par Xia Yuanyuan
Le pavillon de l'INBAR dans le cadre de l'Exposition internationale horticole 2019 de Chine.
L'Exposition internationale horticole de Chine de cette année mettra à l'honneur le bambou et le rotin
G râce à sa carrière en Tanzanie, où il a notamment travaillé comme ministre du Commerce, M. Ali Mchumo est parfaitement conscient de l'importance d'utiliser les ressources naturelles, comme le bambou et le rotin, pour le développement durable, le commerce et la croissance socio-économique.
Par conséquent, lorsque le poste de directeur général de l'Organisation internationale sur le bambou et le rotin (INBAR) est devenu vacant, il n'a pas hésité une minute à se joindre à l'organisation. Fin mars, M. Mchumo est arrivé à Beijing, où l'organisation siège, pour assumer ses fonctions. Il s'est alors dit très fier d'être le premier directeur général africain d'INBAR.
De plus, il s'est réjoui que l'une de ses premières tâches fût de piloter l'organisation d'un événement de premier plan - l'Exposition internationale horticole de Chine, organisée dans la capitale chinoise pour y faire la démonstration d'« un nouveau modèle de protection écologique ».
Lors de l'exposition, l'INBAR a été invitée à bâtir un jardin baptisé « l'œil de bambou » en raison de sa forme unique. D'une super fi cie de 1 600 mètres carrés, le pavillon du jardin a été construit à l'aide de 5 000 bambous Moso, devenant ainsi la plus grande structure de ce type jamais construite dans le nord de la Chine. Le pavillon de l'INBAR incarne ainsi la promotion de l'utilisation de solutions fondées sur la nature pour le développement durable et la protection de l'environnement.
« Je crois que nous pouvons utiliser l'exposition internationale horticole pour mettre le bambou et le rotin à l'honneur sur la scène mondiale », a déclaré M. Mchumo à CHINAFRIQUE.
Le bambou est parfois surnommé « l'or vert » ou même « la plante d'acier », a expliqué M. Mchumo.
En tant que graminées à croissance rapide, le bambou et le rotin sont à la fois souples et robustes, et peuvent servir à de multiples usages : créer des sources de revenus durables en milieu rural, restaurer les terres dégradées, stocker le carbone, protéger la biodiversité et fournir un matériau durable et à faible teneur en carbone pour les produits et les infrastructures.
Avec 5,38 millions d'hectares de terres consacrées à la plantation de bambous, chiffre qui croît de 100 000 hectares annuellement, la Chine est en tête de l'industrie mondiale du bambou, que ce soit en termes de variétés, de réserves et de production, selon Jiang Zehui, coprésident du conseil d'administration de l'INBAR.
Par le passé, la plante servait principalement à restaurer des terres dégradées en Chine. Or, depuis un certain temps, de nouvelles techniques de transformation ont donné naissance à une variété de nouveaux produits en bambou, tels que des produits d'usage courant, des produits d'artisanat, des plaques et même du charbon de bambou, qui sont largement utilisés dans différents secteurs tels que la construction, l'emballage, le transport, la médecine et le tourisme.
L'industrie chinoise du bambou représente une valeur de 30 milliards de dollars et emploie plus de 35 millions de personnes, selon l'INBAR.
Le bambou peut devenir un pilier solide de la future économie verte de l'Afrique et peut contribuer à réduire la pauvreté et à sauvegarder l'environnement. Il peut apporter une solution pratique et rapide aux problèmes de pauvreté auxquels sont confrontés de nombreux pays africains aujourd'hui.
ALI MCHUMO,directeur général de l'INBAR
En Chine, le développement de l'industrie du bambou revêt une grande importance pour la protection de l'environnement et le développement d'une économie verte. En Afrique, par contre, le potentiel de cette ressource stratégique et polyvalente est resté largement inexploité jusqu'à maintenant, malgré son abondance relative. En effet, on estime que l'Afrique dans son ensemble compte près de 6 millions d'hectares de forêts naturelles de bambous, et que la plante pourrait être cultivée dans de nombreuses régions du continent.
« Ce qui manque, c'est la technologie pour le développement local du bambou et les compétences nécessaires à la création d'une industrie africaine du bambou économiquement saine », selon M. Mchumo. « La Chine a une vaste expérience en la matière, il existe donc de nombreuses possibilités de coopération avec l'Afrique. »
En 2018, le Président chinois Xi Jinping a annoncé dans son discours lors de la cérémonie d'ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine que le gouvernement chinois allait soutenir la construction du Centre de bambou Chine-Afrique.
Selon M. Xi, « le gouvernement chinois mettra en œuvre 50 projets de développement vert et d'assistance environnementale pour l'Afrique, y compris la construction du Centre de bambou Chine-Afrique, pour aider l'Afrique à développer son industrie du bambou et du rotin ».
« Cette décision est le résultat de plusieurs années de dur labeur entre l'INBAR, la Chine et les pays africains. Le Centre de bambou Chine-Afrique sera un excellent monument à la coopération internationale, et nous pensons qu'il va relancer le développement d'un secteur rentable du bambou et du rotin dans de nombreux pays africains », a affirmé M. Mchumo.
En fait, la Chine et les pays africains coopèrent depuis longtemps autour du concept de développement centré sur la nature, pour lequel l'INBAR a joué un rôle important.
Depuis 1997, l'INBAR - la seule organisation intergouvernementale qui promeut l'utilisation du bambou et du rotin pour le développement durable et la protection de l'environnement - aide les pays africains à exploiter et commercialiser le bambou. Parmi ses 43 membres, 18 se trouvent en Afrique, dont le Bénin, le Burundi, le Cameroun, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Ghana, le Liberia et le Kenya.
Au cours des deux dernières décennies, dans le cadre de la coopération entre le gouvernement chinois et l'INBAR, des milliers de chercheurs, d'entrepreneurs, d'artisans et d'agriculteurs africains se sont rendus en Chine pour apprendre de nouvelles techniques pour cultiver le bambou et le rotin et fabriquer des produits à l'aide de ce capital naturel qui abonde sur le continent. L'organisation promeut également les investissements chinois dans les entreprises africaines de bambou.
« Le bambou peut devenir un pilier solide de la future économie verte de l'Afrique et peut contribuer à réduire la pauvreté et à sauvegarder l'environnement. Il peut apporter une solution pratique et rapide aux problèmes de pauvreté auxquels sont confrontés de nombreux pays africains aujourd'hui », a affirmé M. Mchumo.
« Le thème de l'Exposition internationale horticole de cette année est ‘vivre vert, vivre mieux', ce qui re fl ète pleinement le rôle que le bambou et le rotin peuvent jouer dans un monde plus vert », a expliqué M. Mchumo.
La structure du pavillon de l'INBAR devrait aider le bambou à être davantage reconnu par l'industrie de la construction. En ce sens, l'organisation travaille actuellement avec un certain nombre d'ambassades africaines à Beijing pour organiser des événements et des activités qui favorisent les échanges culturels entre la Chine et l'Afrique et encouragent l'utilisation du bambou et du rotin dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route ».
Le pavillon de l'INBAR va aussi présenter les différentes utilisations quotidiennes du bambou et du rotin, comme source de revenus, matériau de construction, moyen de protéger les forêts et la biodiversité et matériau innovant avec des applications importantes pour une industrie durable. « Je crois que l'exposition permettra aux gens de vraiment comprendre l'importance du bambou et du rotin pour un monde vert », a dit M. Mchumo. CA