par Ding Ying
Inestimables calligraphie et peintures dévoilées lors de l’exposition (de haut en bas) : Visite du Royaume de Dame de Guo au Printemps, Modèles de Calligraphie dans Son Année de Règne Majestueux de la Longévité au Ciel et Dame avec une Fleur et Dame Agitant un Éventail.
Une exposition de calligraphies et de peintures ravive l’esprit de la civilisation de la dynastie des Tang
Si la machine à remonter le temps existait, la dynastie des Tang (618-907) serait une destination de choix pour des voyageurs temporels qui souhaiteraient vivre un pan de l’histoire chinoise.
C’était en effet une période pleine d’énergie, d’ouverture et de créativité. Chang’an, aujourd’hui Xi’an dans la province du Shaanxi dans le nord-ouest de la Chine, capitale du grand empire, était une métropole internationale. Des marchands de différentes régions arrivaient avec des produits exotiques ; les étrangers devenaient officiels ou généraux en raison de leurs compétences extraordinaires ; et les poètes, chanteurs, danseurs, artistes et artisans les plus talentueux s’y sont rassemblés, créant ainsi une civilisation magnifique.
Désormais, les passionnés d’histoire et de culture auront la possibilité de découvrir la dynastie des Tang sans avoir recours à une machine à remonter le temps. Il leur suffira de se rendre à l’exposition de calligraphie et de peinture « Rencontrez la dynastie des Tang à nouveau » au musée provincial du Liaoning de la ville de Shenyang, dans le nord-est de la Chine.
Li Qi, âgée de 34 ans et résidente de Shenyang, capitale de la province du Liaoning, a emmené son fils de 7 ans au musée pour y voir l’exposition. « Admire-la lentement et complètement », dit-elle à son fils d’une voix basse. « Il s’agit d’une calligraphie de Wang Xizhi copiée sous la dynastie des Tang. »
Wang Xizhi, qui vivait il y a 1 700 ans, est considéré comme le plus grand calligraphe de l’histoire chinoise, la famille Wang ayant contribué aux calligraphes les plus remarquables.
De nombreux empereurs chinois, y compris la seule impératrice de l’histoire chinoise, Wu Zetian (624-705), étaient très enthousiastes à l’idée de posséder une véritable calligraphie des Wang. Ainsi, en 697, la famille Wang s’est séparée de précieuses collections de 28 calligraphes de neuf générations différentes, dont Wang Xizhi, pour faire plaisir à l’impératrice.
Celle-ci était ravie. Cependant, elle les a rendues à la famille après avoir demandé au meilleur calligraphe de les copier pour servir de modèles d’art. C’est l’histoire derrière les modèles de calligraphie.
Le fils de Mme Li apprend la calligraphie. Elle a estimé que l’exposition était une très bonne occasion pour lui de voir le travail original de grands calligraphes. Normalement, de précieuses reliques culturelles, telles que le parchemin de Wang Xizhi, sont soigneusement entreposées pour leur protection.
« Je sais qu’il est peut-être impossible pour lui de comprendre toute la beauté de ces œuvres, mais j’espère que l’exposition pourra au moins lui donner une impression esthétique », a confié Mme Li.
L’exposition, organisée conjointement par l’Administration nationale du patrimoine culturel et le département de la publicité du Comité du Parti communiste chinois (PCC) pour la province du Liaoning, s’est ouverte le 7 octobre et se poursuivra jusqu’au 5 janvier 2020. Elle présente aux visiteurs un festin d’art de la dynastie des Tang. Sur les 100 objets exposés, 38 sont des reliques culturelles nationales de première classe.
« L’exposition est une plateforme importante pour démontrer la profondeur de la culture du Liaoning », a déclaré Zhang Fuhai, chef du département de la publicité, lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition.
Selon lui, le Liaoning a apporté ses meilleurs artefacts à l’exposition. Parmi les 100 objets exposés, 56 proviennent du musée provincial du Liaoning. Certains sont des trésors nationaux bien connus que les gens ne peuvent voir que dans les livres d’histoire.
« Merveilleux ! », a applaudi Wang Bangwei, doyen de l’Institut des études orientales de l’Université de Pékin. « Même si j’étudie l’histoire des Tang depuis des décennies, je n’ai jamais eu la chance de voir ces reliques culturelles de renom. Aujourd’hui, mon rêve est devenu réalité », a-t-il indiqué lors d’un forum sur les études de la dynastie des Tang.
M. Wang estime que l’exposition inspirera les chercheurs universitaires, tandis qu’elle apportera au public un plaisir spirituel et culturel inestimable.
« La dynastie des Tang est une période exceptionnelle au cours des 5 000 années de la civilisation chinoise », a indiqué Lu Cairong, vice-président du Groupe de publication internationale de Chine (CIPG), lors du forum. « L’exposition montre la culture traditionnelle exceptionnelle de la Chine au monde. »
La calligraphie et les peintures sont des preuves historiques de la florissante dynastie des Tang. Elles représentent la politique, la culture, la religion et d’autres aspects de la société et incarnent le patrimoine culturel et la mémoire sociale les plus précieux du peuple chinois.
« C’est la première fois au monde que la dynastie des Tang est présentée à travers la calligraphie et la peinture », a souligné le spécialiste des études culturelles Liu Chuanming. M. Liu est également le commissaire de l’exposition qui a été complétée par d’autres artefacts, tels que des statues, des articles d’usage quotidien et des objets en or illustrant un âge de vigueur et de confiance digne avec des caractéristiques esthétiques.
La salle d’exposition recrée l’atmosphère de la dynastie. Le personnel du musée porte des vêtements d’époque ; un paysage géant de Chang’an recouvre un mur ; tandis qu’une jeune fille joue du guqin, un instrument de musique traditionnel à sept cordes datant de plus de 3 000 ans et qui était populaire pendant la dynastie des Tang.
En outre, l’exposition a également adopté la haute technologie pour créer des interactions entre les expositions et les visiteurs. Grâce à ces dispositifs interactifs avec effets audiovisuels, les visiteurs peuvent voir la prospérité qui prévalait il y a des milliers d’années. « Nous espérons que les visiteurs pourront avoir un aperçu de la dynastie des Tang et être fiers de notre splendide civilisation », a déclaré M. Liu.
Pourquoi la dynastie des Tang a-t-elle été une période de grandeur et de prospérité ? Ge Chengyong, chercheur à l’Académie chinoise du patrimoine culturel, pense que la réponse réside dans la culture cosmopolite de cet âge. L’empire des Tang a attiré des personnes de différents pays par son ouverture, son intégrité et sa prospérité, ce qui a influencé son développement. Il a mis en place un système administratif avancé permettant aux étrangers d’y participer, ce qui était rare à cette époque, a fait remarquer M. Ge lors du forum.
La période était également caractérisée par des échanges culturels est-ouest grâce à l’ancienne Route de la soie.
Par exemple, a expliqué M. Ge, des pièces d’or de l’empire byzantin et des statues de chameaux ont été retrouvées à Chaoyang, une ville de l’ouest du Liaoning, qui était autrefois le territoire le plus à l’est de la dynastie des Tang.
« Ces reliques prouvent que le Liaoning était une étape très importante de l’ancienne Route de la soie. À mon avis, Chaoyang de la dynastie des Tang ressemblait au Shenzhen d’aujourd’hui, une frontière du commerce extérieur », a-t-il affirmé. Shenzhen, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine, est une plaque tournante du commerce et de l’industrie.
M. Wang a reconnu que c’était l’ouverture de la dynastie des Tang qui lui permettait d’être aussi avancée socialement et culturellement. « Nous ne devrions jamais oublier l’héritage culturel de la dynastie des Tang. Nous devons le protéger et l’utiliser à bon escient pour contribuer au développement national et aux relations diplomatiques d’aujourd’hui », s’est-il exprimé.