Le voyage artistique

2016-11-23 07:08MAYANmembredeladaction
今日中国·法文版 2016年11期

MA YAN, membre de la rédaction

Le voyage artistique

MA YAN, membre de la rédaction

Le peintre français Jean Michel participe à la 19eExposition internationale d'art de Beijing.

La 19eExposition internationale d’art de Beijing s’est tenue au Palais des expositions de Beijing du 1erau 4 septembre 2016. Ce fut pour moi l’opportunité de revoir dans la capitale mon vieil ami français Jean Michel Stanislas Garczynski qui habite à Guangzhou. Ce peintre français beau et élégant, mais aussi plein de vie et d’humour, vit en Chine depuis 6 ans.

Jean Michel, de la Chine, il aime tout ! « J’aime la nourriture, la ville, le champagne, le mode de vie… tout me convient, je n’ai jamais rencontré de problème. » Grâce à ses œuvres remarquables et à sa personnalité charismatique, il a gagné le cœur de nombreux amis chinois, qui l’appellent facilement par son surnom « Oncle Mi ». Lors de cette exposition, il a présenté un grand nombre d’œuvres récentes.

Jean Michel est né à Paris en 1957. Il est président de l’Académie des arts expressionistes et membre de plusieurs associations artistiques comme la Maison des Artistes en France. Par ailleurs, il fut aussi styliste et inspirateur d’idées pour plusieurs marques françaises de luxe, sans compter son poste de consultant d’art à la CHIA (China Horse Industry Association). Il a commencé à peindre à l’âge de 12 ans et obtenu la première place au Concours des arts de Meudon, dans la région parisienne, à l’âge de 16 ans. Il est diplômé de l’UCAD (Union centrale des arts décoratifs) de Paris et major de sa promotion à l’EPDI (École Professionnelle de Dessin Industriel - Design et création de Paris). L’année de son diplôme, il est l’un des plus jeunes artistes invités à participer au Salon des palmes académiques de Paris. En 1984, il a réalisé une fresque de 25 m2exposée sur les Champs-Élysées.

C'est la providence qui l'a amené en Chine

Jean Michel est venu en Chine pour la première fois en 2008 pour participer à un salon d’art à Shanghai. « Un ami rencontré par hasard m’a invité à me rendre en Chine. Ce n’est pas un projet personnel, c’est vraiment la providence. » Malheureusement, ce premier salon fut un échec. En effet, en 2008, année des JO de Beijing, depuis la perburbation du parcours de la Flamme olympique à Paris jusqu’à la rencontre du président français d’alors, Nicolas Sarkozy, avec le Dalaï Lama, les relations sinofrançaises étaient assez tendues. De plus, c’était la première apparition en Chine de Jean Michel, il était alors inconnu et n’a vendu aucune de ses toiles, même si de nombreux visiteurs les ont admirées avec beaucoup d’attention.

De retour en France et malgré sa déconvenue, il a décidé de tenter à nouveau l’expérience de la Chine en 2010. « En raison de cet échec, j’ai bien failli ne pas revenir. Mais comme la Chine m’attirait, j’ai voulu tenter une nouvelle fois l’aventure. » Cette fois-ci, il avait choisi de se rendre à Guangzhou et finalement d’y établir sa résidence artistique. Guangzhou est devenu son point de chute depuis 6 ans.

Pourquoi Guangzhou ? « J’apprécie particulierement le climat du Sud et c’est la ville de Chine où j’ai reçu le meilleur accueil. » Il se réjouit de son succès : « Les Chinois apprécient de plus en plus mon travail et depuis 6 ans que je suis ici, je peux dire que tout va pour le mieux. » Chaque année, il passe au moins 6 mois à voyager partout en Chine, à chercher l’inspiration pour ses créations, faire des croquis, peindre dans la nature ou faire de nombreuse rencontres…

Les éléments chinois dans ses œuvres

Les œuvres de Jean Michel se classent dans le courant artistique expressionniste, une tendance artistique qui a atteint son apogée, particulièrement dans les pays nordiques, au tout début du XXesiècle. L’expressionnisme exprime les émotions subjectives et les sentiments personnels de l’artiste par une technique exagérée, des métamorphoses, voire même des images étranges.

« Un artiste ne doit pas se contenter de copier la nature. Ildoit savoir traduire le pouvoir et les émotions de cette dernière : il doit transmettre la joie, le chagrin et révéler l’histoire qui se cache derrière les sujets », me confie l’artiste.

Avant de venir en Chine, son style de peinture privilégiait l’abstraction, la figuration venant au second plan : parmi ses œuvres, les travaux abstraits sont les plus nombreux et même ses peintures figuratives rappellent ses mouvements abstraits. « L’abstraction est un des concepts les plus efficaces pour ouvrir l’esprit vers une vision plus large. J’aime par exemple exprimer et proposer les manifestations du cosmos par un travail abstrait. » En venant en Chine, il a vite compris que les Chinois étaient plus sensibles aux peintures figuratives et plus réticents à accepter les peintures abstraites. C’est pourquoi il propose un travail à la fois figuratif et abstrait. Ses sujets sont souvent semi figuratifs, on y retrouve même certains codes graphiques chinois, le public comprend plus facilement son travail et peut apprécier ses œuvres sur plusieurs niveaux de lecture.

Au fil des années, l’influence de la Chine commence à se remarquer dans ses œuvres, tout en gardant son style personnel occidental. L’influence la plus marquée se trouve dans le travail des niveaux graphiques dans ses peintures pour souligner les distances et les profondeurs afin d’offrir un large espace spirituel à ses œuvres. « La paix et la plénitude sont deux caractéristiques importantes dans les beauxarts chinois et cela m’inspire beaucoup, c’est pourquoi j’attache de l’importance à ces caractéristiques dans mes créations », dit-il.

Avec l’influence de la culture chinoise, il ajoute beaucoup d’éléments typiques chinois dans ses peintures. Ses voyages dans tout le pays lui offrent la possibilité de dessiner et photographier de nombreux merveilleux paysages de différentes régions. Il a déjà traité beaucoup de sujets chinois, la Grande Muraille, le mont Qingcheng, le mont Huangshan, le mont Leshan et les montagnes et les rivières de Guilin. Ses œuvres témoignent également de la pensée philosophique traditionnelle, comme la philosophie du feng shui, du qi et le yin et le yang. Les nombres portebonheur lui servent aussi dans ses compositions. « Si je peins un groupe de chevaux, j’essaie d’en représenter un nombre exprimant le bonheur ou la richesse pour les Chinois, comme les nombres six ou huit. »

En ce qui concerne les couleurs, il utilise souvent des tons chauds et des couleurs lumineuses, évoquant la lumière du soleil, ou les couleurs des sentiments. De plus en plus de Chinois commencent à s’intéresser à l’art abstrait, l’artiste s’en réjouit de pouvoir à nouveau exposer ses oeuvres abstraites avec ses figuratifs dans les expositions.

Une grande peinture de Jean Michel, Un demi-siècle d'amitié.

Ambassadeur des échanges culturels sino-français

Pendant ses années passées en Chine, Jean Michel a entretenu des échanges artistiques continuels avec des peintres chinois auprès desquels il a échangé des techniques et des caractéristiques conceptuelles chinoises et occidentales.

Il a participé à plusieures conférences d’échanges artistiques sino-françaises. L’année 2014 était l’année du Cheval selon le calendrier lunaire chinois et elle marqua également le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la République française. Pour marquer l’amitié sino-française dans les cœurs, il a créé à cette occasion une grande peinture intitulée Un demi-siècle d'amitié. Cette peinture représente deux chevaux, un blanc et un noir qui évoluent l’un contre l’autre dans la même direction. Le cheval noir sur fond rouge représente la Chine, alors que le cheval blanc sur fond bleu représente la France. Il a été invité à présenter cette peinture au Grand Palais du Peuple à Beijing, puis à l’exposer dans plusieurs villes chinoises. C’est ainsi qu’elle a gagné les faveurs du public. La même année, il a été invité à participer à une exposition thématique autour des chevaux au Musée d’art de Guangzhou, à cette occasion, une vente aux enchères caritative a été organisée pour soutenir un projet social, destiné aux enfants des régions les plus pauvres de Chine.

En mars 2015, à Guangzhou, il a tenu une exposition conjointe avec Qiao Shiguang, le pionnier des peintures chinoises modernes en laque, toujours dans le cadre d’échanges culturels sino-français. « L’histoire de l’art chinois et l’histoire de l’art français sont très différentes et comptent parmi les plus anciennes et les plus riches du monde. C’est ce qui les rend si passionantes. L’art a besoin d’évolution, nos peintres doivent dépasser les frontières de l’art de toutes les nations et chercher à s’ouvrir vers l’art moderne en conservant la quintessence de la peinture traditionnelle de leur pays. »

En juin 2016, il a réalisé en France des peintures de la nature avec Xuan Xinming, peintre et professeur de l’Institut d’art du Guangdong, afin d’échanger leurs perceptions artistiques respectives. Deretour à Guangzhou après ce voyage, ils ont organisé ensemble une exposition intitulée Sans Frontières qui a donné lieu à la publication d’un album commun. « On dit souvent que l’art ne connait pas de frontières et malgré les différences culturelles, une peinture peut être comprise par tout le monde et partout dans le monde. L’art aide à établir des relations entre les gens de toutes origines et à les rapprocher. »

« Lorsque deux peintres de cultures différentes essaient de se comprendre, de peindre ensemble et de représenter le monde de leur point de vue, leurs créations futures seront forcément influencées. Grâce à la curiosité des peintres, une nouvelle approche de l’art commence à apparaître. »

Évoquant l’avenir du développement artistique en Chine, Jean Michel se montre confiant. Selon lui, bien que la France soit un berceau et un paradis de l’art, la conjoncture nationale est moins favorable depuis la crise économique de 2008, et les Français investissent de moins en moins dans l’art. À l’inverse, le marché d’art est très dynamique en Chine. Au fur et à mesure de l’évolution des goûts et du pouvoir d’achat des Chinois, l’investissement dans l’art progresse rapidement et le marché de l’art devient très lucratif. « La Chine et les États-Unis sont deux pays clés du marché de l’art et les peintres y ont d’immenses opportunités de développement. »

En conclusion : « La Chine souhaite que de plus en plus d’artistes puissent venir en Chine pour y vivre et découvrir un grand pays different et passionant. »

Des œuvres abstraites de Jean Michel sont dérivées en marchandises, comme ce coussin.