En route vers le futur

2019-12-11 07:09parLiXiaoyu
中国与非洲(法文版) 2019年12期

par Li Xiaoyu

Les nouvelles technologies offrent une bouffée d’air frais à la gestion du trafic urbain en Chine

La plateforme City Brain, lancée conjointement par le gouvernement de Hangzhou et le groupe Alibaba, apporte de nouvelles solutions aux problèmes liés au développement urbain.

Les ambulances de la ville de Hangzhou sont particulièrement efficaces. Elles sont en effet capables d’acheminer un patient vers un hôpital dans un laps de temps deux fois plus court que d’ordinaire. « Mais comment ? », demanderez-vous. Les prouesses de véhicules plus performants que les ambulances traditionnelles ? La prestation d’ambulanciers ayant suivi une formation de pilote de formule 1 ?

Il n'en est rien.

Cette efficacité, les ambulances de Hangzhou la doivent au « transport intelligent ».

Fin 2016, l’administration de Hangzhou a mis en route un projet, en collaboration avec Alibaba Cloud, société chinoise de cloud computing, filiale du groupe Alibaba, qui consiste à équiper la ville d’un « cerveau » capable de traiter des données, appelé « City Brain ». En cas d’urgence, celui-ci construit divers modèles algorithmiques avant le départ des secours. Il est ensuite capable de leur concevoir le meilleur itinéraire grâce aux données de référence (vitesse, nombre et trajet des véhicules en ville) fournies par les capteurs. Il est à noter que cette solution ne se contente pas d’enjoindre aux conducteurs de céder le passage aux véhicules prioritaires. Elle vise à répartir les meilleures ressources routières sans pour autant troubler la circulation quotidienne.

Comme le révèle l’efficience des ambulances de Hangzhou, l’application des nouvelles technologies comme le Big Data ou l’intelligence artificielle (IA) nous permet désormais d’apporter de nouveaux remèdes aux problèmes identifiés dans la mobilité urbaine, tels que les embouteillages, entre autres.

Optimisation des flux

La mobilité urbaine est un enjeu majeur pour les villes dont la croissance ne fait qu’amplifier l’encombrement des routes. Or, Hangzhou est passée de la 5eplace, en 2016, à la 57e, en 2018, des villes les plus congestionnées de Chine. Il faut dire que City Brain joue un rôle indispensable dans sa lutte contre les embouteillages.

« Une ville munie d’un cerveau est censée apprendre d’elle-même », explique à l’Economic Daily Min Wanli, scientifique en chef en IA chez Alibaba Cloud. Selon lui, le fonctionnement de City Brain est similaire à celui du cerveau humain. La différence est que notre cerveau traite des informations provenant des sens comme la vue ou l’audition, alors que City Brain traite des données collectées par les caméras de surveillance.

Dans le cadre de City Brain, des milliards de données sur la gestion du transport urbain sont collectées, d’où l’efficacité du cerveau urbain. « Visionner toutes ces vidéos nécessiterait quelque 150 000 policiers devant travailler à tour de rôle. Mais City Brain est en mesure de le faire en peu de temps », relate M. Min.

Avec ces données, City Brain peut créer un modèle algorithmique dans une ville numérique virtuelle et proposer des solutions plus intelligentes via l’apprentissage automatique. Il nous permet par exemple de mieux savoir dans quels croisements il est préférable d’imposer l’interdiction de tourner à gauche et de mieux adapter les fréquences et les itinéraires des bus en fonction de l’évolution de la demande. « Cela nous évite de nous appuyer uniquement sur l’expérience humaine, qui est souvent peu fiable et fragmentée dans la gestion urbaine », développe M. Min.

C’est le cas de l’installation des feux de signalisation pilotés par l’IA à l’entrée des voies express de Hangzhou. Grâce aux capteurs, City Brain peut détecter les conditions de circulation sur les routes et commander aux feux tricolores. Avec l’autoévaluation et l’autorégulation effectuées toutes les deux minutes, l’IA tente de trouver la solution optimale pour fluidifier la circulation. Aujourd’hui, elle contrôle 50 % des feux à l’entrée des voies express à Hangzhou. Leur fluidité a augmenté de 15,3 % et la vitesse de circulation peut rester à hauteur de 50 km/h.

Rationaliser la gestion

L'utilisation du Big Data et de l’intelligence artificielle facilite et fluidifie le fonctionnement de notre société.

En plus de la congestion, les infractions au code de la route font aussi partie des préoccupations prioritaires de la police de la circulation. Les dommages causés au revêtement de la chaussée par les camions de gravier en surcharge, par exemple, sont souvent pointés du doigt par l’opinion publique, sans parler des accidents de la route occasionnés.

Dès 2016, Wuhan, capitale de la province du Hubei (centre du pays), a mis au point le premier système de surveillance des camions de gravier en Chine. À l’aide des technologies comme l’Internet des objets et le Big Data, il est désormais facile de déterminer l’endroit où les camions se trouvent, s’arrêtent et déchargent leur gravier.

Derrière ce procédé se trouve l’entreprise Exsun Electronic Information Technology, un fabricant de système de positionnement par satellite basé à Wuhan. Son PDG, M. Fu Cheng, explique à CHINAFRIQUE que l’intelligence de ce système repose sur les trois capteurs installés sur le camion qui peuvent respectivement vérifier si le véhicule dépasse la hauteur et le poids limités et s’il est bien hermétique. Le camionneur, quant à lui, peut détecter ce qui ne va pas à partir de son tableau de bord sonore, qui est lié à l’Internet des objets.

À l’autre bout du système, un serveur cloud reçoit toutes les dix secondes les données envoyées par les capteurs qui surveillent le camion tout au long de son trajet. Grâce aux données collectées, les policiers peuvent détecter aisément les infractions dans leur bureau sans avoir à aller chercher et arrêter les contrevenants dans la rue. À titre d’exemple, si un camion n’est pas encore arrivé dans un lieu désigné et que son poids diminue soudainement, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le camionneur s’est allégé quelque part. Le cas échéant, ces données peuvent être utilisées comme preuves pour infliger une sanction aux contrevenants.

Selon les statistiques publiées par le Service de la gestion du trafic de Wuhan, depuis le lancement de ce système, aucun cas de mort lié aux camions de gravier n’a été enregistré.

« Le développement d’infrastructure urbaine est limité et il se peut que nous ne soyons pas toujours capables de construire des routes plus larges. Mais le recours aux nouvelles technologies peut nous permettre de tirer le meilleur profit de nos ressources existantes et apporter des solutions innovantes aux problématiques auxquelles sont confrontés les humains », analyse M. Min. « Les coûts liés à la gestion de notre société seront réduits, tout en facilitant et fluidifiant son fonctionnement. »