Une vision à long terme
Les entreprises chinoises en Afrique créent des emplois et transfèrent leurs compétences par Liu Jian
verre dans un secteur dominé par les hommes. La directrice d’exploitation de Huawei-Afrique du Sud a longtemps travaillé dans le monde des technologies de l’information et de la communication (TIC) et elle veut maintenant rendre la pareille.
Son parcours n’a pas été facile. Elle a commencé comme opératrice à Telkom, la plus grande société de communication intégrée d’Afrique où elle a ressenti la pression. « J’étais la seule femme dans le service. Mes collègues m’ont fait passer de mauvais moments. J’ai travaillé dur pour prouver ma valeur », se rappelle-t-elle.
Avant de rejoindre Huawei – le fournisseur chinois numéro un de solutions en TIC – en 2000, Mme Naidoo, une Sud-Africaine de 45 ans, avait 12 ans d’expérience dans le secteur. En tant que femme noire, elle a apprécié les opportunités de développement que son employeur lui a données. Elle éprouve de la gratitude envers Huawei pour l’avoir aidée à demander un f i nancement auprès du gouvernement pour terminer son MBA en 2016.
Selon elle, une partie de la stratégie de localisation de Huawei vise à employer plus d’Africains dans des fonctions de direction, en mettant l’accent sur les femmes, appuyant ainsi les efforts de l’Union internationale des télécommunications pour accroître la participation des femmes dans le secteur des TIC.
Tout en travaillant dans l’équipe de direction, elle a aussi une obligation à l’égard de son pays, qui manque de personnes qualif i ées. « Huawei a apporté des compétences que nous n’avons pas en Afrique du Sud. Il est de notre responsabilité dans la direction de nous assurer que nos programmes de formation permettent de réduire le fossé des compétences entre la Chine et l’Afrique du Sud », explique-t-elle, ajoutant que l’entreprise tentait de créer plus d’opportunités pour les employées et de leur accorder des bourses, des formations et des cours en ligne.
Pour créer un environnement favorable à l’apprentissage et au développement, Huawei a établi une plate-forme d’enseignement en ligne. « Ces cours en ligne de qualité nous remettent à niveau avec les dernières compétences pratiques dans tous les secteurs des TIC, permettant d’accroître le savoir, de développer les compétences personnelles et d’être à niveau dans l’économie du savoir », explique Pamela Khonvane, 33 ans, spécialiste de l’administration.
Mme Naidoo estime aussi que l’entreprise lui a offert une plate-forme pour se développer pour les déf i s futurs. « Quand vous travaillez dans un environnement d’exploitation commerciale, rien n’est constant. Chaque jour est un déf i. Et avec le développement de la technologie, je suis contrainte de toujours apprendre, de me développer et de croître », dit-elle à CHINAFRIQUE.
Huawei encourage l’éducation dans les TIC là où elle mène ses activités. L’entreprise a contribué au lancement de programmes d’apprentissage avec Khulisani, un partenaire qui aide les handicapés à développer des compétences professionnelles, en donnant des formations en informatique.
De plus, l’entreprise va contribuer à la formation d’un millier de jeunes dans les TIC en Chine au cours des cinq prochaines années et créer des laboratoires Huawei dans les universités sud-africaines ouverts aux étudiants et au public pour permettre aux compétences de se traduire par des emplois.
Huawei est en Afrique du Sud depuis plus de 15 ans et est actuellement l’un des premiers fournisseurs d’équipements de télécoms. Huawei-Afrique du Sud emploie plus d’un millier de personnes, dont plus de 60 % sont des locaux.
Mme Naidoo n’est qu’un exemple parmi les milliers d’employés africains d’entreprises chinoises qui localisent leurs activités pour s’étendre en Afrique. Les opportunités d’emplois, la formation et le transfert de technologies prof i tent aux communautés locales.
Des étudiants sudafricains participent au programme Graines pour le futur à Shenzhen.
De nombreuses entreprises chinoises en Afrique font face au même dé fi : le manque de main-d’œuvre qualifi ée, créant des obstacles pour les affaires, une situation aggravée par la fuite des cerveaux. Les statistiques de Migrations internationales publiées avec l’Organisation de coopération et de développement économique et le département des affaires économiques et sociales des Nations unies en octobre 2013 montrent que plus de 10 % des Africains les plus éduqués vivent et travaillent sur d’autres continents,
Avec la conjugaison du chômage croissant dans de nombreux pays africains et des menaces pesant sur la stabilité sociale, l’emploi de personnel local par des entreprises à capitaux étrangers est un soulagement. La création d’un bassin d’emplois quali fi és avec des programmes de formation est donc une priorité pour de nombreuses entreprises chinoises.
La société China Road and Bridge Corp. (CRBC), en charge du Projet ferroviaire à écart standard Mombasa-Nairobi au Kenya, attache une grande importance à la localisation, d’après le directeur adjoint du projet Li Juguang. Le projet a permis la création de 38 000 emplois, avec des ingénieurs, des charpentiers, des maçons, des techniciens et des ouvriers kényans. La CRBC privilégie par ailleurs le transfert de technologies et la formation de personnel local pour répondre aux besoins de quali fi cation pour la construction et la gestion des chemins de fer kényans. De nombreux Kényans apprennent à utiliser les diverses machines importées de Chine. « Les ingénieurs chinois travaillent avec les travailleurs kényans et leur apprennent des compétences en ingénierie de haut niveau, pour qu’ils y gagnent en savoir technique dans la construction ferroviaire », explique Alexander Wambua Muindi Ndivo, qui travaille pour le projet. « Le projet transforme la vie de beaucoup d’entre nous. »
Des étudiants sud-africains participant au programme Graines pour le futur visitent le siège de Huawei, à Shenzhen.
La société China National Petroleum Corp. (CNPC), le premier producteur et fournisseur de pétrole et de gaz de Chine, forme et développe depuis des années des employés locaux au Soudan à la fois en interne et en externe dans le pays et en Chine. « Nous avons développé un réservoir d’employés qualif i és dans l’exploration et la production pétrolières, le raff i nage et les produits chimiques, la construction et les services dans les champs pétroliers, et la promotion du développement durable dans le secteur pétrolier soudanais », explique Xu Xiaoling, directeur du Bureau de recherche en responsabilité sociale des entreprises à l’Institut de recherche économique et technologique de la CNPC.
Avec l’expansion de la coopération sino-africaine, on compte maintenant plus de 3 000 entreprises chinoises en Afrique. Fin 2015, il y avait 300 entreprises chinoises en Afrique du Sud. Ces entreprises ont une vision à long terme. « Vous arrivez et vous vous installez, vous apprenez des cultures locales et des opportunités, vous vous intégrez dans la communauté locale, et vous mettez en place des programmes de développement des compétences », dit à CHINAFRIQUE Omid Kassiri, partenaire à McKinsey & Company à Nairobi.
Huawei coopère tous azimuts avec les opérateurs locaux, les entreprises privées et le gouvernement, pour devenir un partenaire stratégique en Afrique du Sud. Le désir d’encourager la compréhension entre les cultures est aussi présent. Depuis juin 2016, les employés sud-africains de Huawei peuvent apprendre la langue et la culture chinoise, ce qui les aide à mieux communiquer au travail.
Mme Naidoo pense que la communauté est la clé de la réussite. « Si nous proposons de bonnes initiatives de responsabilité sociale des entreprises, nous serons mieux acceptés dans la communauté dans laquelle nous travaillons. » CA
(Reportage d’Afrique du Sud.) Pour vos commentaires : liujian@chinafrica.cn Scannez le code QR pour écouter Christina Naidoo.