cela s’inscrit dans un changement de tendance, passant d’une aide au développement à sens unique de la FAO vers la Chine, à une collaboration à double sens, partageant l’expérience de la Chine en matière de développement agricole et de sécurité alimentaire.De plus, en 2009, le gouvernement chinois a fourni des fonds substantiels pour la création du Fonds fiduciaire du Programme de coopération Sud-Sud.Ce fut une étape importante dans le développement du partenariat FAOChine, élevant notre coopération à un nouveau niveau. À ce jour, la Chine a fourni un total de 130 millions de dollars pour soutenir les efforts de la FAO visant à réduire la pauvreté et à accroître la sécurité alimentaire.
La FAO apprécie grandement la volonté de la Chine de travailler avec et à travers notre organisation de diverses manières. À l’avenir, le partenariat entre la Chine et la FAO restera vital pour fournir des conseils politiques de pointe, une assistance technique sur la sécurité et la sûreté alimentaires,le développement agricole durable, la gestion des ressources naturelles, la surveillance et le contrôle des maladies animales et végétales transfrontalières,la protection du patrimoine agricole, le changement climatique, le développement du secteur privé, l’égalité des sexes et des efforts plus larges pour atteindre l’objectif Faim Zéro dans le monde.
Une cérémonie de remise en liberté et de suivi des hydropotes (ou cerfs d’eau) a lieu à l’été 2020 dans la province du Jiangxi.
La Chine au présent :Cette année marque le début du XIVePlan quinquennal. En février, la Chine a dévoilé son « document n° 1 » pour 2021,qui concerne l’agriculture, les zones rurales et les habitants ruraux, mettant l’accent sur les efforts pour faire progresser globalement le redressement rural et accélérer la modernisation de l’agriculture et des zones rurales.Quelles sont vos attentes en matière de développement durable des zones rurales de la Chine pour les cinq prochaines années ?
Carlos Watson :Il est hautement louable que la Chine ait placé les questions relatives à l’agriculture, aux zones rurales et aux habitants ruraux au sommet de son programme de développement au cours des dernières décennies. Depuis 2004, le « document n° 1 » publié par le gouvernement central de la Chine se concentre sur les questions liées à la sécurité alimentaire. C’est une indication absolue de l’engagement ferme de la Chine dans la promotion du développement durable dans le secteur agricole.
Le but ultime du redressement rural est de construire les zones rurales du pays avec « des industries prospères,un milieu où il fait bon vivre, des mœurs civilisées, une gouvernance efficace et une vie aisée », comme indiqué dans un rapport présenté par le président Xi Jinping au XIXeCongrès du Parti communiste chinois en octobre 2017.
Un grand alignement est observé entre cette vision du redressement rural et ce que nous préconisons à la FAO : des systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure.