WANG XIANG
Le 10 avril 2020, le personnel procède à des tests et désinfecte les équipements dans un atelier de production de vaccins inactivés contre le nouveau coronavirus,avant qu’ils ne soient mis en production dans les locaux de Sinopharm.
En tant que directrice générale de l’Institut des produits biologiques de Beijing relevant du China National Biotec Group (CNBG, importante filiale de Sinopharm), Wang Hui est toujours en train de courir. Depuis la fête du Printemps de l’année dernière, elle et son équipe sont restées au bureau 24 heures sur 24, lancées dans une course contre la montre. Grâce à leurs efforts extraordinaires, le vaccin inactivé anti-COVID-19 a été développé et mis en service en seulement dix mois.
Le 19 janvier 2020, Wang Hui a été nommée « commandante en chef » du projet de vaccin contre le COVID-19 de l’Institut des produits biologiques de Beijing. Elle s’est alors rendue, aussi vite que possible, au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, pour prendre connaissance de la situation de l’isolement des souches du virus de COVID-19, formant de toute urgence une équipe de recherche scientifique composée de six personnes.
Le 25 janvier 2020, premier jour de l’année lunaire, cette équipe a commencé la recherche et le développement (R&D) du vaccin anti-COVID-19.À 10 h tous les soirs, dans une salle de conférence surnommée « le poste de commandement » par Wang Hui, les membres de l’équipe se réunissaient pour résumer les données de la journée et planifier le travail du lendemain.
En général, la production d’un vaccin ne peut se soustraire au principe suivant : il faut en moyenne 10 ou 15 ans de R&D avant son lancement sur le marché, et le processus coûte au moins un milliard de dollars. Cependant,l’Institut des produits biologiques de Beijing a créé un miracle : il a réalisé tout cela en dix mois, sans omettre aucune expérimentation ni procédure.
« Nous avons élaboré une stratégie détaillée et un strict calendrier de R&D. Tous les détails, entre autres la conception expérimentale, le contrôle de la qualité, le procédé technologique et la construction de l’atelier, ont été sérieusement considérés, en répondant à l’exigence des normes internationales et nationales. En fait, tout cela est basé sur l’expérience que nous avons accumulée au cours des dernières décennies et sur notre plateforme technologique avancée », précise Wang Hui.En effet, elle a conçu avec son équipe une plateforme de propriété intellectuelle indépendante destinée à la R&D des vaccins lors du développement du vaccin antipoliomyélitique inactivé(VPI) il y a des années. « Grâce à cette plateforme, nous avions la confiance nécessaire pour accélérer continuellement les progrès de la R&D du vaccin contre le COVID-19. »
En plus du travail de R&D jour et nuit, Wang Hui a joué un rôle de chef dans la création d’un groupe lié à la construction de l’atelier pour la production du vaccin anti-COVID-19. En deux mois, du 15 février au 15 avril 2020, l’Institut des produits biologiques de Beijing a réussi à construire le premier atelier du pays à obtenir la certification de sécurité biologique 3 (P3, pathogène de classe 3) et des« bonnes pratiques de fabrication des produits médicaux ».
« L’atelier de production du vaccin anti-COVID-19 devait répondre aux normes P3. La Chine ne possédait pas d’atelier d’un tel niveau, c’est pourquoi il fallait que les travaux de l’atelier soient synchronisés avec la recherche en laboratoire, afin d’assurer la mise en production du vaccin à la suite du succès de la R&D, explique Wang Hui. De plus, le bâtiment destiné à la construction de l’atelier P3 devait pouvoir résister à un séisme de magnitude 9, donc cela imposait des exigences strictes en ce qui concerne la hauteur des salles et la mezzanine technique. »
Wang Hui
À toutes les étapes, conception,construction, personnalisation des équipements de suivi, tous les travailleurs se sont acquittés de leurs tâches et ont travaillé contre la montre.C’est le premier atelier d’un tel niveau dans le pays. « Cet atelier pionnier devait d’abord répondre aux demandes de l’UE, de la Chine et de l’OMS,et puis sur cette base, des exigences en matière de biosécurité ont été ajoutées », déclare Mme Wang.
L’équipe s’est référée aux exigences de l’UE et a tâtonné dans la construction. Après avoir établi les normes de construction en collaborant avec des ministères et commissions nationaux,elle a invité des experts chinois et étrangers à effectuer de manière répétée des démonstrations et des révisions. « De cette manière, nous voulions inciter toutes les parties à améliorer leur niveau technologique afin de répondre aux normes internationales. Même pour un simple système d’eau ou de soufflerie, il faut une tuyauterie et une étanchéité sans faille, dont la traçabilité et la visibilité soient assurées. »
« Nous avons imposé trois exigences à tous les fournisseurs d’équipement :premièrement, la qualité des produits devait répondre aux normes internationales ; deuxièmement, les intérêts nationaux devaient être mis au premier plan, vu que des heures supplémentaires seront nécessaires pour accomplir les tâches en cas d’épidémie ; troisièmement, les prix devaient être justes et raisonnables, car on ne peut pas s’enrichir en profitant des malheurs de la nation. Tous les fabricants d’équipement ont signé l’accord de consentement »,indique Wang Hui.
En fait, l’une des plus importantes caractéristiques de l’atelier est que la majorité des équipements proviennent de fabricants nationaux. C’est un résultat véritablement « fabriqué en Chine ».
« Un passé trop amer ! Durant cette période, j’étais au bord de l’effondrement, physiquement et mentalement »,confie Wang Hui, en se remémorant les jours difficiles de la R&D du vaccin.
« Au moment le plus critique, j’étais trop fatiguée pour marcher cent mètres. Personne ne m’avait vue dans un tel état au cours des dix dernières années, raconte Mme Wang. Cependant,tout cela en valait la peine. J’ai fait ce que je devais, en réalisant mon but ultime. »
Née en 1963, Wang Hui s’implique dans le développement et le contrôle de qualité des vaccins depuis plus de 35 ans. Après avoir obtenu son diplôme universitaire en 1985, elle a été admise à l’Institut des produits biologiques de Lanzhou relevant du CNBG. Pendant les années suivantes, elle a participé à la production, à la vérification et à la R&D de nombreux vaccins vivants atténués tels que le vaccin contre l’encéphalite japonaise, le vaccin contre la rage, le vaccin contre la rougeole et le vaccin contre la grippe. En 2003,elle est entrée à l’Institut des produits biologiques de Beijing.
De Lanzhou à Beijing, Wang Hui a participé à la concrétisation de beaucoup de projets nationaux d’importance, notamment en tant que cheffe,conduisant son équipe à améliorer progressivement la capacité de fabrication et le niveau de qualité des vaccins chinois.
Le vaccin inactivé contre le COVID-19 développé par Sinopharm a été présenté au dernier Salon international chinois du commerce des services (CIFTIS), le 6 septembre 2020 à Beijing.
Le 18 mai 2020, le président chinois Xi Jinping a déclaré, lors de la cérémonie d’ouverture en séance virtuelle de la 73eAssemblée mondiale de la santé : « Quand le développement et le déploiement d’un vaccin contre le COVID-19 seront disponibles en Chine, ce sera un bien public mondial.Il s’agira de la contribution chinoise à l’accessibilité et l’abordabilité du vaccin dans les pays en développement. »
Le 30 décembre 2020, le vaccin inactivé contre le COVID-19 produit par l’Institut des produits biologiques de Beijing a été approuvé par le Bureau national de contrôle des produits pharmaceutiques de Chine. Wang Hui a ainsi réalisé son rêve.