Faire le bilan
Les dix premiers experts agricoles chinois ont été envoyés en Éthiopie en avril 2001, suite à la conclusion d’un accord entre les ministères de l’Agriculture des deux pays la même année. Leur mission consistait à aider le pays à développer sa formation professionnelle et technique dans le secteur agricole. C’était le début d’un marathon relais de seize ans – depuis, 16 missions composées de 425 agronomes chinois se sont succédé dans le pays, transmettant leur expertise et savoir-faire à leurs homologues et étudiants partout dans la Corne de l’Afrique.
CHINAFRIQUE a invité cinq des experts chinois basés pour le moment en Éthiopie à partager leur expérience et réussites, et à discuter des orientations futures de leur travail dans le pays.
Pour développer une agriculture moderne, l’Éthiopie a besoin d’améliorer sa machinerie agricole et de former des professionnels dans le domaine des technologies et de la gestion. La formation professionnelle agricole en Éthiopie a pourtant pris du retard par rapport aux standards internationaux. Les trois années passées ici me font comprendre à quel point ce projet est important pour le pays. En Éthiopie, beaucoup d’étudiants manquent d’installations de base et de manuels. Par conséquent, une part importante de notre travail consiste à compiler des manuels pour eux.
La culture paysanne éthiopienne existe depuis des centaines d’années. Aujourd’hui, la machinerie agricole moderne et les méthodes d’exploitation traditionnelles coexistent. Les agriculteurs, aussi travailleurs soient-ils, n’arrivent toujours pas à moderniser leur machinerie agricole. Af i n de contribuer à résoudre ce problème, nous avons conçu plusieurs nouvelles machines agricoles basées sur les besoins que nous avons pu découvrir localement au cours des dernières années.
L’environnement agricole éthiopien – riche en lumière et chaleur, des précipitations annuelles modérées et beaucoup plus de terres arables par habitant que la Chine – semble favorable dans un premier temps. Mais en réalité, la période de sécheresse dure plus de 6 mois et la saison des pluies nécessaire à la croissance des cultures ne dure quelquefois que 3 mois. Par ailleurs, l’érosion et la dégradation du sol sont des problèmes sévères. Ces facteurs rendent le pays vulnérable aux désastres naturels, si bien qu’un léger changement dans le climat peut causer une famine sévère. Dans cette perspective, notre équipe est parvenue à la conclusion que le pays a vraiment besoin de mesures pour la conservation de l’eau.
Nous avons introduit une technique de culture de bio-fermentation, utilisée pour revitaliser des terres agricoles dégradées qui ne peuvent pas être irriguées. Dans le futur, nous lancerons aussi une étude sur l’agriculture biologique hors-sol, et nous introduirons des fourrages à rendement élevé chinois pour nourrir des animaux et mieux conserver du sol.
Je me suis rendue pour la première fois en Éthiopie en décembre 2013. Peu après mon arrivée, je me suis rendue à l’Université d’Alage pour la formation technique et professionnelle à l’agriculture, l’une des plus grandes de ce type dans le pays. Malgré ses plus de 3 000 étudiants, celle-ci n’avait aucune installation aquacole. Alors, j’ai immédiatement élaboré une proposition de projet. Grâce au soutien de l’université, nous avons mis en place dans le campus dix installations aquacoles favorables à la formation pratique et la recherche académique. Celles-ci sont aussi devenues populaires parmi les professionnels et les étudiants des autres universités qui en prof i tent pour y pratiquer les théories apprises dans les manuels. Nous espérons que nos élèves pourront acquérir à la fois la théorie et la pratique, parce qu’ils constituent le futur de l’industrie aquacole éthiopienne, pays abondant en eau et ressources halieutiques.
Avant cette mission, je n’avais jamais pensé à aller en Éthiopie. Mais avec le temps, je trouve que mon travail ici m’apporte un sentiment de f i erté et d’accomplissement. L’Éthiopie me rappelle mon pays natal autrefois. Cela me fait plaisir de pouvoir mettre mon expertise au service de son développement agricole.
Notre tâche est d’aider le pays à développer un plan à long terme pour introduire les technologies et améliorer les infrastructures. Jusqu’à présent, nous avons construit un site d’entraînement de 7 000 m2pour l’École de biologie des plantes et deux piscines d’entreposage pour assurer l’approvisionnement en eau durant les périodes de sécheresse. Nous avons également introduit une technologie de contrôle des mauvaises herbes qui s’avère assez eff i cace. Dans les années à venir, nous espérons améliorer davantage les moyens de formation locale et mettre en place des sites pilotes pour l’expérimentation agricole moderne.
Ma mission en Éthiopie est d’équiper les étudiants de l’expérience et des techniques nécessaires pour devenir vétérinaires expérimentés, et de leur donner l’habileté à résoudre des problèmes. Après mon arrivée en Éthiopie, j’ai proposé un projet de recherche au ministère de l’Agriculture pour introduire une technologie moderne de gestion de l’information dans le pays.
Dans les années à venir, j’espère aider mes étudiants à maîtriser des instruments médicaux modernes, parce qu’une fois diplômés, ils joueront un rôle moteur dans le développement vétérinaire du pays. Je travaille aussi sur la coopération croissante entre les écoles agricoles locales et l’industrie pharmaceutique vétérinaire chinoise sur une base gagnant-gagnant– les entreprises développeront un nouveau marché en Éthiopie et l’industrie locale du bétail trouvera des solutions pour beaucoup de ses problèmes. CA