MA LI, membre de la rédaction
Depuis des années, une quantité croissante de produits européens de bonne qualité entrent dans la ville de Chengdu, grâce au développement du train express Chine-Europe en 2013, qui sert d’intermédiaire entre le marché chinois et les fournisseurs européens.
Après sa première découverte de la Chine il y a une vingtaine d’années, Kasper s’est profondément attaché à ce pays et y revient chaque année pour les vacances.Danois, Kasper gère sa propre entreprise laitière Royal Farm et a établi une bonne relation avec sa partenaire chinoise, Fu Tian. En septembre 2017, ils se sont déplacés à Chengdu pour la promotion de leur projet,cherchant de nouvelles occasions d’affaires avec l’aide de l’express.
Une autre amitié nouée par l’express : Ye Yaorong,Américain d’origine chinoise et employé dans une entreprise de technologie dans la province du Sichuan, a fait connaissance avec Guillaume Chamant, un jeune Français de la même entreprise. Tous les deux souhaitent réaliser le rêve de développer leur activité grâce à l’express.
Alors que Kasper arrivait en Chine avec ses produits laitiers, il a été surpris du potentiel commercial du marché chinois. « Auparavant, les grandes marques danoises ne se rendaient même pas compte de l’importance du marché chinois, dit-il, et maintenant certaines d’entre elles commencent à la connaître mais ne savent pas comment s’y attaquer. » Fu Tian, sa partenaire, partage totalement son avis et rejoint Kasper pour introduire sur le marché chinois plus de produits de qualité en provenance d’Europe du Nord. Le train express Chine-Europe leur propose un intermédiaire idéal qui convient à la poursuite de ces activités.
L’entreprise de technologie Ourong qui a employé Ye Yaorong et Guillaume Chamant béné fi cie elle-même du projet du train express Chine-Europe. Elle entreprend la vente de vin européen via sa boutique en ligne Haiouhui. Chaque année, des milliers de bouteilles de vin, en provenance d’Europe, arrivent via Haiouhui à la table des Chinois. Le train express Chine-Europe est l’élément principal pour réaliser une telle collaboration internationale.
Ils sont quatre, venant de différents pays, qui adoptent des modes d’affaires différents, mais qui tous s’appuient sur le train express Chine-Europe a fi n de poursuivre leur objectif.
« Pour le moment, il y a presque 50 entreprises connues de l’Europe du Nord qui travaillent avec nous, dit Fu Tian avec con fiance et conviction. On va certainement arriver à une situation gagnant-gagnant en faisant appel à l’express, qui est un moyen de transport plus rapide et plus économique. »
« Moi, j’espère toujours que les bons produits de l’Europe du Nord pourront entrer sur le marché de Chengdu, et plus encore, dans la vie quotidienne des Chinois. J’espère également que ces produits-là plairont aux habitants chinois, tout en améliorant leur qualité de vie. » Il ajoute qu’il aimerait bien voir un engouement des Chinois vers ces produits qui soit égal à l’affection qu’il a pour la ville de Chengdu et la Chine.
Pour Ye Yaorong, l’express est porteur de son rêve : « Vu la situation prometteuse créée par l’express, j’ai quitté mon poste aux États-Unis et je suis arrivé à Chengdu. J’espère être le témoin du développement de mon entreprise en même temps que celui de l’express. »
Quant à son collègue français, Guillaume Chamant,après deux ans d’études en commerce international à l’Université de l’agriculture du Sichuan située à Chengdu,il éprouve un attachement aussi fort pour cette ville que pour le vin de Bordeaux, qu’il peut maintenant boire à Chengdu grâce à la vente en ligne assurée par son entreprise.
Dans un magasin où sont vendus des produits européens livrés par le train express Chine-Europe, les clients peuvent acheter des produits importés à des prix abordables.
En se reposant sur le train express Chine-Europe au départ de Chengdu et divers modes de transport,l’importation des voitures en vente directe devient un nouveau point de croissance économique.
Le port d’importation de voitures de Chengdu, fondé et autorisé en novembre 2015 par l’État, a réalisé sa première opération en juillet 2016. Jusqu’à présent, une quarantaine d’entreprises commerciales s’y sont installées et ont importé plus de 800 voitures.
« L’importation en vente directe couvre une gamme considérable de marques : Bentley, Maserati, Mercedes-Benz, BMW, Land Rover, Dodge, etc. Il ne faudra qu’une dizaine de jours pour transporter les voitures de l’usine à Chengdu, via l’express », déclare Zeng Yi, directeur du département de la communication internationale relevant du Comité de gestion de la gare internationale de fret ferroviaire de Chengdu lors d’une conférence de presse le 10 juillet.
Il présente aussi les fournisseurs qui importent des voitures en vente directe : le plus grand est l’Europe,puis l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient. Pour ces deux derniers, un double mode de transport est adopté,appelé le co-transport (maritime et ferroviaire). « Nous sommes les premiers en Chine à adopter ce mode pour les voitures importées des États-Unis, et ce que nous faisons maintenant, c’est créer une connexion entre Qingzhou(dans la province du Shandong) et Chengdu. À partir de là, avec l’express qui relie Qingzhou à l’Asie centrale,on peut étendre nos affaires jusqu’à cette région. »
L’Asie centrale est la région où se trouve la plus grande quantité de voitures aux prix les plus bas. Ces trois voies permettent d’importer des voitures à un bon prix à Chengdu et dans les villes tout autour, ce qui contribue au bien-être des habitants, indique Zeng Yi.
« Sans intermédiaires qui font augmenter les prix comme les distributeurs, on apporte les voitures importées directement aux gens, dit Zeng Yi, c’est ce qu’on entreprend en ce moment. »
À 36 ans, Zhou Yong est manager de l’entreprise commerciale Pingdepingzhi (Qualité et Vertu en chinois).Avant cela, il travaillait pour une compagnie aérienne néerlandaise sur la ligne Amsterdam-Chengdu. Il a quitté ce poste que son entourage enviait beaucoup pour se lancer dans son projet, encouragé par la nouvelle que l’express avait installé des wagons réservés aux produits importés pour la vente en ligne.
L’entreprise de M. Zhou a été fondée dans l’arrondissement Qingbaijiang à Chengdu, en avril 2017, et a obtenu son premier contrat de distribution avec Heuchelberg, la plus grande coopérative vinicole du Sud de l’Allemagne. « Le patron d’Heuchelberg avait envie d’exploiter le marché chinois, vu les avantages offerts par le train express Chine-Europe. On a beaucoup discuté et le résultat a été très positif. On est tombé d’accord sur beaucoup de points de vue. Ça a été le commencement de notre coopération. »
Entre juillet 2017 et le 19 janvier 2018, la première commande de 14 000 bouteilles de vin était prête à être livrée.
Quant aux raisons pour lesquelles M. Zhou s’est lancé dans ce projet, l’une est la rapidité de l’express, l’autre est la taxe beaucoup plus faible sur la vente internationale en ligne. « Généralement la taxe du commerce international en Chine est de 48,2 %, alors que pour la vente internationale en ligne, elle n’est que de 21 % »,explique M. Zhou. En passant par ce type de vente, les habitants chinois peuvent acheter des produits européens de bonne qualité pour des prix plus raisonnables.
« Depuis l’année dernière, on installe pour l’express des conteneurs réservés aux produits importés vendus en ligne, dit Qiao Peishu, directrice adjointe du Bureau du commerce de Qingbaijiang à Chengdu. Le train express Chine-Europe est un vrai moteur économique pour ce genre de vente, et cette année on va continuer à exploiter ses possibilités, a fi n de rassembler davantage d’entreprises dans notre arrondissement. »
Celles qui se trouvent dans l’arrondissement Qingbaijiang sont au nombre de 36. Néanmoins, elles couvrent des domaines assez limités : le vin, les produits pour enfants, pour les besoins quotidiens, etc. Mais une augmentation considérable a été constatée. Mme Qiao prévoit qu’avec la mise en place de politiques de plus en plus favorables, ces entreprises auront plus de chance de s’épanouir.
Elle af fi rme en fi n : « Pour coopérer avec la zone de libre-échange à Chengdu, nous avons adopté d’autres mesures complémentaires. Nous avons établi une zone industrielle destinée aux entreprises pour la vente internationale en ligne et le service de priorité à la douane,la prise de rendez-vous en ligne 24h/24 par exemple, et nous avons également créé des activités pour faire venir d’autres entreprises… De plus, nous allons renforcer la collaboration avec les pays riverains de “la Ceinture et la Route” dans le but de varier les marchandises de la vente internationale en ligne. »
Au cours de cette année, le train express Chine-Europe a ouvert des voies réservées au transport du bois entre Chengdu et la Russie, ouvrant ainsi une nouvelle voie pour le commerce du bois, ce qui assure davantage le développement du Centre de commerce du bois du Sud-Ouest.
Chengdu est un centre commercial important dans le Sud-Ouest de la Chine, cela vaut également pour le commerce du bois qui devait auparavant passer par des villes comme Zhangjiagang, Guangzhou, etc., pour fi nalement être acheminé à Chengdu. Ces correspondances et la longue durée du transport sont désormais remplacées par l’ef fi cacité et la rapidité de l’express,qui fait voyager le bois directement via ses conteneurs.
M. Chen est directeur général de la succursale Guoshuyuan à Chengdu, entreprise de gestion des fournisseurs dont le siège est à Beijing. D’après lui,l’installation de la succursale à Chengdu au début de cette année, initiée par les responsables municipaux de Chengdu, et bien sûr, de l’express Chine-Europe au départ de Chengdu comme canal commercial, a pour but de dynamiser la région du Sud-Ouest sur le plan économique, tout en pro fi tant de l’initiative « la Ceinture et la Route ».
La même histoire se répète pour l’entreprise Debaijia spécialisée dans le commerce international qui s’attaque à l’importation du bois. Wang Qinguo, président de cette entreprise, en parlant des apports positifs de l’express Chengdu-Russie, souligne qu’au lieu d’importer le bois en passant par des villes frontières comme Manzhouli, l’express permet à son entreprise de faire la même chose sans intermédiaire. Cela réduit les coûts du fret, et garantit surtout du bois d’une meilleure qualité.Cela va sans doute faire augmenter la consommation de bois importé. « Les chiffres du bois importé et vendu peuvent atteindre jusqu’à 20 000 m3chaque mois, et les recettes environs 40 millions de yuans », af fi rme-t-il.
Pour conclure, le développement continu de ce commerce va profondément améliorer le fonctionnement du port international de Chengdu et le transformer en une plaque tournante du commerce international du bois. Il va certainement générer des impacts géoéconomiques dans toute la région du Sud-Ouest et même dans le Sud central, tout en accélérant le développement des autres domaines concernant le commerce du bois.
Entre mars et juin 2018, 55 trains express ont quitté la Russie parmi lesquels 49 sont arrivés au terminal de Chengdu.