L’opéra traditionnel chinois fait appel à diverses formes uniques de performance artistique, dont le chant, le jeu, la déclamation et le combat. Dans les opéras modernes, le wushu – un art martial chinois comprenant des mouvements d’attaque et de défense – a été incorporé dans les représentations théâtrales pour dépeindre à l’aide de mouvements exagérés les différentes humeurs des personnages mis en scène. Lors des performances artistiques, on peut admirer les 18 sortes d’armes de wushu (épée, lance, fouet...) datant de la Chine antique, qui sont utilisées dans les scènes de bataille pour renforcer l’effet dramatique requis par le scénario.
Après des années de développement et de raffinement, les interprètes de l’opéra de Pékin se répartissent généralement en quatre rôles : wusheng (acteur jouant un rôle martial), wudan (actrice jouant un rôle martial), wujing (acteur au visage peint jouant un rôle martial), et wuchou (clown acrobatique).
Illustration de l’une des techniques de boxe de wushu datant de la dynastie des Ming.
De nombreux maîtres d’opéra maîtrisent les techniques du wushu, certains atteignant même les plus hauts niveaux. Par exemple, Tan Xinpei, réputé comme le « roi des interprètes » de l’opéra de Pékin en raison de sa superbe aptitude à intégrer les techniques spéciales des différentes écoles, était à l’origine une escorte armée. Lorsqu’il jouait le rôle de Shi Xiu (un des héros d’Au bord de l’eau) dans l’opéra Le Mont Cuiping, il montait sur scène avec une vraie épée qu’il maniait avec une telle habileté qu’il recevait souvent des acclamations assourdissantes de la part de la foule des spectateurs. Gai Jiaotian, célèbre acteur de wusheng, était non seulement un excellent interprète des combats acrobatiques, mais aussi un maître de wushu. Il savait non seulement manier les armes et livrer des combats à mains nues, mais il a également transformé le wushu en un véritable art scénique, jusqu’à former sa propre école de combat théâtral. La maîtrise de l’épée de Mei Lanfang, un maître d’opéra de Pékin de renommée mondiale, dans Adieu ma concubine, représentait une parfaite fusion des charmes des mouvements xingyi (forme et volonté) et quan (kung-fu chinois), qui est basé sur les mouvements de combat de 12 animaux, et des mouvements d’épée du taijiquan. Cheng Yanqiu, dont le nom est entré dans l’histoire des arts de la scène chinoise, a mélangé avec succès les techniques du wushu avec le jeu théâtral, créant des pas de danse uniques et gracieux, transmettant un héritage artistique précieux aux générations futures. CA
Personnage d’Adieu ma concubine.