La collaboration sino-sénégalaise a connu un développement fulgurant et fructueux ces dernières années grâce aux multiples plateformes d’interactions
L’ambassadeur chinois au Sénégal,M. Zhang Xun.
En 2016, le Président chinois Xi Jinping et son homologue sénégalais Macky Sall ont décidé d’établir le partenariat de coopération stratégique global entre les deux pays. Depuis, on a pu observer une croissance rapide de la coopération entre la Chine et le Sénégal dans tous les domaines. Pour faire le point sur les progrès accomplis et la direction future de la relation bilatérale, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec l’ambassadeur de Chine au Sénégal, M. Zhang Xun, et l’ambassadeur de la République du Sénégal en Chine,M. Mamadou Ndiaye, qui ont fait part de leurs opinions sur ces questions. (Extraits)
Zhang Xun: Une dizaine de projets de coopération de plus de 1,6 milliard de dollars sont en exécution ou seront réalisés. Des projets structurants comme l’autoroute Thiès-Touba,l’autoroute AIBD-Thiès-Mbour, les forages multivillages, le pont de Foundiougne, l’Arène de lutte nationale, la large bande nationale et l’accès à la télévision par satellite dans des villages avancent dans d’heureuses conditions et seront parachevés à temps ou plus tôt que prévu. D’autres projets sont en pleine préparation, tels que la réhabilitation des stades régionaux, l’extension de l’Hôpital pour enfants de Diamniadio, la réfection du barrage d’Affiniam et « Smart Sénégal ».Ces projets de coopération en faveur du renforcement des infrastructures du Sénégal permettront d’améliorer les conditions de vie de la population et joueront un rôle important dans l’émergence du Sénégal.
La Chine demeure le deuxième partenaire commercial du Sénégal. En 2017, le volume commercial bilatéral s’est élevé à 2,19 milliards de dollars, soit une augmentation de 158 % par rapport à 2012. La Chine est maintenant la première destination de l’exportation de l’arachide sénégalaise. Les investissements chinois au Sénégal ont vu une hausse considérable, le stock dépassant 250 millions de dollars. Des entreprises chinoises sont en train de monter des usines de tuyau PVC, de prêt-à-porter et de céramique dans le parc industriel de Diamniadio ou aux alentours. Dans d’autres domaines comme l’agriculture, la santé, la culture et l’éducation, la Chine est aussi un partenaire important. Une mission d’agronomes chinois est présente au Sénégal et la Chine a offert des matériels agricoles. Elle a également envoyé une mission médicale et offert chaque année, depuis 2006, des médicaments antipaludéens.
Mamadou Ndiaye: La coopération entre le Sénégal et la Chine se porte très bien et produit des résultats concrets. La Chine intervient dans l’agriculture par la mise à disposition de matériel agricole, mais aussi par le soutien qu’elle accorde au ministère de l’Agriculture, dans la Santé, de l’Éducation, etc. Mais il est toujours possible de s’améliorer. À cet égard, l’accent mérite d’être mis sur le commerce, car la balance commerciale est déficitaire en ce qui concerne le Sénégal. Des efforts peuvent être également apportés dans le domaine des investissements privés. Cela nous permettra de produire un peu plus de croissance, créer de nouveaux emplois et procéder au transfert de technologie. Enfin,nous souhaitons aussi encourager la coopération entre les universités chinoises et sénégalaises surtout dans le domaine de la recherche pour combler notre écart dans le domaine de l’innovation.
L’ambassadeur sénégalais en Chine,M. Mamadou Ndiaye.
Zhang Xun: Le XIXeCongrès du Parti communiste chinois a tracé les perspectives de développement de la Chine. Et l’Afrique est en pleine concrétisation de l’Agenda 2063.La coopération sino-africaine fait face à des opportunités historiques et le Sommet de Beijing intervient au bon moment.Nous espérons que celui-ci permettra à la Chine et à l’Afrique de renforcer la synergie stratégique, notamment entre l’initiative des Nouvelles Routes de la soie, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les politiques de développement de chaque pays africain ;de promouvoir la coopération de bénéfice mutuel, en vue de tracer les perspectives de la coopération sino-africaine dans la nouvelle ère et de réaliser, à un niveau plus élevé, la coopération gagnant-gagnant et le développement partagé ; et d’approfondir davantage l’amitié solidaire sino-africaine,de sorte à jouer un plus grand rôle dans la construction du nouveau type de relations internationales et de la communauté de destin pour l’humanité.
Mamadou Ndiaye: Cette année va marquer le 18eanniversaire du FCSA. Dix-huit ans, c’est l’âge de la maturité. Le Forum a renforcé les relations entre la Chine et l’Afrique à tous les niveaux. Mais à présent il faut passer à un autre palier. L’Afrique est en train de mettre en œuvre son programme de développement dit Agenda 2063, et nous avons besoin du soutien de la Chine en particulier en ce qui concerne les projets intégrateurs dans les domaines de la connectivité, de l’énergie, des routes,des télécommunications, des chemins de fer et même aérien. Cela va promouvoir le commerce intra-africain.
Zhang Xun: Le Grand théâtre national est maintenant un monument de référence et un lieu important pour les manifestations culturelles à Dakar. Le Musée des civilisations noires sera inauguré d’ici la fin de l’année. Nous allons ouvrir un Centre culturel chinois à Dakar. En plus de l’institut Confucius de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), plusieurs établissements supérieurs ont commencé à enseigner la langue chinoise.
La coopération socioculturelle couvre des domaines aussi variés que l’éducation,la jeunesse, la musique, les beaux-arts, le sport, l’audiovisuel, la presse et la protection des patrimoines culturels. Depuis 2017,le nombre de bourses gouvernementales chinoises a augmenté à 60 par an, plus de 700 étudiants sénégalais font leurs études en Chine. Jusqu’à la fin de l’année dernière,la Chine a formé près de 1 700 Sénégalais de tout métier confondu, et cette année,240 de plus bénéficieront des formations en Chine.
Mamadou Ndiaye: Le Sénégal occupe actuellement la 140eplace au classement« Doing Business » et a l’ambition de faire partie, à partir de 2019, des 100 pays les plus réformateurs. Pour atteindre cet objectif,nous comptons poursuivre 17 réformes en cours dans le cadre du Programme de réforme de l’environnement des affaires et de la compétitivité qui est le tableau de bord, à partir duquel le gouvernement prend, évalue et met à jour les décisions administratives nécessaires pour faciliter la création d’entreprises et encourager l’investissement.Des mesures de simplification et de facilitation ont déjà été prises en matière d’obtention du permis de construire, d’embauche des travailleurs, de transfert de propriété et de paiement des taxes. Ces mesures seront consolidées et renforcées afin de mieux protéger les investisseurs. En outre,il a été décidé d’accélérer la mise en ligne des documents administratifs de manière à faciliter l’accomplissement de certaines formalités et l’accès à l’information relative à l’investissement. CA