par Benard Ayieko
Comment les villes intelligentes peuvent relancer le programme de développement du continent
L’ancien Président kényan Mwai Kibaki (au centre), en visite concernant le projet Konza Technopolis, en 2013.
Les villes intelligentes sont généralement réputées pour favoriser l’efficacité, améliorer la durabilité, participer au développement économique et cultiver les facteurs de qualité de vie des habitants.
En outre, les villes intelligentes intègrent les technologies de l’information et des communications (TIC) afin d’améliorer la qualité et la performance des services destinés aux citadins, en particulier dans les domaines de l’énergie, des transports et des services publics, dans le seul objectif de réduire la consommation de ressources, le gaspillage et les autres coûts liés au fonctionnement des villes ordinaires.
Le concept de villes intelligentes continue de gagner du terrain dans le monde entier, l’Afrique se joignant au mouvement. Les villes intelligentes ont été mises au premier plan en 2008 par la société américaine IBM dans le cadre de son initiative « Smarter Planet ». Cette idée a pris de l’ampleur en 2009, avec des pays comme la Chine, la Corée du Sud et les Émirats arabes unis en tête du peloton. Le Financial Times a rapporté en juin de cette année que près de 500 des 1 000 villes intelligentes construites dans le monde sont en Chine. Actuellement, les villes de Hangzhou, Shanghai, Beijing, Guangzhou et Xi’an sont les principales villes intelligentes en Chine, englobant une gamme d’applications intelligentes comprenant la gestion du trafic, le stationnement, les paiements numériques, les innovations technologiques, la gestion des soins de santé et les migrations rurale et urbaine. L’expérience chinoise en matière de construction de villes intelligentes offre au monde, et en particulier aux pays africains, une occasion d’apprendre et de partager des connaissances, des compétences et des expériences dans leur élaboration.
Comme un feu de brousse, le concept de villes intelligentes s’est rapidement répandu pour devenir une priorité pour la plupart des décideurs politiques du monde entier. Aujourd’hui, des pays comme l’Inde, l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark, l’Égypte, la France, Malte et l’Italie ont rejoint l’écosystème mondial des villes intelligentes, qui vise à mettre en œuvre le nouvel agenda urbain et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en créant des villes viables et durables à la croissance et au développement inclusifs.
L’Afrique n’est pas en reste dans l’écosystème mondial des villes intelligentes. Avec plusieurs pays africains enregistrant une croissance économique impressionnante, le concept de ville intelligente est en train d’être intégré dans les plans de développement de la plupart des pays, notamment en Afrique subsaharienne. Des pays tels que le Kenya, le Nigeria, le Ghana, le Rwanda et l’Afrique du Sud sont considérés comme de bons exemples, avec un grand nombre d’initiatives réussies, inspirées par leurs modèles économiques respectifs. Au Nigeria, Eko Atlantic City à Lagos, construite sur une île artificielle et surnommée « Hong Kong de l’Afrique », vise à pourvoir des solutions intelligentes aux citoyens tout en offrant des opportunités aux investisseurs et aux résidents avec une infrastructure de pointe, en accord avec des solutions modernes et respectueuses de l’environnement. Eko Atlantic City vise à loger 250 000 personnes.
Au Kenya, Konza Technopolis, surnommée la « savane africaine de silicium », est le projet phare du gouvernement dans le cadre du projet économique Vision 2030, conçu pour favoriser la croissance du secteur des technologies et soutenir l’intégration des TIC en milieu urbain. Cette ville de plusieurs milliards de dollars, située sur un terrain de 5 000 acres, à 60 km au sud-est de Nairobi, vise à créer environ 100 000 emplois pour les jeunes d’ici 2030. Le Kenya possède également la ville de Tatu, un projet privé voisin de la capitale, construite sur 1 035 hectares et qui devrait accueillir 77 000 résidents.
Appolonia City, au Ghana, est une ville intelligente qui accueillera plus de 160 000 habitants sur des terrains aménagés à des fins résidentielles et commerciales. En outre, Hope City, au Ghana, est un centre technologique de pointe doté de 10 milliards de dollars et pouvant accueillir 25 000 habitants et créer des emplois pour 50 000 personnes.
Vue sur Vision City à Kigali, au Rwanda en 2017.
La Cité du Fleuve, en République démocratique du Congo, témoigne de l’engagement de l’Afrique en faveur du développement des villes intelligentes, tandis qu’au Rwanda, Vision City a été construite pour transformer le pays en un « centre d’excellence urbaine en Afrique », conformément à la Vision 2020 du Rwanda. Elle envisage une zone commerçante semblable à Singapour, avec des hauts immeubles en verre, des hôtels modernes, ainsi que des parcs et des installations de loisirs à thème écologique. Vision City possède un quartier doté de technologies avec des lampadaires à énergie solaire et une connexion WiFi gratuite pour une connexion plus facile aux services et installations intelligents.
L’Afrique du Sud n’est pas en reste avec Waterfall City, à l’extérieur de Johannesburg, qui devrait devenir le nouveau quartier des affaires de la province du Gauteng, comprenant bureaux, logements, commerces, écoles, hôtels, hôpitaux, parcs, restaurants et lieux de divertissement.
Pourquoi des villes intelligentes en Afrique ? Le concept de villes intelligentes est censé remodeler les objectifs d’urbanisation et de développement en Afrique. Les décideurs politiques du continent y voient l’une des solutions à la croissance rapide de l’urbanisation et l’utilisation des TIC est censée améliorer la qualité de vie, l’efficacité des opérations et des services urbains afin de renforcer la compétitivité de l’économie africaine. L’intégration de la technologie moderne dans la construction de villes intelligentes signifie que l’Afrique pourrait connaître une croissance et un développement durables, créer des emplois et améliorer les services fournis à sa population.
Un rapport publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, intitulé « Révision des perspectives de l’urbanisation mondiale pour 2018 », prévoit que 2,5 milliards de personnes supplémentaires vivront dans les villes d’ici 2050 et que 90 % d’entre elles proviendront d’Afrique ou d’Asie. Il note également que trois villes africaines - Le Caire (Égypte), Kinshasa (République démocratique du Congo) et Lagos (Nigeria) - ont déjà dépassé les 10 millions d’habitants et constituent officiellement des mégapoles. Cela souligne la nécessité pour les pays africains de déployer des efforts concertés pour construire davantage de villes intelligentes afin de faire face aux défis liés à l’urbanisation rapide. Selon le Président rwandais Paul Kagame, « pour obtenir les villes que nous voulons, nous devons toujours garder les personnes que nous servons au centre de nos efforts ». CA