CHEN JUN, membre de la rédaction
Justice et béné fi ce partagé au coeur des contacts avec les pays en développement
CHEN JUN, membre de la rédaction
«Lorsqu’elle développe ses collaborations et resserre ses liens avec les pays en développement, la Chine doit encore plus honorer les valeurs du respect mutuel, de l’égalité, du béné fi ce mutuel et de la coopération gagnant-gagnant. En outre, elle propose une collaboration plus ciblée et adaptée à chaque pays en développement, à la lumière des concepts de justice et de béné fi ce préconisé par le président chinois Xi Jinping », a dit Li Jinzhang, ambassadeur de Chine au Brésil dans une interview accordée à notre revue.
« Quand les pays en développement traversent des moments dif fi ciles et des temps de crise, ou s’ils af fi chent des besoins particuliers, la Chine doit se montrer bienveillante et faire tout son possible pour les aider. C’est d’ailleurs l’attitude qu’elle a toujours adoptée », a-t-il précisé.
« Les relations de coopération amicale entre la Chine et l’Amérique latine ont fait des progrès majeurs en termes d’envergure, d’étendue et de qualité de coopération. »
Li Jinzhang a évoqué les relations diplomatiques entre la Chine, le plus grand pays en développement au monde, et le Brésil, le plus grand pays en développement en Amérique latine. Il a rappelé que depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques en 1974, elles ont suivi une belle progression dans l’ensemble. En 1993, les deux pays ont établi un partenariat stratégique, une initiative inédite parmi les pays en développement. Puis en 2012, ils l’ont rehaussé en partenariat stratégique global. Le Brésil est le premier pays d’Amérique latine à avoir noué un tel partenariat avec la Chine.
Sur le plan économique et commercial, Li Jinzhang a af fi rmé que leur coopération bilatérale pragmatique a maintenu jusqu’à présent une bonne dynamique de développement, surtout depuis l’entrée dans le XXIesiècle. Depuis six années consécutives, le Brésil compte parmi les dix premiers partenaires commerciaux de la Chine, tandis que la Chine est, depuis six ans consécutifs, le premier partenaire commercial du Brésil. Les investissements directs émis par les entreprises chinoises au Brésil, lesquels couvrent une variété de domaines dont l’énergie, la fabrication des équipements, les télécommunications, l’agriculture et l’élevage, ont atteint une valeur totale de 40 milliards de dollars. Outre l’investissement, les deux pays ont aussi accéléré leur collaboration fi nancière. Nombre de banques chinoises, dont la Banque industrielle et commerciale de Chine, la Banque de Chine, la Banque de construction de Chine et la Banque des communications de Chine, ont ouvert leur succursale au Brésil. Par le biais de fusions-acquisitions, de prises de participation au capital et de rachats d’établissements fi nanciers, elles ont donné un nouvel élan à la fi nance des deux pays.
« La coopération économique et commerciale joue un rôle important dans la stabilité des relations sino-brésiliennes », a analysé Li Jinzhang. Il a ajouté que dans les affaires internationales, la Chine et le Brésil, deux grands pays émergents, s’attachent à faire progresser encore la mondialisation, facilitant la circulation des biens et des capitaux. En adhérant chacun à diverses organisations multilatérales, les deux pays ont toujours respecté le principe de coordination mutuelle, s’efforçant de préserver ensemble les intérêts et les aspirations des pays en développement. En outre, dans le cadre des mécanismes multilatéraux tels que l’OMC, le G20 et le groupe des BRICS, la Chine et le Brésil veillent à conserver des rapports favorables, en faisant preuve de compréhension et de soutien l’un envers l’autre pour toute question touchant à leurs intérêts fondamentaux respectifs.
Malgré la grande distance et les différences culturelles notables qui les séparent, la Chine et le Brésil font grand cas des échanges entre leur peuple. Comme les Brésiliens sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à vouloir apprendre le chinois, neuf instituts Confucius ont été établis dans le pays en coopération avec des universités locales, sans compter la multitude de classes Confucius éparpillées sur le territoire, dans des villes de toute taille. Davantage de jeunes Brésiliens décident d’aller étudier en Chine la langue chinoise, mais aussi d’autres matières. « Sur le plan de la compréhension mutuelle, une nouvelle force est en train d’émerger », a fait remarquer Li Jinzhang.
« Des années 1970 jusqu’à la fi n du siècle dernier, les relations entre la Chine et l’Amérique latine étaient seulement dans leur phase initiale. À l’avènement du nouveau millénaire, elles sont entrées dans une période de développement rapide. Puis, suite à l’ouverture du XVIIIeCongrès national du Parti communiste chinois en 2012, les contacts politiques entre les deux pays sont devenus plus étroits, soutenus par une coopération économique fructueuse et des échanges culturels de plus en plus fréquents. Ces dernières années, les relations sino-latinoaméricaines ont ainsi inauguré une période d’ascension d’ordre stratégique. D’ailleurs, le 8 janvier 2015 s’est tenue à Beijing la première réunion ministérielle du Forum Chine-CELAC (Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes), une rencontre historique qui restera gravée dans le développement des relations entre la Chine et l’Amérique latine.
« Les relations de coopération amicale entre la Chine et l’Amérique latine ont fait des progrès majeurs en termes d’envergure, d’étendue et de qualité de coopération. Ces relations entrent dans une nouvelle période de développement global, rapide, varié et multisectoriel. » Aux yeux de l’ambassadeur Li, deux raisons viennent expliquer le progrès considérable constaté dans les relations sino-latino-américaines : premièrement, la Chine et les pays d’Amérique latine, tous considérés comme des pays en développement, soutiennent des positions similaires et des propositions convergentes dans les affaires internationales et sur des questions d’importance mondiale ; deuxièmement, les deux parties présentent une forte complémentarité d’un point de vue économique. Aujourd’hui, leur coopération amicale s’est encore étendue, venant s’ancrer dans l’opinion publique.
« Le développement des relations sino-latino-américaines, correspondant à la volonté de la population chinoise et des peuples de tous les pays d’Amérique latine, confère aux deux parties des avantages tangibles. Mais cette tendance n’aurait jamais pu voir le jour sans les efforts du gouvernement chinois et du président Xi Jinping », a précisé Li Jinzhang.
Interrogé sur la façon dont la Chine entretient ses relations amicales avec les pays en développement, l’ambassadeur Li a expliqué : « La Chine s’en tient depuis toujours aux Cinq principes de la coexistence paci fi que, qui conviennent pour tous les pays du monde. Elle les place à la base de ses relations avec les autres pays. »
« À l’avenir, la Chine attachera une importance accrue à la coopération avec les pays en développement, en vue de dé fi nir avec eux un concept de développement axé sur l’innovation, la coordination, l’écologie, l’ouverture et le partage pour se préparer à l’avenir et poursuivre la mondialisation », a ajouté M. Li.
Li Jinzhang
« Le mécanisme des BRICS mérite une appréciation positive, a exprimé Li Jinzhang. Depuis sa création, cet instrument de coopération multilatérale, qui rassemble cinq pays en développement (à savoir, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), contribue à un développement plus équilibré et plus juste dans le monde. Plus particulièrement, il permet de défendre les intérêts fondamentaux des pays en développement, de promouvoir la démocratisation des relations internationales et de stimuler la réforme de la gouvernance mondiale. »
Il a ajouté que le mécanisme des BRICS a avancé d’un pas ferme et s’est peu à peu institutionnalisé, mettant en place diverses plates-formes d’échanges. Il a aussi franchi une nouvelle étape dans certains domaines de coopération, avec des résultats concrets, comme la fondation de la Nouvelle Banque de développement des BRICS et la création du fonds commun de réserves de change. Ces aboutissements illustrent pleinement la volonté des cinq pays de travailler en coordination et d’approfondir leur coopération.
Pourtant, à l’heure actuelle, certains pays révisent leur point de vue concernant le mécanisme des BRICS, estimant qu’il commence à s’essouf fl er et à manquer de vitalité. En réponse à cette opinion, Li Jinzhang a expliqué que le mécanisme des BRICS fait face à de nouvelles dif fi cultés, qui découlent principalement du marasme économique mondial. De la crise des subprimes dans les pays développés occidentaux, à celle des dettes, toute la planète a été plongée dans la récession. Dans ce contexte, les pays en développement, y compris les pays émergents représentés par les BRICS se sont retrouvés face à de nouveaux dé fi s. Cependant, d’après M. Li, ces dif fi cultés ne seront que temporaires : « Après une phase d’ajustement et de travail coordonné, le mécanisme des BRICS débordera à nouveau d’énergie et réalisera de nouvelles performances en faveur de la coopération. »
En septembre prochain, le 9eSommet des BRICS se déroulera à Xiamen (province du Fujian). Pour Li Jinzhang, il s’agit d’une nouvelle opportunité historique pour le groupe des BRICS d’harmoniser leurs positions pour lancer de nouvelles idées de coopération. Par ce biais, les cinq pays parviendront certainement à une série de consensus, voire d’accords, dans les nombreux domaines à l’ordre du jour, comme l’économie, le commerce et la sécurité internationale. Ce sera l’occasion pour le mécanisme des BRICS de briller, pour prouver au monde son dynamisme et son importance.
« Jusqu’à présent, la Chine et le Brésil ont cultivé des échanges étroits dans le cadre du mécanisme des BRICS. Je suis personnellement convaincu que le prochain sommet donnera naissance à de nouvelles intentions de coopération et débouchera même sur la mise en œuvre de projets concrets », a conclu l’ambassadeur.