Quand agriculture et Internet font bon ménage

2017-06-05 14:21DANGXIAoFEImembredeladaction
今日中国·法文版 2017年4期

DANG XIAoFEI, membre de la rédaction

Quand agriculture et Internet font bon ménage

DANG XIAoFEI, membre de la rédaction

Min Chao s’est lancé dans le commerce électronique des produits agricoles voici déjà presque 10 ans. L’année dernière, il a vendu en ligne plus de 2 800 tonnes de produits agricoles, comme des aliments à base de patates douces, du millet et des noix. À l’époque, il fut un des premiers paysans sur Internet, et aujourd’hui il gère de front cinq entreprises et la plateforme de commerce électronique qu’il a créées. L’année dernière, son chiffre d’affaires sur Internet a dépassé 20 millions de yuans. Grandi parmi les paysans du village de Shaoyaoshan, près de la ville de Linyi dans le Shandong, il se targue d’être désormais l’un des leaders campagnards du commerce électronique.

D’abord un magasin sur Internet

En 2009, Min Chao se demandait comment gagner de l’argent sur Internet, après que son frère aîné lui avait suggéré cette idée. C’est pourquoi il a fait l’acquisition d’un ordinateur d’occasion pour 1 000 yuans sur lequel il s’est initié aux joies du surf en ligne.

« Que vendre sur Internet ? » telle était la question qui le tarabusta pendant un certain temps. Après une recherche minutieuse, il s’est décidé pour un assortiment de spécialités de cette région montagneuse de Yimeng, dont l’huile d’arachide, les patates douces, la viande de mouton, des galettes et autres denrées locales. Des produits, noix, azéroles, marrons qui, malgré leur qualité supérieure et leur goût inimitable, ne trouvaient pas preneur en raison de l’éloignement géographique qui se doublait d’un accès dif fi cile.

Le 2 novembre 2016, dans le village de Nanxu de la province du Hebei, un employé d’une entreprise d’ecommerce agricole emballe un produit.

Pionnier du commerce électronique, en particulier dans les régions rurales du district de Feixian, il eut à supporter les regards critiques et les moqueries. « Comment vendre sur Internet des produits qui se vendent déjà dif fi cilement dans un vrai magasin ? Qui les achètera sans les voir et les toucher ? » lui répétait son oncle. Des paroles qui sont restées gravées dans sa mémoire.

Mais dès sa première commande reçue, il a repris con fi ance. « Je n’avais rien à perdre et le seul moyen était de persévérer. De plus, nous attendions alors la naissance de ma fi lle, et je ne pouvais pas m’éloigner pour chercher du travail. » Auparavant, il avait fait du commerce et il avait échoué. Il était criblé de 50 000 yuans de dettes.

« Les spécialités sont tellement populaires en ligne, c’est inattendu. Mes ventes mensuelles sont passées de quelques centaines de yuans à des centaines de milliers de yuans », déclare-il fi èrement.

Les ventes du magasin de Min Chao sur Taobao ont connu une croissance prodigieuse, à l’image du volume du commerce électronique en général. En septembre 2016, le volume des ventes en ligne dépassait dans le pays 170 milliards de yuans et se dirigeait vers un volume annuel de plus de 220 milliards de yuans. Selon les statistiques du ministre du Commerce, le nombre d’entreprises et de commerçants qui vendent leurs produits agricoles en ligne approche du million. Rien que sur Taobao, on compte 23 880 de ces magasins virtuels.

Avec le développement des ventes, les magasins de Min Chao sur Internet se sont heurtés à un nouveau dé fi : le manque de normes standardisées qui constitue en Chine le principal handicap à la vente et à l’achat de produits agricoles en ligne.

Le 27 janvier 2015, une employée d’une entreprise d’e-commerce d’igname de Chine contrôle des informations sur le site de distribution dans la province du Shandong.

En 2013, Min Chao a réuni 640 paysans des environs pour fonder la Coopérative professionnelle de plantation des produits agricoles bio et sauvages du district de Feixian. Il a également demandé et obtenu un certi fi cat de qualité bio pour les noix, les marrons, les azéroles et les pommes produits par la coopérative. De cette façon, il a réalisé une standardisation qui élève la valeur ajoutée de ces produits. En 2014, il a fondé l’entreprise alimentaire de Qishang et déposé la marque de son entreprise, ce qui lui a permis de lancer une promotion plus ef fi cace de ces produits désormais standardisés.

Étape suivante : la plate-forme électronique

Avant l’ère d’Internet, de nombreux paysans vendaient leurs produits sur les marchés campagnards ou dans leurs exploitations où ils accueillaient leurs clients. Un modèle commercial aux débouchés forcément limités, ce qui entraînait souvent des excès de stock et une dégringolade des prix.

A fi n de remédier à ces inconvénients, Min Chao a signé des contrats of fi ciels avec plus de 2 000 exploitants locaux. Planter en fonction des commandes permet des ventes garanties, ce qui a aidé les paysans à augmenter leur revenu annuel de 2 000 à 3 000 yuans, soit une hausse moyenne de 5 % à 10 % des prix d’achat par rapport aux prix du marché. « Vendre les produits agricoles sur la plate-forme électronique de Qishang a amélioré la vie des gens d’ici. En une année seulement, on a vu tous les foyers s’équiper d’un tricycle électrique, signe d’un niveau de vie en hausse », indique en riant Zhao Changwu, secrétaire de la cellule du Parti pour le village de Shaoyaoshan.

Après environ 10 ans d’efforts, Min Chao est l’un des principaux commerçants électroniques du district. Maintenant que sa fortune personnelle est assurée, il souhaite aider les gens de sa région à sortir de la pauvreté. Grâce à une coopération avec le gouvernement local, Qishang a installé une station d’aide aux déshérités par le commerce électronique dans chacun des 32 villages pauvres du district, pour former les démunis au commerce électronique et leur fournir gratuitement ces services, des semences et un soutien technique. « Nous avons signé des accords d’aide avec 20 familles démunies du village pour les aider par le commerce électronique, ce qui permettra d’éliminer la pauvreté ici dès 2017 », déclare Min Chao.

Ce n’est pas tout. Il aide également les paysans à élargir leur réseau de distribution. En 2012, Zhang Yankui, paysan de 65 ans du village de Zuochengya, a pris en charge la gestion à titre forfaitaire de 200 mu (environ 13 ha) de terrains montagneux et forestiers pour y élever ses chèvres. Deux ans plus tard, à cause de la baisse des cours sur le marché et de la diffi culté d’accéder aux acheteurs, son cheptel s’est sérieusement multiplié... mais pas ses ventes. « Dès qu’il a eu vent de mon problème, Min Chao s’est précipité à mon aide. Grâce à sa plate-forme électronique, il a trouvé de nouveaux débouchés pour mes chèvres », dit Zhang Yankui plein de reconnaissance.

Grâce au modèle « commerce électronique + foyers paysans », de 2009 à 2016, Min Chao a réussi à vendre des produits agricoles de bonne qualité en provenance de 15 villages et de huit bourgs dans tout le district, aidant ainsi plus de 500 foyers pauvres à obtenir une aisance relative. En outre, les produits bio de bonne qualité sur sa plate-forme électronique ont également séduit de nombreux clients.

Élargir les réseaux

En plus des cinq entreprises électroniques déjà créées, Min Chao a investi 10 millions de yuans pour créer sa plateforme en ligne « Produits agricoles de bonne qualité de Qishang », une étape importante pour réaliser son rêve de commerce électronique. Le thème de sa plateforme tourne autour de la campagne, des paysans et de l’agriculture, et il cherche par tous les moyens à développer petit à petit les ventes de spécialités agricoles. Aujourd’hui, 49 produits sont référencés sur sa plate-forme.

À l’échelle du pays, on compte plus de 30 000 commerçants de toutes les sortes de produits agricoles en ligne, et 4 000 d’entre eux sont des exploitants agricoles qui vendent leurs produits en direct. La compétition est féroce, mais Min Chao reste un leader dans ce secteur.

Il a établi une coopération avec Taobao et JD.com qui sont les principales platesformes de commerce électronique en Chine sur lesquelles on peut ouvrir des magasins virtuels. En 2013, il a signé avec le groupe Alibaba un accord de services certi fi és qui fournit les technologies Internet avancées qui l’aident à élargir son réseau de vente. Aujourd’hui on trouve sur JD.com, Taobao, Alibaba, Paipai ou WeChat tous les produits de Qishang, et les réseaux de distribution touchent déjà plus de 100 villes. Il a également ouvert six magasins classiques dans divers coins du pays pour une commercialisation en mode O2O (« of fl ine-to-online »).

Le développement de l’e-commerce paysan facilite l’approvisionnement en produits agricoles en fournissant d’un clic une « voie rapide » entre ces produits et les consommateurs des villes qui permet en outre de mieux répondre à leurs demandes.

Son rêve d’avenir est de vendre ses produits dans toute la Chine. Il explique son plan d’action : « En 2017, je pense introduire la culture de nouveaux produits agricoles bio dans les montagnes Yimeng, ce qui stimulera l’économie locale. » Cette année, il compte aussi se lancer dans le conditionnement des azéroles pour les transformer en friandises préparées, ce qui une fois de plus devrait accroître les revenus des paysans qui les cultivent.