Se retrouver

par Lindsay Jefthas

Rejoindre un club de sport,ou tout autre groupe social,aide les expatriés à s'intégrer

Lindsay Jefthas(troisième à gauche) sur le terrain de rugby.

Lorsque je me suis installé à Beijing, il y a plus d'un an, j'ai eu envie de cocher toutes les cases des sites touristiques célèbres sur ma liste de choses à faire.

Plusieurs semaines après mon arrivée,la plupart des endroits que j'avais envie de voir avaient été rayés de ma liste. Poser pour des photos devant la célèbre place Tian'anmen, fait. Un avant-goût intéressant d'histoire chinoise à la Cité interdite,fait. Une randonnée de 6 km sur la Grande Muraille, fait. Flâner dans le spacieux palais d'été, fait. Alors, que me restait-il à faire de mes week-ends et jours fériés ?

J'habitais dans l'arrondissement de Mentougou, dans l'ouest de Beijing, où les expatriés ne sont pas légion, car c'est un peu éloigné du centre-ville. Les seules choses que je savais dire en chinois étaient nihao(bonjour) et xiexie (merci). Par conséquent,je n'avais que mon colocataire avec lequel communiquer (qui était âgé de 30 ans à l'époque !). Bien que nous soyons tous deux d'Afrique du Sud, je n'avais pas l'intention de passer tout mon temps avec lui. De plus,j'étais conscient du fait que, s'expatrier dans un autre pays, c'est vivre des choses différentes, apprendre sur de nouvelles cultures et se faire de nouveaux amis.

Quelques mois après m'être habitué à la cuisine chinoise, à la cohue sur l'asphalte et après quelques rencontres intéressantes avec les locaux, j'étais impatient de rencontrer de nouvelles personnes, qui partagent plus ou moins la même culture que moi. Ainsi, un vendredi soir, je me suis rendu dans un pub réputé de Dongzhimen, où j'ai vu un groupe de gars étrangers s'amuser. Tout en sirotant une bière et en s'occupant de mes propres affaires, l'un des types m'a approché et m'a demandé :« Vous savez jouer au rugby ? » Bien sûr,c'était une question rhétorique. Je suis un fanatique de rugby venant d'un pays où le rugby est traité comme une religion et dont l'équipe nationale, connue sous le nom de Springboks, a été championne du monde.J'ai répondu humblement : « Oui, je sais. »Sans plus prononcer de mots, le gars m'a pris par le bras, m'a présenté au reste du groupe et m'a annoncé que je jouerais pour son équipe le lendemain. « Mais je n'ai aucun équipement de rugby », dis-je confus.« Ne vous inquiétez pas, soyez juste ici à 10 heures », répondit-il avec un clin d'œil.

Réfléchissant si je devais y aller ou non,me sentant toujours « fatigué » de la nuit précédente, je me suis levé et je suis retourné au pub. Un bus nous attendait pour nous emmener et j'ai été gentiment accueilli par toutes les personnes que j'avais rencontrées la veille. Un court trajet plus tard, je courais sur le terrain avec un short trop petit et des baskets trop grandes (sans chaussettes).Après 80 minutes, le match était terminé et, à ma grande surprise, on m'avait attribué le titre d' « Homme du match ».

Pour la première fois depuis plusieurs mois, je me suis senti chez moi. Je me sentais apprécié et faisais partie d'un groupe.

Mes coéquipiers étaient heureux de m'avoir dans l'équipe et m'ont toujours traité avec admiration. Nous sommes une équipe d'environ 10 nationalités différentes et je me suis fait de très bons amis. En l'espace de quelques semaines, j'ai eu des tonnes de nouveaux contacts sur WeChat, j'ai eu des gens avec qui sortir le week-end et des amis sur lesquels je pouvais compter en cas de besoin.

Déménager dans un autre pays, en particulier dans un pays où la majorité des habitants ne parlent pas votre langue, peut parfois être pénible. Vous faites des rencontres ici et là, mais trouver un groupe de personnes qui vous fait sentir comme chez vous est rare. J'ai tellement appris des gars avec qui je joue. Nous avons bien rigolé ensemble et nous avons même partagé des moments difficiles. Comme mentionné précédemment,la vie dans un autre pays devrait consister à rencontrer de nouvelles personnes, à se faire de nouveaux amis et je suis heureux de l'avoir fait. Malheureusement, le rugby étant un sport très physique, je me suis retrouvé avec un genou fracturé, ce qui me gardera sur la ligne de touche jusqu'à la fin de l'année. Mais je serai de retour ! CA