YANG DINGDU et TANG JI*
En voyant les roses de Chine présentées à l’Exposition internationale horticole de Beijing 2019, Matthias Meilland est enthousiaste. Ce qui le rend le plus fier, c’est que certaines variétés ont été créées par son grand-père et son père. Il se souvient encore que sa grand-mère lui a appris à cultiver la rose. Il espère que ses descendants seront encore fiers de son travail.
Cela fait plus de 140 ans que la famille Meilland cultive la rose. La rose moderne est originaire de France, mais les Chinois ont créé la rose de Chine à l’époque des dynasties des Tang et des Song. C’est grâce à l’hybridation de la rose de Chine ancienne et du rosier de France que la rose moderne est née.
Une famille profite des roses en fleurs dans un parc situé au sein de la Zone de développement économique et technologique de Tianjin.
Pendant la guerre entre la France et la Grande-Bretagne, les deux parties belligérantes ont cessé le feu pour laisser passer les gardes de la rose de Chine.Ces roses de Chine ont été transportées jusqu’au jardin de l’impératrice Joséphine Bonaparte. On dit de Joséphine, qui devint impératrice des Français en 1804, qu’elle aimait les fleurs des rosacées. Grâce à elle, la rose ancienne de Chine a été introduite en Europe. Elle possédait un célèbre jardin aux roses à l’époque : le jardin du Château de Malmaison où étaient cultivées trois variétés de la rose de Chine.
L’impératrice Joséphine était fière de ses roses anciennes de Chine. Elles étaient considérées comme très précieuses, non pas car elles venaient du lointain Orient mais du fait que leur floraison durait toute l’année. La passion de l’impératrice a suscité ainsi un véritable engouement pour la rose de Chine chez les Français. En 1830, on comptait plus de 2 500 nouvelles variétés rien que dans les jardins de roses parisiens.
Plus de 30 ans après, la première variété de rose moderne est née dans une pépinière de Lyon. Elle a brisé les limites du rosier européen : celui-ci ne s’épanouit qu’une fois par an, ses fleurs, petites, n’ont pas beaucoup de couleurs et ses pétales ne sont pas nombreux. Aujourd’hui, de nombreuses variétés de rose moderne ont été créées et font d’elle une fleur particulièrement appréciée.
La rose ancienne de Chine a joué un rôle clé dans la naissance de la rose moderne. Elle est le fruit de l’intelligence des Chinois.
Selon Feng Hui, spécialiste de la culture de roses,la Chine est l’un des pays d’origine de la rose. Elle est aussi l’un des premiers pays où a été cultivée et sélectionnée la rose de Chine. Il y a des images de la rose sur les peintures de la dynastie des Tang.Sous la dynastie des Song, le poète Su Shi a écrit des poèmes qui font l’éloge de la rose de Chine. D’après Feng Hui, la formation de la rose de Chine par les Chinois anciens montre l’amour des Chinois pour les fleurs et la nature. La Chine est un pays qui possède de riches ressources en rosacées sauvages, bénéficiant de conditions naturelles idéales pour former la rose ancienne. Aux deux extrémités orientales et occidentales du continent eurasiatique, les spécialistes chinois et européens se sont efforcés de créer des roses toujours plus belles. Lorsque les intelligences orientale et occidentale se sont croisées, la rose moderne, belle, parfumée et résistante, est née.
Bien que l’histoire de la culture de la rose en Europe soit très courte, pas moins d’une dizaine de milliers d’espèces de roses ont vu le jour en deux siècles. La famille Meilland y a apporté une contribution non négligeable.
Le 31 mars dernier, Marina Picasso, petite-fille du célèbre peintre, a donné son nom à des rosacées cultivées par l’entreprise Meilland International.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le grandpère de Matthias Meilland avait nommé la nouvelle variété de rose qu’il avait élaborée « paix » pour exprimer son espoir. Les fleurs de « paix » sont jaunes avec un peu de rouge clair. Cette variété est devenue très populaire et est utilisée partout dans le monde. Elle est qualifiée de « plus grande espèce de rose au monde ».
Depuis la réforme et l’ouverture, la sélection et la création de roses a repris son cours en Chine. Les sélectionneurs chinois et étrangers ont plus d’opportunités d’échange et de coopération. L’écart se réduit. Matthias Meilland vient souvent en Chine où il a rencontré les sélectionneurs chinois Feng Hui et Jiang Zhengzhi.
Feng Hui travaille à l’Institut du paysage architectural de Beijing. L’équipe dont il fait partie a créé la variété « le mai rouge » qui a remporté le prix d’or à la WFRS Regional Convention 2016. Jiang Zhengzhi aime la rose de Chine depuis son enfance. Issu de la génération post 1985, il est aujourd’hui un célèbre sélectionneur. Il a été ambassadeur de la rose de Chine lors de la WFRS Regional Convention 2016.Le jeune homme espère mettre en valeur la rose de Chine ancienne. Tandis que Feng Hui représente l’établissement de recherche national, Jiang Zhengzhi représente les recherches privées. Matthias Meilland admire leurs résultats et travaille avec eux.Il essaie les nouvelles variétés dans leur pépinière et présente les variétés des sélectionneurs chinois par le canal de la famille Meilland qui, pour l’occasion,s’internationalise.
Matthias Meilland est convaincu que de plus en plus de variétés de roses chinoises seront appréciées.« La Chine est ouverte. En joignant nos efforts, la Chine va occuper une place importante dans le futur développement de la rose », prévoit-il.