Pour ou contre
L’éducation a toujours été un sujet sensible pour les parents chinois. Une proposition récente appelant à retarder d’un an la scolarisation des garçons a engendré des discussions enf l ammées.
En se basant sur ses propres recherches, Chen Shangbao, un pédagogue de Shenzhen dans la province méridionale du Guangdong, met en garde sur le fait que la « crise des garçons » en Chine serait en train de devenir de plus en plus alarmante. Selon son rapport publié en décembre 2016, les fi lles surpassent les garçons à tous les niveaux de l’éducation, dans presque tous les domaines académiques, ainsi que dans les aspects d’amélioration et de motivation personnelles. Face à cela, Chen Shangbao suggère que les jeunes garçons entrent à l’école primaire un an plus tard que leurs camarades féminines pour aplanir les différences dans leur développement physique et psychologique.
Cette proposition a déclenché des réactions contrastées à savoir si ce décalage pourrait vraiment aider à résoudre la « crise des garçons » en Chine. Ses partisans estiment qu’il serait plus facile pour les garçons de construire leur conf i ance en eux-mêmes et de maîtriser ce qui leur est enseigné à l’école, en reportant d’une année leur scolarisation. Ses détracteurs avancent, quant à eux, que l’intelligence n’est pas un facteur déterminant de la performance académique. Une méthode d’enseignement sur mesure tenant compte la nature énergique et joueuse des élèves masculins serait une solution plus appropriée à leur problème de retard.
Un standard unif i é pour l’âge de scolarisation ne permet pas de tenir compte des disparités entre la maturité émotionnelle et le développement psychologique de chaque enfant. À ce que j’ai pu voir dans les universités, les garçons devraient être scolarisés plus tard que les fi lles. Les étudiants masculins sont généralement en retard par rapport à leurs camarades féminines en matière de performance académique, pas seulement à l’école primaire et secondaire, mais également à l’université. Certains avancent que les garçons peuvent rattraper ce retard au secondaire, lorsqu’ils parviennent à mieux se concentrer sur leurs études. Cependant, les faits contredisent cette aff i rmation. Les fi lles sont plus nombreuses que les garçons dans les universités et de plus en plus de fi lles obtiennent les meilleurs résultats dans les examens d’entrée à l’université.
Si les étudiants masculins sont scolarisés plus tard, leurs capacités cognitives pourront être à la hauteur de celles des fi lles de leur classe. Sinon, un sentiment de frustration les hantera à travers toute leur scolarité, ce qui pourrait entraîner un manque de conf i ance en soi chez les garçons. CA
Je ne pense pas que le fait
Les résultats académiques sont le résultat d’efforts personnels, quels que soient le sexe ou l’âge. Les vrais talents parviennent toujours à se démarquer, tandis que la maturité physique ne rendra personne plus intelligent. C’est pourquoi je ne pense pas que retarder la scolarisation des enfants les aidera à mieux s’en sortir. Les différences sont omniprésentes et c’est ce qui rend le monde merveilleux. En réalité, de nombreux garçons parviennent à surpasser leurs camarades féminines avec le temps. Si un retard obligatoire de scolarisation est appliqué, comment les garçons pourront-ils recevoir l’éducation dont ils ont besoin ?
Les enseignants devraient également apporter une attention spéciale aux garçons introvertis et les aider à grandir. De manière générale, les garçons sont plus énergiques et plus joueurs. Nous devons exercer plus de patience et appliquer des méthodes diversif i ées pour les guider et les aider à construire leur conf i ance en eux et à cultiver de bonnes habitudes d’apprentissage. CAde retarder la scolarisation résoudra cette soi-disant « crise des garçons ». Tout d’abord, la proposition oublie de considérer l’état d’esprit des parents. La plupart des parents désirent que leurs enfants soient scolarisés dès que possible. D’un côté, ils ne veulent pas que leurs enfants soient « en retard sur la ligne de départ » ; de l’autre, envoyer leurs enfants à l’école permet d’alléger considérablement leur charge de travail. Aujourd’hui, avec deux parents qui ont une carrière, la charge des enfants, notamment au niveau préscolaire, nécessite du temps et de l’énergie. Les parents sont incapables de gérer à la fois leurs responsabilités familiales et leur carrière. lls doivent se tourner vers les grands-parents pour se faire aider.
Ensuite, ce report d’une année n’aidera pas les enfants à grandir. L’éducation est importante car elle aide les enfants à mûrir psychologiquement. Mais les enfants ne peuvent pas recevoir une éducation appropriée s’ils restent à la maison.
Si le but est d’aplanir les différences entre les garçons et les fi lles, je pense qu’une méthode d’enseignement diversif i ée se concentrant sur les caractéristiques des élèves masculins devrait être mise en place. CA
Les études internationales sont unanimes sur le fait que le développement initial du langage pour les garçons est en retard par rapport aux fi lles. En moyenne, les capacités de communication d’un garçon de cinq ans correspondent à celles d’une fi lle de trois ans et demie. Les fi lles surpassent généralement les garçons dans la locution, la lecture et la sociabilité. C’est la raison pour laquelle, je pense qu’il est judicieux que les garçons soient scolarisés un an après les fi lles.
Pour les garçons, plus ils intègrent l’école tôt, plus ils pourraient se sentir frustrés. En retard par rapport aux fi lles, les garçons pourraient perdre leur conf i ance en eux - particulièrement durant l’école primaire - et développer ainsi des troubles psychiques et comportementaux.
ll ne s’agit pas d’une solution parfaite. Les garçons préfèrent s’engager dans un apprentissage par les ordinateurs ou par des projets pratiques plutôt que par des leçons monotones. Les écoles devraient ajuster leurs méthodes d’enseignement pour satisfaire les besoins uniques et diversif i és des garçons. CA
Je suggère que les garçons commencent leur scolarisation un an après les fi lles, car ils se font généralement dépasser par leurs camarades féminines au niveau de la maturité, ce qui les incite à développer un sentiment de frustration et d’infériorité. Un jour, j’ai eu un patient qui était en première année d'école secondaire. Ce garçon avait été scolarisé à l’âge de six ans et n’était pas parvenu à développer de bonnes habitudes de travail scolaire. ll avait également de la diff i culté à se concentrer. Par la suite, sa mère s’est rendu compte qu’il devenait de plus en plus introverti et qu’il refusait même de jouer avec ses camarades de classe. De nombreux garçons, comme ce patient, n’ont pas obtenu la reconnaissance suff i sante au début de leur scolarité et ont développé des troubles psychologiques, qui ont par la suite inf l uencé leur vie entière. CA
ll est vrai qu’aujourd’hui, les étudiantes dépassent les étudiants au niveau des performances académiques, pas seulement dans les écoles primaires, mais également à l’université. ll y a de plus en plus de fi lles occupant un poste important, même dans les domaines scientif i ques autrefois dominés par les étudiants masculins. Mais mettre cela sur le compte de la scolarisation est tout simplement absurde.
À l’école primaire, l’intelligence n’est pas un facteur déterminant pour la performance académique. Même s’ils prennent du retard sur les fi lles, les garçons peuvent toujours se rattraper au secondaire. Les raisons pour lesquelles les garçons prennent du retard sont complexes. Leur relative immaturité, lorsqu’on les compare à des fi lles du même âge, en fait peut-être partie, mais il ne s’agit pas d’une raison fondamentale.
À l’ère de l’internet et du téléphone mobile, les garçons sont joueurs et facilement distraits par les jeux vidéo et les applications, passant ainsi moins de temps à étudier que les fi lles. Par ailleurs, les systèmes d’évaluation actuels sont comparativement plus avantageux pour ceux qui ont de la facilité à mémoriser et à se concentrer. Sans normes d’évaluation plus générales, le potentiel de ces garçons ne pourra pas être entièrement libéré et les fi lles continueront à les dépasser au niveau académique. CA