MA LI, membre de la rédaction
Peng Yi crée des produits culturels dans l’atelier de lutte contre la pauvreté du village de Huawu, situé dans le canton miao de Xinren, dans le district de Qianxi à Bijie(province du Guizhou). Depuis la fête du Printemps,elle croule, comme toutes les autres brodeuses du village, sous les commandes de broderies et de batiks de style miao.
À la veille de la fête du Printemps 2021, le président chinois Xi Jinping a rendu visite aux Miao,à Huawu, afin de les féliciter d’être récemment sortis de la pauvreté. Alors qu’il visitait l’atelier de broderie miao dédié à la lutte contre la pauvreté, il a encouragé chacun de ses concitoyens à transmettre la culture traditionnelle de l’ethnie et à contribuer sans cesse à la revitalisation rurale.
« À l’occasion de la visite du président Xi, j’ai réalisé une peinture décorative sur le thème de l’année du Buffle. Il m’a interrogée sur la composition du colorant, et je lui ai indiqué que nous le fabriquons à partir des branches et des feuilles du Pastel des teinturiers, une plante locale », raconte Peng Yi.Selon elle, si des aides efficaces sont accordées aux paysans pauvres pour combattre la misère, l’artisanat traditionnel propre à Huawu se fera connaître davantage et séduira les consommateurs. « Avant la fête du Printemps, les 36 brodeuses de l’atelier ont confectionné 260 batiks et broderies, pour une valeur estimée à 1,02 million de yuans. » L’épidémie de COVID-19 a eu peu d’incidence sur la vente des produits. « Les femmes du village n’ont plus besoin de partir loin pour trouver du travail : elles peuvent gagner leur pain à domicile ! »
Peng Yi entend profiter de la revitalisation rurale pour exploiter la manne touristique, tout en concevant de nouveaux produits. Elle espère faire connaître ses produits artisanaux dans toute la Chine, voire dans le monde entier.
À 65 km de là, dans le district de Dafang (relevant aussi de Bijie), Mu Pengyu intervient en qualité de membre de l’équipe de lutte contre la pauvreté créée par le promoteur immobilier Evergrande Real Estate Group. Cette année, il n’a pas pu passer les vacances de la fête du Printemps auprès de ses proches. Pendant près d’un mois, il a fait des allersretours entre son bureau et des fermes d’élevage dans le cadre d’inspections, faisant tout son possible pour assurer la production et la bonne marche des projets subventionnés.
C’est en 2015 que le groupe Evergrande a commencé à prêter main-forte à la ville de Bijie. Ces cinq dernières années, il a alloué 11 milliards de yuans à la réduction de la pauvreté et a dépêché à cet effet des équipes à Bijie, avec un total de 2 108 membres travaillant à plein temps. Ce faisant, le groupe a aidé plus d’un million de démunis (dans les 10 districts de Bijie) à s’extirper de la pauvreté. Evergrande a débloqué 5,7 milliards de yuans pour soutenir Bijie dans la construction de 17 quartiers de réinstallation de foyers pauvres et 50 nouvelles zones rurales, et a ainsi permis à 221 800 ruraux d’emménager dans un logement moderne. Evergrande a également doté la ville d’installations éducatives, médicales,commerciales et autres. En outre, le groupe a fédéré les secteurs adaptés à l’emploi des ménages délocalisés, puis a aménagé des postes selon le principe« au moins un poste par ménage ».
Parmi les 611 projets clés de Bijie financés par Evergrande, dont la superficie cumulée s’élève à 21,16 km2, 498 s’inscrivent dans la lutte contre la pauvreté via le secteur industriel. Bijie est devenue la plus grande productrice de légumes des régions froides du Sud de la Chine, la plus grande terre d’élevage de bovins de race Angus du pays, le centre de production d’authentiques remèdes des monts Wumeng et la plus grande productrice de champignons comestibles et de fruits de qualité du Guizhou.
Route touristique escarpée menant au village de Huawu,au bord de la rivière Wujiang
L’équipe professionnelle d’Evergrande présente en permanence à Bijie assure efficacement le suivi des diverses aides, ce qui permet de consolider les premières victoires obtenues face à la pauvreté et de les faire fructifier, contribuant ainsi aux processus de revitalisation rurale, de modernisation agricole et de réhabilitation des villages.
Wang Jingfang vit dans le bourg de Cuijiaji, dans la ville de Pingdu à Qingdao (province du Shandong). En 2015, elle est tombée gravement malade et a dépensé en soins toutes les économies de sa famille, si bien que son foyer a été fiché comme pauvre. Avec l’aide de son village, Wang Jingfang,une fois rétablie, a trouvé du travail dans une serre de tomates cerises, créée dans le village de Qianwa(relevant de Cuijiaji) pour favoriser la lutte contre la pauvreté et l’entrepreneuriat rural. Elle y a appris les techniques de plantation des tomates cerises et les processus de gestion de la serre. En août 2017,elle a fait part à Ju Bingjin, secrétaire de la Cellule du Parti pour Qianwa, de son désir d’ouvrir sa propre serre. Le village l’a soutenue dans ce projet,en proposant le report du loyer familial. Et Wang Jingfang a obtenu de bonnes récoltes ! La deuxième année, sa serre générait déjà un chiffre d’affaires de 250 000 yuans. Sa fille et son gendre, partis travailler à Qingdao, sont même revenus au village en vue de prendre part à ce projet.
Le 2 mars 2021, Peng Yi répond à l’appel d’un client sur le site de réinstallation des foyers pauvres, dans le village de Huawu.
Ces projets de construction de serres à Qianwa s’inscrivent dans la démarche de Cuijiaji, à savoir,créer des « organismes pilotes en matière de lutte contre la pauvreté et d’entrepreneuriat rural » sur la base de la culture de légumes. En 2016, le bourg de Cuijiaji avait déjà proposé de redistribuer à six villages économiquement faibles le fonds de 5,4 millions de yuans destiné à vaincre la pauvreté, qu’il avait reçu des échelons supérieurs. Son objectif : soutenir la construction de 36 serres chauffées répondant à des normes élevées, pour fonder des organismes pilotes. Qianwa travaille activement à cet objectif, et les projets fleurissent dans le village. Grâce à l’essor industriel, le village de Qianwa a pu s’extraire de la pauvreté et s’engage plus tôt que prévu sur la voie rapide de la revitalisation rurale.
Qianwa n’est qu’un aperçu du développement industriel dans les zones rurales du bourg de Cuijiaji.Au début, celui-ci n’abritait que 36 serres pour semis aménagées à l’initiative des cadres des villages,contre plus de 1 200 de nos jours. « À l’heure actuelle, à travers les 121 villages du bourg, on dénombre une trentaine de serres où poussent des tomates cerises, générant un chiffre d’affaires cumulé de plus de 420 millions de yuans. Les recettes engrangées par les villageois ont grimpé jusqu’à 310 millions de yuans, ce qui a porté le revenu annuel par habitant à près de 4 000 yuans », déclare Zhang Shunze, chef adjoint de Cuijiaji. En développant de tels « organismes pilotes », Cuijiaji a dit adieu à la pauvreté.À l’avenir, le bourg continuera d’étendre sa chaîne industrielle, de la plantation à d’autres maillons(achat/vente, transformation, logistique, vente en ligne et matériel agricole…), pour parachever la conversion des « coopératives de lutte contre la pauvreté » en « organismes pilotes en matière de lutte contre la pauvreté et d’entrepreneuriat rural »,en promouvant la modernisation agricole via l’intégration industrielle.
« Pour l’heure, commente Tang Yunli, vice-présidente du Comité municipal de la CCPPC et cheffe du Bureau de l’aide au développement de Pingdu, notre ville a établi 32 organismes pilotes de ce genre. Grâce aux mécanismes de liaison des intérêts et de partage des bénéfices mis en place, les villages et populations démunis ont intégré le cercle vertueux de la chaîne industrielle, ce qui leur a permis de se débarrasser de la misère et de s’enrichir. Pour contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la revitalisation rurale, nous avons exploré une voie privilégiant les industries spécifiques. Et Pingdu est devenue, aux yeux des autres villages du Shandong, l’un des modèles en matière de revitalisation rurale. »
Le village de Qianwa développe la filière des produits agricoles du terroir.
Pingdu, dans le Shandong, est une ville typique de l’Est de la Chine, tandis que Bijie, dans le Guizhou,est représentative de l’Ouest du pays. Chacune possède ses avantages en termes de ressources et suit son propre développement industriel. Mais une fois la revitalisation rurale lancée, comment les régions de l’Est et de l’Ouest détermineront-elles le modèle de développement adapté à leur situation ? Qu’apprendront-elles les unes des autres ? Telles sont les problématiques qu’a soulevées Luo Shaming,membre du Comité national de la CCPPC, lors des« Deux Sessions » 2021.
« L’Est et l’Ouest de la Chine devront s’efforcer d’établir une connexion intrinsèque et efficace entre consolidation des résultats obtenus face à la pauvreté et revitalisation rurale », estime Luo Shaming. Il sera aussi difficile de mettre en œuvre globalement la stratégie de redressement rural que de traiter le problème de la pauvreté, au regard de l’ampleur et de l’échelle de la tâche. Il faut que les gouvernements, à tous les niveaux, perfectionnent les systèmes politique, institutionnel et de l’emploi.Avec des mesures plus vigoureuses, en rassemblant des forces plus puissantes, il faut accélérer la modernisation de l’agriculture et des villages, pour obtenir « une agriculture de haute qualité et à haut rendement, des zones rurales où il fait bon vivre et travailler, ainsi que des paysans riches et aisés ».« Tout comme la réduction de la pauvreté, la revitalisation rurale sera une bataille de longue haleine. »
Comme l’a souligné Luo Shaming, les provinces de l’Est affichant un meilleur développement économique devraient s’efforcer de rehausser l’innovation et l’entrepreneuriat en milieu rural, ainsi que de renforcer la nouvelle dynamique de développement des industries rurales. « Améliorer l’environnement d’affaires dans le milieu rural pour qu’il soit propice à l’innovation et l’entrepreneuriat, et par voie de conséquence, à l’emploi ; conforter le rôle directeur de l’innovation technologique ; et renforcer la force endogène du développement industriel rural » : telles sont les préconisations de Luo Shaming. Selon lui, sous l’impulsion des politiques, des projets et de notre attachement à nos racines, il faut construire une plateforme permettant aux habitants de revenir dans leur village natal, aux entreprises de redonner vie aux zones rurales et aux citoyens de venir découvrir les campagnes. L’objectif étant de convaincre des talents de tous horizons d’innover et de créer leur propre affaire dans les zones rurales.
En consolidant les acquis de la lutte contre la pauvreté, les zones sous-développées de l’Ouest devraient également prendre le « train express de la revitalisation rurale ». « Dans une ville comme Bijie tout juste sortie de la pauvreté, il faut chercher à combiner mesures de compensation écologique et soutien des pratiques écologiques dans l’industrie,en vue de protéger les trésors de la nature », explique Luo Shaming. Selon lui, la bonne expérience de développement à l’Est pourra être copiée à l’Ouest.Et l’efficace collaboration Est-Ouest menée dans le cadre de la réduction de la pauvreté pourra perdurer.
Il estime que le pays est entré dans une période de consolidation des acquis de la lutte contre la pauvreté. Toutefois, le grand système multifacette mis en place (la lutte contre la pauvreté ciblée, via le secteur industriel, l’aide sociale et la coopération Est-Ouest) peut continuer de jouer son rôle. Nous devons œuvrer ensemble pour déplacer le centre de gravité vers le développement coordonné de la revitalisation rurale.
« L’élimination de la pauvreté a posé une base solide ; la revitalisation rurale est quant à elle un plan directeur visionnaire. Il faut donc s’attendre à voir émerger de nouveaux villages chinois, avec des industries florissantes, un cadre de vie plaisant, des coutumes civilisées, une gouvernance efficace et une vie prospère », conclut Luo Shaming.